c'est mon histoire
Nathalie a trente ans et elle vit à la Rochelle. En Novembre dernier, elle part, sac au dos, un mois en Inde, avec une copine. Et à Varanasi, elle rencontre Dimitri, un jeune diamantaire russe. Elle raconte.
Il y a des gens qui rêvent leur vie. Moi j’ai toujours voulu vivre mes rêves. J’aime voyager. Peut-être par ce que je vis à la La Rochelle, cette ville belle et rebelle comme on dit, complètement ouverte sur le monde. Là, je reviens de quatre semaines d’un voyage en Inde. J’y étais partie avec Géraldine, une amie avec qui j'avais déjà bourlingué, au Mexique, en Australie et à Hawaï. Je savais que ce voyage serait important pour moi. Je pensais que j’étais prête pour l’Inde, pour quelque chose d’ un peu mystique. Mais je ne m’attendais pas a Dimitri. Ni à vivre de telles émotions à Varanesi, cette ville mythique plus connue ici sous le nom de Benares. On vient du monde entier y chercher l'illumination. Et moi, je crois que j’y ai trouvé mon bonheur.
On a débarqué a New Delhi début novembre. On avait un mois devant nous, ce qui est plutôt court pour ce genre de voyage. Trois jours à New delhi et c’était déjà le choc. Cette foule dans les rues . Ces odeurs , merveilleuses, si prenantes. On a pris un avion pour Darjeeling. Je voulais voir les montagnes. Là, nouveau choc: les gens , si généreux, des népalais , on n’arrivait plus à les quitter. De là, on a pris le train pour Varanesi. Le trajet devait durer douze heures, mais on a eu 6 heures de retard et on est arrivées, fourbus , pas lavées , un matin , à 5 heures et demi . On avait passé la nuit à nous battre avec les cafards tout en discutant avec un moine bouddhiste, un homme extraordinaire.
Varanesi! C’est là où je voulais aller ! C’est là que les Indiens veulent mourir. Et moi je cherchais mon paradis. On cherchait un hôtel dans les réelles qui longent le Gange. On trouve finalement un endroit correct, la puja guest house, avec une terrasse superbe qui dominait le Gange. On était le six novembre, on comptait rester là deux ou trois nuits avant de repartir vers Agra pour voir le Taj Mahal, Mais on se sentait vraiment sur une autre planète, on était émerveillées et tous les voyageurs, les gens qu’on rencontrait nous disaient de rester. Le 9, il allait y avoir la fête de Diwali. On nous disait: « Diwali, il faut absolument voir ça. C’est la fête des lumières. Pour les Indiens c’est comme Noël…. » On décide donc de rester jusqu’au 10. On avait enfilé des saris , moi un bleu, Geraldine un orangé. On marchait le long du Gange,on regardait tous ces gens se baignant dans ce fleuve sacré, on assistait aux crémations, c’était fascinant. On rentre. Il était quelque chose comme minuit. De la terrasse, tout le mon de lançait des feux d’artifices et des pétards. Un garçon, très grand, trés beau , me tend des pétards pour que je les lance du toit. Comment il était ? Je ne sais pas . Je ne voyais que ses yeux bleus. Il n’était pas indien mais russe. Et charmant. Je me dis : « Mince c’est dommage qu’on parte demain! » . Je n’étais pas à la recherche de quoi que ce soit, d’une histoire , encore moins d’ aventure d’une nuit mais je sentais qu’il se passait quelque chose. Une ambiance particulière.
On va se coucher. Le matin du 10, je me réveille avec une grosse fièvre. On doit partir le soir, je décide de me reposer et je passe ma journée à dormir sur notre si belle terrasse. A 16h, je bouge. Je tiens à faire une dernière fois une balade le long du Gange. Géraldine m'accompagne. Tout a coup on nous interpelle, le garçon de la veille: Dimitri. Ses yeux! Il nous dit ; " ce soir , c’est la fête, la vraie . Il faut que vous restiez ! " Il insiste . On parle. Il nous raconte qu’il a vécu en Inde jusqu’à l’âge de 15 ans parce que sa mère est de Pondichery. Il a 29 ans, un an de moins que moi maintenant il vit à Moscou mais il vient ici quatre fois par an acheter des pierres précieuses. Il est diamantaire. On regardait le Gange, tous les deux. Moi, j’étais un peu dans le coltard, pas maquillée en plus , en jean et débardeur noir. Mais heureuse, j’avais envie que tout ça dure. Il me dit alors: « Méfie toi des voeux que tu fais en Inde, ils se réalisent toujours … »
Notre train pour Agra quittait Varanesi à 6 heures du soir. Je vous passe les détails mais on décide de ne pas le prendre. Geraldine va se coucher et je reste avec Dimitri sur la terrasse .Et puis on va dans sa chambre, une super belle chambre avec un balcon sur le Gange. Les étoiles et la lune se reflètent dans l’eau. C’était féérique. Moi je pense qu’ il n’y a pas de hasard, que des rendez vous. Je DEVAIS le rencontrer, et il fallait que je vienne là pour ça! Il sortait d’une longue histoire, assez douloureuse et moi j’étais seule depuis un an. J’avais vécu cinq ans avec un garçon, mais c’était bien fini. Avec Dimitri, ce qui me plaisait, ce qui me plait, c’est qu’il y a beaucoup de respect. On s’est longtemps regardés dans les yeux avant de s’embrasser. Tout était simple, aussi. A deux heures du matin, on est descendus ensemble chercher des préservatifs, on en a trouvé dans une petite échoppe. On marchait dans la nuit de Varanesi, je me disais: « mais qu’est-ce que tu es en train de vivre? ». Je me sentais emmenée, attirée vers lui par une force irrésistible, comme envoûtée. Il caressait doucement mes lèvres , c’était si puissant et en même temps si délicat.
Se mettre nu devant lui ne ‘m a posé aucun problème , on était très naturels, très vrais tous les deux . Et après, ça a été merveilleux. Fusionnel, il n’ y a pas d’autre mot….Je me suis réveillée le lendemain matin dans ses bras , vers dix heures. De la musique indienne arrivait par la fenêtre, il me serrait contre lui, j’éprouvais un incroyable sentiment de plénitude.
Je suis allée voir Géraldine, et on a pris ensemble le petit-déjeuner. Je lui ai tout raconté, elle était super contente pour moi. Puis je suis remontée dans la chambre et on a refait l’amour. On était le 11 novembre! On est partis déjeuner en ville et prendre les billets à la gare mais les trains étaient complets jusqu’au 14. Lui même repartait ce jour là pour Moscou. C’était incroyable, ce délai que le destin nous accordait, comme s’il était écrit qu’on devait passer encore un peu plus de temps ensemble.
On parlait tout le temps .Et quand on ne parlait pas, on faisait l’amour. Le lendemain, il m’a emmenée voir un sadhu, une sorte de saint qui m’a expliqué que dans une vie antérieure ,j’étais morte à 32 ans mais que dans celle ci je dépasserai les 9O. Et il a précisé : « tu vivras à l’étranger. Tu feras des enfants dans un autre pays que le tien. » Quel pays ? Il ne le disait pas .
On n’est jamais allés a Agra , Géraldine et moi. Après Varanesi, on s’est retrouvées directement au Rahjastan. Avant de reprendre l’avion pour la France. Est-ce que je vais le revoir? Je me pose la question depuis deux mois, maintenant. On s’est dit et répété qu’on allait garder le contact. Quand on s’est quittés, le 14, à la gare, il m’embrassait et il me disait qu’il était sûr qu’on se reverrait. « Ce n’est pas possible autrement ! » Je ne sais pas pourquoi,mais j’y crois.
En rentrant de voyage, moi j’ai toujours du mal à redescendre sur terre, à me réadapter, mais là, ça a été terrible. Dans ma tête, j’étais encore au bord du Gange, avec Dimitri. Depuis huit ans, je vends des vêtements de sports, j’ai super bien vécu, très bien gagné ma vie. Mais je sens que c’est fini. Je ne veux plus présenter de collections dans des shows rooms, dans de grands hôtels. Je n’ai plus envie de faire du chiffre, être dans l’hyper- matérialisme. Ces dernières années,pendant ces voyages, j’ai rencontré tellement de gens vrais, je me suis découverte. Je veux trouver un travail dans une ONG ou quelque chose en rapport avec le voyage. De toutes façons, je sais que je vais repartir…. Dimitri est à Moscou. On s’est appelés plusieurs fois depuis notre retour. Et encore la semaine dernière, un soir, vers minuit. Je veux aller maintenant dans le sud de l’Inde. Il m’a dit que si j’y allais, il me rejoindrait là-bas.
ELLE. 18 février 2008. (propos receuillis par Antoine Silber)
mardi 19 février 2008
samedi 9 février 2008
C'est mon histoire :« Je le regardais chanter, il m’hypnotisait…»
Marina a 30 ans . Elle est mariée avec deux enfants; elle a une petite vie tranquille. Mais les concerts l'électrisent. Un soir, elle flashe sur une rock-star.
Moi j’aime les bad boys. Pas bien rasés, avec des tatouages. Exactement le contraire de Laurent, mon mari !
J’ai deux enfants, deux filles de 5 et 2 ans et Laurent et moi ,on est ensemble depuis sept ans . Il est cadre dans une banque.Trés classique, très bcbg, mais adorable. Lui, il n’aime pas aller à des concerts . Il adore s’occuper des enfants et il me laisse faire ce que je veux. Je sors d’ un an de congé parental qui a suivi un an de congé maternité . J’ai perdu mes vingt kilos . J’avais besoin d’air , de fun. Je me suis mise a sortir de plus en plus. Plusieurs fois par semaine. J’ai vu Cali dix fois. Je crève de ne pas voir Miossec, mon préféré, plus souvent.
Je ne vais pas à un concert juste pour rentrer avec un type. Simplement si ça se présente , maintenant je prends.
J’aime la musique, l’émotion que certains musicos dégagent. C’est ça que je recherche: l’émotion. Laurent est bien mais carré , pas vraiment dans l’émotion. Dans le noir des salles, moi je me trouve plus belle. Du coup, c’est un peu un engrenage , une drogue… Un soir, comme ça, j’ai découvert sur My space, une musique,qui m’a littéralement scotchée. Une voix . Des textes. Comme si ça parlait de moi ! J’ai envoyé un message sur la page du groupe pour les féliciter, leur dire que j’accrochais vraiment. Et quelques jours après je me suis retrouvée dans une petit salle , au studio de l'Ermitage, à Menilmontant, où ce groupe passait
J’essayais de repérer les membres du groupe, J’aperçois un garçon, pas très grand, avec une drôle de bonnet et un tatouage sur le poignet. Je plante mes yeux sur lui, je n’arrête plus de le regarder. Il monte sur scène . Il se met à chanter et c’est bizarre parce qu’il est juste trop beau, trop touchant. Il a les yeux fermés mais je sens qu’il me regarde . En plus, les paroles, c’est si fort : j’ai l’impression que tous ses mots sont pour moi.
Je ne voyais que lui, comme s’il était seul sur scène. Je me sentais happée par lui. Je regardais ses doigts sur le manche de sa guitare, hypnotisée. A la fin du concert, je me dis : "Je vais le voir. Je lui dis qu'il me plait". J’arrive. Je me présente. « Bonjour Marina….me répond il , Ah oui on s’est un peu parlé sur my space. C’est cool que tu sois passée! » Avec lui, à coté, une fille, genre la fan absolue. Il me présente « Mon ex » précise-t-il. Je ne savais plus quoi dire. Je suis repartie vers le bar boire une bière et puis je suis rentrée. J’arrive chez moi, j’avais tellement bu . Les enfants dormaient depuis longtemps. Laurent aussi. Mais il fallait encore que je lui envoie un message sur son My space . Et devant mon écran, je me suis lâchée. Je lui ai écrit que je ne pouvais pas me coucher sans lui dire un mot par ce que j'avais eu toute la soirée envie de l'embrasser… ».
Le lendemain, il m’a répondu qu’ il etait touché. Et il a ajouté: « Je suis très timide. ». Ca m’a étonnée parce qu’il serrait ma main de tout le monde dans la salle. Je lui ai laissé un autre petit mot, un: "je t'embrasse". Je lui ai dit qu'il ne risquait pas grand chose avec moi, que je ne cherchais pas l'âme soeur, que je voulais juste du rêve. Pour moi, il etait un joli rêve.
