dimanche 18 mai 2008

C'est mon histoire « J’ai attendu d'avoir 18 ans pour coucher avec lui … »

Elle avait 15 ans et lui 31, mais elle a attendu trois ans avant d’accepter de faire l’amour avec lui. Aujourd’hui Rénatta a 20 ans. Sa belle histoire est finie mais elle n’a aucun regret. Elle nous raconte sa première fois.







J’avais 15 ans et demi la première fois que j’ai vu J. Je venais d’entrer en troisième, c’était un samedi midi. En septembre 2004, à la bibliothèque de ma ville. Il était assis derrière un bureau . Il avait le front très dégarni et une barbe de trois jours mais j’ai tout de suite flashé sur ses yeux, d’un vert que je n’avais jamais vu chez personne. Je le regardais, il m’a regardée à son tour et tout le chemin, ensuite, en rentrant chez moi, je pensais à lui. Le samedi d’après, Il était de nouveau là, mais debout, cette fois, au premier étage de la bibliothèque. Ca m’a fait un choc, parce qu’ il était plus petit que je pensais. Moi je mesure I mètre 70, lui a quelques centimètres de moins. Je lui ai demandé un livre sur la peinture. J’ai pris n’importe quel prétexte pour lui parler et on est resté une heure à discuter. Du sculpteur Botero, je me souviens. Je suis venue ensuite tous les samedis pendant toute l’ année scolaire puis tout le début de l’année d’après . On parlait et il ne se passait rien . Jusqu’à ce qu’ un jour, il me demande: « ça te dirait qu’on se voit en dehors ? » Et je lui ai répondu: « oui »




Le problème , c’est qu’il était marié ou tout comme et qu’ il était beaucoup plus âgé que moi…. Il avait 31 ans, au début, plus du double de mon âge. Et S. la femme avec qui il vivait venait d’avoir un bébé, une fille : Lily. On a commencé à se voir dehors, le jeudi. C’était un peu notre jour porte bonheur , le seul où il pouvait se libérer et où moi je finissais assez tôt. Le premier jeudi, ça a été en décembre , juste avant Noël, le 22. On est allés au cinéma voir « Et si c’était vrai…», le film tiré du bouquin de Marc Lévy. Il m’a pris la main dés que la lumière s’est éteinte et on n’a rien vu du film parce qu’ on s’embrassait tout le temps. Ca faisait quand même des mois que j’attendais ça, alors sentir sa peau, le contact de sa peau, l’odeur de sa peau ! Le goût de sa salive aussi. Boire sa salive !



Il me disait qu’ il ne se passait plus rien entre lui et S. ,cette femme avec qui il vivait. Il restait avec elle juste pour sa fille, Lily qu‘il l’adorait. Je savais qu’il disait vrai . Je comprenais . Je voyais bien que c’était compliqué pour lui. Quand je parlais de ça à mes copines, elles me répondaient: « Arrête, tu rêves, ça ne fonctionnera jamais ! » Pendant un an, un an et demi , elles n’ont pas cru que j’avais une histoire sérieuse avec lui.Mais moi je savais qu’il m’aimait , je le sentais. En mai de l’année d’après, son contrat de bibliothécaire s’est fini et on a commencé à se voir,trois ou quatre fois par semaine. On se retrouvait dans sa voiture, on s’embrassait. Il voulait qu’on aille plus loin mais j’hésitais encore. Il vivait quand même avec une autre et puis je n’avais jamais fait l’amour, j'avais peur.


En fait, il a été assez délicat. C’est un homme bien. Je lui demandais: « ça ne te dérange pas que je ne veuille pas faire l’ amour ? ». Il me répondait : « ne t’en fais pas on prendra le temps qu’il faudra ! » En France , les filles couchent pour la première fois en moyenne à 17 ans et 6 mois, d’après les statistiques. Quand j’ai eu mes dix-huit ans, je commençais à en avoir tellement envie, je me disais que peut-être je ne rencontrerai plus jamais un homme aussi gentil comme lui, c’est devenu évident.


J’ avais 18 ans et deux mois . Ca s’est passé chez moi. Le 8 juin 2006, un jeudi.

Je stressais tellement que je lui ai dit que j'allais peut être changer d'avis au dernier moment. Mais non. On était dans la pénombre . Il m'a allongée sur le lit. Il m'a déshabillée très lentement puis s’est déshabillé, très lentement également . Il m'a pénétrée doucement, j’ai eu horriblement mal mais j’étais heureuse. Il m'embrassait dans le cou tout en me demandant si ça allait et ça allait très bien, ça ne pouvait pas aller mieux. C’est ce jour -là que je lui ai dit « je t’aime » pour la première fois.

