Olivia , 38 ans, n’avait jamais vécu avec un homme jusqu’à ce qu’elle rencontre Melvil, 35 ans, qui lui aussi avait toujours été célibataire. Ca fait presque un an qu’ils vivent ensemble. Pour eux, c’est une révolution.
Je ne croyais pas au couple. Je pensais que la vie à deux, ce n’était pas pour moi. Quand je voyais une copine s’installer avec un garçon et me raconter son bonheur avec son prince charmant, je rigolais doucement, je me foutais d’elle. Je me disais , qu’elle ne savait tout simplement pas ce qu’était la vie, la liberté…. Je ne voulais pas de ça pour moi. J’aimais « coucher avec », mais pas « dormir avec ». Melvil était comme moi, atteint de la même sorte de maladie: il n’avait jamais de sa vie supporté de finir une nuit dans le lit d’une femme. C’est pour ça qu’ on s’est bien entendus : dés qu’ on s’est rencontrés, on a parlé de ça. C’était dans une boîte parisienne vers quatre heures du matin la nuit du 13 juillet, l’an dernier . Je suis peintre, je sortais de trois mois de travail ininterrompu. Je fêtais le vernisssage de mon expo. Il avait 35 ans, Moi , 38 . C’était un fêtard invétéré. Il me racontait qu’ il était en boîte tous les soirs, qu’ il prenait de la coke. Le couple, il avait fait une croix dessus depuis une histoire avec une fille très jeune… On a dansé, on a continué à parler ensuite chez moi . Et puis il est resté. L’amour nous est tombé dessus comme ça, d’un coup.
Je voulais être libre pour peindre. Ce que je fais depuis que j’ai 14 ou 15 ans . Je travaille beaucoup et j’ai pas mal de succés. J’ai un petit garçon,aussi, Rodrigo, qui a 6ans et demi . Je n’ai jamais habité avec son père qui est anglais et qui travaille à la City, il fait de l’argent, Rodrigo ne le voit qu’aux vacances scolaires. Ca va faire un an maintenant que Melvil vit avec nous. Et c’est peut être la plus grosse surprise : Rodrigo et lui s’adorent ! Melvil me soutenait qu’il ne supportait pas les enfants, que sa propre enfance avait été une horreur et je craignais le pire. Alors aujourd’hui , je les vois s’entendre si bien, ça m’émeut , je trouve ça génial .
En fait, je ne savais pas avant que ça pouvait être si bon d ’être aussi a l’aise, aussi nature avec un homme ! Ca s’est fait du jour au lendemain et ça a été une révolution dans ma vie . On riait des mêmes choses au même moment. Par moments on riait tellement, on disait tellement de bêtises que j’avais l’impression que j’étais lui et qu’ il était moi . Il me disait : »tu es la première femme que je suis capable d’aimer » Moi, je lui répondais : « Fais de moi ce que tu veux ! » Vivre à deux, on apprenait. C’était un peu comme si on était vierges. On s’apercevait qu’avant on en avait tellement bavé de la solitude , on croyait qu’on était bien mais en fait, c’était affreux. Il était là, chez moi, je le touchais tout le temps comme pour vérifier qu’il était bien là , je l’embrassais, je me collais à lui . Quand je prenais mon bain, il me rejoignait dans la baignoire, il me savonnait, il me caressait. Je buvais dans son verre, je me servais de sa brosse a dents. J’avais eu toute une période où je ne voulais plus faire l’amour avec personne . Je pensais que j’ étais frigide. Moi, je suis d’origine italienne, par nature très démonstrative mais c’est comme si avant lui j’avais fait l’escargot. Il m’a sorti de ma coquille. Melvil, c’ est le contraire de moi ,il est réservé. Avant lui, je cherchais toujours quelqu’un qui me ressemble, et c’était une erreur. Melvil , ce sont ses différences , ses failles, ses empêchements qui me font l’ aimer . Je crois aussi que ce sont mes défauts, mes névroses qui lui plaisent. On est différents, donc possiblement complémentaires !
Ce que j’aime le plus avec lui , c’est le soir: entendre sa clef tourner dans ma serrure… Il arrive sur le palier. Il ouvre la porte. Il entre chez moi. Et c’est merveilleux parce qu’à chaque fois j’ ai tellement de plaisir. En juillet, ça fera un an de cohabitation. On va aller fêter ça à Venise ! Forcément, il y a eu des moments durs, des choses difficiles à gérer . Lui il n’ est pas famille , il n’a plus que sa mère qui vit à New York et qu’il n’a pas vue depuis douze ans. Moi c’est le contraire: j’ai toujours une fête de famille en vue, le mariage d’une cousine, le succés au bac d ‘un neveu . Je vois mes parents trois fois par semaine, ça l’énerve, il dit qu’il les aime bien mais qu’il n’en peut plus ! Vivre à deux, c’est souvent lourd. Lui, il m’ énerve parce qu’il passe des heures devant la télé. Il dit que ça le détend , que je dois comprendre.. Mais le voir avec cette télécommande à la main dont il joue comme les Grecs de leur chapelet ! Il est journaliste économique et plutôt du matin. Dés sept heures, j’entends la radio qui hurle. Il passe de pièce en pièce son petit poste à la main. Il ne veut rien louper , ni la revue de presse de Grossiord sur Europe 1 a 7h 45, ni l’interview d’ Apathie sur RTL cinq minutes après! Moi j’émerge lentement, péniblement. Je vais dans la cuisine . Je me fais une théière brûlante. Je fume ma première cigarette. Je tousse. IL passe derrière moi avec sa radio alors je vais me réfugier au salon, mais là , la télé est allumée sur Blomberg -tv. Tout ce bruit, ces chiffres qui me rendent folle !
Sans compter qu’ il est extrêmement maniaque. C’est un fou de chaussures , il en a déjà acheté quatre paires depuis que je connais. Chaque soir il prend cinq minutes pour toutes bien les aligner. Il les range ses chaussures au centimètre prés, il ne supporte pas un talon qui dépasse. Et pas question que j’y touche ! C’est comme sa mousse à raser…L’autre jour, il n ‘ y en avait plus, justement j’ allais faire des courses. Le lendemain matin, hurlement. J’arrive dans la salle de bains. Il me tend la bombe: « qu’est ce que c’est que ça ?»Moi : « De la mousse à raser » « Mais tu ne sais pas que je n’utilise que du gel ? Et pas cette marque là , en plus ! Ne refais JAMAIS ça ! » Là, j’ai senti chez lui une colère fondamentale. J’avais osé m’occuper de sa mousse ! J’avais touché à son intimité , quasiment mis en péril sa virilité.
Bon, daccord, je ne suis pas facile non plus. Quand je peins, je ne supporte pas qu’ on me dérange et ça peut durer douze, quinze, dix-huit heures de suite. Rodrigo en sait quelque chose: je l’oublie complètement ou si je le sens trop dans mes pattes, je l’envoie bouler. Moi, on ne peut pas dire que j’ai la fibre maternelle. Et je vois comment Rodrigo s’est épanoui depuis que Melvil est avec nous. Avant mon fils venait me voir pendant que je travaillais : « maman, j’ai faim » Moi : « oui attends j’arrive » . Deux heures après, il revenait :« t’as pas fini? » Le soir , il ne voulait jamais se coucher , il dormait dans mon lit, ce n’était pas bon. Depuis cet hiver, c’est Melvil qui le couche. Et Rodrigo lui obéit . Il le respecte. Le matin c’est lui encore qui l’amène a l’école, à moto. Il lui a acheté un casque. « En regardant vivre ton fils , me dit- il, je comprends plein de choses sur moi, sur ce que j’ ai vécu. Moi aussi, j’ ai toujours été trop seul … »
« Tu est un peu trop enfant gâtée, me dit Melvil , capricieuse… » Et on s’engueule. Je pensais jusque là que je n'aimais pas être remuée, engueulée, bousculée. Mais finalement je dois aimer ça. Je vois qu’on arrive à en sortir aussi ! Et même plus forts ! L’autre jour, on se réconciliait comme ça , après une bonne engeulade, il m’a dit: « c'est dur avec toi mais quand même ça vaut le coup. Ne pas avoir d’histoire d’amour, c’est plus tranquille mais moins intéressant…» Et c’ est vrai : vivre à deux, c’est se sentir vivant !
Maintenant je n’imagine plus vivre sans lui. En réalité, tous les deux, on est des résilients de l’ amour. Nous c’est plus fort, plus fort que tout . Justement parce que ça a été plus difficile que pour d’autres. C’est solide, il y a cette certitude, oui! On n’en revient pas de ce qui nous arrive : « c’est incroyable comme je suis amoureux de toi! » me dit-il. Je lui souris. Je suis heureuse. « Non, non, tu ne comprends pas, continue-t-il, c’est la première fois….Vraiment amoureux… »
ELLE/ 16 juin 2008/ propos receuillis par Antoine Silber
mercredi 18 juin 2008
C'est mon histoire: « Ca s'est passé sur la plage, le dernier jour… »
Le dernier jour de ses vacances à la Réunion, à Saint Gilles, sur la plage de l’hermitage, Sabine croise le regard de Frédéric. Surprise: il est de nouveau là, le soir, à l’aéroport. Et ils montent ensemble dans l’ avion.….
J’étais arrivée sur la plage d e l’ Hermitage à 9 heure du matin . C’était mon dernier jour et je voulais en profiter. En face il y avait la barrière de corail. Derrière, la montagne. Le soleil commençait à chauffer, je nageais au milieu des poissons multicolores , je me disais que j’allais me retrouver dés le lendemain à Biarritz, dans mon salon de coiffure et cette perspective ne m’ amusait pas follement. Je suis sortie de l’eau, mon masque sur le nez , j’ai marché jusqu’à ma serviette, je me suis allongée à côté de mon amie Emilie. J’ai enlevé mon masque. Et là , je l’ai vu.
Il avait trente ans a peu prés. Comme moi. Il était installé juste derrière et me regardait d’un regard si fort, si perçant. C’en était presque intimidant. Je lui trouvais un charme fou. Pendant quinze jours aucun homme ne m’avait attirée et puis voilà….Je me disais : « pas de chance , juste quand je m’en vais, je rencontre quelqu'un ! » C’était l’heure du déjeuner, il s’est levé, il a secoué sa serviette toujours en me regardant. Il est parti, je le regardais s’éloigner dans les filaos . J’avais envie de lui courir après mais je ne pouvais pas, je me sentais paralysée. Il a complètement disparu , Emilie m’a dit pour me consoler : "ne t’en fais pas, vous allez sûrement vous retrouver ce soir à l'aéroport!"
Je n’y croyais pas, j’étais même sûre que je ne le reverrai plus jamais! Plus la journée s’avançait, plus je m’en voulais d’avoir été aussi timide, de ne pas lui avoir un geste, d e ne pas m’être levée pour lui parler. Le soir, je suis partie vers 18 heures 30. Je suis arrivée à l’aéroport de Saint-Denis deux bonnes heures avant le départ. J’entre dans le hall , la première personne que je vois, c’est lui. Je vais vers le comptoir d’ enregistrement, il me voit mais il ne réagit pas. J’entends un de ses amis dire: "ce n'est pas la fille de la plage?" Il y avait deux vols pour Paris à peu prés en même temps. L’un qui allait à Orly, l’autre à Charles de Gaulle. Je le vois disparaître….
L’aéroport de Saint Denis est assez petit et il n’était plus nulle part. Je me dis: « Tant pis pour lui, je ne vais pas me rendre folle pour un mec que je connaissais même pas le matin même! »Je décide d’aller boire un verre à l’étage, au bar. Je manque même rater l’avion, je n’ avais pas prévu qu’ils me retiendraient autant aux passage de sécurité. Donc, je me dépêche, je speede. J’arrive dans la salle d’embarquement et là, je le vois, je le retrouve . Prêt à embarquer . Il me voit lui aussi et soudain, il a un grand sourire, mais grand! Vous savez, ce sourire qui dit tout!
Je suis montée dans l’avion juste derrière lui. Je m’ installe. Il me regarde . Il souriait toujours, ses fossettes lui remontaient jusqu’aux yeux qui pétillaient. Il s’installe. Et puis il se relève , il vient me voir et il me dit : « ce n'est quand même pas un hasard si on se retrouve dans le même avion ! ". Je rougis . On discute. « Je m’appelle Frédéric… » me dit-il . Il était de Nîmes , je lui dis que je vis à Biarritz . Il doit retourner à sa place, il me dit : « Je pose mes affaires et je viens te retrouver…. » J’envoie un texto a Emilie : « Tu ne devineras jamais, je suis à côté de lui…. » L’hôtesse de l’air s’étonne: « mais vous vous connaissez ? » Je lui raconte toute l’histoire ,qu’ on a échangé des regards toute la matinée sur la plage , qu’on s’était perdus et qu’on vient de se retrouver. Elle me dit : « mais c’est génial…. Je vais voir si je peux vous mettre ensemble à l’arrière, après le décollage. Vous pourrez parler tranquilles… » .
Au début on était assez timides. « Est ce que t’as quelqu’un dans ta vie ? » « Non » « Moi non plus ». On était à l’arrière d e l’appareil, juste devant l’issue de secours. On mangeait des gâteaux que l’hôtesse nous apportait régulièrement .Il me racontait sa vie. Il était divorcé depuis deux ans, un divorce douloureux. Depuis , il n’avait plus eu d’histoire d’amour. Il était gentil. Il avait l’air tellement doux . Et si intelligent. Le s lumières se sont éteintes au moment où il me disait que je lui plaisais. On s’est embrassés . C’était bon, c’était sucré. Autour de nous tout le monde dormait… Il avait eu peur, me disait il de ne plus me voir après la plage. Il avait pensé que je venais d’arriver sur l'île , lui il était là depuis une semaine , il s’installait tous les jours au même endroit, sur cette plage , il se demandait pourquoi on ne s’était pas vus avant …. On passé une partie de la nuit à parler et à nous embrasser avant de regagner nos fauteuils tard, très tard, presque au matin .