En réalité , je me demande si je n’ai pas été trop entreprenante avec lui . Si je ne lui ai pas fait peur. Un soir, je lui ai écrit: "je t'embrasse où tu veux". Le lendemain, il m’a avoué qu’il aimait qu’on lui embrasse les seins, mais qu’aucune fille n'y pensait jamais. Je lui ai promis que quand on se verrait , moi j'y penserai !!! Il passait quelques semaines apré s à la Flèche d'or. J’ai attendu cette date des jours et des nuits. J’arrive à Paris . Juste avant le concert, je vais chez Virgin à Barbès où Amélie Nothomb signait son dernier livre. J et moi , on avait parlé d’elle. Je voulais qu’elle me fasse une dédicace pour lui. Je me disais : il sait que j'aime Amélie Nothomb, s'il ne me reconnait pas. Avec le livre, il saura qui je suis.
Il chantait et j’étais au premier rang . IL a quitté la scène , j'ai bu 2 bières pour me remettre avant d'aller le voir. Surprise c’est lui qui est venu vers moi. Je lui ai donné le livre, il ne s’attendait pas à ça . « Je suis sous haute surveillance » m’ a t il glissé a l’oreille en me montrant son « ex ». Ca a pris une heure pour qu’il se débarasse d’elle et qu’il me rejoigne enfin.
Il n’était pas en voiture, je l’ai raccompagné.
Je conduisais et il ne se passait rien. Alors a un feu rouge, j’y suis allée. Je ‘lai embrassée et c'était tendre et doux. On arrive chez lui, on n’était pas collés , il ne me tenait pas par la main. Rien . On monte. La lumière. ! J’avais peur qu’il me trouve moche ! Il ne bougeait pas . « Ca ne t’’embète pas si je me roule un joint ? » Il me demande aussi si je prefère qu’on écoute Bjork ou Tricky, de la musique électro. Je dis « Bjork » J’aurais peut-être du choisir l’autre, Bjork, c’était un peu flippant.
Il fumait .Il me caressait les cheveux. Il y avait un canapé-lit, on le déplie. Moi je ne me deshabillais pas . On se caressait mais je ne me sentais pas capable de me retrouver toute nue avec lui. Je lui ai fait une fellation, c’était bon ,j’ai adoré ça. Je me rappellerai ce moment toute ma vie . En partant il m'a prêté un dvd, comme pour me dire qu’ on allait se revoir . Il était cinq heures du matin . Il m’ a demandé de lui envoyer un texto quand je serais arrivée . Il s’inquiétait pour moi. Il était gentil .
Je ne cherchais pas une histoire d’amour, pas un truc régulier. Mais lui, c’est un romantique ! Après il m’a dit: « ce n’est pas trop mon genre de rentrer avec une fille, juste pour baiser. Ca me destabilise ! » Je n’ai plus eu de nouvelles , sauf une fois, un texto où il me disait: "salut Marina... sorry, pour mes silences et mes absences, mais je suis un peu occupé. Je n'oublie rien de ce petit moment de douceur passé ensemble... J'espère que tu vas bien. bisou." Je lui ai répondu en lui proposant de m’accompagner dans une salle que j’aime bien à Ris-orangis pour un concert du groupe « Girls in hawai ». Et il est venu ! Là aussi, après le concert, je ‘lai raccompagné et ça a fini comme la première fois , par une fellation. Il ne faisait rien. Il ne disait rien . Il attendait . Je lui ai demandé s'il me trouvait moche, puisqu"il n'avait pas l'air de me désirer. Il m’ a répondu : « non, pas du tout. Simplement je ne sais pas parler, juste chanter … » Après, le lendemain, il m’a envoyé un texto : « c’était d’enfer » Un peu comme si les filles d’habitude ne lui faisaient pas çà. Ou pas aussi bien.
Il n’ y a plus eu d’autres rencontres , même si on s’envoie encore régulièrement des petits mots . J’ai encore découché un soir pour passer la nuit , mais avec un autre musicien, un batteur et c’est comme si, là aussi, je me mettais en danger volontairement.
Vous connaissez cette chanson de Miossec , « La fidélité » ? Elle dit: « Et je sors/ Et je drague comme on crève/Avec tellement de choses à regretter/ Comme ta langue sur mes lèvres/ » Je l’écoute. Je pense à J et toutes les émotions reviennent. Je ne suis pas sûre que je resterai avec Laurent jusqu’à 60 ans. Et c’est pareil pour le boulot : il faut savoir changer, évoluer . J’étais assistante de direction mais depuis la dernière rentrée, j’ai commencé à suivre des cours de gestion. Pour avoir mieux . Je n’ai jamais autant travaillé . Peut être que je vais me planter mais je préfère cent fois échouer que de ne rien essayer.
Moi je ne veux pas être condamnée a vivre ma petite vie sans essayer autre chose. Sans prendre de risques. Là, j’ai encore pris un gros risque , un risque énorme: je me suis coupée les cheveux. J’ai un visage aigu. Je m’étais toujours dit : « les cheveux courts , ça ne peut pas m’aller, ça me durcit encore plus …. » Et j’ai osé. Tout de suite après j’étais sure que je m’étais plantée mais maintenant je suis hyper contente. Je me regarde dans la glace.Je m’aime bien avec mes cheveux courts , et plats dessus. Je ne regrette rien .
ELLE.4 février 2008. Propos receuillis par Antoine Silber
Moi j’aime les bad boys. Pas bien rasés, avec des tatouages. Exactement le contraire de Laurent, mon mari !
J’ai deux enfants, deux filles de 5 et 2 ans et Laurent et moi ,on est ensemble depuis sept ans . Il est cadre dans une banque.Trés classique, très bcbg, mais adorable. Lui, il n’aime pas aller à des concerts . Il adore s’occuper des enfants et il me laisse faire ce que je veux. Je sors d’ un an de congé parental qui a suivi un an de congé maternité . J’ai perdu mes vingt kilos . J’avais besoin d’air , de fun. Je me suis mise a sortir de plus en plus. Plusieurs fois par semaine. J’ai vu Cali dix fois. Je crève de ne pas voir Miossec, mon préféré, plus souvent.
Je ne vais pas à un concert juste pour rentrer avec un type. Simplement si ça se présente , maintenant je prends.
J’aime la musique, l’émotion que certains musicos dégagent. C’est ça que je recherche: l’émotion. Laurent est bien mais carré , pas vraiment dans l’émotion. Dans le noir des salles, moi je me trouve plus belle. Du coup, c’est un peu un engrenage , une drogue… Un soir, comme ça, j’ai découvert sur My space, une musique,qui m’a littéralement scotchée. Une voix . Des textes. Comme si ça parlait de moi ! J’ai envoyé un message sur la page du groupe pour les féliciter, leur dire que j’accrochais vraiment. Et quelques jours après je me suis retrouvée dans une petit salle , au studio de l'Ermitage, à Menilmontant, où ce groupe passait
J’essayais de repérer les membres du groupe, J’aperçois un garçon, pas très grand, avec une drôle de bonnet et un tatouage sur le poignet. Je plante mes yeux sur lui, je n’arrête plus de le regarder. Il monte sur scène . Il se met à chanter et c’est bizarre parce qu’il est juste trop beau, trop touchant. Il a les yeux fermés mais je sens qu’il me regarde . En plus, les paroles, c’est si fort : j’ai l’impression que tous ses mots sont pour moi.
Je ne voyais que lui, comme s’il était seul sur scène. Je me sentais happée par lui. Je regardais ses doigts sur le manche de sa guitare, hypnotisée. A la fin du concert, je me dis : "Je vais le voir. Je lui dis qu'il me plait". J’arrive. Je me présente. « Bonjour Marina….me répond il , Ah oui on s’est un peu parlé sur my space. C’est cool que tu sois passée! » Avec lui, à coté, une fille, genre la fan absolue. Il me présente « Mon ex » précise-t-il. Je ne savais plus quoi dire. Je suis repartie vers le bar boire une bière et puis je suis rentrée. J’arrive chez moi, j’avais tellement bu . Les enfants dormaient depuis longtemps. Laurent aussi. Mais il fallait encore que je lui envoie un message sur son My space . Et devant mon écran, je me suis lâchée. Je lui ai écrit que je ne pouvais pas me coucher sans lui dire un mot par ce que j'avais eu toute la soirée envie de l'embrasser… ».
Le lendemain, il m’a répondu qu’ il etait touché. Et il a ajouté: « Je suis très timide. ». Ca m’a étonnée parce qu’il serrait ma main de tout le monde dans la salle. Je lui ai laissé un autre petit mot, un: "je t'embrasse". Je lui ai dit qu'il ne risquait pas grand chose avec moi, que je ne cherchais pas l'âme soeur, que je voulais juste du rêve. Pour moi, il etait un joli rêve.
En réalité , je me demande si je n’ai pas été trop entreprenante avec lui . Si je ne lui ai pas fait peur. Un soir, je lui ai écrit: "je t'embrasse où tu veux". Le lendemain, il m’a avoué qu’il aimait qu’on lui embrasse les seins, mais qu’aucune fille n'y pensait jamais. Je lui ai promis que quand on se verrait , moi j'y penserai !!! Il passait quelques semaines apré s à la Flèche d'or. J’ai attendu cette date des jours et des nuits. J’arrive à Paris . Juste avant le concert, je vais chez Virgin à Barbès où Amélie Nothomb signait son dernier livre. J et moi , on avait parlé d’elle. Je voulais qu’elle me fasse une dédicace pour lui. Je me disais : il sait que j'aime Amélie Nothomb, s'il ne me reconnait pas. Avec le livre, il saura qui je suis.
Il chantait et j’étais au premier rang . IL a quitté la scène , j'ai bu 2 bières pour me remettre avant d'aller le voir. Surprise c’est lui qui est venu vers moi. Je lui ai donné le livre, il ne s’attendait pas à ça . « Je suis sous haute surveillance » m’ a t il glissé a l’oreille en me montrant son « ex ». Ca a pris une heure pour qu’il se débarasse d’elle et qu’il me rejoigne enfin.
Il n’était pas en voiture, je l’ai raccompagné.
Je conduisais et il ne se passait rien. Alors a un feu rouge, j’y suis allée. Je ‘lai embrassée et c'était tendre et doux. On arrive chez lui, on n’était pas collés , il ne me tenait pas par la main. Rien . On monte. La lumière. ! J’avais peur qu’il me trouve moche ! Il ne bougeait pas . « Ca ne t’’embète pas si je me roule un joint ? » Il me demande aussi si je prefère qu’on écoute Bjork ou Tricky, de la musique électro. Je dis « Bjork » J’aurais peut-être du choisir l’autre, Bjork, c’était un peu flippant.
Il fumait .Il me caressait les cheveux. Il y avait un canapé-lit, on le déplie. Moi je ne me deshabillais pas . On se caressait mais je ne me sentais pas capable de me retrouver toute nue avec lui. Je lui ai fait une fellation, c’était bon ,j’ai adoré ça. Je me rappellerai ce moment toute ma vie . En partant il m'a prêté un dvd, comme pour me dire qu’ on allait se revoir . Il était cinq heures du matin . Il m’ a demandé de lui envoyer un texto quand je serais arrivée . Il s’inquiétait pour moi. Il était gentil .
Je ne cherchais pas une histoire d’amour, pas un truc régulier. Mais lui, c’est un romantique ! Après il m’a dit: « ce n’est pas trop mon genre de rentrer avec une fille, juste pour baiser. Ca me destabilise ! » Je n’ai plus eu de nouvelles , sauf une fois, un texto où il me disait: "salut Marina... sorry, pour mes silences et mes absences, mais je suis un peu occupé. Je n'oublie rien de ce petit moment de douceur passé ensemble... J'espère que tu vas bien. bisou." Je lui ai répondu en lui proposant de m’accompagner dans une salle que j’aime bien à Ris-orangis pour un concert du groupe « Girls in hawai ». Et il est venu ! Là aussi, après le concert, je ‘lai raccompagné et ça a fini comme la première fois , par une fellation. Il ne faisait rien. Il ne disait rien . Il attendait . Je lui ai demandé s'il me trouvait moche, puisqu"il n'avait pas l'air de me désirer. Il m’ a répondu : « non, pas du tout. Simplement je ne sais pas parler, juste chanter … » Après, le lendemain, il m’a envoyé un texto : « c’était d’enfer » Un peu comme si les filles d’habitude ne lui faisaient pas çà. Ou pas aussi bien.
