Amandine et Théo ne sont jamais synchrones. Ils se sont connus  il y a trois ans à Edimbourg et depuis ils se courent après.  De Lyon à Londres et  de Montréal à Shanghaï. Elle raconte. 
 
 
  J’ai 25 ans . J’ai toujours essayé de mêler études, travail et voyages.Et Théo aussi. C’est ce qui nous rapproche mais c’est aussi ce qui nous éloigne.  A 18 ans, je travaillais  a Londres comme serveuse dans un resto de la City. J’y suis restée huit mois, avant d’ intégrer un IUT en techniques de commercialisation, à  Lyon. Puis j’ai passé un an à Montréal, un échange  pour valider mon DUT.  En Octobre 2004, je suis partie  faire ma licence à Edimbourg.  Et c’est là que je l’ai rencontré. 
 Il était de Paris, moi je suis de Lyon. Etudiant lui aussi, mais avec déjà un doctorat. On a accrochés tout de suite . Ce qui me frappait, c’est qu’il parlait tellement bien anglais. Il était beau et il avait  l’air de le savoir. Grand. Brun, bon chic bon genre, mais cool vous voyez.  Il me draguait mais à sa manière, proprement, poliment. Il était charmant, on passait des journée délicieuses. Il est tombé amoureux tout de suite,mais moi j’étais plus distante,je le voyais plus comme mon meilleur ami. A l’époque, aussi, j’avais un copain, depuis trois ans , depuis l’IUT. Je n’étais  pas complètement disponible.  
Il me disait que j’étais importante pour lui,mais  moi, j’avais du mal à me livrer. Je n’y allais pas…. Il est revenu à Paris et je suis restée à Edimbourg, mais je le revoyais souvent, je rentrais en France  toutes les trois semaines à peu prés. En juin 2005, je repars définitivement d’Edimbourg. Je le vois à Paris . Il me dit: « Cet  été il faut que tu réfléchisses à nous deux ».  Pendant l’été , il va à l’Ile de Ré rejoindre sa famille. Moi  en Italie. Son frère après m’a dit qu’il ne parlait que  de moi . A la fin de l’été , il me rappelle : « Est ce que tu as réfléchi? ». J’avais quitté mon copain mais je  n’étais pas plus  décidé  qu’avant. J’allais déménager en Septembre pour intégrer une école de commerce à Tours. Il me dit qu’il va venir me voir. Ca me faisait peur, je lui dis non.  Il insistait. Je refusais . Je ‘n y arrivais toujours pas ,  je ne sais pas pourquoi . Et du coup on ne s’est plus  revus .Jusqu’à  Noël 2005 où il  est venu me voir à Lyon et ‘ma invité dans un bouchon, dans le vieux Lyon .Je me souviens de cette époque- là, je commençais  à me lâcher. Je me disais qu’avec lui cela pourrait être vraiment bien . Et puis  2OO6 est arrivé….Moi j’étais à Tours , lui à Paris. Et en février, soudain, il m’envoie un mail: « Je pars pour la Chine ! »
Il s’est retrouvé à  Shanghaï et j’ai tout de suite compris qu’il allait me manquer affreusement. Il avait fallu qu’il s’en aille au bout du monde pour que je m’en aperçoive! Je regrettais son départ. Je regrettais surtout qu’on se soit ratés comme ça . Il travaillait dans une grande boîte française.Et j’avais envie d’être avec lui. On s’envoyait des mails. En avril, je lui  écris : « j’ai des vacances, j’arrive, je reste 10 jours ». Il me répond: «  viens ».  Il me répond tout de suite ,très content, enthousiaste. Et puis il y a  tout une série de quiproquos.  Je lui avais dit que  j’arrivais un lundi mais je  m étais trompée , à cause du décalage horaire , je n’arrivais que le mardi. J’ai eu un changement à Francfort, le voyage a  été interminable.  Il m’a attendu 24 heures . Il s’ est inquiété. Quand je suis arrivée , il était énervé . Ca commençait mal!
 
Je ne comprenais pas pourquoi il était si  froid alors que huit jours plus tôt, dans ses mails,  il était tellement amoureux, si impatient de me voir. Je ne l’ai compris qu’ après : entre le moment où il m’a dit : « viens «  et mon arrivée, il avait rencontré une fille, une chinoise. Kim. Pour moi, c’était un peu la douche froide. Il me l’a avoué: « j’ai une copine » « Qui c’est? Comment elle s’appelle ?» « Une étudiante ».  J’étais mal à l’aise. Je me sentais perdue dans un pays inconnu avec mon Théo qui n’était plus  mon Théo. Je débarquais dans la vie qu’ il s’était créée et  je n’allais pas mais pas du tout dans le décor. Il n’était plus aussi  pressant, amoureux qu’ à Edimbourg. Il me fuyait, même . Il travaillait tout le temps ou alors il était avec cette Kim. En plus, il pleuvait. La fin du voyage a été sinistre. A l’aéroport, quand on s’est dit au revoir, je me sentais tellement triste. C’était encore raté! J’ai ruminé ça tout le voyage et à l’ arrivée à Paris, j’étais  décidée à tout arrêter.
