dimanche 16 mars 2008

C’EST MON HISTOIRE « Six ans dans le même bureau que ma rivale! »

Ils étaient ensemble dans la vie, et travaillaient dans la même société . Un jour Olivier a quitté Raphaëlle pour Christelle, une collègue plus jeune. Et le calvaire a commencé. Raphaëlle a aujourd’hui 33 ans. Elle raconte.










Elle était ma collègue de bureau et ma rivale. Elle m’avait pris l’homme que j’aimais! Pendant six ans, on est restées toutes les deux à travailler dans le même bureau, l’une en face de l’autre, sans se parler. Je voyais Olivier venir la chercher pour déjeuner. Le vendredi, je sortais du bureau , je la voyais monter dans sa voiture, il avait les skis sur le toit et sa fille derrière. Il l’emmenait dans une station de ski, exactement comme moi, il m’emmenait avant. J'étais tellement malheureuse! Je ne pouvais pas partir . J’avais peur de ne plus avoir de boulot. Mais tout de même ….Aujourd'hui je me demande comment j’ai pu rester si longtemps sans réagir. Un peu comme si j’avais eu besoin de me punir .




La première fois que j’ai parlé à Olivier, c’était en 1997. Devant la machine à café. Il n’était pas très grand, il avait des yeux malicieux, c’était ce genre de garçon dont on dit: « il a du charme! ». On parlait moto; moi, je suis une fana. J’avais 23 ans, c’était il y a dix ans. Il avait sept ans de plus que moi, il était marié et avait une fille . Moi j’avais un petit ami à Périgueux mais je ne le voyais que le week-end. Un sportif. Il avait toujours des matchs et la veille des matchs, pas question de calin, « ça coupe les jambes » disait-il. Olivier était différent, plus à l’écoute. Il avait une moto 650 free wind bleue. Il m’emmenait faire des ballades. Après plusieurs mois à refuser ses avances, j'ai craqué.


Au début, personne ne savait qu’ on était ensemble . Il était inspecteur commercial et moi télé-conseillère. On se retrouvait en réunion le lundi. Il partait toute la semaine effectuer ses tournées et je le retrouvais le vendredi soir à Bordeaux, où traditionnellement il y a un grand rendez-vous de motards. Il voulait quitter sa femme mais à cause de sa fille, ça me gênait. Mes parents ont divorcé quand j’avais 16 ans, mon père est parti pour « une autre femme. Du coup avec Olivier , je revivais ce traumatisme, j’étais « cette autre femme »,c’était insupportable. Seulement voilà, sa femme a eu des soupçons, elle l’a fait suivre un soir, en voiture et trois jours après, un matin, il m’a retrouvé a la machine à café et m’a dit : «On a parlé avec ma femme. C’est décidé. Je m’en vais. Je loue un appartement. A partir de maintenant, toi et moi, on vit ensemble».



Il a trouvé un appartement à 500 mètres de chez moi mais jusqu’au divorce, nous restions clandestins. Il m’a présenté sa fille, adorable ; le divorce a été prononcé et trois mois après, je me suis enfin installée chez lui. Il était très amoureux. Il pouvait m’appeler dix fois dans la matinée. Mais dés qu’on a été complètement ensemble, ça n’a plus été , je le trouvais possessif, directif. Sa fille venait dormir chez lui un week-end tous les quinze jours et il fallait que je ‘m’éloigne pour qu’ elle ne sache pas qu’on vivait ensemble . J’ai passé le permis moto. Il a acheté une nouvelle machine, plus grosse et m’ a revendu son ancienne moto. On partait dans de grandes ballades à Nice, à Saint-Tropez. Ca c’était bien…Et là-dessus, Christelle est arrivée dans notre vie.





C’était en 2000. Elle était originaire du Lot-et-Garonne et sortait d’un IUT. Une très jolie brune. Plus jeune que moi de six ans. Tout le monde disait : « elle est super mignonne ». Je l’ai prise sous mon aile. Je lui ai expliqué le travail. Et je lui ai présenté Olivier….Pendant toute la fin de l’ année 2000, je sentais qu’ entre lui et moi, ça allait de plus en plus mal mais je n’imaginais pas ce qui se passait dans mon dos. Pour le réveillon du nouvel an, il est resté a Bordeaux et je suis montée faire la fête chez mon frère à Paris. Ca n’allait plus du tout entre nous et quelques jours après, en janvier, je lui ai dit que je voulais faire un break. Ce n’était pas une vraie séparation, je me demandais juste: est-ce que je dois continuer avec lui? Est ce que je suis heureuse?