Il n’ y a plus eu d’autres rencontres , même si on s’envoie encore régulièrement des petits mots . J’ai encore découché un soir pour passer la nuit , mais avec un autre musicien, un batteur et c’est comme si, là aussi, je me mettais en danger volontairement.
Vous connaissez cette chanson de Miossec , « La fidélité » ? Elle dit: « Et je sors/ Et je drague comme on crève/Avec tellement de choses à regretter/ Comme ta langue sur mes lèvres/ » Je l’écoute. Je pense à J et toutes les émotions reviennent. Je ne suis pas sûre que je resterai avec Laurent jusqu’à 60 ans. Et c’est pareil pour le boulot : il faut savoir changer, évoluer . J’étais assistante de direction mais depuis la dernière rentrée, j’ai commencé à suivre des cours de gestion. Pour avoir mieux . Je n’ai jamais autant travaillé . Peut être que je vais me planter mais je préfère cent fois échouer que de ne rien essayer.
Moi je ne veux pas être condamnée a vivre ma petite vie sans essayer autre chose. Sans prendre de risques. Là, j’ai encore pris un gros risque , un risque énorme: je me suis coupée les cheveux. J’ai un visage aigu. Je m’étais toujours dit : « les cheveux courts , ça ne peut pas m’aller, ça me durcit encore plus …. » Et j’ai osé. Tout de suite après j’étais sure que je m’étais plantée mais maintenant je suis hyper contente. Je me regarde dans la glace.Je m’aime bien avec mes cheveux courts , et plats dessus. Je ne regrette rien .
ELLE.4 février 2008. Propos receuillis par Antoine Silber
C'est mon histoire :« J’ai 24 ans et demi, les yeux verts … »
C’est mon histoire
T/
Dans sa vie, il y a Rémi. Entre eux, la relation est tendre, sexuelle et….à éclipses. Clémence, 24 ans « et demi», comme elle le précise, nous donne, avec humour, sa version de « Sex and the city »
J'ai 24 ans et demis, les yeux verts et un grand sourire. Je suis brune après être passée du rouge au noir (ma période gothique qui ne m'a jamais vraiment quittée), et puis au blond…J’aime les bijoux, les magazines, je suis une fille un peu clichée
parfois…J'aime fumer.J’aime conduire mais j’ai peur d’ aller sur l'autoroute. J’ai peur des escaliers aussi, je tombe tout le temps. Je chante mal, mais j'organise bien les karaokés. J’aime rire, je ris très fort.J’aimerais bien avoir une voix grave, rauque mais je me coltine une voix de petit pinson enjoué.
Je suis étudiante en Lettres.
J’aime Baudelaire, Verlaine et Rimbaud. Tchekhov, Pennac, Brink et Labro. Et les sœurs Brontë. Je traîne mes études depuis 6 ans. Je fais des remplacements comme prof. J’ai un bon feeling avec les ados de 14 ans, mais je sais que je ne ferai pas ça toute ma vie.
Je m’habille BCBG, on dit que je suis classe. Il y a toujours une touche de couleur dans ce que je porte. Un sac violet, une écharpe rose.J'ai été grosse mais je ne le suis plus. Ma mère trouve que je devrais être plus mince encore mais moi je me trouve pas mal. Je m'aime bien.
Je suis trop spontanée, c’est ce que disent mes copines. Entre nous, on philosophe, on se fait des petites réflexions sur la vie, les mecs:
"Il a le sexe, comment dire, spongieux, tu vois ce que je veux dire??"
"Meeeeerde-……"
Ou alors
"Non, mais tu crois qu’ il a un syndrome d’ engagement impossible ce type?"
" Ouais, y ‘a des chances ! Il a pas digéré son ex. Il est pas sain. Ca pue la galère."
"Si j'y vais, tu me soutiendras?"
"J'ai déjà prévu des paquets de clopes."
"Ok merci"
Nos histoires, on les dramatise, on en rigole:
"Tu crois qu’il m'aiiiime?"
" Nan"
"Ouais, t as raison. Moi non plus…"
A un moment, j’allais énormément en boite. Je dansais sur les tables totalement saoule, en hurlant "la vie est belle!!!" C’était le temps où elle n’était pas belle, où j’allais mal. Maintenant je vais bien. Oui,je suis contente de dire que je vais bien. Même si je n’ai pas vu Rémi depuis un
mois….
Comment décrire Rémi? 28 ans.Avocat. Très diplômé. Très prometteur. Brun, les yeux noirs. Très beau. Il a un grain de beauté sur son menton carré. Un gros nez, j'adore les gros nez (chez les hommes), c’est oedipien, ça! Je trouve Depardieu sexy, c’est un peu exagéré mais l'idée est là. Revenons à Rémi… Il a une voix grave, très masculine. Il parle lentement, il dit "Bonjour" d’une façon suave, je fonds. Après il me dit que je suis magnifique, sublime, je n’ai plus de mot… Il danse la salsa comme personne. C’est un latin, il est sensuel, séducteur,manipulateur, parfois odieux.Très manipulateur !
Il y a cinq ans, je sortais avec Peter, j'avais 20 ans. Peter? C’est un « garçon », par opposition à « homme ». Pas très mûr. Gentil, très gentil, mais beaucoup de problèmes. On faisait partie d’une bande dans laquelle il y avait Rémi ,lequel avait une copine qui s’appelait Julia. A cette époque,je n’allais pas bien. Je suis partie enseigner un an à Glasgow. Je buvais énormément: 5, 6 gin tonic dans une soirée. J’étais une vraie loque. J'ai rompu avec Peter. J’ai rompu avec mes parents, aussi. Avec ma mère,on ne se parlait plus, on ne se comprenait plus. Ca me fait mal quand je pense à quel point j’ai fait souffrir mes parents à ce moment-là ! Un soir, j'étais tellement mal, j’avais le couteau sur mon poignet. J'ai eu un moment de lucidité, heureusement,je suis allée aux urgences psychiatriques. Ils m'ont repêchée.
J'ai fait le tri de mes amis. J’ai repris l'université. J'ai arrêté ma psychothérapie. Je ne sortais plus, en tous cas plus en boîte et puis un soir, en mai 2006, on me traîne quand même dans une boite d’ étudiants.A une soirée « jupes ». Jupes, pour les garçons aussi ! Je faisais la queue devant les toilettes avec une copine, on pouffait en regardant ces grands gaillards en jupes roses à pois.J'entend une voix masculine qui dit "Vraiment n'importe quoi!" en riant.Je me retourne et là: Rémi ! D’un seul coup,tout me revient ,tout ce passé, Peter, Rémi, la bande.Et cette soirée du Nouvel an 2004 où on était allé avec Peter passer 3 jours à Val d’Isère chez des amis et où Rémi était là,aussi, avec Julia.Il y avait eu alors quelque chose entre Rémi et moi ,pas grand chose, presque rien, mais quand même. Il était trois heures du matin, j’allais me coucher, tout le monde dormait, je tombe sur lui dans le couloir. Moi, dans un pyjama ridicule en pilou avec des nounours.Lui, trés joyeux. Il me saisit par la taille, plante ses yeux dans les miens et me murmure à l’oreille:« t’es tellement sexy !». Il me fait un bisou trés tendre, très prés de la bouche. Depuis, cette scène me hantait… Alors là, dans cette boîte,tout d’un coup, je le retrouve devant la porte des toilettes, je le regarde et la seule chose que je trouve à dire, c’est: "t'es toujours avec Julia?" Et lui:"non". Et il sourit. Il est libre. On est libres.Toute la soirée, ensuite,on rigole, on se frôle, on s’aperçoit qu’on a grandi.On s'embrasse. Il me dit qu’il ne veut pas de relation sérieuse. Je lui réponds:« ça me convient». Et on finit la nuit chez lui. Bien sûr.
On a bu et fumé à la lueur des bougies. Il était délicat, doux. C'était cool. C’est rare que je sois cool avec un homme quand je sais que quelques minutes après, il va me voir nue. On a recommencé à s’ embrasser (est-ce qu on avait vraiment arrêté?). Il a doucement enlevé ma robe. J'ai retiré sa chemise. Il avait un corps magnifique, vivant. Je sentais ses mains dans mes cheveux,sur mes épaules, le long de mes bras, sur mes pieds, sur mon ventre, partout. Il avait quatre mains! Il me répétait: « tu es belle ». Il prenait son temps. On a fait l'amour des heures et des heures. Il a commencé à faire jour. Je devais rentrer.
Depuis, on est ensemble . Enfin, ensemble… Il y a eu des nuits torrides. J’ai commencé à m'attacher. Il ne voulait toujours pas être en couple, mais moi si, en fait. Je ne pensais même qu’à ça: on prendrait tout à deux les bonheurs, les malheurs,les joies, les emmerdes. Parce qu’à deux c’est mieux, c’est plus facile que seul. Aimer l’autre. Etre solidaire. Faire un enfant avec lui. J'avais envie d'un enfant. J’ai envie d’un enfant. Mais pas lui, alors au bout d’un moment, je me suis éloignée , je suis sortie avec un autre garçon. Mais on s'est revus et on a refait l'amour et il y a eu d’autres nuits torrides et encore des soirées pleines de câlins, d'affection,de tendresse.
Quand on est célibataire et qu’on le vit, disons pas trop mal mais pas non plus super bien, c’est important la tendresse. J’arrive chez lui, il me prend dans ses bras,il m’embrasse,il me caresse les cheveux, j’ai l’impression qu’il a quatre mains, je suis dans un cocon chaud et agréable,ça me réchauffe.Ce n’est peut être pas de l’amour mais ça me fait du bien. Quand je le vois, il peut faire de moi ce qu’il veut. Quand je ne le vois pas je fais en sorte qu’il ne me manque pas. Il n’ est ni un ange, ni un salaud. Il est juste comme nous nous tous ( et toutes): un peu paumé dans sa
vie. Il se réfugie dans son travail et il baise à coté.Parce que oui: il baise, il n’y pas d’ autre mot. Sans sentiments mais bien. Il baise bien. Peut-être voudra-t il à un moment s‘engager davantage avec moi. Peut-être est-ce que je rencontrerai quelqu'un d'autre.Je ne sais pas. Je ne connais pas la suite de l’histoire.Je sais juste que j’ai envie de la continuer avec lui.
Rémi, c’est mon Mister Big! Vous savez le mec de Carrie Bradshaw dans « Sex and the city ». Celui qui part et qui revient. Celui qui la fait pleurer. Celui à cause de qui elle pète régulièrement un câble. Moi, je suis elle. Comme elle, je me suis blindée. Il fut un temps où j'étais si mal que j’acceptais d’avoir mal. Maintenant je vais bien et je veux me sentir vivante autrement que par la douleur.Le sexe pour le sexe, c’est notre liberté mais c’est aussi notre faiblesse.Je ne suis pas cynique.J’ai simplement developpé un sens aigu de l'auto-dérision. Ce qui ne m’empêche pas d’essayer de rester vraie.
ELLE. 2006. Propos receuillis par Antoine Silber
T/
Dans sa vie, il y a Rémi. Entre eux, la relation est tendre, sexuelle et….à éclipses. Clémence, 24 ans « et demi», comme elle le précise, nous donne, avec humour, sa version de « Sex and the city »
J'ai 24 ans et demis, les yeux verts et un grand sourire. Je suis brune après être passée du rouge au noir (ma période gothique qui ne m'a jamais vraiment quittée), et puis au blond…J’aime les bijoux, les magazines, je suis une fille un peu clichée
parfois…J'aime fumer.J’aime conduire mais j’ai peur d’ aller sur l'autoroute. J’ai peur des escaliers aussi, je tombe tout le temps. Je chante mal, mais j'organise bien les karaokés. J’aime rire, je ris très fort.J’aimerais bien avoir une voix grave, rauque mais je me coltine une voix de petit pinson enjoué.