Pendant un an,  je n’ai plus voulu le voir . J’essayais de vivre  ma vie sans lui, de  l’oublier. En mars 2007, il m’  envoie  un mail. Il me dit qu’il aimerait avoir des nouvelles, que je compte pour lui.  Je lui réponds que je m’apprête à partir au Canada et il  me renvoie un mail pour me dire que je lui manque. Je décide  de ne pas lui répondre, on commençait quand même a se faire un peu beaucoup de mal. Je   suis donc retournée cinq mois à Montréal. Je  n’ avais personne, je ne le remplaçais pas. Je crois que je  n’aurais pas pu aller avec un autre garçon. Je suis revenue à Paris fin août. Lui est revenu de Chine en novembre , c’était l’an dernier, en 2007 . Il m’a alors envoyé  un mail auquel je n’ai pas répondu, je ne me sentais  pas  encore prête vraiment à avoir des relations apaisées avec lui. 
Un soir, en décembre,j’étais   à Lyon, chez mes parents,  le téléphone sonne. C’était lui . Il  était à Paris. Je revenais le lendemain. Il propose qu’on se voit . Et je cède. Je lui donne rendez-vous   place  de l’Opéra . C’était un mercredi . On  était si contents de se retrouver. On s’est  parlés deux heures , on  s’est tout dit . On est allés ensemble acheter des cadeaux de Noël . Le   soir, il m’a emmenée dîner chez son père et je suis restée dormir. On se retrouvait, c’était si intense. Depuis le début on passait son temps à se courir après sans jamais arriver à se rattraper et là , soudain, on n’avait plus cette impression de décalage, on était synchrones. Amoureux en même temps . Enfin ensemble. On pouvait vivre  notre histoire à fond.  
  Il devait aller passer le nouvel an  chez sa mère qui, elle aussi, vit à Lyon. Il voulait me la présenter. J’ai hésité et puis  je me suis retrouvée avec toute sa famille, sa maman et  ses deux frères. J’avais une impression étrange, comme si je faisais déjà partie de sa famille. J’étais si heureuse et puis soudain il a  dit qu’ il allait  repartir pour Shanghaï, parce que pour lui, l’avenir était là-bas, et moi ça  m’a glacée. Je me suis demandée tout d’un coup ce que j’allais devenir s’il repartait. Je ne voulais pas. La première fois, là-bas, ça avait été une telle souffrance
Deux mois après, juste avant son départ, il m’a dit : « Je crois que pour nous, ce n’est pas encore le bon  moment. » Il m’a embrassée  et puis il a ajouté: « tu sais, je tiens à toi….»  Qu’est-ce que je pouvais lui répondre?  Il sait qu’il est spécial pour moi. Il sait que je peux tout lui pardonner. Il sait que  j’aime beaucoup voyager , mais de là à le suivre partout, non ! En fait, il y a deux Théo. Le Théo d’Edimbourg , tellement charmant et amoureux , celui qui me dit  que je lui manque,le Théo que ‘j aime.  Et il y a le Théo de Shanghai, si lointain, si froid. Celui que je  n’aime pas. Je réponds en ce moment  à des annonces  pour aller travailler comme chef de produit en marketing aux Etats-Unis ou  ailleurs à l’étranger.  Mais si un poste se libère à  Shanghaï, qu’est-ce que je dois faire? Est ce que je dois y aller? Dans quel pays est- ce je vais habiter l’an prochain? Je ne sais pas. Je ne sais plus .  
A 26 ans, il ne veut pas s’engager. En tous cas pas avant d’avoir réussi professionnellement. Et je crois que c’est un peu la même chose pour moi. Au fond ,je ne peux rien lui reprocher. Il est clair. Est-ce que nous, c’est une histoire sans fin ? Mais si on ne peut pas se quitter, est-ce que ça ne veut pas dire que   c’est fort, plus fort qu’avec tous les autres, plus fort que tout ? Moi je crois qu’ un jour, ce sera « le bon moment ».  Oui ,sûrement, j’ y crois. Mais quand? Dans six mois?  Dans dix ans? 
ELLE. 24 mars 2008. Propos receuillis par Antoine SILBER
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