On était le 27 novembre dernier . C’était un lundi matin. Depuis, tout a changé dans ma vie ….A l’aéroport, à la sortie, il m’a présenté ses deux frères qui étaient là avec lui et on est allés boire un café tous les quatre. Il m’a demandé : « Est ce que ça te tenterait qu’on se revoit, qu’ on continue ? » Et je lui ai répondu : « bien sûr ! » « Mais, tu sais, j’ai trois enfants ,je voulais te le dire, je veux tout de dire, je veux jouer franc jeu … » Moi: « c’est bien , ça ne me dérange pas … » « Bon , a-t-il fait : « Alors, je vais venir te voir à Biarritz ! » Il avait sa correspondance tout de suite, moi je devais attendre une heure pour Biarritz . A peine arrivée chez moi , vers 13 heures , j’ avais déjà un texto. Et le soir, il m’ a appelée : « j’arrive vendredi , si ça ne te dérange pas ! » J’étais tellement heureuse! C’est ce soir là, le vendredi , qu’ on on a fait l’amour la première fois. Il est arrivé à une heure du matin. On s’est aimés tout le week end et il n’ est reparti que le lundi matin à 4 heures.
Je n’avais plus eu de vraie grande histoire d’amour depuis mes 25 ans , je ne cherchais même plus . Et ça y était , j’avais trouvé! Il n’arrêtait pas de me dire que j’étais belle et que c’était merveilleux de m’avoir rencontrée.Et c’est vrai depuis que j’ai rencontré Fred, je me sens belle et la vie est redevenue merveilleuse ! C’est la Réunion qui nous réunis ! Ca fait 6 mois maintenant. On s’est fiancés . On est amoureux comme on ne l’a jamais été ni l’un ni l’autre. Et notre plus grand désir maintenant est de vivre ensemble . Je vais aller le rejoindre à Nîmes le premier juillet. Un moment, il s’est demandé s’il ne pourrait pas venir vivre et travailler à Biarritz. Lui, il est dans les voitures , Il a cherché un travail du côté de chez moi , mais à Biarritz , il n’y a rien . Là-bas, il n’y a pas de travail, c’est la qualité de la vie , c’est la planche de surf à l’arrière de la voiture, un point c’est tout! Alors c’est moi qui vais aller le rejoindre .
Je viens de donner ma démission du salon Jacques Dessange dans lequel je travaille. Le plus dur , ça va être de quitter mes amies de Biarritz : Pascaline, Nathalie , Geneviève, Coco, Cathy, toutes mes copines de la Gym. Fred a trois enfants , deux garçons de 13 et 11 ans . Et une fille de 16 ans . Il me les a présentés, en février. Ca s’est très bien passé . Et je vais tout faire pour que ça continue à bien se passer. Je suis originaire de la vallée d’Aspe, dans le Béarn, j’ ai amené Fred chez moi, dans ma vallée que ‘j ai quittée a 19 ans. Je lui ai présenté mes parents. Mon père est charpentier, ma mère fait des ménages. Je redoutais ça parce que je ne les vois pas souvent , mais mon père était content: il a vu qu’avec Fred , c’était du sérieux. On va s’installer tous les deux dans son appartement de Nîmes, route d’Avignon. J’aime bien, on entend les oiseaux le matin ! Après, on trouvera une maison ou quelque chose de plus grand. Maintenant je me demande si je ne vais pas en profiter pour changer de métier. Peut-être ouvrir un commerce, faire quelque chose avec lui. Nous sommes très complices, très complémentaire . Ce serait encore plus merveilleux si on arrivait à travailler ensemble.
ELLE/ Juin 2008/ Propos receuillis par Antoine SILBER
J’étais arrivée sur la plage d e l’ Hermitage à 9 heure du matin . C’était mon dernier jour et je voulais en profiter. En face il y avait la barrière de corail. Derrière, la montagne. Le soleil commençait à chauffer, je nageais au milieu des poissons multicolores , je me disais que j’allais me retrouver dés le lendemain à Biarritz, dans mon salon de coiffure et cette perspective ne m’ amusait pas follement. Je suis sortie de l’eau, mon masque sur le nez , j’ai marché jusqu’à ma serviette, je me suis allongée à côté de mon amie Emilie. J’ai enlevé mon masque. Et là , je l’ai vu.
Il avait trente ans a peu prés. Comme moi. Il était installé juste derrière et me regardait d’un regard si fort, si perçant. C’en était presque intimidant. Je lui trouvais un charme fou. Pendant quinze jours aucun homme ne m’avait attirée et puis voilà….Je me disais : « pas de chance , juste quand je m’en vais, je rencontre quelqu'un ! » C’était l’heure du déjeuner, il s’est levé, il a secoué sa serviette toujours en me regardant. Il est parti, je le regardais s’éloigner dans les filaos . J’avais envie de lui courir après mais je ne pouvais pas, je me sentais paralysée. Il a complètement disparu , Emilie m’a dit pour me consoler : "ne t’en fais pas, vous allez sûrement vous retrouver ce soir à l'aéroport!"
Je n’y croyais pas, j’étais même sûre que je ne le reverrai plus jamais! Plus la journée s’avançait, plus je m’en voulais d’avoir été aussi timide, de ne pas lui avoir un geste, d e ne pas m’être levée pour lui parler. Le soir, je suis partie vers 18 heures 30. Je suis arrivée à l’aéroport de Saint-Denis deux bonnes heures avant le départ. J’entre dans le hall , la première personne que je vois, c’est lui. Je vais vers le comptoir d’ enregistrement, il me voit mais il ne réagit pas. J’entends un de ses amis dire: "ce n'est pas la fille de la plage?" Il y avait deux vols pour Paris à peu prés en même temps. L’un qui allait à Orly, l’autre à Charles de Gaulle. Je le vois disparaître….
L’aéroport de Saint Denis est assez petit et il n’était plus nulle part. Je me dis: « Tant pis pour lui, je ne vais pas me rendre folle pour un mec que je connaissais même pas le matin même! »Je décide d’aller boire un verre à l’étage, au bar. Je manque même rater l’avion, je n’ avais pas prévu qu’ils me retiendraient autant aux passage de sécurité. Donc, je me dépêche, je speede. J’arrive dans la salle d’embarquement et là, je le vois, je le retrouve . Prêt à embarquer . Il me voit lui aussi et soudain, il a un grand sourire, mais grand! Vous savez, ce sourire qui dit tout!
Je suis montée dans l’avion juste derrière lui. Je m’ installe. Il me regarde . Il souriait toujours, ses fossettes lui remontaient jusqu’aux yeux qui pétillaient. Il s’installe. Et puis il se relève , il vient me voir et il me dit : « ce n'est quand même pas un hasard si on se retrouve dans le même avion ! ". Je rougis . On discute. « Je m’appelle Frédéric… » me dit-il . Il était de Nîmes , je lui dis que je vis à Biarritz . Il doit retourner à sa place, il me dit : « Je pose mes affaires et je viens te retrouver…. » J’envoie un texto a Emilie : « Tu ne devineras jamais, je suis à côté de lui…. » L’hôtesse de l’air s’étonne: « mais vous vous connaissez ? » Je lui raconte toute l’histoire ,qu’ on a échangé des regards toute la matinée sur la plage , qu’on s’était perdus et qu’on vient de se retrouver. Elle me dit : « mais c’est génial…. Je vais voir si je peux vous mettre ensemble à l’arrière, après le décollage. Vous pourrez parler tranquilles… » .
Au début on était assez timides. « Est ce que t’as quelqu’un dans ta vie ? » « Non » « Moi non plus ». On était à l’arrière d e l’appareil, juste devant l’issue de secours. On mangeait des gâteaux que l’hôtesse nous apportait régulièrement .Il me racontait sa vie. Il était divorcé depuis deux ans, un divorce douloureux. Depuis , il n’avait plus eu d’histoire d’amour. Il était gentil. Il avait l’air tellement doux . Et si intelligent. Le s lumières se sont éteintes au moment où il me disait que je lui plaisais. On s’est embrassés . C’était bon, c’était sucré. Autour de nous tout le monde dormait… Il avait eu peur, me disait il de ne plus me voir après la plage. Il avait pensé que je venais d’arriver sur l'île , lui il était là depuis une semaine , il s’installait tous les jours au même endroit, sur cette plage , il se demandait pourquoi on ne s’était pas vus avant …. On passé une partie de la nuit à parler et à nous embrasser avant de regagner nos fauteuils tard, très tard, presque au matin .
On était le 27 novembre dernier . C’était un lundi matin. Depuis, tout a changé dans ma vie ….A l’aéroport, à la sortie, il m’a présenté ses deux frères qui étaient là avec lui et on est allés boire un café tous les quatre. Il m’a demandé : « Est ce que ça te tenterait qu’on se revoit, qu’ on continue ? » Et je lui ai répondu : « bien sûr ! » « Mais, tu sais, j’ai trois enfants ,je voulais te le dire, je veux tout de dire, je veux jouer franc jeu … » Moi: « c’est bien , ça ne me dérange pas … » « Bon , a-t-il fait : « Alors, je vais venir te voir à Biarritz ! » Il avait sa correspondance tout de suite, moi je devais attendre une heure pour Biarritz . A peine arrivée chez moi , vers 13 heures , j’ avais déjà un texto. Et le soir, il m’ a appelée : « j’arrive vendredi , si ça ne te dérange pas ! » J’étais tellement heureuse! C’est ce soir là, le vendredi , qu’ on on a fait l’amour la première fois. Il est arrivé à une heure du matin. On s’est aimés tout le week end et il n’ est reparti que le lundi matin à 4 heures.
Je n’avais plus eu de vraie grande histoire d’amour depuis mes 25 ans , je ne cherchais même plus . Et ça y était , j’avais trouvé! Il n’arrêtait pas de me dire que j’étais belle et que c’était merveilleux de m’avoir rencontrée.Et c’est vrai depuis que j’ai rencontré Fred, je me sens belle et la vie est redevenue merveilleuse ! C’est la Réunion qui nous réunis ! Ca fait 6 mois maintenant. On s’est fiancés . On est amoureux comme on ne l’a jamais été ni l’un ni l’autre. Et notre plus grand désir maintenant est de vivre ensemble . Je vais aller le rejoindre à Nîmes le premier juillet. Un moment, il s’est demandé s’il ne pourrait pas venir vivre et travailler à Biarritz. Lui, il est dans les voitures , Il a cherché un travail du côté de chez moi , mais à Biarritz , il n’y a rien . Là-bas, il n’y a pas de travail, c’est la qualité de la vie , c’est la planche de surf à l’arrière de la voiture, un point c’est tout! Alors c’est moi qui vais aller le rejoindre .
Je viens de donner ma démission du salon Jacques Dessange dans lequel je travaille. Le plus dur , ça va être de quitter mes amies de Biarritz : Pascaline, Nathalie , Geneviève, Coco, Cathy, toutes mes copines de la Gym. Fred a trois enfants , deux garçons de 13 et 11 ans . Et une fille de 16 ans . Il me les a présentés, en février. Ca s’est très bien passé . Et je vais tout faire pour que ça continue à bien se passer. Je suis originaire de la vallée d’Aspe, dans le Béarn, j’ ai amené Fred chez moi, dans ma vallée que ‘j ai quittée a 19 ans. Je lui ai présenté mes parents. Mon père est charpentier, ma mère fait des ménages. Je redoutais ça parce que je ne les vois pas souvent , mais mon père était content: il a vu qu’avec Fred , c’était du sérieux. On va s’installer tous les deux dans son appartement de Nîmes, route d’Avignon. J’aime bien, on entend les oiseaux le matin ! Après, on trouvera une maison ou quelque chose de plus grand. Maintenant je me demande si je ne vais pas en profiter pour changer de métier. Peut-être ouvrir un commerce, faire quelque chose avec lui. Nous sommes très complices, très complémentaire . Ce serait encore plus merveilleux si on arrivait à travailler ensemble.
ELLE/ Juin 2008/ Propos receuillis par Antoine SILBER
dimanche 18 mai 2008
C'est mon histoire « J’ai attendu d'avoir 18 ans pour coucher avec lui … »
Elle avait 15 ans et lui 31, mais elle a attendu trois ans avant d’accepter de faire l’amour avec lui. Aujourd’hui Rénatta a 20 ans. Sa belle histoire est finie mais elle n’a aucun regret. Elle nous raconte sa première fois.
J’avais 15 ans et demi la première fois que j’ai vu J. Je venais d’entrer en troisième, c’était un samedi midi. En septembre 2004, à la bibliothèque de ma ville. Il était assis derrière un bureau . Il avait le front très dégarni et une barbe de trois jours mais j’ai tout de suite flashé sur ses yeux, d’un vert que je n’avais jamais vu chez personne. Je le regardais, il m’a regardée à son tour et tout le chemin, ensuite, en rentrant chez moi, je pensais à lui. Le samedi d’après, Il était de nouveau là, mais debout, cette fois, au premier étage de la bibliothèque. Ca m’a fait un choc, parce qu’ il était plus petit que je pensais. Moi je mesure I mètre 70, lui a quelques centimètres de moins. Je lui ai demandé un livre sur la peinture. J’ai pris n’importe quel prétexte pour lui parler et on est resté une heure à discuter. Du sculpteur Botero, je me souviens. Je suis venue ensuite tous les samedis pendant toute l’ année scolaire puis tout le début de l’année d’après . On parlait et il ne se passait rien . Jusqu’à ce qu’ un jour, il me demande: « ça te dirait qu’on se voit en dehors ? » Et je lui ai répondu: « oui »
Le problème , c’est qu’il était marié ou tout comme et qu’ il était beaucoup plus âgé que moi…. Il avait 31 ans, au début, plus du double de mon âge. Et S. la femme avec qui il vivait venait d’avoir un bébé, une fille : Lily. On a commencé à se voir dehors, le jeudi. C’était un peu notre jour porte bonheur , le seul où il pouvait se libérer et où moi je finissais assez tôt. Le premier jeudi, ça a été en décembre , juste avant Noël, le 22. On est allés au cinéma voir « Et si c’était vrai…», le film tiré du bouquin de Marc Lévy. Il m’a pris la main dés que la lumière s’est éteinte et on n’a rien vu du film parce qu’ on s’embrassait tout le temps. Ca faisait quand même des mois que j’attendais ça, alors sentir sa peau, le contact de sa peau, l’odeur de sa peau ! Le goût de sa salive aussi. Boire sa salive !