Je suis étudiante en Lettres.
J’aime Baudelaire, Verlaine et Rimbaud. Tchekhov, Pennac, Brink et Labro. Et les sœurs Brontë. Je traîne mes études depuis 6 ans. Je fais des remplacements comme prof. J’ai un bon feeling avec les ados de 14 ans, mais je sais que je ne ferai pas ça toute ma vie.
Je m’habille BCBG, on dit que je suis classe. Il y a toujours une touche de couleur dans ce que je porte. Un sac violet, une écharpe rose.J'ai été grosse mais je ne le suis plus. Ma mère trouve que je devrais être plus mince encore mais moi je me trouve pas mal. Je m'aime bien.
Je suis trop spontanée, c’est ce que disent mes copines. Entre nous, on philosophe, on se fait des petites réflexions sur la vie, les mecs:
"Il a le sexe, comment dire, spongieux, tu vois ce que je veux dire??"
"Meeeeerde-……"
Ou alors
"Non, mais tu crois qu’ il a un syndrome d’ engagement impossible ce type?"
" Ouais, y ‘a des chances ! Il a pas digéré son ex. Il est pas sain. Ca pue la galère."
"Si j'y vais, tu me soutiendras?"
"J'ai déjà prévu des paquets de clopes."
"Ok merci"
Nos histoires, on les dramatise, on en rigole:
"Tu crois qu’il m'aiiiime?"
" Nan"
"Ouais, t as raison. Moi non plus…"
A un moment, j’allais énormément en boite. Je dansais sur les tables totalement saoule, en hurlant "la vie est belle!!!" C’était le temps où elle n’était pas belle, où j’allais mal. Maintenant je vais bien. Oui,je suis contente de dire que je vais bien. Même si je n’ai pas vu Rémi depuis un
mois….
Comment décrire Rémi? 28 ans.Avocat. Très diplômé. Très prometteur. Brun, les yeux noirs. Très beau. Il a un grain de beauté sur son menton carré. Un gros nez, j'adore les gros nez (chez les hommes), c’est oedipien, ça! Je trouve Depardieu sexy, c’est un peu exagéré mais l'idée est là. Revenons à Rémi… Il a une voix grave, très masculine. Il parle lentement, il dit "Bonjour" d’une façon suave, je fonds. Après il me dit que je suis magnifique, sublime, je n’ai plus de mot… Il danse la salsa comme personne. C’est un latin, il est sensuel, séducteur,manipulateur, parfois odieux.Très manipulateur !
Il y a cinq ans, je sortais avec Peter, j'avais 20 ans. Peter? C’est un « garçon », par opposition à « homme ». Pas très mûr. Gentil, très gentil, mais beaucoup de problèmes. On faisait partie d’une bande dans laquelle il y avait Rémi ,lequel avait une copine qui s’appelait Julia. A cette époque,je n’allais pas bien. Je suis partie enseigner un an à Glasgow. Je buvais énormément: 5, 6 gin tonic dans une soirée. J’étais une vraie loque. J'ai rompu avec Peter. J’ai rompu avec mes parents, aussi. Avec ma mère,on ne se parlait plus, on ne se comprenait plus. Ca me fait mal quand je pense à quel point j’ai fait souffrir mes parents à ce moment-là ! Un soir, j'étais tellement mal, j’avais le couteau sur mon poignet. J'ai eu un moment de lucidité, heureusement,je suis allée aux urgences psychiatriques. Ils m'ont repêchée.
J'ai fait le tri de mes amis. J’ai repris l'université. J'ai arrêté ma psychothérapie. Je ne sortais plus, en tous cas plus en boîte et puis un soir, en mai 2006, on me traîne quand même dans une boite d’ étudiants.A une soirée « jupes ». Jupes, pour les garçons aussi ! Je faisais la queue devant les toilettes avec une copine, on pouffait en regardant ces grands gaillards en jupes roses à pois.J'entend une voix masculine qui dit "Vraiment n'importe quoi!" en riant.Je me retourne et là: Rémi ! D’un seul coup,tout me revient ,tout ce passé, Peter, Rémi, la bande.Et cette soirée du Nouvel an 2004 où on était allé avec Peter passer 3 jours à Val d’Isère chez des amis et où Rémi était là,aussi, avec Julia.Il y avait eu alors quelque chose entre Rémi et moi ,pas grand chose, presque rien, mais quand même. Il était trois heures du matin, j’allais me coucher, tout le monde dormait, je tombe sur lui dans le couloir. Moi, dans un pyjama ridicule en pilou avec des nounours.Lui, trés joyeux. Il me saisit par la taille, plante ses yeux dans les miens et me murmure à l’oreille:« t’es tellement sexy !». Il me fait un bisou trés tendre, très prés de la bouche. Depuis, cette scène me hantait… Alors là, dans cette boîte,tout d’un coup, je le retrouve devant la porte des toilettes, je le regarde et la seule chose que je trouve à dire, c’est: "t'es toujours avec Julia?" Et lui:"non". Et il sourit. Il est libre. On est libres.Toute la soirée, ensuite,on rigole, on se frôle, on s’aperçoit qu’on a grandi.On s'embrasse. Il me dit qu’il ne veut pas de relation sérieuse. Je lui réponds:« ça me convient». Et on finit la nuit chez lui. Bien sûr.
On a bu et fumé à la lueur des bougies. Il était délicat, doux. C'était cool. C’est rare que je sois cool avec un homme quand je sais que quelques minutes après, il va me voir nue. On a recommencé à s’ embrasser (est-ce qu on avait vraiment arrêté?). Il a doucement enlevé ma robe. J'ai retiré sa chemise. Il avait un corps magnifique, vivant. Je sentais ses mains dans mes cheveux,sur mes épaules, le long de mes bras, sur mes pieds, sur mon ventre, partout. Il avait quatre mains! Il me répétait: « tu es belle ». Il prenait son temps. On a fait l'amour des heures et des heures. Il a commencé à faire jour. Je devais rentrer.
Depuis, on est ensemble . Enfin, ensemble… Il y a eu des nuits torrides. J’ai commencé à m'attacher. Il ne voulait toujours pas être en couple, mais moi si, en fait. Je ne pensais même qu’à ça: on prendrait tout à deux les bonheurs, les malheurs,les joies, les emmerdes. Parce qu’à deux c’est mieux, c’est plus facile que seul. Aimer l’autre. Etre solidaire. Faire un enfant avec lui. J'avais envie d'un enfant. J’ai envie d’un enfant. Mais pas lui, alors au bout d’un moment, je me suis éloignée , je suis sortie avec un autre garçon. Mais on s'est revus et on a refait l'amour et il y a eu d’autres nuits torrides et encore des soirées pleines de câlins, d'affection,de tendresse.
Quand on est célibataire et qu’on le vit, disons pas trop mal mais pas non plus super bien, c’est important la tendresse. J’arrive chez lui, il me prend dans ses bras,il m’embrasse,il me caresse les cheveux, j’ai l’impression qu’il a quatre mains, je suis dans un cocon chaud et agréable,ça me réchauffe.Ce n’est peut être pas de l’amour mais ça me fait du bien. Quand je le vois, il peut faire de moi ce qu’il veut. Quand je ne le vois pas je fais en sorte qu’il ne me manque pas. Il n’ est ni un ange, ni un salaud. Il est juste comme nous nous tous ( et toutes): un peu paumé dans sa
vie. Il se réfugie dans son travail et il baise à coté.Parce que oui: il baise, il n’y pas d’ autre mot. Sans sentiments mais bien. Il baise bien. Peut-être voudra-t il à un moment s‘engager davantage avec moi. Peut-être est-ce que je rencontrerai quelqu'un d'autre.Je ne sais pas. Je ne connais pas la suite de l’histoire.Je sais juste que j’ai envie de la continuer avec lui.
Rémi, c’est mon Mister Big! Vous savez le mec de Carrie Bradshaw dans « Sex and the city ». Celui qui part et qui revient. Celui qui la fait pleurer. Celui à cause de qui elle pète régulièrement un câble. Moi, je suis elle. Comme elle, je me suis blindée. Il fut un temps où j'étais si mal que j’acceptais d’avoir mal. Maintenant je vais bien et je veux me sentir vivante autrement que par la douleur.Le sexe pour le sexe, c’est notre liberté mais c’est aussi notre faiblesse.Je ne suis pas cynique.J’ai simplement developpé un sens aigu de l'auto-dérision. Ce qui ne m’empêche pas d’essayer de rester vraie.
ELLE. 2006. Propos receuillis par Antoine Silber
C'est mon histoire : « Je m'étais mariée avec un homo"
Valérie a 36 ans . Elle est aujourd'hui remariée avec deux enfants, mais avant, elle a vécu sept ans avec un homme qui la trompait avec des hommes. Elle raconte.
J'ai vécu sept ans avec un homosexuel. Sans le savoir ou sans vouloir le voir. Je ne vous dirais pas son prénom, ni son nom: il est journaliste télé , tout le monde le reconnaîtrait.
Aucun trace de féminité et cependant tous les signes d’appartenance à la communauté gay: un appartement dans le Marais, une fascination pour Sydney en Australie, une des villes gay friendly avec San Francisco. Il était un fan absolu de Dalida dont j’ai appris depuis qu’elle était une icône gay. Et il détestait mon meilleur ami, un homo qui aurait pu le mettre à jour.
Je l’ai connu en 1993, j’étais étudiante. A notre premier dîner, surprise: il arrive au restaurant avec un ami. Deuxième dîner, même chose, mais avec un autre garçon. Pour le troisième dîner, je lui demande de venir seul. C’est ce soir-là qu’on a fait l’amour la première fois.
Il n'était pas du tout sensuel. Je me disais qu'il était un mauvais amant, sans me poser plus de questions. Ce n'est pas que je ne prenais aucun plaisir, attention: c'était agréable, mais c’est tout, je ne grimpais pas aux rideaux. Après, longtemps aprés, quand nous nous sommes quittés, je lui ai dit que je n'avais jamais eu d'orgasme avec lui. Il en a été horriblement vexé et furieux.
J’avais vingt-quatre ans. Lui, huit de plus et pour être honnête, le sexe n’était pas ce qui m’intéressait le plus à l’époque. J’aimais son appartement du Marais, une sorte de caverne pleine de livres, du sol au plafond. Il partait en reportage au Rwanda ou en Bosnie et en revenant, il me racontait tout. C’était passionnant. J’aimais qu’il m’apprenne des choses, qu’il m’aide à réfléchir. Il me servait un peu de pygmalion, le reste je passais dessus.
« Il faut que ce soit clair» me disait-il « la vie quotidienne, mes caleçons à côté de tes petites culottes, tout ça, je ne supporte pas. ….» Moi je vivais dans un studio , dans le 7 ème , il m’assurait qu’il ne se marierait jamais. En fait , ça m’excitait, je me disais: « celui-là, je vais le mater ». Il aimait ma gaîté , ma joie de vivre. Au bout d’un an. Il me dit :« Bon on va se fiancer.» J’avais gagné. J’ai dit oui.
On s’est mariés l’été 97. A l’église, tout comme il faut.
Je crois que si, alors , il m’avait dit: « Ecoute Valérie, j’ai un passé homo mais je t’ai rencontrée, on s’est mariés devant Dieu et je veux maintenant qu’on fasse un bout de chemin ensemble , » ça aurait été différent, j’aurais compris. Mais non, il n’ a jamais pu m’avouer qu’il était homo ou bi. Et ce qui me déplait c’est ça, pas tellement qu’il aime les garçons, mais qu’il me trompe, qu’il me mente, qu’il m’ait menti toutes ces années !
On part en voyage de noces au Zimbabwé. J’emménage dans son appartement, j’étais heureuse. Un jour, je reviens d’un déplacement professionnel , je trouve un dim’ up dans le panier a linge sale. Je ne porte jamais de bas, ça descend, je ne trouve pas ça confortable. Ma première idée: « il me trompe! ». Le soir, je lui en parle: « Je ne sais pas ce que c’est. Demande à la femme de ménage, c’est peut-être être à elle… » Il me dit ça avec une telle sincérité!