Juste après, on est allés manger un Mac Do. Je souriais tout le temps, j’étais si bien. Je lui ai demandé pourquoi il ne m’avait pas répondu quand je lui avais dit: « je t’aime » et il m’a répondu: « si je te dis que je t’aime, c’est un engagement et tu sais bien que je ne peux pas…. » Le lendemain, j’ai eu droit à un gros bouquet de roses rouges. Il y avait joint un mot . Il avait écrit : « je suis désolé de ne rien pouvoir t’offrir d’autre que ça … »



Il ne travaillait plus , donc il était très libre . On se voyait souvent et je voulais vivre ces moments exceptionnels avec lui sans penser à rien d’autre. J’étais très heureuse. Je trouvais tout merveilleux. Pour lui c’était plus difficile et quand je me montrais trop pressante, il me disait : » ne t’accroches pas trop à moi, je ne suis pas un homme fait pour toi» Et il baissait la tête, l’air triste , alors je le prenais dans mes bras …



Chaque fois qu’ on se quittait ça me faisait mal . Je ne savais pas quand j’allais le revoir et puis vivre cette histoire clandestinement , ce n’était pas facile . J’étais encore au lycée , personne ne savait , je mentais tout le temps à mes parents. Ma mère n’ arrêtait pas de me poser la question: « et alors tu l’ as fait ? »Et je ne lui répondais pas. Jusqu’à ce que je lui dise oui. Mais sans préciser avec qui. En mentant, encore! Aujourd’hui, elle croit que ça s’est passé avec un garçon de mon âge, un



En juin 2007 , j’ai eu mon bac et on s’est moins vus parce qu’il y a eu les vacances. Mais je ne pensais qu’à lui. Je suis entrée à la fac de lettres et en janvier dernier, ça a commencé à se gâter. S., la femme avec qui il vit, lui a posé un ultimatum. Elle voulait un deuxième enfant et elle lui a fait une sorte de chantage: « c’est ça ou tu t’en vas et dans ce cas , tu ne verras plus ta fille ! » Il était tellement malheureux quand il me racontait ça. Il me parlait de sa fille Lily, quand elle a fait ses premiers pas, quand elle a dit ses premiers mots, quand elle a eu la varicelle, il ne me parlait plus que d’elle. En même temps, il me disait qu’il m’aimait. Mais moi, je ne pouvais pas accepter qu‘ il fasse un enfant avec une autre alors qu’on était ensemble. Il y a une limite,. Du coup, je lui ai posé un contre- ultimatum : « Si tu fais ça, si tu acceptes, je te quitte. »



Le lendemain il m’a envoyé ce mail : « Quand je t'ai laissée hier , j’étais triste, et tu étais triste aussi. J'ai reçu un message de toi dans lequel tu t'excuses et alors là, c'est la meilleure! Tu n'as absolument rien à te reprocher, tu es parfaite. C'est moi qui suis pris au piège : soit je perds ma fille, soit la femme que j'aime, c'est à dire: Toi….. » . Je le voyais continuer à construire sa vie avec cette S. , et pour moi ce n’était plus possible Il ne voulait ou ne pouvait pas rompre. Il disait qu’il m’aimait mais en fait c’était fini, il fallait que je le quitte . Si je restais avec lui, il avait raison, j’allais rater ma vie.



On a fait ça le plus proprement, le plus respectueusement possible . On s’est revus une dernière fois le 22 février. Il ne me demandait plus de revenir sur ma décision. Il comprenait. Mais il avait l’air malheureux ! Le lendemain, le 23, j’ai reçu un nouveau bouquet de roses rouges. C’était au moins le dixième . Ca a été le dernier.


Aujourd’hui , je ne veux plus me rappeler que les bons moments avec lui . Quand, par exemple, je recevais des roses à la maison et que mon père faisait la gueule parce que je voulais pas lui dire qui en était l’expéditeur. Pour l’ instant je ne ‘lai pas remplacé. Je n’ai personne mais je sais que ça ne durera pas: j’ai en vue en garçon de la fac, un type bien lui aussi, et qui a 21 ans. J. m’a ouvert à la vie , grâce à lui, je sais que je peux maintenant aller avec un garçon de mon âge. Le mois dernier, le jour de mes vingt ans, j’ai reçu une lettre de lui et ça m’a fait très plaisir. Il me souhaitait simplement un très bon anniversaire. Comme un vrai ami.

ELLE/ 19 mai 2008/ Propos receuillis par Antoine SILBER

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