Il me disait qu’ il ne se passait plus rien entre lui et S. ,cette femme avec qui il vivait. Il restait avec elle juste pour sa fille, Lily qu‘il l’adorait. Je savais qu’il disait vrai . Je comprenais . Je voyais bien que c’était compliqué pour lui. Quand je parlais de ça à mes copines, elles me répondaient: « Arrête, tu rêves, ça ne fonctionnera jamais ! » Pendant un an, un an et demi , elles n’ont pas cru que j’avais une histoire sérieuse avec lui.Mais moi je savais qu’il m’aimait , je le sentais. En mai de l’année d’après, son contrat de bibliothécaire s’est fini et on a commencé à se voir,trois ou quatre fois par semaine. On se retrouvait dans sa voiture, on s’embrassait. Il voulait qu’on aille plus loin mais j’hésitais encore. Il vivait quand même avec une autre et puis je n’avais jamais fait l’amour, j'avais peur.
En fait, il a été assez délicat. C’est un homme bien. Je lui demandais: « ça ne te dérange pas que je ne veuille pas faire l’ amour ? ». Il me répondait : « ne t’en fais pas on prendra le temps qu’il faudra ! » En France , les filles couchent pour la première fois en moyenne à 17 ans et 6 mois, d’après les statistiques. Quand j’ai eu mes dix-huit ans, je commençais à en avoir tellement envie, je me disais que peut-être je ne rencontrerai plus jamais un homme aussi gentil comme lui, c’est devenu évident.
J’ avais 18 ans et deux mois . Ca s’est passé chez moi. Le 8 juin 2006, un jeudi.
Je stressais tellement que je lui ai dit que j'allais peut être changer d'avis au dernier moment. Mais non. On était dans la pénombre . Il m'a allongée sur le lit. Il m'a déshabillée très lentement puis s’est déshabillé, très lentement également . Il m'a pénétrée doucement, j’ai eu horriblement mal mais j’étais heureuse. Il m'embrassait dans le cou tout en me demandant si ça allait et ça allait très bien, ça ne pouvait pas aller mieux. C’est ce jour -là que je lui ai dit « je t’aime » pour la première fois.
Juste après, on est allés manger un Mac Do. Je souriais tout le temps, j’étais si bien. Je lui ai demandé pourquoi il ne m’avait pas répondu quand je lui avais dit: « je t’aime » et il m’a répondu: « si je te dis que je t’aime, c’est un engagement et tu sais bien que je ne peux pas…. » Le lendemain, j’ai eu droit à un gros bouquet de roses rouges. Il y avait joint un mot . Il avait écrit : « je suis désolé de ne rien pouvoir t’offrir d’autre que ça … »
Il ne travaillait plus , donc il était très libre . On se voyait souvent et je voulais vivre ces moments exceptionnels avec lui sans penser à rien d’autre. J’étais très heureuse. Je trouvais tout merveilleux. Pour lui c’était plus difficile et quand je me montrais trop pressante, il me disait : » ne t’accroches pas trop à moi, je ne suis pas un homme fait pour toi» Et il baissait la tête, l’air triste , alors je le prenais dans mes bras …
Chaque fois qu’ on se quittait ça me faisait mal . Je ne savais pas quand j’allais le revoir et puis vivre cette histoire clandestinement , ce n’était pas facile . J’étais encore au lycée , personne ne savait , je mentais tout le temps à mes parents. Ma mère n’ arrêtait pas de me poser la question: « et alors tu l’ as fait ? »Et je ne lui répondais pas. Jusqu’à ce que je lui dise oui. Mais sans préciser avec qui. En mentant, encore! Aujourd’hui, elle croit que ça s’est passé avec un garçon de mon âge, un
En juin 2007 , j’ai eu mon bac et on s’est moins vus parce qu’il y a eu les vacances. Mais je ne pensais qu’à lui. Je suis entrée à la fac de lettres et en janvier dernier, ça a commencé à se gâter. S., la femme avec qui il vit, lui a posé un ultimatum. Elle voulait un deuxième enfant et elle lui a fait une sorte de chantage: « c’est ça ou tu t’en vas et dans ce cas , tu ne verras plus ta fille ! » Il était tellement malheureux quand il me racontait ça. Il me parlait de sa fille Lily, quand elle a fait ses premiers pas, quand elle a dit ses premiers mots, quand elle a eu la varicelle, il ne me parlait plus que d’elle. En même temps, il me disait qu’il m’aimait. Mais moi, je ne pouvais pas accepter qu‘ il fasse un enfant avec une autre alors qu’on était ensemble. Il y a une limite,. Du coup, je lui ai posé un contre- ultimatum : « Si tu fais ça, si tu acceptes, je te quitte. »
Le lendemain il m’a envoyé ce mail : « Quand je t'ai laissée hier , j’étais triste, et tu étais triste aussi. J'ai reçu un message de toi dans lequel tu t'excuses et alors là, c'est la meilleure! Tu n'as absolument rien à te reprocher, tu es parfaite. C'est moi qui suis pris au piège : soit je perds ma fille, soit la femme que j'aime, c'est à dire: Toi….. » . Je le voyais continuer à construire sa vie avec cette S. , et pour moi ce n’était plus possible Il ne voulait ou ne pouvait pas rompre. Il disait qu’il m’aimait mais en fait c’était fini, il fallait que je le quitte . Si je restais avec lui, il avait raison, j’allais rater ma vie.
On a fait ça le plus proprement, le plus respectueusement possible . On s’est revus une dernière fois le 22 février. Il ne me demandait plus de revenir sur ma décision. Il comprenait. Mais il avait l’air malheureux ! Le lendemain, le 23, j’ai reçu un nouveau bouquet de roses rouges. C’était au moins le dixième . Ca a été le dernier.
Aujourd’hui , je ne veux plus me rappeler que les bons moments avec lui . Quand, par exemple, je recevais des roses à la maison et que mon père faisait la gueule parce que je voulais pas lui dire qui en était l’expéditeur. Pour l’ instant je ne ‘lai pas remplacé. Je n’ai personne mais je sais que ça ne durera pas: j’ai en vue en garçon de la fac, un type bien lui aussi, et qui a 21 ans. J. m’a ouvert à la vie , grâce à lui, je sais que je peux maintenant aller avec un garçon de mon âge. Le mois dernier, le jour de mes vingt ans, j’ai reçu une lettre de lui et ça m’a fait très plaisir. Il me souhaitait simplement un très bon anniversaire. Comme un vrai ami.
ELLE/ 19 mai 2008/ Propos receuillis par Antoine SILBER
J’avais 15 ans et demi la première fois que j’ai vu J. Je venais d’entrer en troisième, c’était un samedi midi. En septembre 2004, à la bibliothèque de ma ville. Il était assis derrière un bureau . Il avait le front très dégarni et une barbe de trois jours mais j’ai tout de suite flashé sur ses yeux, d’un vert que je n’avais jamais vu chez personne. Je le regardais, il m’a regardée à son tour et tout le chemin, ensuite, en rentrant chez moi, je pensais à lui. Le samedi d’après, Il était de nouveau là, mais debout, cette fois, au premier étage de la bibliothèque. Ca m’a fait un choc, parce qu’ il était plus petit que je pensais. Moi je mesure I mètre 70, lui a quelques centimètres de moins. Je lui ai demandé un livre sur la peinture. J’ai pris n’importe quel prétexte pour lui parler et on est resté une heure à discuter. Du sculpteur Botero, je me souviens. Je suis venue ensuite tous les samedis pendant toute l’ année scolaire puis tout le début de l’année d’après . On parlait et il ne se passait rien . Jusqu’à ce qu’ un jour, il me demande: « ça te dirait qu’on se voit en dehors ? » Et je lui ai répondu: « oui »
Le problème , c’est qu’il était marié ou tout comme et qu’ il était beaucoup plus âgé que moi…. Il avait 31 ans, au début, plus du double de mon âge. Et S. la femme avec qui il vivait venait d’avoir un bébé, une fille : Lily. On a commencé à se voir dehors, le jeudi. C’était un peu notre jour porte bonheur , le seul où il pouvait se libérer et où moi je finissais assez tôt. Le premier jeudi, ça a été en décembre , juste avant Noël, le 22. On est allés au cinéma voir « Et si c’était vrai…», le film tiré du bouquin de Marc Lévy. Il m’a pris la main dés que la lumière s’est éteinte et on n’a rien vu du film parce qu’ on s’embrassait tout le temps. Ca faisait quand même des mois que j’attendais ça, alors sentir sa peau, le contact de sa peau, l’odeur de sa peau ! Le goût de sa salive aussi. Boire sa salive !
Il me disait qu’ il ne se passait plus rien entre lui et S. ,cette femme avec qui il vivait. Il restait avec elle juste pour sa fille, Lily qu‘il l’adorait. Je savais qu’il disait vrai . Je comprenais . Je voyais bien que c’était compliqué pour lui. Quand je parlais de ça à mes copines, elles me répondaient: « Arrête, tu rêves, ça ne fonctionnera jamais ! » Pendant un an, un an et demi , elles n’ont pas cru que j’avais une histoire sérieuse avec lui.Mais moi je savais qu’il m’aimait , je le sentais. En mai de l’année d’après, son contrat de bibliothécaire s’est fini et on a commencé à se voir,trois ou quatre fois par semaine. On se retrouvait dans sa voiture, on s’embrassait. Il voulait qu’on aille plus loin mais j’hésitais encore. Il vivait quand même avec une autre et puis je n’avais jamais fait l’amour, j'avais peur.
En fait, il a été assez délicat. C’est un homme bien. Je lui demandais: « ça ne te dérange pas que je ne veuille pas faire l’ amour ? ». Il me répondait : « ne t’en fais pas on prendra le temps qu’il faudra ! » En France , les filles couchent pour la première fois en moyenne à 17 ans et 6 mois, d’après les statistiques. Quand j’ai eu mes dix-huit ans, je commençais à en avoir tellement envie, je me disais que peut-être je ne rencontrerai plus jamais un homme aussi gentil comme lui, c’est devenu évident.
J’ avais 18 ans et deux mois . Ca s’est passé chez moi. Le 8 juin 2006, un jeudi.
Je stressais tellement que je lui ai dit que j'allais peut être changer d'avis au dernier moment. Mais non. On était dans la pénombre . Il m'a allongée sur le lit. Il m'a déshabillée très lentement puis s’est déshabillé, très lentement également . Il m'a pénétrée doucement, j’ai eu horriblement mal mais j’étais heureuse. Il m'embrassait dans le cou tout en me demandant si ça allait et ça allait très bien, ça ne pouvait pas aller mieux. C’est ce jour -là que je lui ai dit « je t’aime » pour la première fois.
Juste après, on est allés manger un Mac Do. Je souriais tout le temps, j’étais si bien. Je lui ai demandé pourquoi il ne m’avait pas répondu quand je lui avais dit: « je t’aime » et il m’a répondu: « si je te dis que je t’aime, c’est un engagement et tu sais bien que je ne peux pas…. » Le lendemain, j’ai eu droit à un gros bouquet de roses rouges. Il y avait joint un mot . Il avait écrit : « je suis désolé de ne rien pouvoir t’offrir d’autre que ça … »
Il ne travaillait plus , donc il était très libre . On se voyait souvent et je voulais vivre ces moments exceptionnels avec lui sans penser à rien d’autre. J’étais très heureuse. Je trouvais tout merveilleux. Pour lui c’était plus difficile et quand je me montrais trop pressante, il me disait : » ne t’accroches pas trop à moi, je ne suis pas un homme fait pour toi» Et il baissait la tête, l’air triste , alors je le prenais dans mes bras …
Chaque fois qu’ on se quittait ça me faisait mal . Je ne savais pas quand j’allais le revoir et puis vivre cette histoire clandestinement , ce n’était pas facile . J’étais encore au lycée , personne ne savait , je mentais tout le temps à mes parents. Ma mère n’ arrêtait pas de me poser la question: « et alors tu l’ as fait ? »Et je ne lui répondais pas. Jusqu’à ce que je lui dise oui. Mais sans préciser avec qui. En mentant, encore! Aujourd’hui, elle croit que ça s’est passé avec un garçon de mon âge, un
En juin 2007 , j’ai eu mon bac et on s’est moins vus parce qu’il y a eu les vacances. Mais je ne pensais qu’à lui. Je suis entrée à la fac de lettres et en janvier dernier, ça a commencé à se gâter. S., la femme avec qui il vit, lui a posé un ultimatum. Elle voulait un deuxième enfant et elle lui a fait une sorte de chantage: « c’est ça ou tu t’en vas et dans ce cas , tu ne verras plus ta fille ! » Il était tellement malheureux quand il me racontait ça. Il me parlait de sa fille Lily, quand elle a fait ses premiers pas, quand elle a dit ses premiers mots, quand elle a eu la varicelle, il ne me parlait plus que d’elle. En même temps, il me disait qu’il m’aimait. Mais moi, je ne pouvais pas accepter qu‘ il fasse un enfant avec une autre alors qu’on était ensemble. Il y a une limite,. Du coup, je lui ai posé un contre- ultimatum : « Si tu fais ça, si tu acceptes, je te quitte. »
Le lendemain il m’a envoyé ce mail : « Quand je t'ai laissée hier , j’étais triste, et tu étais triste aussi. J'ai reçu un message de toi dans lequel tu t'excuses et alors là, c'est la meilleure! Tu n'as absolument rien à te reprocher, tu es parfaite. C'est moi qui suis pris au piège : soit je perds ma fille, soit la femme que j'aime, c'est à dire: Toi….. » . Je le voyais continuer à construire sa vie avec cette S. , et pour moi ce n’était plus possible Il ne voulait ou ne pouvait pas rompre. Il disait qu’il m’aimait mais en fait c’était fini, il fallait que je le quitte . Si je restais avec lui, il avait raison, j’allais rater ma vie.