L’été d’après, on va en vacances aux Antilles. Un matin, je vais chercher de la crème solaire dans la chambre. Son portefeuille tombe de sa veste . Une photo en sort, découpée dans un magazine. Elle représente un homme sous la douche en train de se donner du plaisir « Qu’est ce que c’est que ça? » « Rien. Ce n’est pas à moi…» Il était comme un petit garçon pris en faute: «Je te jure!»
Il pouvait être à la fois infantile et cynique. Avec un côté méprisant, cassant. Il ne voulait m’offrir que des livre . Chaque fois qu’il partait en reportage, il m’en laissait une pile: « lis-les, je t’interrogerai à mon retour ! » Et quand il allait dîner avec ses copains, il me disait: « je ne t’invite pas, tu ne comprendrais rien à la conversation ….»
Je voyais un psy depuis un an. Je n’abordais pas ce problème d’homosexualité pendant mes séances puisque je ne me doutais de rien, je ne comprenais rien. Il me conseillait de quitter mon mari. Pour lui, la manière dont il me parlait, c’était de la maltraitance! Il y avait un autre problème, nous voulions absolument un enfant et nous n’ y arrivions pas. J’avais fait des échographies ,des examens sanguins, je savais que de mon côté, tout allait bien. Je l’ai convaincu de faire des analyses. Les résultats arrivent: son spermogramme n’était pas bon, ça l’a rendu fou, il est devenu tout à fait insupportable.
On a fait trois tentatives d’insémination artificielle. Les trois ont échoué. La troisième fois, en juin 2000, je le vivais tellement mal que je n’arrêtais pas de pleurer. Et alors que j’avais vraiment besoin de lui, il décide de partir une nouvelle fois en voyage, aux Antilles. Me laissant dans la seule compagnie de mes deux chats. Avec ma tristesse , ma solitude.
Un soir , je l’appelle à Saint-Domingue, ça allait mal, je lui dis: « je n’en peux plus , je te quitte. » Il me répond: « arrête tes caprices ! » Je raccroche. Je pars . Le jour de son retour, je vais quand même l’acceuillir. Il était six heures du matin , j ’étais devant l’immeuble. Il sort du taxi, il me voit. Il avait un regard comme il n’avait jamais eu, très aimant, comme si la peur que je le quitte , d’un seul coup le faisait m’aimer . « Je ne veux pas que tu partes », me dit- il « Mais je suis déjà partie ». « Je ne peux pas vivre sans toi. Donnes-moi encore une chance …..» Je l’ ai accompagné a l’appartement. Quand il a vu que j’avais pris toutes mes affaires, mes objets, mes vêtements d’été et d’hiver, il a pété un câble. « Tu n’ es plus la femme que j’aimais. Ce mariage a été une erreur. Fiches le camp ! ».
Les semaines qui ont suivi, c’est devenu très douloureux. Il essayait de me rattraper, il m’envoyait des roses rouges. Un soir, je cède, je reviens, nous refaisons l’amour. Il me disait qu’il m’aimait, qu’il souffrait. Ca a été la dernière fois, après chacun a pris un avocat, il est devenu carrément odieux et ça a été une terrible bagarre, notamment pour des petites cuillères en argent qu’il m’ accusait de lui avoir volées. Et puis , un jour je tombe sur des photos de lui nu, en train de nager aux Antilles, avec un autre homme. Il n’y avait plus d’ équivoque. Mais bien sur, il était gay! Il s’était bien foutu de moi!
Je pose des questions autour de moi. « Tu sais au journal tout le monde savait qu’il était homo…» me dit –on. Mais alors pourquoi ne m’avait-on rien dit à moi ? Je me sentais la cruche de service, la naïve, la pauvre fille.
J’ai rencontré celui qui est actuellement mon mari deux mois après notre séparation. En Novembre 2000. Pendant le divorce, il était là, avec moi, tout le temps . Il me soutenait. Un homme splendide. Trois ans de moins que moi. Vraiment intelligent, lui. Avec l’intelligence du cœur.
Quand tout ça a été fini, il m’a offert une magnifique bague de fiançailles. Maintenant, il dirige une société de conseil, il a un super salaire, mais à ce moment-là, il finissait son service militaire, il n’avait pas un sou.
On s’est mariés en 2003, à la mairie. J’ai arrêté la pilule.Trois mois après, j’étais enceinte. J’ai revendu sur E-Bay la robe blanche que je portais a mon premier mariage . Je me suis débarrassée de toutes les photos avec lui. J’ai eu deux enfants en trois ans. Une fille puis un garçon et je peux dire qu’ aujourd’hui je suis vraiment heureuse.. D’autant que professionnellement, je réussis très bien.
Aujourd’hui, je dirais que mon premier mari était un homosexuel non déclaré qui voulait faire sa vie comme un hétéro. Et qu’il a tout raté ! Je ne sais pas ce qu’il est devenu et je m’en fous. On me dit qu’il est maintenant complètement homo. Mais qu’il fasse ce qu’il veut!
Cette histoire, mon mari et moi , maintenant on en rit. Mais je vous assure, ça a été dur. Pendant sept ans, j’ai vraiment porté ma croix.
ELLE. 2007. Propos receuillis par Antoine Silber
J'ai vécu sept ans avec un homosexuel. Sans le savoir ou sans vouloir le voir. Je ne vous dirais pas son prénom, ni son nom: il est journaliste télé , tout le monde le reconnaîtrait.
Aucun trace de féminité et cependant tous les signes d’appartenance à la communauté gay: un appartement dans le Marais, une fascination pour Sydney en Australie, une des villes gay friendly avec San Francisco. Il était un fan absolu de Dalida dont j’ai appris depuis qu’elle était une icône gay. Et il détestait mon meilleur ami, un homo qui aurait pu le mettre à jour.
Je l’ai connu en 1993, j’étais étudiante. A notre premier dîner, surprise: il arrive au restaurant avec un ami. Deuxième dîner, même chose, mais avec un autre garçon. Pour le troisième dîner, je lui demande de venir seul. C’est ce soir-là qu’on a fait l’amour la première fois.
Il n'était pas du tout sensuel. Je me disais qu'il était un mauvais amant, sans me poser plus de questions. Ce n'est pas que je ne prenais aucun plaisir, attention: c'était agréable, mais c’est tout, je ne grimpais pas aux rideaux. Après, longtemps aprés, quand nous nous sommes quittés, je lui ai dit que je n'avais jamais eu d'orgasme avec lui. Il en a été horriblement vexé et furieux.
J’avais vingt-quatre ans. Lui, huit de plus et pour être honnête, le sexe n’était pas ce qui m’intéressait le plus à l’époque. J’aimais son appartement du Marais, une sorte de caverne pleine de livres, du sol au plafond. Il partait en reportage au Rwanda ou en Bosnie et en revenant, il me racontait tout. C’était passionnant. J’aimais qu’il m’apprenne des choses, qu’il m’aide à réfléchir. Il me servait un peu de pygmalion, le reste je passais dessus.
« Il faut que ce soit clair» me disait-il « la vie quotidienne, mes caleçons à côté de tes petites culottes, tout ça, je ne supporte pas. ….» Moi je vivais dans un studio , dans le 7 ème , il m’assurait qu’il ne se marierait jamais. En fait , ça m’excitait, je me disais: « celui-là, je vais le mater ». Il aimait ma gaîté , ma joie de vivre. Au bout d’un an. Il me dit :« Bon on va se fiancer.» J’avais gagné. J’ai dit oui.
On s’est mariés l’été 97. A l’église, tout comme il faut.
Je crois que si, alors , il m’avait dit: « Ecoute Valérie, j’ai un passé homo mais je t’ai rencontrée, on s’est mariés devant Dieu et je veux maintenant qu’on fasse un bout de chemin ensemble , » ça aurait été différent, j’aurais compris. Mais non, il n’ a jamais pu m’avouer qu’il était homo ou bi. Et ce qui me déplait c’est ça, pas tellement qu’il aime les garçons, mais qu’il me trompe, qu’il me mente, qu’il m’ait menti toutes ces années !
On part en voyage de noces au Zimbabwé. J’emménage dans son appartement, j’étais heureuse. Un jour, je reviens d’un déplacement professionnel , je trouve un dim’ up dans le panier a linge sale. Je ne porte jamais de bas, ça descend, je ne trouve pas ça confortable. Ma première idée: « il me trompe! ». Le soir, je lui en parle: « Je ne sais pas ce que c’est. Demande à la femme de ménage, c’est peut-être être à elle… » Il me dit ça avec une telle sincérité!
L’été d’après, on va en vacances aux Antilles. Un matin, je vais chercher de la crème solaire dans la chambre. Son portefeuille tombe de sa veste . Une photo en sort, découpée dans un magazine. Elle représente un homme sous la douche en train de se donner du plaisir « Qu’est ce que c’est que ça? » « Rien. Ce n’est pas à moi…» Il était comme un petit garçon pris en faute: «Je te jure!»
Il pouvait être à la fois infantile et cynique. Avec un côté méprisant, cassant. Il ne voulait m’offrir que des livre . Chaque fois qu’il partait en reportage, il m’en laissait une pile: « lis-les, je t’interrogerai à mon retour ! » Et quand il allait dîner avec ses copains, il me disait: « je ne t’invite pas, tu ne comprendrais rien à la conversation ….»
Je voyais un psy depuis un an. Je n’abordais pas ce problème d’homosexualité pendant mes séances puisque je ne me doutais de rien, je ne comprenais rien. Il me conseillait de quitter mon mari. Pour lui, la manière dont il me parlait, c’était de la maltraitance! Il y avait un autre problème, nous voulions absolument un enfant et nous n’ y arrivions pas. J’avais fait des échographies ,des examens sanguins, je savais que de mon côté, tout allait bien. Je l’ai convaincu de faire des analyses. Les résultats arrivent: son spermogramme n’était pas bon, ça l’a rendu fou, il est devenu tout à fait insupportable.
On a fait trois tentatives d’insémination artificielle. Les trois ont échoué. La troisième fois, en juin 2000, je le vivais tellement mal que je n’arrêtais pas de pleurer. Et alors que j’avais vraiment besoin de lui, il décide de partir une nouvelle fois en voyage, aux Antilles. Me laissant dans la seule compagnie de mes deux chats. Avec ma tristesse , ma solitude.
Un soir , je l’appelle à Saint-Domingue, ça allait mal, je lui dis: « je n’en peux plus , je te quitte. » Il me répond: « arrête tes caprices ! » Je raccroche. Je pars . Le jour de son retour, je vais quand même l’acceuillir. Il était six heures du matin , j ’étais devant l’immeuble. Il sort du taxi, il me voit. Il avait un regard comme il n’avait jamais eu, très aimant, comme si la peur que je le quitte , d’un seul coup le faisait m’aimer . « Je ne veux pas que tu partes », me dit- il « Mais je suis déjà partie ». « Je ne peux pas vivre sans toi. Donnes-moi encore une chance …..» Je l’ ai accompagné a l’appartement. Quand il a vu que j’avais pris toutes mes affaires, mes objets, mes vêtements d’été et d’hiver, il a pété un câble. « Tu n’ es plus la femme que j’aimais. Ce mariage a été une erreur. Fiches le camp ! ».
Les semaines qui ont suivi, c’est devenu très douloureux. Il essayait de me rattraper, il m’envoyait des roses rouges. Un soir, je cède, je reviens, nous refaisons l’amour. Il me disait qu’il m’aimait, qu’il souffrait. Ca a été la dernière fois, après chacun a pris un avocat, il est devenu carrément odieux et ça a été une terrible bagarre, notamment pour des petites cuillères en argent qu’il m’ accusait de lui avoir volées. Et puis , un jour je tombe sur des photos de lui nu, en train de nager aux Antilles, avec un autre homme. Il n’y avait plus d’ équivoque. Mais bien sur, il était gay! Il s’était bien foutu de moi!
Je pose des questions autour de moi. « Tu sais au journal tout le monde savait qu’il était homo…» me dit –on. Mais alors pourquoi ne m’avait-on rien dit à moi ? Je me sentais la cruche de service, la naïve, la pauvre fille.
J’ai rencontré celui qui est actuellement mon mari deux mois après notre séparation. En Novembre 2000. Pendant le divorce, il était là, avec moi, tout le temps . Il me soutenait. Un homme splendide. Trois ans de moins que moi. Vraiment intelligent, lui. Avec l’intelligence du cœur.