Christelle me faisait ses confidences. Elle me racontait qu’elle avait une liaison: «je suis très amoureuse, c’est quelqu’un du bureau On s’est vus tout le week-end….» Moi, je croyais qu’elle me parlait d’un certain Pierre, un autre collègue. Pourquoi ne me disait-elle pas qu’il s’agissait de lui ? C’était assez pervers! Et puis un matin, elle est arrivée et elle m’a dit: « J’ai quelque chose à te dire» On se retrouve sur le parking. Là: «Alors voilà, la personne dont je te parlais , c’est lui, c’est Olivier …» Elle me raconte qu’il lui fait battre le cœur, qu’ elle couche avec lui. Elle me donne plein de détails. Et là-dessus, elle se met à pleurer. Moi bêtement,je la prends dans mes bras et je la console.



Je suis rentrée chez moi, effondrée. J’ai appelé mon père, oui, bizarrement: lui en premier, avant ma mère. J’ai vu Olivier le lendemain, je venais prendre les affaires que j’avais laissées chez lui. Je lui ai dit : «Tu aurais quand même pu me l’annoncer toi même. Tu as été lâche!» « Tu n’avais qu’à ne pas partir, me répond-il. C’est toi qui m’a quitté quand même. » C’était une discussion affreuse. Il était complètement de mauvaise foi puisque d’une part je ne l’avais pas vraiment quitté; d’autre part, sa liaison avec Christelle avait débuté derrière mon dos, alors qu’on était encore ensemble.



Avec Christelle, on ne se parlait plus. Elle était assise en face de moi toute la journée et je ne supportais plus cette situation. Bêtement j’ai essayé de le reconquérir e. Et j’y suis arrivée. Un jour, je lui ai dit que j’avais fait une grossière erreur , que je l’aimais toujours. Ca a marché : pendant trois, quatre mois, il a navigué entre nous deux. C’était très dur pour elle. Elle fumait clope sur clope. Je la voyais arriver le matin, des cernes sous les yeux. Elle lui envoyait des mails pour le supplier de revenir vers elle. Je ne sais pas, en fait, ce qu’ elle lui disait mais il a fini par céder. Il n’était pas net …. Alors j’ai rompu une deuxième fois. Et cette fois, vraiment. Il avait choisi. Il l’avait choisie, elle. J’avais perdu.




En Septembre 2001, il a été nommé responsable d’ un service et il a arrêté ses tournées d’inspection. Du coup je le voyais passer tous les jours. Christelle s’est installée chez lui. Moi, il m’évitait. Il ne me disait même plus bonjour. Comme pour me signifier: « tu vois, tout ce que tu as perdu…» Il était arrogant. En tous cas j’interprétais son attitude comme ça. C’était d’autant plus horrible qu’il avait fait en sorte que tout le monde au bureau pense que j’étais la méchante de l’histoire, que c’est moi qui l’avait quitté. Il ne voulait pas passer pour celui qui trompe, pour le salaud.



En 2002, ils ont acheté un appartement ensemble. A partir de ce moment-là, je me suis dit: je ne peux plus rester à regarder ça, c’est trop dur. Il faut que je démissionne. Mais je n’y arrivais pas. Et ça a duré des années avant que je parvienne à me décider. J’ai vécu d’autres histoires d’amour pendant tout ce temps mais tout de même , je m’ en veux d’avoir été si passive. En 2005, elle est tombée enceinte. Ils ont eu un fils . Olivier e amenait le gamin au bureau . Et il fallait que je fasse bonne figure! En 2007, il y a eu une réorganisation des services, Christelle a été affectée dans un autre batiment. Olivier ,lui, allait être nommé responsable de mon service . C’est lui qui allait décider de mes éventuelles augmentations, de mes horaires, de mes vacances. Ce n’était plus possible. Je me suis dit : « cette fois,je m’en vais. »




Je suis partie de la société le 30 septembre dernier . Et j’ai retrouvé un boulot très vite , beaucoup mieux que le précedent d’ ailleurs Tout va mieux maintenant. Je respire . Mais il a fallu que je fasse un vrai travail de deuil. Je peux le dire, même si c’est un peu vulgaire: j’en ai chié! C’est comme si j’avais voulu rester, me complaire dans ce malheur. Cette histoire a failli me détruire, mais aujourd’hui, elle est bien finie. J’ai 33 ans. J’ai l’impression de renaître.

ELLE/ 10 mars 2008/ propos recceullis par Antoine Silber

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