On a fait ça le plus proprement, le plus respectueusement possible . On s’est revus une dernière fois le 22 février. Il ne me demandait plus de revenir sur ma décision. Il comprenait. Mais il avait l’air malheureux ! Le lendemain, le 23, j’ai reçu un nouveau bouquet de roses rouges. C’était au moins le dixième . Ca a été le dernier.
Aujourd’hui , je ne veux plus me rappeler que les bons moments avec lui . Quand, par exemple, je recevais des roses à la maison et que mon père faisait la gueule parce que je voulais pas lui dire qui en était l’expéditeur. Pour l’ instant je ne ‘lai pas remplacé. Je n’ai personne mais je sais que ça ne durera pas: j’ai en vue en garçon de la fac, un type bien lui aussi, et qui a 21 ans. J. m’a ouvert à la vie , grâce à lui, je sais que je peux maintenant aller avec un garçon de mon âge. Le mois dernier, le jour de mes vingt ans, j’ai reçu une lettre de lui et ça m’a fait très plaisir. Il me souhaitait simplement un très bon anniversaire. Comme un vrai ami.
ELLE/ 19 mai 2008/ Propos receuillis par Antoine SILBER
lundi 5 mai 2008
C’est mon histoire: « J’ai passé quatre ans dans un palace… »
Candice était, depuis 2004, attachée de direction dans un hotel de luxe prés des Champs-Elysées. A 36 ans, elle vient d’en démissionner. Elle raconte la magie du lieu et ...L'envers du décor .
J’ai travaillé pendant quatre ans dans un palace parisien dont je ne tairai le nom mais qui est situé tout prés des Champs Elysées. J’étais aux petits soins pour les clients, connus ou non, dont je veillais à satisfaire les moindres petits désirs et caprices. Pourtant j’ai tout envoyé promener, il y a quatre mois, fin décembre 2007. Sans aucun regret. C’ est l’ un des hôtels les plus luxueux du monde, un lieu raffiné et magique où tout est parfait et j ’aimais y travailler mais je n’en pouvais plus. Je devais être à disposition 24 heures sur 24. Je n’avais plus de vie. Je crois que je serais tombée malade si j’avais continué.
C’est mon grand père qui m’a donné envie de travailler dans l’hôtellerie de luxe. Quand j’étais petite, il m’emmenait passer des vacances dans un grand hôtel a Vevey, en Suisse, un palace a l’ancienne que j’adorais. Il était suisse. Moi, j’ai été élevée en Alsace. A 18 ans, je suis allée faire l’école hôtelière à Lausanne et j’ai ensuite travaillé une dizaine d’années dans différents hôtels parisiens. En janvier 2004, j’ai été recrutée dans ce palace comme attachée de direction. J’étais heureuse et fière d’avoir réussi à arriver jusque là , au top. Je concrétisais un rêve. 245 chambres, la moins chère à 850 euros la nuit; la plus belle, la suite royale à ….10.000 euros! On était 600 employés et cadres et pourtant, on avait constamment l’impression d’être en sous-effectif.. La pression est énorme . Parce qu’avec un tel niveau de prix, évidemment, tout doit être parfait.
J’étais la seule femme attachée de direction. On travaillait par équipes , par « shifts » de 10 heures qui se tranformaient en général en 12, 13 ou 15 heures. Je devais tout le temps être élégante, parfaitement coiffée et maquillée. Et rester souriante, quoi qu’il arrive. Je devais être plus que compétente: exceptionnelle….. Le crédo à ce niveau là, c’est : « Waouh me if you can !» (éblouis-moi si tu le peux !)
Dans mon contrat, il n’était pas écrit que je devais prendre la responsabilité de l’hôtel la nuit , mais on ne m’a pas donné le choix. J’étais l’interface entre la direction générale de l’hôtel et les employés, et la nuit tout passait par moi. Je travaillais cinq nuits par semaine. Ou alors 3 nuits et ensuite deux journées. En plus, je faisais souvent des « double shifts»: j’arrivais a 22 heures 30, j’étais censée terminer le matin à 8heures et demi mais si mon collègue se faisait porter pâle, je continuais toute la journée….A côté de ça j’étais payée de manière ridicule. Bien sûr il y avait les « tips », les pourboires (environ 700 euros par mois) mais mon salaire d’attachée de direction avec 13 ans d’expérience n’ était que de 3000 euros brut. Soit par mois, à peu prés 2200 euros nets!
Une femme, la nuit, ce n’est pas évident…D’autant que j’ai toujours fait plus jeune que mon age. S’il y avait un problème au bar, un client éméché ou qui faisait du scandale, on m’appellait et parfois, il fallait de la poigne! Je devais aussi gérer les problèmes de bruit dans les étages. Des clients du Quatar ou de Dubaï réservaient d’un coup 20 ou 30 chambres; si au milieu vous avez un client américain qui demande un peu de silence, qu’est ce que vous faites? Sans compter les problèmes de « NL », les « night ladies, »les prostituées. La politique de l’ hôtel est d’ enregistrer tout le monde, pour des questions de sécurité. Or beaucoup de ces night ladies sont des immigrées irrégulières qui n’ont pas de papiers d’identité. Impossible de les laisser monter. Et comment expliquer ça à un client qui paye dix mille euros sa suite et qui attend une fille?
J’ai aussi été responsable de l’acceuil des célébrités , des stars. J’en ai rencontré quelques unes plutôt difficiles, comme Madonna, toujours un peu lointaine et légèrement méprisante. Ou Mariah Carey, jamais satisfaite. Très exigente. Elle demandait un tapis de course devant sa télé, un miroir spécial pour le maquillage avec une chaise haute, plusieurs humidificateurs dispersés dans la suite (pour sa voix). Que ses fenêtres soient toujours opaques ,aussi . Elle est un peu parano, elle. Le pire dans la catégorie clients difficiles: l’acteur Russel Crowe, extrêmement capricieux et colérique.Une fois il a balancé un téléphone sur un concierge!
Cela dit, contrairement a ce que tout le monde pense, en général les stars sont plutôt plus agréables que les clients ordinaires. J’ai plusieurs fois acceuilli Céline Dion et je l’ai trouvée merveilleuse. Elle vous embrasse . Elle vous fait parler. Elle vous demande de disposer des lys ou du mimosas dans son salon. Travailler avec elle a été un bonheur! Autre personnalité vraiment adorable: Bill Clinton. C’est quelqu’un qui a beaucoup d’attentions. Il sert la main à tout le personnel. Lui il veut des cigares cubains dans sa suite et il ne boit que du diet coke « on ice » IL est encore venu l’an dernier. Un mois après, j’avais une lettre de remerciement signée de sa main. « Dear Candice, Thanks so much. I was very impressed with the professionalism and expertise of your staff, and I'm grateful for your efforts…» Ca m’a fait très plaisir ! Et puis certains clients sont très généreux. On m’a offert des bijoux, des chocolats, un vase de baccarat. On peut vous aussi glisser 10O euros dans une enveloppe comme s’il s’agissait de 5 euros !
Pendant toutes ces années, j’ai travaillé comme une bête. J’ai beaucoup aimé ça, mais j’en ai payé le prix. J’étais de plus en plus déconnectée de la réalité. Un tourbillon vertigineux m’aspirait vers toujours plus de travail, toujours plus d’heures, toujours plus de stress. Je jonglais avec mes horaires délirants, je donnais tout à l’hôtel. Résultat: ma vie personnelle a tourné au désastre. Je me suis séparée de mon ami! Il était dans l’hôtellerie lui aussi mais ailleurs et de jour . Souvent, moi, je travaillais 60, 65 heures par semaine et du coup je passais mes jours de repos à dormir. Ce n’était plus possible, nous deux . En plus, j’avais des vertiges, des maux de têtes répétés. Je suis allée voir un médecin . Il m’a fait peur. Je me disais: A 35 ans, je n’ai pas de mari, pas d’enfants, et je suis en train de me ruiner la santé. C’est nul. J’ai pris une grande décision: changer de job, opérer une vraie reconversion de carrière.
Je voulais évoluer vers les RP. J’ai demandé un congé de formation et je me suis lancée dans un MBA en Communication, Médias et Evénementiel. 7 mois d’études pendant lesquels j’ai « quitté » provisoirement l’hôtel. J’ai décroché mon diplôme avec mention. Je suis retournée à l’hôtel avec l’idée de rester dans le groupe et de demander mon transfert au siège mondial, dans le service communication. Mais ma direction ne m’a pas soutenue. Au contraire, j’ai été transférée vers un poste moins rémunéré, avec des responsabilités moindres. Une sorte de disgrâce destinée à me punir. J’ai alors décidé de démissionner.
Voilà. Je voulais vous donner une idée de ce qui se passe dans les coulisses d’un palace parisien. Depuis décembre, je respire, je revis. Je voyage .Je vois plus ma famille, ma mère. Je vais au cinéma, je vois cinq films par jour. Je visite Paris en velib’. Je vais voir toutes les expos. J’ai aussi recommencé sérieusement à chercher un travail et j’ai pas mal de propositions. Mon ancien directeur général me regardait de haut: « Candice, me disait-il, vous n’allez tout de même pas prétendre changer de métier … ». Je lui répondais : « Si, et même sans piston…. Vous verrez ! » C’est ce que je suis en train de faire: quand vous lirez cet article, j’aurais probablement retrouvé un nouveau job , non plus dans l’hôtellerie mais toujours dans l’univers du Luxe. J’ai adoré mon métier mais je l’ai quitté et je ne regrette rien. Je tourne une nouvelle page de ma vie.
ELLE/ 5 mai 2008/ Propos receuillis par Antoine Silber
J’ai travaillé pendant quatre ans dans un palace parisien dont je ne tairai le nom mais qui est situé tout prés des Champs Elysées. J’étais aux petits soins pour les clients, connus ou non, dont je veillais à satisfaire les moindres petits désirs et caprices. Pourtant j’ai tout envoyé promener, il y a quatre mois, fin décembre 2007. Sans aucun regret. C’ est l’ un des hôtels les plus luxueux du monde, un lieu raffiné et magique où tout est parfait et j ’aimais y travailler mais je n’en pouvais plus. Je devais être à disposition 24 heures sur 24. Je n’avais plus de vie. Je crois que je serais tombée malade si j’avais continué.
C’est mon grand père qui m’a donné envie de travailler dans l’hôtellerie de luxe. Quand j’étais petite, il m’emmenait passer des vacances dans un grand hôtel a Vevey, en Suisse, un palace a l’ancienne que j’adorais. Il était suisse. Moi, j’ai été élevée en Alsace. A 18 ans, je suis allée faire l’école hôtelière à Lausanne et j’ai ensuite travaillé une dizaine d’années dans différents hôtels parisiens. En janvier 2004, j’ai été recrutée dans ce palace comme attachée de direction. J’étais heureuse et fière d’avoir réussi à arriver jusque là , au top. Je concrétisais un rêve. 245 chambres, la moins chère à 850 euros la nuit; la plus belle, la suite royale à ….10.000 euros! On était 600 employés et cadres et pourtant, on avait constamment l’impression d’être en sous-effectif.. La pression est énorme . Parce qu’avec un tel niveau de prix, évidemment, tout doit être parfait.
J’étais la seule femme attachée de direction. On travaillait par équipes , par « shifts » de 10 heures qui se tranformaient en général en 12, 13 ou 15 heures. Je devais tout le temps être élégante, parfaitement coiffée et maquillée. Et rester souriante, quoi qu’il arrive. Je devais être plus que compétente: exceptionnelle….. Le crédo à ce niveau là, c’est : « Waouh me if you can !» (éblouis-moi si tu le peux !)
Dans mon contrat, il n’était pas écrit que je devais prendre la responsabilité de l’hôtel la nuit , mais on ne m’a pas donné le choix. J’étais l’interface entre la direction générale de l’hôtel et les employés, et la nuit tout passait par moi. Je travaillais cinq nuits par semaine. Ou alors 3 nuits et ensuite deux journées. En plus, je faisais souvent des « double shifts»: j’arrivais a 22 heures 30, j’étais censée terminer le matin à 8heures et demi mais si mon collègue se faisait porter pâle, je continuais toute la journée….A côté de ça j’étais payée de manière ridicule. Bien sûr il y avait les « tips », les pourboires (environ 700 euros par mois) mais mon salaire d’attachée de direction avec 13 ans d’expérience n’ était que de 3000 euros brut. Soit par mois, à peu prés 2200 euros nets!
Une femme, la nuit, ce n’est pas évident…D’autant que j’ai toujours fait plus jeune que mon age. S’il y avait un problème au bar, un client éméché ou qui faisait du scandale, on m’appellait et parfois, il fallait de la poigne! Je devais aussi gérer les problèmes de bruit dans les étages. Des clients du Quatar ou de Dubaï réservaient d’un coup 20 ou 30 chambres; si au milieu vous avez un client américain qui demande un peu de silence, qu’est ce que vous faites? Sans compter les problèmes de « NL », les « night ladies, »les prostituées. La politique de l’ hôtel est d’ enregistrer tout le monde, pour des questions de sécurité. Or beaucoup de ces night ladies sont des immigrées irrégulières qui n’ont pas de papiers d’identité. Impossible de les laisser monter. Et comment expliquer ça à un client qui paye dix mille euros sa suite et qui attend une fille?