Quand tout ça a été fini, il m’a offert une magnifique bague de fiançailles. Maintenant, il dirige une société de conseil, il a un super salaire, mais à ce moment-là, il finissait son service militaire, il n’avait pas un sou.
On s’est mariés en 2003, à la mairie. J’ai arrêté la pilule.Trois mois après, j’étais enceinte. J’ai revendu sur E-Bay la robe blanche que je portais a mon premier mariage . Je me suis débarrassée de toutes les photos avec lui. J’ai eu deux enfants en trois ans. Une fille puis un garçon et je peux dire qu’ aujourd’hui je suis vraiment heureuse.. D’autant que professionnellement, je réussis très bien.
Aujourd’hui, je dirais que mon premier mari était un homosexuel non déclaré qui voulait faire sa vie comme un hétéro. Et qu’il a tout raté ! Je ne sais pas ce qu’il est devenu et je m’en fous. On me dit qu’il est maintenant complètement homo. Mais qu’il fasse ce qu’il veut!
Cette histoire, mon mari et moi , maintenant on en rit. Mais je vous assure, ça a été dur. Pendant sept ans, j’ai vraiment porté ma croix.
ELLE. 2007. Propos receuillis par Antoine Silber
mardi 5 février 2008
C'est mon histoire : « entre les trois mon coeur balance"
Elle ne peut pas se passer de Simon, son amant. Ni de d’ Arnaud, son « coup de foudre »….Le problème c’est qu’elle est mariée avec Pierre-André et qu’elle ne veut pas divorcer . Plongée dans l’adultère jusqu’au cou, Corinne, 38 ans, ne sait plus comment en sortir.
Je m’étais toujours dit que je ne mettrais jamais en péril mon couple avec des aventures. Et voilà que je suis plongée dans l’adultère jusqu’au cou …
Je suis mariée depuis quinze ans. J’habite un petit village à dix kilomètres d’une grande métropole de province. J'ai une vie professionnelle très remplie, intéressante socialement. Je suis commerciale
dans l’immobilier depuis 1995, fidèle au même patron, un des plus prestigieux employeurs du secteur. J'ai 2 magnifiques enfants, un fils en CM1, une fille en CE1. Et un mari que j’aime. Mais j’ai aussi deux amants et ma vie est devenue si compliquée que je me sens complètement perdue.
J’ai connu mon mari très tôt. A 17 ans. Je suis partie rapidement de la maison, mon père était strict, trop rigide. De 1992 où je l’ai épousé Pierre-André à novembre 2002, il n’y a eu que lui. J’aimais vivre en couple, je m’interdisais toute aventure. Mais mon fils est né et ça a été une révolution. J’avais 28 ans. Soudain, j’en avais marre d’être dans le moule, d’être la bonne fille , la bonne épouse , la bonne mère. La femme modèle. Je voulais vivre plus pour moi. Pierre-André était d’une jalousie maladive . Chaque fois que j’allais a un dîner ou que j’avais un déplacement, c’était de terribles crises de jalousie. Comme du harcèlement Deux ans après ,on était en 200O, ma fille est née. Je me suis un peu calmée. Mais le fait que je travaille , dans un milieu d’hommes surtout, continuait a poser un problème à Pierre-André. Comme s’il craignait de perdre le contrôle de notre vie...
J’ai toujours mieux réussi que mon mari . Il est dans la vente aussi.En apparence, c’est un homme sûr de lui. Il est beau. Il plait beaucoup. Mais il n’est pas stable. Il a connu plusieurs boites. L’an dernier, il était encore aux assedic pendant 5 mois. Dans mon milieu , les gens ont beaucoup d’aventures . Je lui racontais les autres couples, les coucheries autour de moi, ce qui se passait dans mon travail a moi. Je n’aurais pas dû , ça le faisait encore plus gamberger . Il s’imaginait le pire et forcément, le pire est arrivé.
Simon est plutôt petit, très maigre, le front dégarni . Il est largement moins bien physiquement que Pierre André…. On travaillait ensemble. Lui à Paris , moi dans ma ville. Mais toujours en lien , au téléphone ou par mails. Très pro et très complices . En janvier 2003, pendant un séminaire de travail, on se retrouve dans une chambre d’ hôtel et c’est le début d'une passion amoureuse qui depuis n’a jamais cessé. Il est marié lui aussi. Il connaît tout de ma vie. Je connais tout de la sienne. Entre nous, jamais une engueulade. Ce qui est étrange, c’est que c’est avec mon mari que les relations sont passionnelles. Avec Simon, c’est serein, reposant , agréable. Enrichissant.
En 2004, j’étais toujours aussi folle de lui, comme droguée au sexe, dopée aux émotions. Et c’est a ce moment là que j’ai eu cette autre aventure avec Arnaud ….C’était à une soirée, un dîner, une tres grosse opération de notre société. Homard . Champagne .ETc. Et lui, là, en face de moi . Cet homme très blond , les yeux très verts. Il s’appelait Arnaud . Je le regardais . Je degoulinais de désir . Un coup de foudre . Un truc physique qui m’empéchait soudain de réfléchir. Complètement incontrolable . Simon et Pierre-André n’existaient plus. Je me suis laissée embarquer. J'ai passé une nuit folle, magique. Pierre-André essayait de me joindre, je m’en foutais.
Je suis rentrée au petit matin , je n’avais encore jamais découchée. Il était inquiet, il n’avait pas dormi de la nuit. J’arrive. Un signal sur mon portable. J’avais déjà un SMS d’Arnaud: « c’était fabuleux.Tu me manques déjà ». J’ai tout dit à Pierre-André . Tout. Enfin, ce qui venait de se passer, pas mon histoire avec Simon ! Il s’est mis en colère et la crise a duré jusqu’au jusqu’en août. J’ai revu Arnaud. Tout le monde autour de moi l’a su . Mes parents avaient peur qu’on se sépare mais ils ne m’ont à aucun moment jugée, condamnée. « Tu dois avoir tes raisons ». Mon père était si ému . Il m’a dit des choses très personnelles qui m’ont touchée. Et puis peut a peu tout est rentré dans l’ordre. Si l’on peut dire.
Pierre-André, mon mari ne savait rien de mon histoire avec Simon. Aujourd’hui encore, il n’est pas au courant….. En 2004, au moment d’Arnaud , j’ai eu envie de tout lui dire ,de tout lâcher. Impossible . On a beaucoup parlé mais pas de ça. Il est allé voir quelqu’un, un psy . Moi je parlais aussi avec Simon. Comme je le dis , lui c’est ma bouée de sauvetage. Il comprend tout. Il ne me demande rien , sinon d’être là… Si aujourd’hui je lui disais : « On part ensemble, tu es d’accord ? « Il viendrait. Il me le répète souvent.
J’ai déjà envisagé de quitter Pierre-André bien sûr , mais je ne peux pas, tout simplement pas, imaginer une séparation . Je crois au couple, à la famille . La vie est remplie de gens qui se séparent .Moi je ne veux pas vivre ça. Je veux tenir . Même si c’est dur . Même si parfois Simon ne suffit plus non plus et que je vais retrouver Arnaud. Même si je vis tout ça mal , que souvent je me sens sale. J’ai honte. Oui j’ai honte parfois . Je ne me sens pas a la hauteur des espérances que j’avais mises dans ma vie.
J’ai 38 ans. Pierre André, 40 dans quelques jours. Je ne veux pas détruire tout ce qu’on a construit ensemble . Ma famille. Mon rêve. Simon me comprend. Il me propose qu’on vive tout ça sereinement. J’aimerais mais je suis une affective et c’est si compliqué de toujours mentir . C e secret est si lourd ! Tout dire à Pierre-André pour Simon ? Il ne le supporterait pas ! Il m’a pardonné l’histoire Arnaud , il est moins jaloux maintenant , il me laisse plus de liberté et notre couple est différent de qu’il était avant. Plus solide , je crois . Mais je ne veux pas risquer de repartir dans la crise. Alors , daccord , je pourrais me dire que c’est une chance pour moi de vivre entre deux hommes très amoureux . Deux types bien . Et un autre Arnaud, mon coup de foudre, que je ne peux pas m’empêcher non plus de voir de temps en temps, sans que ça prête a conséquence. Je me dis ça mais juste après je regarde Pierre -André . Il est tellement entier lui, tellement peu dans la duplicité . Ce n’est pas possible , je ne veux plus le faire souffrir . Aujourd’hui entre nous la confiance est restée . Ou alors si elle était partie a un moment, elle est revenue. Est ce qu’ il s’inquiète encore? En tous cas il ne me le dit pas . Il prend sur lui. Autant a l’époque où il était si jaloux que c’en était insupportable , ça ne m’aurait pas génée de le faire souffrir, autant maintenant, non . Il s’est remis en question, il a fait des efforts. Il cherche tout le temps à ce qu’on soit mieux ensemble . Je ne veux pas casser ça.
J’aimerais revenir à une vie plus tranquille avec lui. Mais est-ce que c’est possible ? Je n’arrive jamais a couper net avec Simon , à me dépatouiller de lui , c’est une vraie torture parfois . Depuis deux semaines , je pense a changer de boulot. Pour ne plus le voir …..Pierre-André a un rêve lui . Qu’on parte habiter dans le sud , travailler là bas . Il aime les sports aquatiques. Il se verrait bien faire du surf le matin avant d’aller au bureau .Partir,c’est peut être une solution. J’hésite . Il m’arrive de me dire aussi que j’ aime cette situation , que je l’ai cherchée que ça met du piment dans ma vie de bobo de province qui autrement en serait sacrément dépourvue . Peut-être même est-ce que je ne pourrais pas vivre sans tous ces hommes autour de moi. Peut-être est-ce que je suis plus attirée par le secret que je ne le crois . Que c’est cela qui m’émeut, qui m’excite. La transgression. L’interdit. Les rendez vous furtifs. Cette vie parallèle dont je ne peux parler à personne .Et ce secret , certains jours , si lourd à porter.
ELLE. 2007. Propos receuillis par Antoine Silber
Je m’étais toujours dit que je ne mettrais jamais en péril mon couple avec des aventures. Et voilà que je suis plongée dans l’adultère jusqu’au cou …
Je suis mariée depuis quinze ans. J’habite un petit village à dix kilomètres d’une grande métropole de province. J'ai une vie professionnelle très remplie, intéressante socialement. Je suis commerciale
dans l’immobilier depuis 1995, fidèle au même patron, un des plus prestigieux employeurs du secteur. J'ai 2 magnifiques enfants, un fils en CM1, une fille en CE1. Et un mari que j’aime. Mais j’ai aussi deux amants et ma vie est devenue si compliquée que je me sens complètement perdue.
J’ai connu mon mari très tôt. A 17 ans. Je suis partie rapidement de la maison, mon père était strict, trop rigide. De 1992 où je l’ai épousé Pierre-André à novembre 2002, il n’y a eu que lui. J’aimais vivre en couple, je m’interdisais toute aventure. Mais mon fils est né et ça a été une révolution. J’avais 28 ans. Soudain, j’en avais marre d’être dans le moule, d’être la bonne fille , la bonne épouse , la bonne mère. La femme modèle. Je voulais vivre plus pour moi. Pierre-André était d’une jalousie maladive . Chaque fois que j’allais a un dîner ou que j’avais un déplacement, c’était de terribles crises de jalousie. Comme du harcèlement Deux ans après ,on était en 200O, ma fille est née. Je me suis un peu calmée. Mais le fait que je travaille , dans un milieu d’hommes surtout, continuait a poser un problème à Pierre-André. Comme s’il craignait de perdre le contrôle de notre vie...
J’ai toujours mieux réussi que mon mari . Il est dans la vente aussi.En apparence, c’est un homme sûr de lui. Il est beau. Il plait beaucoup. Mais il n’est pas stable. Il a connu plusieurs boites. L’an dernier, il était encore aux assedic pendant 5 mois. Dans mon milieu , les gens ont beaucoup d’aventures . Je lui racontais les autres couples, les coucheries autour de moi, ce qui se passait dans mon travail a moi. Je n’aurais pas dû , ça le faisait encore plus gamberger . Il s’imaginait le pire et forcément, le pire est arrivé.
Simon est plutôt petit, très maigre, le front dégarni . Il est largement moins bien physiquement que Pierre André…. On travaillait ensemble. Lui à Paris , moi dans ma ville. Mais toujours en lien , au téléphone ou par mails. Très pro et très complices . En janvier 2003, pendant un séminaire de travail, on se retrouve dans une chambre d’ hôtel et c’est le début d'une passion amoureuse qui depuis n’a jamais cessé. Il est marié lui aussi. Il connaît tout de ma vie. Je connais tout de la sienne. Entre nous, jamais une engueulade. Ce qui est étrange, c’est que c’est avec mon mari que les relations sont passionnelles. Avec Simon, c’est serein, reposant , agréable. Enrichissant.
En 2004, j’étais toujours aussi folle de lui, comme droguée au sexe, dopée aux émotions. Et c’est a ce moment là que j’ai eu cette autre aventure avec Arnaud ….C’était à une soirée, un dîner, une tres grosse opération de notre société. Homard . Champagne .ETc. Et lui, là, en face de moi . Cet homme très blond , les yeux très verts. Il s’appelait Arnaud . Je le regardais . Je degoulinais de désir . Un coup de foudre . Un truc physique qui m’empéchait soudain de réfléchir. Complètement incontrolable . Simon et Pierre-André n’existaient plus. Je me suis laissée embarquer. J'ai passé une nuit folle, magique. Pierre-André essayait de me joindre, je m’en foutais.
Je suis rentrée au petit matin , je n’avais encore jamais découchée. Il était inquiet, il n’avait pas dormi de la nuit. J’arrive. Un signal sur mon portable. J’avais déjà un SMS d’Arnaud: « c’était fabuleux.Tu me manques déjà ». J’ai tout dit à Pierre-André . Tout. Enfin, ce qui venait de se passer, pas mon histoire avec Simon ! Il s’est mis en colère et la crise a duré jusqu’au jusqu’en août. J’ai revu Arnaud. Tout le monde autour de moi l’a su . Mes parents avaient peur qu’on se sépare mais ils ne m’ont à aucun moment jugée, condamnée. « Tu dois avoir tes raisons ». Mon père était si ému . Il m’a dit des choses très personnelles qui m’ont touchée. Et puis peut a peu tout est rentré dans l’ordre. Si l’on peut dire.
Pierre-André, mon mari ne savait rien de mon histoire avec Simon. Aujourd’hui encore, il n’est pas au courant….. En 2004, au moment d’Arnaud , j’ai eu envie de tout lui dire ,de tout lâcher. Impossible . On a beaucoup parlé mais pas de ça. Il est allé voir quelqu’un, un psy . Moi je parlais aussi avec Simon. Comme je le dis , lui c’est ma bouée de sauvetage. Il comprend tout. Il ne me demande rien , sinon d’être là… Si aujourd’hui je lui disais : « On part ensemble, tu es d’accord ? « Il viendrait. Il me le répète souvent.
J’ai déjà envisagé de quitter Pierre-André bien sûr , mais je ne peux pas, tout simplement pas, imaginer une séparation . Je crois au couple, à la famille . La vie est remplie de gens qui se séparent .Moi je ne veux pas vivre ça. Je veux tenir . Même si c’est dur . Même si parfois Simon ne suffit plus non plus et que je vais retrouver Arnaud. Même si je vis tout ça mal , que souvent je me sens sale. J’ai honte. Oui j’ai honte parfois . Je ne me sens pas a la hauteur des espérances que j’avais mises dans ma vie.
J’ai 38 ans. Pierre André, 40 dans quelques jours. Je ne veux pas détruire tout ce qu’on a construit ensemble . Ma famille. Mon rêve. Simon me comprend. Il me propose qu’on vive tout ça sereinement. J’aimerais mais je suis une affective et c’est si compliqué de toujours mentir . C e secret est si lourd ! Tout dire à Pierre-André pour Simon ? Il ne le supporterait pas ! Il m’a pardonné l’histoire Arnaud , il est moins jaloux maintenant , il me laisse plus de liberté et notre couple est différent de qu’il était avant. Plus solide , je crois . Mais je ne veux pas risquer de repartir dans la crise. Alors , daccord , je pourrais me dire que c’est une chance pour moi de vivre entre deux hommes très amoureux . Deux types bien . Et un autre Arnaud, mon coup de foudre, que je ne peux pas m’empêcher non plus de voir de temps en temps, sans que ça prête a conséquence. Je me dis ça mais juste après je regarde Pierre -André . Il est tellement entier lui, tellement peu dans la duplicité . Ce n’est pas possible , je ne veux plus le faire souffrir . Aujourd’hui entre nous la confiance est restée . Ou alors si elle était partie a un moment, elle est revenue. Est ce qu’ il s’inquiète encore? En tous cas il ne me le dit pas . Il prend sur lui. Autant a l’époque où il était si jaloux que c’en était insupportable , ça ne m’aurait pas génée de le faire souffrir, autant maintenant, non . Il s’est remis en question, il a fait des efforts. Il cherche tout le temps à ce qu’on soit mieux ensemble . Je ne veux pas casser ça.
J’aimerais revenir à une vie plus tranquille avec lui. Mais est-ce que c’est possible ? Je n’arrive jamais a couper net avec Simon , à me dépatouiller de lui , c’est une vraie torture parfois . Depuis deux semaines , je pense a changer de boulot. Pour ne plus le voir …..Pierre-André a un rêve lui . Qu’on parte habiter dans le sud , travailler là bas . Il aime les sports aquatiques. Il se verrait bien faire du surf le matin avant d’aller au bureau .Partir,c’est peut être une solution. J’hésite . Il m’arrive de me dire aussi que j’ aime cette situation , que je l’ai cherchée que ça met du piment dans ma vie de bobo de province qui autrement en serait sacrément dépourvue . Peut-être même est-ce que je ne pourrais pas vivre sans tous ces hommes autour de moi. Peut-être est-ce que je suis plus attirée par le secret que je ne le crois . Que c’est cela qui m’émeut, qui m’excite. La transgression. L’interdit. Les rendez vous furtifs. Cette vie parallèle dont je ne peux parler à personne .Et ce secret , certains jours , si lourd à porter.
ELLE. 2007. Propos receuillis par Antoine Silber
C'est mon histoire : « Ma psy m’a sauvé la vie… »
C’était il y a trois ans: Sonia, maigrissait et dépérissait sans arriver à comprendre ce qui n’allait pas dans sa vie. Et puis elle a rencontré Marie, une psychiatre avec qui elle a fait une thérapie. Aujourd’hui, elle a trente-cinq ans et elle va bien . Elle raconte .
Elle s'appelle Marie. Elle est psychiatre. Sans elle, je ne serais plus là.
La première fois que je suis entrée dans son cabinet, j'étais en vrac. J’avais 32 ans . J’étais assistante sociale. J’avais ma maison. Apparemment, tout allait bien. Pourtant je ne supportais plus ma vie. Mes deux meilleures amies se mariaient. En face de leur projet couple-famille-bébé, je me sentais encore plus seule. Pour moi l’anorexie était une forme de réponse, de protestation. Je ne pesais plus que 45 kilogs. J'avais des insomnies épouvantables. Le visage vide. J’étais déjà allé voir un psy, un homme. Au bout de trois séances, j’avais arrêté. Je n’avais pas l’impression qu’il entendait ma souffrance. Le jour de la Saint-Valentin, j’ai fait un malaise en pleine rue. J’entendais les passants autour crier : « Le samu ! Le samu ! » Je me disais: enfin, on va s’occuper de moi. Je me suis reveillée à l’hôpital. Dans une chambre toute blanche, monacale. A ma gauche, une perf’. A ma droite, un electrocardiogramme. C’est là que tout s’est joué. En une seconde. Je me suis dit: ou je me laisse couler ou je me bats. Et j’ai choisi le camp de la vie.
Tout ça se passait il y a trois ans. Après l’hôpital, je n’avais plus le choix, il fallait que j’entame une thérapie. Je me suis retrouvée en face de Marie un vendredi soir, à 18 heures. Je vis dans l’Est de la France , un pays de montagne. Elle habitait à une heure de voiture de chez moi. C’était loin. Marie est une femme élégante, aux cheveux courts. Blonde . Avec des lunettes. Dans les 40,45 ans. Dés que je l’ai vue, je me suis sentie à l’aise. « Qu’est-ce- qui vous amène ? » « Ca ne va pas mais je ne sais pas pourquoi…» Je lui ai dit que j’étais ce genre de fille qu’on vient toujours voir pour lui demander un service et qu’on vampirise parce qu’elle ne sait pas dire non . Je lui ai dit que je ne rencontrais que des hommes qui me manipulaient , m’ humiliaient ou me trompaient. Je lui ai dit que je me sentais anormale parce que je ne voulais pas d’ enfant. En une demi-heure, je lui ai tout balancé. Mon père de qui je me sentais si proche mais qui m’envahissait. Ma mère que j’adorais mais qui ne m’avait jamais embrassée. A la fin, elle m’a dit: « écoutez on va détricoter tout ça… »
Je suis sortie de son bureau soulagée. Je me disais:« Ca y est, il va enfin se passer quelque chose. »
Je ne me sentais entendue. Et pas jugée. Je la retrouvais tous les vendredi soirs à 18 heures. J’étais sa dernière patiente de la semaine . Avec elle, j’ai commencé à décrypter mes comportements, à mieux écouter mon corps. J’avais tout le temps mal au ventre. La première fois que je lui ai parlé de ça, elle m’a dit : « rappelez vous: tu enfanteras dans la douleur… ». Je découvrais que je ne m’ étais jamais autorisée à avancer mes goûts,mes points de vue,à affirmer mes ambitions, . J’avais étouffé toutes mes envies,mes désirs,mes rêves . J’avais tout le temps nié mes émotions. Et , pour quoi? Pour être aimée!!!! Je me racontais devant elle et au fur et a mesure je me sentais devenir plus intelligente. C’était dur parfois . Mais elle était là et me rassurait. Elle me disait que j’étais sur la bonne voie .
J’ai commencé a re-manger. J’ai peu à peu repris du plaisir a croquer du chocolat. Je me suis autorisée à prendre du temps pour moi. A voyager. Je suis allée au Maroc. C’était mon premier voyage seule . Je suis allé a la Guadeloupe, de nouveau seule. Là , je me suis fait des amis. Un couple de l’âge de mes parents, des gens qui sont maintenant un peu comme mes deuxièmes parents. Je suis allée en Crète.
C’est la première année qui a été importante. Au boulot, avec mes amis, l’évolution était flagrante. La preuve : au bout de 18 mois, j’ai rencontré un homme . A la seconde où je ‘lai vu, j’ai su. Il était marié , mais je l’ai tout de même laissé m’approcher alors qu’avant quand quelqu’un me plaisait, je me drapais dans mes grands airs. Avec lui j’arrivais à exprimer mes sentiments , à dire: «tu me manques ». C’était nouveau. De l'amour, je ne connaissais jusque-là que la peur, la souffrance, l'attente, la frustration. Il a tout bousculé. Il a été celui qui a su m'émouvoir. Je me suis retrouvée nue devant lui,vulnérable, et pourtant si forte déjà. Il me révélait mon besoin d’être caressée , cajolée, embrassée. C’ était quelqu’un de tendre. Avec lui, j'ai pu commencer à m'octroyer du plaisir. Je parle de lui au passé parce qu’il était pris, qu’il a bien fallu que nous nous quittions. Mais ca s’est fait dans le respect . Dans l’honnèteté. Et ça m’a fait émerger un désir d’enfant très nouveau.
En trois ans je n’ai manqué aucun rendez vous avec Marie. Parfois elle me bousculait. Elle m’ incitait à me mettre en colère, à ne pas me laisser faire. Quand je revenais chez moi, le soir , après ma séance, souvent je sanglotais, seule , dans la nuit , sur ma route de montagne , au volant de ma voiture. Parce que je me comprenais de mieux en mieux. J’arrivais enfin à mettre des mots sur ma souffrance. J'ai beaucoup pleuré, c’est sûr . Mais j'ai ri, aussi. Comme je ne l'avais jamais fait. Un rire authentique. A un moment , comme ça, je n’ai plus pu communiquer avec ma mère . Un vrai rejet. Mon père m’appelait « ta mère veut te voir, elle n’est pas bien » me disait-il. « Moi pas ! »je lui répondais méchamment. Un jour ,après une reflexion que mon père m’a faite , je lui ai dit « merde » .Pour la première fois de ma vie. J’avais attendu toutes ces années pour pouvoir m’affirmer en face de lui.