J’ai aussi été responsable de l’acceuil des célébrités , des stars. J’en ai rencontré quelques unes plutôt difficiles, comme Madonna, toujours un peu lointaine et légèrement méprisante. Ou Mariah Carey, jamais satisfaite. Très exigente. Elle demandait un tapis de course devant sa télé, un miroir spécial pour le maquillage avec une chaise haute, plusieurs humidificateurs dispersés dans la suite (pour sa voix). Que ses fenêtres soient toujours opaques ,aussi . Elle est un peu parano, elle. Le pire dans la catégorie clients difficiles: l’acteur Russel Crowe, extrêmement capricieux et colérique.Une fois il a balancé un téléphone sur un concierge!
Cela dit, contrairement a ce que tout le monde pense, en général les stars sont plutôt plus agréables que les clients ordinaires. J’ai plusieurs fois acceuilli Céline Dion et je l’ai trouvée merveilleuse. Elle vous embrasse . Elle vous fait parler. Elle vous demande de disposer des lys ou du mimosas dans son salon. Travailler avec elle a été un bonheur! Autre personnalité vraiment adorable: Bill Clinton. C’est quelqu’un qui a beaucoup d’attentions. Il sert la main à tout le personnel. Lui il veut des cigares cubains dans sa suite et il ne boit que du diet coke « on ice » IL est encore venu l’an dernier. Un mois après, j’avais une lettre de remerciement signée de sa main. « Dear Candice, Thanks so much. I was very impressed with the professionalism and expertise of your staff, and I'm grateful for your efforts…» Ca m’a fait très plaisir ! Et puis certains clients sont très généreux. On m’a offert des bijoux, des chocolats, un vase de baccarat. On peut vous aussi glisser 10O euros dans une enveloppe comme s’il s’agissait de 5 euros !
Pendant toutes ces années, j’ai travaillé comme une bête. J’ai beaucoup aimé ça, mais j’en ai payé le prix. J’étais de plus en plus déconnectée de la réalité. Un tourbillon vertigineux m’aspirait vers toujours plus de travail, toujours plus d’heures, toujours plus de stress. Je jonglais avec mes horaires délirants, je donnais tout à l’hôtel. Résultat: ma vie personnelle a tourné au désastre. Je me suis séparée de mon ami! Il était dans l’hôtellerie lui aussi mais ailleurs et de jour . Souvent, moi, je travaillais 60, 65 heures par semaine et du coup je passais mes jours de repos à dormir. Ce n’était plus possible, nous deux . En plus, j’avais des vertiges, des maux de têtes répétés. Je suis allée voir un médecin . Il m’a fait peur. Je me disais: A 35 ans, je n’ai pas de mari, pas d’enfants, et je suis en train de me ruiner la santé. C’est nul. J’ai pris une grande décision: changer de job, opérer une vraie reconversion de carrière.
Je voulais évoluer vers les RP. J’ai demandé un congé de formation et je me suis lancée dans un MBA en Communication, Médias et Evénementiel. 7 mois d’études pendant lesquels j’ai « quitté » provisoirement l’hôtel. J’ai décroché mon diplôme avec mention. Je suis retournée à l’hôtel avec l’idée de rester dans le groupe et de demander mon transfert au siège mondial, dans le service communication. Mais ma direction ne m’a pas soutenue. Au contraire, j’ai été transférée vers un poste moins rémunéré, avec des responsabilités moindres. Une sorte de disgrâce destinée à me punir. J’ai alors décidé de démissionner.
Voilà. Je voulais vous donner une idée de ce qui se passe dans les coulisses d’un palace parisien. Depuis décembre, je respire, je revis. Je voyage .Je vois plus ma famille, ma mère. Je vais au cinéma, je vois cinq films par jour. Je visite Paris en velib’. Je vais voir toutes les expos. J’ai aussi recommencé sérieusement à chercher un travail et j’ai pas mal de propositions. Mon ancien directeur général me regardait de haut: « Candice, me disait-il, vous n’allez tout de même pas prétendre changer de métier … ». Je lui répondais : « Si, et même sans piston…. Vous verrez ! » C’est ce que je suis en train de faire: quand vous lirez cet article, j’aurais probablement retrouvé un nouveau job , non plus dans l’hôtellerie mais toujours dans l’univers du Luxe. J’ai adoré mon métier mais je l’ai quitté et je ne regrette rien. Je tourne une nouvelle page de ma vie.
ELLE/ 5 mai 2008/ Propos receuillis par Antoine Silber
C’est mon histoire: « Ce secret si lourd que ma mère me cache… »
Elle n’a pas connu son père. Sa mère n’a jamais voulu lui dire qui il était et elle n’ose toujours pas le lui demander directement. VéroniqUe, 49 ans, lance par l’intermédiaire de ELLE, un appel désespéré à sa mère pour qu’elle lui dise, enfin, la vérité sur sa naissance.
Je n’ai jamais connu mon père biologique. Ma mère ne m’a jamais dit qui il était ni ce qui s’était vraiment passé …. Un mystère, un secret de famille dont je suis la première victime. Je suis avocate dans une petite ville de province. Je vais avoir 50 ans et je ne peux toujours pas lui poser les questions qui me hantent depuis que je suis toute petite: qui est mon père? Pourquoi n’ai-je jamais pu le voir? Pourquoi un tel black out? Je ne sais rien ou presque.
Je devais avoir 6-7 ans quand je me suis aperçue que je ne portais pas le même nom que mes parents. Un soir, à table, j’ai timidement demandé des explications. Après un silence gêné, ma mère a regardé mon père, enfin celui que j’appelais « papa » et que je croyais jusque-là être mon père et elle lui a dit : « explique-lui, toi ». « Parce que maman a divorcé ! » m’a t il simplement répondu. Ca a été comme un coup de massue. Je me sentais coupable, honteuse, sans comprendre pourquoi.
Nous sommes ensuite restées des années sans en reparler. J’y pensais souvent, bien sûr. Je mourrais d’envie d’en savoir plus, mais je n’osais pas demander. Ils avaient été mariés trois ans. Probablement l’ avait t-il trompée et en guise de représailles, lui avait - elle fait une sorte de chantage: j’acceptes que tu partes, mais tu ne revois plus jamais ta fille! C’est cela je pense qu’elle n’a jamais pu m’ avouer. Et comme elle n’est pas le genre de femme à douter de la justesse d’une de ses décisions, à admettre qu’elle s’est trompée, surtout cinquante aprés….
Ma mère est ce qu’on appelle une femme de caractère, Avec elle, tout le monde file doux! Elle était professeur de lycée. Elle est à la retraite maintenant mais elle est encore très active. Elle n’est pas plus douée que moi pour le dialogue. Elle a 73 ans, moi je vais avoir 50 ans mais j’ai toujours peur de ses réactions et en face d’elle je suis encore comme une petite fille. Toute ma vie , je me suis dite : « je ne peux pas lui en parler . Est ce que j’ai le droit de raviver cette douleur? » Mais aujourd’hui, je n’ en peux plus, je me dis: oui j’ai le droit. Parce qu’ elle vieillit et même si elle est en très bonne santé, elle pourrait disparaître. Alors je veux qu’elle me raconte, qu’ elle me dise tout de son histoire d’amour avec mon père biologique, de ma naissance et de leur rupture. De leur bonheur puis de leur malheur.
A l’école, j’étais une bonne élève. La petite fille modèle. Je me conformais en fait à l’image qu’elle voulait de moi. Elle répétait : « ah si j’avais pu faire mon droit …. » Et moi, plus tard, j’ai fait mon droit et je suis devenue avocate ! Au collège , puis ensuite au lycée, elle s’était arrangée pour que je sois inscrite non pas sous mon vrai nom mais sous le sien. Je vivais sous cette double identité. J’avais le nom de mes parents pour la vie courante et une autre nom pour les papiers officiels. Le jour de l’oral du bac, je me souviens, je me suis levée à l’appel de mon nom, de mon vrai nom. Mes copines se sont étonnées . « Mais ce n’est pas toi ! » Elles ne savaient pas, bien sûr…
Je suis allée faire mes études dans la grande ville d’a côté. J’habitais seule. Pour la première fois de ma vie , je me sentais libre. J’ai commencé à me dire qu’il fallait que je retrouve mon père. Mais j’hésitais, j’attendais que lui me recherche, qu’il me trouve. Après, je devais avoir 22, 23 ans, je venais de me faire larguer par mon petit copain. Un week-end , je me suis confiée à ma mère . Elle a eu cette reflexion : « au moins tu n’es pas enceinte,toi… »
Je me suis mariée à 25 ans. Je suisdevenue avocate . Un soir , je fouille dans ses affaires, je tombe sur une alliance, avec leurs deux prénoms gravés : Josette et Georges. Un autre jour, chez mes grands parents, je découvre des photos. Lui , le visage découpé, avec moi , bébé, sur ses épaules . Une autre où il est avec ma mère mais le visage coupé là aussi, comme si on avait voulu le supprimer, faire disparaître toute trace de lui. Quand j’ai rencontré celui qui allait devenir mon mari et qui l’est encore aujourd’hui, ma mère a critiqué mon choix. Il était plus jeune que moi et il n’avait pas de travail. Elle me faisait la morale . «Tu ne vas pas épouser ce type là, quand même…» « Et pourquoi pas ?» J’étais en larmes. «Moi,j’aurais bien aimé qu’on me dise la même chose quand j’ai épousé ton père ….»
On s’est fâchées, je suis partie. J’ai eu mon fils trois ans après, mes parents n’ont pas voulu le voir, ça a duré un an. Et puis j’ai eu ma fille et les choses se sont un peu normalisées. Je réussissais bien . J'ai ouvert mon propre cabinet. Mais plus le temps passait, plus je me posais de questions, surtout celles-ci: pourquoi mon père m’avait-il abandonnée? Pourquoi n’avait-il jamais cherché à me revoir?
D’après mon acte de naissance , il avait 7 ans de plus que ma mère, je me disais: il va mourir et je ne le connaîtrai pas…. J’avais un minitel (Internet n’existait pas encore !) j’ai commencé à le chercher, méthodiquement. Dans le département où je suis née, une seule personne avait le même nom et le même prénom que lui. J’ai noté son numéro téléphone et je ‘lai gardé précieusement pendant des années, sans me décider à l’appeler. Je l’avais sur moi , dans mon portefeuille. Je n’en faisais rien. Et puis un jour, j’ai téléphoné. C’était il y a dix ans, je venais d’avais quarante ans
J’imaginais le scénario idéal: il allait décrocher, il dirait « allo » et moi je ferais: « bonjour… » Mais c’est une femme qui m’a répondu, j’étais déçue. J’ai demandé à lui parler, à lui. Je sentais une réticence et même un peu d’agressivité : « qu’est-ce que vous lui voulez ? » Je répondais évasivement, j’ai dit que j’avais le même nom que lui, puis je lui ai donné ma date de naissance, et elle m’a enfin dit qu’elle était sa femme,qu’elle savait qui j’étais, qu’il lui avait parlé de moi … J’ai insisté pour lui parler et là elle m’a dit que son mari était « parti » deux ans plus tôt, qu’elle ne se sentait pas bien, qu’elle allait faire un malaise, et elle a brutalement raccroché.
J’étais sonnée.
N’importe qui aurait compris qu’il était mort, mais pas moi. Je me raccrochais à l’espoir imbécile qu’il l’ avait peut-être quittée, tout simplement. De toutes façons, je ne pouvais pas en rester là: cette femme avait fait un malaise en m’entendant, j’en étais responsable, il fallait que j’en sache plus.
J’ai rappelé le lendemain et cette fois je suis tombée sur sa fille, ma demi –sœur, donc. Elle était un peu plus aimable . Elle m’a confirmé que son père était mort deux ans plus tôt, d’un cancer du poumon , que toute sa vie , il avait été mécanicien, qu’elle était au courant elle aussi de mon existence mais qu’il ne parlait jamais de moi…. Je lui ai demandé de m’envoyer une photo, si elle pouvait, ce qu’ elle a fait quelques semaines après. Mais sur ce cliché, on ne le voit que de profil, avec des lunettes noires et il porte la barbe. Impossible de découvrir une quelconque ressemblance! Je n’ai plus jamais eu de contact avec elle,ni avec sa mère et je suis restée depuis avec mes questions et cet éternel sentiment de vide et d’incompréhension. Quelles que soient les raisons de la séparation d’avec ma mère, pourquoi n’avait -t-il jamais cherché à me revoir, moi, sa fille? Pourquoi m’avait-il lui aussi rayée de sa vie?
Je suis une lente, moi et c’est la première fois que j’ose raconter mon histoire. Je n’en parlais jusqu’ici qu’avec mon mari et mes enfants. Ma mère lit ELLE toutes les semaines et si par hasard elle n’a pas ce numéro, je m’arrangerai pour le lui mettre sous les yeux . Maintenant que mon père est mort elle reste la seule dépositaire de la vérité et je me dis que grâce à cet article nous aurons peut-être toutes les deux la conversation que j’attends depuis si longtemps. Je le souhaite en tous cas. Pour moi mais aussi pour elle, pour qu’elle puisse, se libérer , elle aussi , de ce secret trop lourd à porter.
ELLE/ 21 avril 2008/ Propos receuillis par Antoine Silber
Je n’ai jamais connu mon père biologique. Ma mère ne m’a jamais dit qui il était ni ce qui s’était vraiment passé …. Un mystère, un secret de famille dont je suis la première victime. Je suis avocate dans une petite ville de province. Je vais avoir 50 ans et je ne peux toujours pas lui poser les questions qui me hantent depuis que je suis toute petite: qui est mon père? Pourquoi n’ai-je jamais pu le voir? Pourquoi un tel black out? Je ne sais rien ou presque.
Je devais avoir 6-7 ans quand je me suis aperçue que je ne portais pas le même nom que mes parents. Un soir, à table, j’ai timidement demandé des explications. Après un silence gêné, ma mère a regardé mon père, enfin celui que j’appelais « papa » et que je croyais jusque-là être mon père et elle lui a dit : « explique-lui, toi ». « Parce que maman a divorcé ! » m’a t il simplement répondu. Ca a été comme un coup de massue. Je me sentais coupable, honteuse, sans comprendre pourquoi.
Nous sommes ensuite restées des années sans en reparler. J’y pensais souvent, bien sûr. Je mourrais d’envie d’en savoir plus, mais je n’osais pas demander. Ils avaient été mariés trois ans. Probablement l’ avait t-il trompée et en guise de représailles, lui avait - elle fait une sorte de chantage: j’acceptes que tu partes, mais tu ne revois plus jamais ta fille! C’est cela je pense qu’elle n’a jamais pu m’ avouer. Et comme elle n’est pas le genre de femme à douter de la justesse d’une de ses décisions, à admettre qu’elle s’est trompée, surtout cinquante aprés….
Ma mère est ce qu’on appelle une femme de caractère, Avec elle, tout le monde file doux! Elle était professeur de lycée. Elle est à la retraite maintenant mais elle est encore très active. Elle n’est pas plus douée que moi pour le dialogue. Elle a 73 ans, moi je vais avoir 50 ans mais j’ai toujours peur de ses réactions et en face d’elle je suis encore comme une petite fille. Toute ma vie , je me suis dite : « je ne peux pas lui en parler . Est ce que j’ai le droit de raviver cette douleur? » Mais aujourd’hui, je n’ en peux plus, je me dis: oui j’ai le droit. Parce qu’ elle vieillit et même si elle est en très bonne santé, elle pourrait disparaître. Alors je veux qu’elle me raconte, qu’ elle me dise tout de son histoire d’amour avec mon père biologique, de ma naissance et de leur rupture. De leur bonheur puis de leur malheur.
A l’école, j’étais une bonne élève. La petite fille modèle. Je me conformais en fait à l’image qu’elle voulait de moi. Elle répétait : « ah si j’avais pu faire mon droit …. » Et moi, plus tard, j’ai fait mon droit et je suis devenue avocate ! Au collège , puis ensuite au lycée, elle s’était arrangée pour que je sois inscrite non pas sous mon vrai nom mais sous le sien. Je vivais sous cette double identité. J’avais le nom de mes parents pour la vie courante et une autre nom pour les papiers officiels. Le jour de l’oral du bac, je me souviens, je me suis levée à l’appel de mon nom, de mon vrai nom. Mes copines se sont étonnées . « Mais ce n’est pas toi ! » Elles ne savaient pas, bien sûr…
Je suis allée faire mes études dans la grande ville d’a côté. J’habitais seule. Pour la première fois de ma vie , je me sentais libre. J’ai commencé à me dire qu’il fallait que je retrouve mon père. Mais j’hésitais, j’attendais que lui me recherche, qu’il me trouve. Après, je devais avoir 22, 23 ans, je venais de me faire larguer par mon petit copain. Un week-end , je me suis confiée à ma mère . Elle a eu cette reflexion : « au moins tu n’es pas enceinte,toi… »
Je me suis mariée à 25 ans. Je suisdevenue avocate . Un soir , je fouille dans ses affaires, je tombe sur une alliance, avec leurs deux prénoms gravés : Josette et Georges. Un autre jour, chez mes grands parents, je découvre des photos. Lui , le visage découpé, avec moi , bébé, sur ses épaules . Une autre où il est avec ma mère mais le visage coupé là aussi, comme si on avait voulu le supprimer, faire disparaître toute trace de lui. Quand j’ai rencontré celui qui allait devenir mon mari et qui l’est encore aujourd’hui, ma mère a critiqué mon choix. Il était plus jeune que moi et il n’avait pas de travail. Elle me faisait la morale . «Tu ne vas pas épouser ce type là, quand même…» « Et pourquoi pas ?» J’étais en larmes. «Moi,j’aurais bien aimé qu’on me dise la même chose quand j’ai épousé ton père ….»
On s’est fâchées, je suis partie. J’ai eu mon fils trois ans après, mes parents n’ont pas voulu le voir, ça a duré un an. Et puis j’ai eu ma fille et les choses se sont un peu normalisées. Je réussissais bien . J'ai ouvert mon propre cabinet. Mais plus le temps passait, plus je me posais de questions, surtout celles-ci: pourquoi mon père m’avait-il abandonnée? Pourquoi n’avait-il jamais cherché à me revoir?
D’après mon acte de naissance , il avait 7 ans de plus que ma mère, je me disais: il va mourir et je ne le connaîtrai pas…. J’avais un minitel (Internet n’existait pas encore !) j’ai commencé à le chercher, méthodiquement. Dans le département où je suis née, une seule personne avait le même nom et le même prénom que lui. J’ai noté son numéro téléphone et je ‘lai gardé précieusement pendant des années, sans me décider à l’appeler. Je l’avais sur moi , dans mon portefeuille. Je n’en faisais rien. Et puis un jour, j’ai téléphoné. C’était il y a dix ans, je venais d’avais quarante ans
J’imaginais le scénario idéal: il allait décrocher, il dirait « allo » et moi je ferais: « bonjour… » Mais c’est une femme qui m’a répondu, j’étais déçue. J’ai demandé à lui parler, à lui. Je sentais une réticence et même un peu d’agressivité : « qu’est-ce que vous lui voulez ? » Je répondais évasivement, j’ai dit que j’avais le même nom que lui, puis je lui ai donné ma date de naissance, et elle m’a enfin dit qu’elle était sa femme,qu’elle savait qui j’étais, qu’il lui avait parlé de moi … J’ai insisté pour lui parler et là elle m’a dit que son mari était « parti » deux ans plus tôt, qu’elle ne se sentait pas bien, qu’elle allait faire un malaise, et elle a brutalement raccroché.
J’étais sonnée.
N’importe qui aurait compris qu’il était mort, mais pas moi. Je me raccrochais à l’espoir imbécile qu’il l’ avait peut-être quittée, tout simplement. De toutes façons, je ne pouvais pas en rester là: cette femme avait fait un malaise en m’entendant, j’en étais responsable, il fallait que j’en sache plus.
J’ai rappelé le lendemain et cette fois je suis tombée sur sa fille, ma demi –sœur, donc. Elle était un peu plus aimable . Elle m’a confirmé que son père était mort deux ans plus tôt, d’un cancer du poumon , que toute sa vie , il avait été mécanicien, qu’elle était au courant elle aussi de mon existence mais qu’il ne parlait jamais de moi…. Je lui ai demandé de m’envoyer une photo, si elle pouvait, ce qu’ elle a fait quelques semaines après. Mais sur ce cliché, on ne le voit que de profil, avec des lunettes noires et il porte la barbe. Impossible de découvrir une quelconque ressemblance! Je n’ai plus jamais eu de contact avec elle,ni avec sa mère et je suis restée depuis avec mes questions et cet éternel sentiment de vide et d’incompréhension. Quelles que soient les raisons de la séparation d’avec ma mère, pourquoi n’avait -t-il jamais cherché à me revoir, moi, sa fille? Pourquoi m’avait-il lui aussi rayée de sa vie?
Je suis une lente, moi et c’est la première fois que j’ose raconter mon histoire. Je n’en parlais jusqu’ici qu’avec mon mari et mes enfants. Ma mère lit ELLE toutes les semaines et si par hasard elle n’a pas ce numéro, je m’arrangerai pour le lui mettre sous les yeux . Maintenant que mon père est mort elle reste la seule dépositaire de la vérité et je me dis que grâce à cet article nous aurons peut-être toutes les deux la conversation que j’attends depuis si longtemps. Je le souhaite en tous cas. Pour moi mais aussi pour elle, pour qu’elle puisse, se libérer , elle aussi , de ce secret trop lourd à porter.
ELLE/ 21 avril 2008/ Propos receuillis par Antoine Silber
dimanche 6 avril 2008
C’est mon histoire: « Entre nous, le problème, c’était l’argent ! »
Isabelle a 30 ans. Depuis trois ans, Thomas , l’homme qu’elle aime , vivait à ses crochets et ce n’était facile ni pour elle ni pour lui. Un déséquilibre qui a failli avoir raison de leur amour.
Avec lui, tout a commencé dans une randonnée à rollers. Le Rollers, il n’y a pas de meilleure agence matrimoniale ! C’était un dimanche. On était au moins cinq cent et je ne voyais que lui. Il était un ami de mon frère, je l’avais déjà rencontré avant, mais là tout d’un coup, ça été une révélation. Il était très séduisant . Il avait une vie sociale remplie. Avec lui, j’étais heureuse, j’avais l’impression de sortir d’une longue période d’ hybernation. C’était il y a exactement trois ans, en avril 2005 . L'année de mes 27 ans. Je me séparais de H. , mon compagnon de neuf ans. Une séparation douloureuse. On avait essayé de sauver les meubles en achetant un appartement. On avait signé en janvier et on devait y entrer en juin. Mais cet appartement , on n’a même pas eu le temps de l’habiter: en avril, on s’est séparés . « c’est toi qui a choisi de me quitter , m’a t il dit , alors pour la maison , tu te débrouilles . » J’ai revendu aussitôt. Je suis retournée chez mon père . C’est à ce moment-là que j’ai rencontré Thomas.
Mon père a aujourd’hui 69 ans Il est toujours très gai,trés optimiste et je l’ adore. Thomas s’est tout de suite entendu avec lui, c’était important pour moi… Ma mère est décédée , en 1989, quand j’avais 10 ans et je me suis toujours occupée de mon père ainsi que de mon frère qui a quatre ans de moins que moi . Je me suis toujours occupée des autres, moi. Avec Thomas, je retrouvais les sorties, les amis., j’avais l’impression qu’enfin je vivais. Mais le problème , c’était l’argent. Il n’avait pas de vrai travail : il allait de petits boulots à mi temps en petits boulots en CDD …. Il voulait être photographe , c’était une passion et il désirait en faire son métier mais il n’y arrivait pas , alors il vivait joyeusement à crédit et à découvert sans se soucier du lendemain.
Je l’ai aidé tout de suite . C'était facile : je travaille et en plus j'avais quelques économies. Je n’en parlais pas ailleurs . J’avais peur qu’on se moque de moi qu’on me prenne pour une cruche parce qu’ il vivait vraiment à mes crochets . Il ne me demandait rien , lui . C’était moi, j’insistais toujours pour payer. J'adorais . « Combien ça fait ? « Et on n’en parlait plus ! Je me sentais riche . Je venais de vendre l’appartement, je vivais chez mon père , je pouvais. Ses factures Internet , celles de son portable, pour moi ce n’était rien . Mais cela plaçait quand même notre relation sur des bases assez malsaines.Un soir il y a eu une fuite d’eau dans son appartement , .Le plombier est arrivé . Ca coûtait 200 euros . Il fallait payer tout de suite J’ai sorti mon carnet de chèques .Si je ne ‘lavais pas fait , le plombier repartait sans faire le boulot. Il vivait comme ça , complètement à crédit . Il se faisait d’abord plaisir, après il regardait les factures et moi j’étais là…..
Au bout de quelques mois j’ai commencé à me demander s'il ne profitait pas de la situation. Je lui reprochais de ne pas travailler et puis je vivais mal, et avec retard, ma séparation d’avec H. Je ne pouvais pas repasser devant la maison que je venais de revendre sans avoir envie de vomir . H. allait mal lui aussi et je me sentais coupable. J'ai fait une vraie dépression . Je ne faisais que pleurer et dormir . J’ai été arrêtée trois mois.
Ma dépression a failli nous séparer: il m'a trompée. Je l’ai découvert en voyant des messages qu’’une fille lui adressait sur son adresse e-mail. Il n’y avait aucun doute. Je l’ai interrogé: « je sais que tu m’as trompé. » Il niait. Je lui en voulais de ne pas me dire la vérité, mais c’était comme pour l’argent, il préfèrait repousser les problèmes, quitte à mentir ou à fuir la discussion. En même temps, il était là, avec moi alors que j’allais mal , il est resté tout le temps et je lui en étais reconnaissante. Je me disais : « il faut que je ‘l accepte avec ses défauts . Il me fait du bien et il est là , c’est le principal » Ont suivi alors presque deux ans de relation chaotique et d'amour fou. Les dernières années avec H. m’avaient minée. Avec Thomas, c’était une vie riche , animée . Et j’avais du temps a rattraper ! J’étais chez lui la moitié des nuits , les autres je dormais chez mon père . J’ai acheté un autre appartement. J’ai emménagée, seule, mais deux mois après, je n’en pouvais plus, j’ avais envie de lui tout le temps, je lui ai dit : « viens ».
On a défini ensemble la participation financière de chacun. La moitié des factures communes pour lui . Et une petite participation aux frais quotidiens. C’ était déjà un net progrés. Il a fait un effort. Il a repris le travail d’amubulancier qu’il avait exercé un moment . Mais il y avait des mois où il n’arrivait pas à me donner: il gagnait peu et l’argent avait l’air de lui filer entre les doigts. Il dépensait énormément pour sa passion : la photo. Il avait toujours besoin de plus d’appareils, de focales différentes, de logiciels pour son ordinateur. Et j’étais encore souvent appelée à la rescousse avec ma carte bancaire car la sienne ne passait jamais... Je devais assurer, je n'avais pas le choix ! Parfois on criait, on se déchirait parce que je doutais de sa sincérité, parce que j'avais peur qu'il me trompe à nouveau, parce que c'était fatiguant pour moi d'être si responsable , de toujours donner et aussi par ce que je me demandais quand tout cela allait s'arranger. Par moments je me sentais trop raisonnable, ce n’est pas rigolo d’avoir ce rôle-là et lui il en avait assez aussi d’être dans cette situation instable. On parlait beaucoup, c’est ce qui nous sauvait : on se comprenait. On se comprend.Thomas, c'est quelqu’un de bien, je n’en ai jamais douté. N’empêche, nous avons eu de la chance de nous en sortir.
Aujourd’hui, je me repasse tout le film dans la tête. Je vois bien que nous étions trop fragiles tous les deux quand nous nous sommes rencontrés. Il y avait mes failles – je suis trop maternelle !- et les siennes: il ne savait pas ce qu’ il voulait faire de sa vie. Moi, je rêvais d’avoir un enfant, alors que maintenant je me dis que pour ça j’ai le temps. … Oui, c’est vrai , tout a changé depuis trois ans. Je lui ai pardonné son écart. Et lui a su m’accepter comme je suis. On est plus libres l’un par rapport à l’ autre...Il est vrai que, professionnellement, il s’est peut être enfin stabilisé. Il a signé en décembre un gros contrat pour un job de longue durée comme photographe. Il va faire une série de reportages à l’étranger. Maintenant je me dis que c’est lui qui avait raison : ça valait la peine de faire des efforts. Il a pris des risques et ça a payé.
Il est parti pour son premier déplacement au Sénégal. Ca a été très dur: il me manquait. Le deuxième fois, en Pologne, je me sentais déjà mieux et maintenant je m’aperçois que ces séparations ont des avantages: je ne suis plus aussi dépendante de lui. Je ressens plus qu’il m’aime. D’ ailleurs il m’appelle tout le temps. Il s’inquiète pour moi. Et moi je n’ai plus peur qu ‘il me trompe…. La semaine prochaine il doit partir pour la Bulgarie. Ensuite il y aura le Nigeria, le Brésil, l’Amérique latine. A moi d’organiser ma vie pendant ces périodes sans lui !
Il gagne bien sa vie désormais et il est fier de ce qu’il fait. Il parle même d’avoir un bébé…..Avant nos amis savaient que je l’aidais,ce n’était pas forcément facile à vivre pour lui . Là, il a retrouvé un statut plus honorable. En plus, il m’ est reconnaissant d’avoir tenu. Il me dit: « Si tu n’ avais pas été là pour les appareils photo, je n’y serais jamais arrivé…»
Je sais qu'il verra ce témoignage car cette rubrique, est toujours la première qu'il lit quand il me vole mon ELLE. Je voudrais lui dire combien je l'aime et comme je suis fière de lui. Quand je l'ai connu, il se cherchait, il fuyait ses responsabilités. Aujourd’hui il me le dit: il a confiance. Son avenir, il le voit avec moi.
ELLE/ 7 avril 2008/ propos receuillis par Antoine SILBER
Avec lui, tout a commencé dans une randonnée à rollers. Le Rollers, il n’y a pas de meilleure agence matrimoniale ! C’était un dimanche. On était au moins cinq cent et je ne voyais que lui. Il était un ami de mon frère, je l’avais déjà rencontré avant, mais là tout d’un coup, ça été une révélation. Il était très séduisant . Il avait une vie sociale remplie. Avec lui, j’étais heureuse, j’avais l’impression de sortir d’une longue période d’ hybernation. C’était il y a exactement trois ans, en avril 2005 . L'année de mes 27 ans. Je me séparais de H. , mon compagnon de neuf ans. Une séparation douloureuse. On avait essayé de sauver les meubles en achetant un appartement. On avait signé en janvier et on devait y entrer en juin. Mais cet appartement , on n’a même pas eu le temps de l’habiter: en avril, on s’est séparés . « c’est toi qui a choisi de me quitter , m’a t il dit , alors pour la maison , tu te débrouilles . » J’ai revendu aussitôt. Je suis retournée chez mon père . C’est à ce moment-là que j’ai rencontré Thomas.
Mon père a aujourd’hui 69 ans Il est toujours très gai,trés optimiste et je l’ adore. Thomas s’est tout de suite entendu avec lui, c’était important pour moi… Ma mère est décédée , en 1989, quand j’avais 10 ans et je me suis toujours occupée de mon père ainsi que de mon frère qui a quatre ans de moins que moi . Je me suis toujours occupée des autres, moi. Avec Thomas, je retrouvais les sorties, les amis., j’avais l’impression qu’enfin je vivais. Mais le problème , c’était l’argent. Il n’avait pas de vrai travail : il allait de petits boulots à mi temps en petits boulots en CDD …. Il voulait être photographe , c’était une passion et il désirait en faire son métier mais il n’y arrivait pas , alors il vivait joyeusement à crédit et à découvert sans se soucier du lendemain.
Je l’ai aidé tout de suite . C'était facile : je travaille et en plus j'avais quelques économies. Je n’en parlais pas ailleurs . J’avais peur qu’on se moque de moi qu’on me prenne pour une cruche parce qu’ il vivait vraiment à mes crochets . Il ne me demandait rien , lui . C’était moi, j’insistais toujours pour payer. J'adorais . « Combien ça fait ? « Et on n’en parlait plus ! Je me sentais riche . Je venais de vendre l’appartement, je vivais chez mon père , je pouvais. Ses factures Internet , celles de son portable, pour moi ce n’était rien . Mais cela plaçait quand même notre relation sur des bases assez malsaines.Un soir il y a eu une fuite d’eau dans son appartement , .Le plombier est arrivé . Ca coûtait 200 euros . Il fallait payer tout de suite J’ai sorti mon carnet de chèques .Si je ne ‘lavais pas fait , le plombier repartait sans faire le boulot. Il vivait comme ça , complètement à crédit . Il se faisait d’abord plaisir, après il regardait les factures et moi j’étais là…..
Au bout de quelques mois j’ai commencé à me demander s'il ne profitait pas de la situation. Je lui reprochais de ne pas travailler et puis je vivais mal, et avec retard, ma séparation d’avec H. Je ne pouvais pas repasser devant la maison que je venais de revendre sans avoir envie de vomir . H. allait mal lui aussi et je me sentais coupable. J'ai fait une vraie dépression . Je ne faisais que pleurer et dormir . J’ai été arrêtée trois mois.
Ma dépression a failli nous séparer: il m'a trompée. Je l’ai découvert en voyant des messages qu’’une fille lui adressait sur son adresse e-mail. Il n’y avait aucun doute. Je l’ai interrogé: « je sais que tu m’as trompé. » Il niait. Je lui en voulais de ne pas me dire la vérité, mais c’était comme pour l’argent, il préfèrait repousser les problèmes, quitte à mentir ou à fuir la discussion. En même temps, il était là, avec moi alors que j’allais mal , il est resté tout le temps et je lui en étais reconnaissante. Je me disais : « il faut que je ‘l accepte avec ses défauts . Il me fait du bien et il est là , c’est le principal » Ont suivi alors presque deux ans de relation chaotique et d'amour fou. Les dernières années avec H. m’avaient minée. Avec Thomas, c’était une vie riche , animée . Et j’avais du temps a rattraper ! J’étais chez lui la moitié des nuits , les autres je dormais chez mon père . J’ai acheté un autre appartement. J’ai emménagée, seule, mais deux mois après, je n’en pouvais plus, j’ avais envie de lui tout le temps, je lui ai dit : « viens ».
On a défini ensemble la participation financière de chacun. La moitié des factures communes pour lui . Et une petite participation aux frais quotidiens. C’ était déjà un net progrés. Il a fait un effort. Il a repris le travail d’amubulancier qu’il avait exercé un moment . Mais il y avait des mois où il n’arrivait pas à me donner: il gagnait peu et l’argent avait l’air de lui filer entre les doigts. Il dépensait énormément pour sa passion : la photo. Il avait toujours besoin de plus d’appareils, de focales différentes, de logiciels pour son ordinateur. Et j’étais encore souvent appelée à la rescousse avec ma carte bancaire car la sienne ne passait jamais... Je devais assurer, je n'avais pas le choix ! Parfois on criait, on se déchirait parce que je doutais de sa sincérité, parce que j'avais peur qu'il me trompe à nouveau, parce que c'était fatiguant pour moi d'être si responsable , de toujours donner et aussi par ce que je me demandais quand tout cela allait s'arranger. Par moments je me sentais trop raisonnable, ce n’est pas rigolo d’avoir ce rôle-là et lui il en avait assez aussi d’être dans cette situation instable. On parlait beaucoup, c’est ce qui nous sauvait : on se comprenait. On se comprend.Thomas, c'est quelqu’un de bien, je n’en ai jamais douté. N’empêche, nous avons eu de la chance de nous en sortir.
Aujourd’hui, je me repasse tout le film dans la tête. Je vois bien que nous étions trop fragiles tous les deux quand nous nous sommes rencontrés. Il y avait mes failles – je suis trop maternelle !- et les siennes: il ne savait pas ce qu’ il voulait faire de sa vie. Moi, je rêvais d’avoir un enfant, alors que maintenant je me dis que pour ça j’ai le temps. … Oui, c’est vrai , tout a changé depuis trois ans. Je lui ai pardonné son écart. Et lui a su m’accepter comme je suis. On est plus libres l’un par rapport à l’ autre...Il est vrai que, professionnellement, il s’est peut être enfin stabilisé. Il a signé en décembre un gros contrat pour un job de longue durée comme photographe. Il va faire une série de reportages à l’étranger. Maintenant je me dis que c’est lui qui avait raison : ça valait la peine de faire des efforts. Il a pris des risques et ça a payé.
Il est parti pour son premier déplacement au Sénégal. Ca a été très dur: il me manquait. Le deuxième fois, en Pologne, je me sentais déjà mieux et maintenant je m’aperçois que ces séparations ont des avantages: je ne suis plus aussi dépendante de lui. Je ressens plus qu’il m’aime. D’ ailleurs il m’appelle tout le temps. Il s’inquiète pour moi. Et moi je n’ai plus peur qu ‘il me trompe…. La semaine prochaine il doit partir pour la Bulgarie. Ensuite il y aura le Nigeria, le Brésil, l’Amérique latine. A moi d’organiser ma vie pendant ces périodes sans lui !
Il gagne bien sa vie désormais et il est fier de ce qu’il fait. Il parle même d’avoir un bébé…..Avant nos amis savaient que je l’aidais,ce n’était pas forcément facile à vivre pour lui . Là, il a retrouvé un statut plus honorable. En plus, il m’ est reconnaissant d’avoir tenu. Il me dit: « Si tu n’ avais pas été là pour les appareils photo, je n’y serais jamais arrivé…»
Je sais qu'il verra ce témoignage car cette rubrique, est toujours la première qu'il lit quand il me vole mon ELLE. Je voudrais lui dire combien je l'aime et comme je suis fière de lui. Quand je l'ai connu, il se cherchait, il fuyait ses responsabilités. Aujourd’hui il me le dit: il a confiance. Son avenir, il le voit avec moi.
ELLE/ 7 avril 2008/ propos receuillis par Antoine SILBER
samedi 22 mars 2008
C’est mon histoire :" je suis allée jusqu'à Shanghaï pour le retrouver..."
Amandine et Théo ne sont jamais synchrones. Ils se sont connus il y a trois ans à Edimbourg et depuis ils se courent après. De Lyon à Londres et de Montréal à Shanghaï. Elle raconte.
J’ai 25 ans . J’ai toujours essayé de mêler études, travail et voyages.Et Théo aussi. C’est ce qui nous rapproche mais c’est aussi ce qui nous éloigne. A 18 ans, je travaillais a Londres comme serveuse dans un resto de la City. J’y suis restée huit mois, avant d’ intégrer un IUT en techniques de commercialisation, à Lyon. Puis j’ai passé un an à Montréal, un échange pour valider mon DUT. En Octobre 2004, je suis partie faire ma licence à Edimbourg. Et c’est là que je l’ai rencontré.
Il était de Paris, moi je suis de Lyon. Etudiant lui aussi, mais avec déjà un doctorat. On a accrochés tout de suite . Ce qui me frappait, c’est qu’il parlait tellement bien anglais. Il était beau et il avait l’air de le savoir. Grand. Brun, bon chic bon genre, mais cool vous voyez. Il me draguait mais à sa manière, proprement, poliment. Il était charmant, on passait des journée délicieuses. Il est tombé amoureux tout de suite,mais moi j’étais plus distante,je le voyais plus comme mon meilleur ami. A l’époque, aussi, j’avais un copain, depuis trois ans , depuis l’IUT. Je n’étais pas complètement disponible.
Il me disait que j’étais importante pour lui,mais moi, j’avais du mal à me livrer. Je n’y allais pas…. Il est revenu à Paris et je suis restée à Edimbourg, mais je le revoyais souvent, je rentrais en France toutes les trois semaines à peu prés. En juin 2005, je repars définitivement d’Edimbourg. Je le vois à Paris . Il me dit: « Cet été il faut que tu réfléchisses à nous deux ». Pendant l’été , il va à l’Ile de Ré rejoindre sa famille. Moi en Italie. Son frère après m’a dit qu’il ne parlait que de moi . A la fin de l’été , il me rappelle : « Est ce que tu as réfléchi? ». J’avais quitté mon copain mais je n’étais pas plus décidé qu’avant. J’allais déménager en Septembre pour intégrer une école de commerce à Tours. Il me dit qu’il va venir me voir. Ca me faisait peur, je lui dis non. Il insistait. Je refusais . Je ‘n y arrivais toujours pas , je ne sais pas pourquoi . Et du coup on ne s’est plus revus .Jusqu’à Noël 2005 où il est venu me voir à Lyon et ‘ma invité dans un bouchon, dans le vieux Lyon .Je me souviens de cette époque- là, je commençais à me lâcher. Je me disais qu’avec lui cela pourrait être vraiment bien . Et puis 2OO6 est arrivé….Moi j’étais à Tours , lui à Paris. Et en février, soudain, il m’envoie un mail: « Je pars pour la Chine ! »
Il s’est retrouvé à Shanghaï et j’ai tout de suite compris qu’il allait me manquer affreusement. Il avait fallu qu’il s’en aille au bout du monde pour que je m’en aperçoive! Je regrettais son départ. Je regrettais surtout qu’on se soit ratés comme ça . Il travaillait dans une grande boîte française.Et j’avais envie d’être avec lui. On s’envoyait des mails. En avril, je lui écris : « j’ai des vacances, j’arrive, je reste 10 jours ». Il me répond: « viens ». Il me répond tout de suite ,très content, enthousiaste. Et puis il y a tout une série de quiproquos. Je lui avais dit que j’arrivais un lundi mais je m étais trompée , à cause du décalage horaire , je n’arrivais que le mardi. J’ai eu un changement à Francfort, le voyage a été interminable. Il m’a attendu 24 heures . Il s’ est inquiété. Quand je suis arrivée , il était énervé . Ca commençait mal!
Je ne comprenais pas pourquoi il était si froid alors que huit jours plus tôt, dans ses mails, il était tellement amoureux, si impatient de me voir. Je ne l’ai compris qu’ après : entre le moment où il m’a dit : « viens « et mon arrivée, il avait rencontré une fille, une chinoise. Kim. Pour moi, c’était un peu la douche froide. Il me l’a avoué: « j’ai une copine » « Qui c’est? Comment elle s’appelle ?» « Une étudiante ». J’étais mal à l’aise. Je me sentais perdue dans un pays inconnu avec mon Théo qui n’était plus mon Théo. Je débarquais dans la vie qu’ il s’était créée et je n’allais pas mais pas du tout dans le décor. Il n’était plus aussi pressant, amoureux qu’ à Edimbourg. Il me fuyait, même . Il travaillait tout le temps ou alors il était avec cette Kim. En plus, il pleuvait. La fin du voyage a été sinistre. A l’aéroport, quand on s’est dit au revoir, je me sentais tellement triste. C’était encore raté! J’ai ruminé ça tout le voyage et à l’ arrivée à Paris, j’étais décidée à tout arrêter.
Pendant un an, je n’ai plus voulu le voir . J’essayais de vivre ma vie sans lui, de l’oublier. En mars 2007, il m’ envoie un mail. Il me dit qu’il aimerait avoir des nouvelles, que je compte pour lui. Je lui réponds que je m’apprête à partir au Canada et il me renvoie un mail pour me dire que je lui manque. Je décide de ne pas lui répondre, on commençait quand même a se faire un peu beaucoup de mal. Je suis donc retournée cinq mois à Montréal. Je n’ avais personne, je ne le remplaçais pas. Je crois que je n’aurais pas pu aller avec un autre garçon. Je suis revenue à Paris fin août. Lui est revenu de Chine en novembre , c’était l’an dernier, en 2007 . Il m’a alors envoyé un mail auquel je n’ai pas répondu, je ne me sentais pas encore prête vraiment à avoir des relations apaisées avec lui.
Un soir, en décembre,j’étais à Lyon, chez mes parents, le téléphone sonne. C’était lui . Il était à Paris. Je revenais le lendemain. Il propose qu’on se voit . Et je cède. Je lui donne rendez-vous place de l’Opéra . C’était un mercredi . On était si contents de se retrouver. On s’est parlés deux heures , on s’est tout dit . On est allés ensemble acheter des cadeaux de Noël . Le soir, il m’a emmenée dîner chez son père et je suis restée dormir. On se retrouvait, c’était si intense. Depuis le début on passait son temps à se courir après sans jamais arriver à se rattraper et là , soudain, on n’avait plus cette impression de décalage, on était synchrones. Amoureux en même temps . Enfin ensemble. On pouvait vivre notre histoire à fond.
Il devait aller passer le nouvel an chez sa mère qui, elle aussi, vit à Lyon. Il voulait me la présenter. J’ai hésité et puis je me suis retrouvée avec toute sa famille, sa maman et ses deux frères. J’avais une impression étrange, comme si je faisais déjà partie de sa famille. J’étais si heureuse et puis soudain il a dit qu’ il allait repartir pour Shanghaï, parce que pour lui, l’avenir était là-bas, et moi ça m’a glacée. Je me suis demandée tout d’un coup ce que j’allais devenir s’il repartait. Je ne voulais pas. La première fois, là-bas, ça avait été une telle souffrance
Deux mois après, juste avant son départ, il m’a dit : « Je crois que pour nous, ce n’est pas encore le bon moment. » Il m’a embrassée et puis il a ajouté: « tu sais, je tiens à toi….» Qu’est-ce que je pouvais lui répondre? Il sait qu’il est spécial pour moi. Il sait que je peux tout lui pardonner. Il sait que j’aime beaucoup voyager , mais de là à le suivre partout, non ! En fait, il y a deux Théo. Le Théo d’Edimbourg , tellement charmant et amoureux , celui qui me dit que je lui manque,le Théo que ‘j aime. Et il y a le Théo de Shanghai, si lointain, si froid. Celui que je n’aime pas. Je réponds en ce moment à des annonces pour aller travailler comme chef de produit en marketing aux Etats-Unis ou ailleurs à l’étranger. Mais si un poste se libère à Shanghaï, qu’est-ce que je dois faire? Est ce que je dois y aller? Dans quel pays est- ce je vais habiter l’an prochain? Je ne sais pas. Je ne sais plus .
A 26 ans, il ne veut pas s’engager. En tous cas pas avant d’avoir réussi professionnellement. Et je crois que c’est un peu la même chose pour moi. Au fond ,je ne peux rien lui reprocher. Il est clair. Est-ce que nous, c’est une histoire sans fin ? Mais si on ne peut pas se quitter, est-ce que ça ne veut pas dire que c’est fort, plus fort qu’avec tous les autres, plus fort que tout ? Moi je crois qu’ un jour, ce sera « le bon moment ». Oui ,sûrement, j’ y crois. Mais quand? Dans six mois? Dans dix ans?
ELLE. 24 mars 2008. Propos receuillis par Antoine SILBER
J’ai 25 ans . J’ai toujours essayé de mêler études, travail et voyages.Et Théo aussi. C’est ce qui nous rapproche mais c’est aussi ce qui nous éloigne. A 18 ans, je travaillais a Londres comme serveuse dans un resto de la City. J’y suis restée huit mois, avant d’ intégrer un IUT en techniques de commercialisation, à Lyon. Puis j’ai passé un an à Montréal, un échange pour valider mon DUT. En Octobre 2004, je suis partie faire ma licence à Edimbourg. Et c’est là que je l’ai rencontré.
Il était de Paris, moi je suis de Lyon. Etudiant lui aussi, mais avec déjà un doctorat. On a accrochés tout de suite . Ce qui me frappait, c’est qu’il parlait tellement bien anglais. Il était beau et il avait l’air de le savoir. Grand. Brun, bon chic bon genre, mais cool vous voyez. Il me draguait mais à sa manière, proprement, poliment. Il était charmant, on passait des journée délicieuses. Il est tombé amoureux tout de suite,mais moi j’étais plus distante,je le voyais plus comme mon meilleur ami. A l’époque, aussi, j’avais un copain, depuis trois ans , depuis l’IUT. Je n’étais pas complètement disponible.
Il me disait que j’étais importante pour lui,mais moi, j’avais du mal à me livrer. Je n’y allais pas…. Il est revenu à Paris et je suis restée à Edimbourg, mais je le revoyais souvent, je rentrais en France toutes les trois semaines à peu prés. En juin 2005, je repars définitivement d’Edimbourg. Je le vois à Paris . Il me dit: « Cet été il faut que tu réfléchisses à nous deux ». Pendant l’été , il va à l’Ile de Ré rejoindre sa famille. Moi en Italie. Son frère après m’a dit qu’il ne parlait que de moi . A la fin de l’été , il me rappelle : « Est ce que tu as réfléchi? ». J’avais quitté mon copain mais je n’étais pas plus décidé qu’avant. J’allais déménager en Septembre pour intégrer une école de commerce à Tours. Il me dit qu’il va venir me voir. Ca me faisait peur, je lui dis non. Il insistait. Je refusais . Je ‘n y arrivais toujours pas , je ne sais pas pourquoi . Et du coup on ne s’est plus revus .Jusqu’à Noël 2005 où il est venu me voir à Lyon et ‘ma invité dans un bouchon, dans le vieux Lyon .Je me souviens de cette époque- là, je commençais à me lâcher. Je me disais qu’avec lui cela pourrait être vraiment bien . Et puis 2OO6 est arrivé….Moi j’étais à Tours , lui à Paris. Et en février, soudain, il m’envoie un mail: « Je pars pour la Chine ! »
Il s’est retrouvé à Shanghaï et j’ai tout de suite compris qu’il allait me manquer affreusement. Il avait fallu qu’il s’en aille au bout du monde pour que je m’en aperçoive! Je regrettais son départ. Je regrettais surtout qu’on se soit ratés comme ça . Il travaillait dans une grande boîte française.Et j’avais envie d’être avec lui. On s’envoyait des mails. En avril, je lui écris : « j’ai des vacances, j’arrive, je reste 10 jours ». Il me répond: « viens ». Il me répond tout de suite ,très content, enthousiaste. Et puis il y a tout une série de quiproquos. Je lui avais dit que j’arrivais un lundi mais je m étais trompée , à cause du décalage horaire , je n’arrivais que le mardi. J’ai eu un changement à Francfort, le voyage a été interminable. Il m’a attendu 24 heures . Il s’ est inquiété. Quand je suis arrivée , il était énervé . Ca commençait mal!
Je ne comprenais pas pourquoi il était si froid alors que huit jours plus tôt, dans ses mails, il était tellement amoureux, si impatient de me voir. Je ne l’ai compris qu’ après : entre le moment où il m’a dit : « viens « et mon arrivée, il avait rencontré une fille, une chinoise. Kim. Pour moi, c’était un peu la douche froide. Il me l’a avoué: « j’ai une copine » « Qui c’est? Comment elle s’appelle ?» « Une étudiante ». J’étais mal à l’aise. Je me sentais perdue dans un pays inconnu avec mon Théo qui n’était plus mon Théo. Je débarquais dans la vie qu’ il s’était créée et je n’allais pas mais pas du tout dans le décor. Il n’était plus aussi pressant, amoureux qu’ à Edimbourg. Il me fuyait, même . Il travaillait tout le temps ou alors il était avec cette Kim. En plus, il pleuvait. La fin du voyage a été sinistre. A l’aéroport, quand on s’est dit au revoir, je me sentais tellement triste. C’était encore raté! J’ai ruminé ça tout le voyage et à l’ arrivée à Paris, j’étais décidée à tout arrêter.
Pendant un an, je n’ai plus voulu le voir . J’essayais de vivre ma vie sans lui, de l’oublier. En mars 2007, il m’ envoie un mail. Il me dit qu’il aimerait avoir des nouvelles, que je compte pour lui. Je lui réponds que je m’apprête à partir au Canada et il me renvoie un mail pour me dire que je lui manque. Je décide de ne pas lui répondre, on commençait quand même a se faire un peu beaucoup de mal. Je suis donc retournée cinq mois à Montréal. Je n’ avais personne, je ne le remplaçais pas. Je crois que je n’aurais pas pu aller avec un autre garçon. Je suis revenue à Paris fin août. Lui est revenu de Chine en novembre , c’était l’an dernier, en 2007 . Il m’a alors envoyé un mail auquel je n’ai pas répondu, je ne me sentais pas encore prête vraiment à avoir des relations apaisées avec lui.
Un soir, en décembre,j’étais à Lyon, chez mes parents, le téléphone sonne. C’était lui . Il était à Paris. Je revenais le lendemain. Il propose qu’on se voit . Et je cède. Je lui donne rendez-vous place de l’Opéra . C’était un mercredi . On était si contents de se retrouver. On s’est parlés deux heures , on s’est tout dit . On est allés ensemble acheter des cadeaux de Noël . Le soir, il m’a emmenée dîner chez son père et je suis restée dormir. On se retrouvait, c’était si intense. Depuis le début on passait son temps à se courir après sans jamais arriver à se rattraper et là , soudain, on n’avait plus cette impression de décalage, on était synchrones. Amoureux en même temps . Enfin ensemble. On pouvait vivre notre histoire à fond.
Il devait aller passer le nouvel an chez sa mère qui, elle aussi, vit à Lyon. Il voulait me la présenter. J’ai hésité et puis je me suis retrouvée avec toute sa famille, sa maman et ses deux frères. J’avais une impression étrange, comme si je faisais déjà partie de sa famille. J’étais si heureuse et puis soudain il a dit qu’ il allait repartir pour Shanghaï, parce que pour lui, l’avenir était là-bas, et moi ça m’a glacée. Je me suis demandée tout d’un coup ce que j’allais devenir s’il repartait. Je ne voulais pas. La première fois, là-bas, ça avait été une telle souffrance
Deux mois après, juste avant son départ, il m’a dit : « Je crois que pour nous, ce n’est pas encore le bon moment. » Il m’a embrassée et puis il a ajouté: « tu sais, je tiens à toi….» Qu’est-ce que je pouvais lui répondre? Il sait qu’il est spécial pour moi. Il sait que je peux tout lui pardonner. Il sait que j’aime beaucoup voyager , mais de là à le suivre partout, non ! En fait, il y a deux Théo. Le Théo d’Edimbourg , tellement charmant et amoureux , celui qui me dit que je lui manque,le Théo que ‘j aime. Et il y a le Théo de Shanghai, si lointain, si froid. Celui que je n’aime pas. Je réponds en ce moment à des annonces pour aller travailler comme chef de produit en marketing aux Etats-Unis ou ailleurs à l’étranger. Mais si un poste se libère à Shanghaï, qu’est-ce que je dois faire? Est ce que je dois y aller? Dans quel pays est- ce je vais habiter l’an prochain? Je ne sais pas. Je ne sais plus .
A 26 ans, il ne veut pas s’engager. En tous cas pas avant d’avoir réussi professionnellement. Et je crois que c’est un peu la même chose pour moi. Au fond ,je ne peux rien lui reprocher. Il est clair. Est-ce que nous, c’est une histoire sans fin ? Mais si on ne peut pas se quitter, est-ce que ça ne veut pas dire que c’est fort, plus fort qu’avec tous les autres, plus fort que tout ? Moi je crois qu’ un jour, ce sera « le bon moment ». Oui ,sûrement, j’ y crois. Mais quand? Dans six mois? Dans dix ans?
ELLE. 24 mars 2008. Propos receuillis par Antoine SILBER
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