Maintenant je vais bien. J’ai retrouvé un ami dont je crois que je suis en train de tomber amoureuse. Quand je lai revu, il m’a dit : « c’est incroyable comme tu as changée .. » Je lui ai répondu : « Non je n’ai pas changée , je me suis trouvée » « C’est vrai, tu es la même . Et en même temps tu es devenue une autre … » Il me plait tellement . Lui aussi fait une thérapie , c’est peut-être pour ça qu’on se comprend…. Aujourd’hui je me sens prète. A partager ma vie avec quelqu’un . Comme à porter un enfant. Finalement, je crois que c’était plutôt bien que je n’ai pas eu envie d‘enfant plus tôt. Je lui aurais sûrement transmis toutes mes douleurs, et toutes les douleurs de ma mère. C’est ce que j’ai découvert avec Marie. Ce lien névrotique que j’entretenais avec elle. Ma mère a vécu des choses dures . Elle avait 17 ans quand elle est tombée enceinte de moi. Ses parents l’ont jetée de chez eux et elle a dù trouver refuge chez les parents mon père. Ce traumatisme qu’elle a enduré , cette douleur, cette honte autour de ma naissance, je crois que je les avais intériorisés . Quand j’étais petite , ma mère ne m’embrassait jamais . Elle ne me faisait pas de calin non plus. Quand j’étais malade, c’est mon père qui était là , toujours là, à mon chevet .Ma mère n’avait jamais été calinée dans son enfance, elle non plus. Ma thérapie nous a permis de parler de tout ça, elle et moi . De nous retrouver . De nous trouver enfin . Maintenant, entre nous, tout est changé. On a appris à faire des choses ensemble , les magasins, du sport . On parle. Elle m’envoie des textos. Des Bisous par téléphone . C’est si nouveau, si bon . A plus de 50 ans , elle revit . En même temps que moi je revis.
Je suis restée trois ans en thérapie. Je voulais arrêter le jour de mon 35 ème anniversaire. Le 3 novembre dernier. Lors de cette dernière séance, j’ai fait avec Marie une sorte de bilan. Elle m’a dit que j’avais été courageuse Je lui ai répondu que j’avais eu de la chance de la trouver.A la fin de la séance, je l’ai sentie émue. Et j’avais envie de pleurer, mais de joie. Je mesurais le chemin parcouru. J’étais passée à coté de moi durant de trop longues années. Grâce a elle, je m’étais rebranchée sur moi . Je m’étais réconciliée avec moi-même.
ELLE . 2007. Propos recueillis par Antoine Silber
Elle s'appelle Marie. Elle est psychiatre. Sans elle, je ne serais plus là.
La première fois que je suis entrée dans son cabinet, j'étais en vrac. J’avais 32 ans . J’étais assistante sociale. J’avais ma maison. Apparemment, tout allait bien. Pourtant je ne supportais plus ma vie. Mes deux meilleures amies se mariaient. En face de leur projet couple-famille-bébé, je me sentais encore plus seule. Pour moi l’anorexie était une forme de réponse, de protestation. Je ne pesais plus que 45 kilogs. J'avais des insomnies épouvantables. Le visage vide. J’étais déjà allé voir un psy, un homme. Au bout de trois séances, j’avais arrêté. Je n’avais pas l’impression qu’il entendait ma souffrance. Le jour de la Saint-Valentin, j’ai fait un malaise en pleine rue. J’entendais les passants autour crier : « Le samu ! Le samu ! » Je me disais: enfin, on va s’occuper de moi. Je me suis reveillée à l’hôpital. Dans une chambre toute blanche, monacale. A ma gauche, une perf’. A ma droite, un electrocardiogramme. C’est là que tout s’est joué. En une seconde. Je me suis dit: ou je me laisse couler ou je me bats. Et j’ai choisi le camp de la vie.
Tout ça se passait il y a trois ans. Après l’hôpital, je n’avais plus le choix, il fallait que j’entame une thérapie. Je me suis retrouvée en face de Marie un vendredi soir, à 18 heures. Je vis dans l’Est de la France , un pays de montagne. Elle habitait à une heure de voiture de chez moi. C’était loin. Marie est une femme élégante, aux cheveux courts. Blonde . Avec des lunettes. Dans les 40,45 ans. Dés que je l’ai vue, je me suis sentie à l’aise. « Qu’est-ce- qui vous amène ? » « Ca ne va pas mais je ne sais pas pourquoi…» Je lui ai dit que j’étais ce genre de fille qu’on vient toujours voir pour lui demander un service et qu’on vampirise parce qu’elle ne sait pas dire non . Je lui ai dit que je ne rencontrais que des hommes qui me manipulaient , m’ humiliaient ou me trompaient. Je lui ai dit que je me sentais anormale parce que je ne voulais pas d’ enfant. En une demi-heure, je lui ai tout balancé. Mon père de qui je me sentais si proche mais qui m’envahissait. Ma mère que j’adorais mais qui ne m’avait jamais embrassée. A la fin, elle m’a dit: « écoutez on va détricoter tout ça… »
Je suis sortie de son bureau soulagée. Je me disais:« Ca y est, il va enfin se passer quelque chose. »
Je ne me sentais entendue. Et pas jugée. Je la retrouvais tous les vendredi soirs à 18 heures. J’étais sa dernière patiente de la semaine . Avec elle, j’ai commencé à décrypter mes comportements, à mieux écouter mon corps. J’avais tout le temps mal au ventre. La première fois que je lui ai parlé de ça, elle m’a dit : « rappelez vous: tu enfanteras dans la douleur… ». Je découvrais que je ne m’ étais jamais autorisée à avancer mes goûts,mes points de vue,à affirmer mes ambitions, . J’avais étouffé toutes mes envies,mes désirs,mes rêves . J’avais tout le temps nié mes émotions. Et , pour quoi? Pour être aimée!!!! Je me racontais devant elle et au fur et a mesure je me sentais devenir plus intelligente. C’était dur parfois . Mais elle était là et me rassurait. Elle me disait que j’étais sur la bonne voie .
J’ai commencé a re-manger. J’ai peu à peu repris du plaisir a croquer du chocolat. Je me suis autorisée à prendre du temps pour moi. A voyager. Je suis allée au Maroc. C’était mon premier voyage seule . Je suis allé a la Guadeloupe, de nouveau seule. Là , je me suis fait des amis. Un couple de l’âge de mes parents, des gens qui sont maintenant un peu comme mes deuxièmes parents. Je suis allée en Crète.
C’est la première année qui a été importante. Au boulot, avec mes amis, l’évolution était flagrante. La preuve : au bout de 18 mois, j’ai rencontré un homme . A la seconde où je ‘lai vu, j’ai su. Il était marié , mais je l’ai tout de même laissé m’approcher alors qu’avant quand quelqu’un me plaisait, je me drapais dans mes grands airs. Avec lui j’arrivais à exprimer mes sentiments , à dire: «tu me manques ». C’était nouveau. De l'amour, je ne connaissais jusque-là que la peur, la souffrance, l'attente, la frustration. Il a tout bousculé. Il a été celui qui a su m'émouvoir. Je me suis retrouvée nue devant lui,vulnérable, et pourtant si forte déjà. Il me révélait mon besoin d’être caressée , cajolée, embrassée. C’ était quelqu’un de tendre. Avec lui, j'ai pu commencer à m'octroyer du plaisir. Je parle de lui au passé parce qu’il était pris, qu’il a bien fallu que nous nous quittions. Mais ca s’est fait dans le respect . Dans l’honnèteté. Et ça m’a fait émerger un désir d’enfant très nouveau.
En trois ans je n’ai manqué aucun rendez vous avec Marie. Parfois elle me bousculait. Elle m’ incitait à me mettre en colère, à ne pas me laisser faire. Quand je revenais chez moi, le soir , après ma séance, souvent je sanglotais, seule , dans la nuit , sur ma route de montagne , au volant de ma voiture. Parce que je me comprenais de mieux en mieux. J’arrivais enfin à mettre des mots sur ma souffrance. J'ai beaucoup pleuré, c’est sûr . Mais j'ai ri, aussi. Comme je ne l'avais jamais fait. Un rire authentique. A un moment , comme ça, je n’ai plus pu communiquer avec ma mère . Un vrai rejet. Mon père m’appelait « ta mère veut te voir, elle n’est pas bien » me disait-il. « Moi pas ! »je lui répondais méchamment. Un jour ,après une reflexion que mon père m’a faite , je lui ai dit « merde » .Pour la première fois de ma vie. J’avais attendu toutes ces années pour pouvoir m’affirmer en face de lui.
Maintenant je vais bien. J’ai retrouvé un ami dont je crois que je suis en train de tomber amoureuse. Quand je lai revu, il m’a dit : « c’est incroyable comme tu as changée .. » Je lui ai répondu : « Non je n’ai pas changée , je me suis trouvée » « C’est vrai, tu es la même . Et en même temps tu es devenue une autre … » Il me plait tellement . Lui aussi fait une thérapie , c’est peut-être pour ça qu’on se comprend…. Aujourd’hui je me sens prète. A partager ma vie avec quelqu’un . Comme à porter un enfant. Finalement, je crois que c’était plutôt bien que je n’ai pas eu envie d‘enfant plus tôt. Je lui aurais sûrement transmis toutes mes douleurs, et toutes les douleurs de ma mère. C’est ce que j’ai découvert avec Marie. Ce lien névrotique que j’entretenais avec elle. Ma mère a vécu des choses dures . Elle avait 17 ans quand elle est tombée enceinte de moi. Ses parents l’ont jetée de chez eux et elle a dù trouver refuge chez les parents mon père. Ce traumatisme qu’elle a enduré , cette douleur, cette honte autour de ma naissance, je crois que je les avais intériorisés . Quand j’étais petite , ma mère ne m’embrassait jamais . Elle ne me faisait pas de calin non plus. Quand j’étais malade, c’est mon père qui était là , toujours là, à mon chevet .Ma mère n’avait jamais été calinée dans son enfance, elle non plus. Ma thérapie nous a permis de parler de tout ça, elle et moi . De nous retrouver . De nous trouver enfin . Maintenant, entre nous, tout est changé. On a appris à faire des choses ensemble , les magasins, du sport . On parle. Elle m’envoie des textos. Des Bisous par téléphone . C’est si nouveau, si bon . A plus de 50 ans , elle revit . En même temps que moi je revis.
Je suis restée trois ans en thérapie. Je voulais arrêter le jour de mon 35 ème anniversaire. Le 3 novembre dernier. Lors de cette dernière séance, j’ai fait avec Marie une sorte de bilan. Elle m’a dit que j’avais été courageuse Je lui ai répondu que j’avais eu de la chance de la trouver.A la fin de la séance, je l’ai sentie émue. Et j’avais envie de pleurer, mais de joie. Je mesurais le chemin parcouru. J’étais passée à coté de moi durant de trop longues années. Grâce a elle, je m’étais rebranchée sur moi . Je m’étais réconciliée avec moi-même.
ELLE . 2007. Propos recueillis par Antoine Silber
C'est mon histoire : « Mon amoureux en garde alternée ! »
Entre Pauline, 34 ans et Lucas, 37, ça n’allait plus du tout. Mais pour autant, ils ne voulaient pas se quitter. Alors pour préserver leur couple, ils ont inventé un système bien à eux: ils ne se voient plus qu’une semaine sur deux !
C’était un matin. On était dans la cuisine, on venait de s’engueuler. Il a reposé son bol de café, il m’a regardée et m’a dit: « Tu sais Pauline, j’ai bien réfléchi. Décidément que je n’aime pas l’homme que je suis devenu. » Là, il s’est arrêté , il a baissé la tête avant d’ ajouter: « Toi tu es quelqu’un de trop bien. Et moi, moi….Il ne faudrait pas qu’on se gâte, on mérite quand même mieux que ça tous les deux ! » C’est vrai , je ne le supportais plus , je ne me supportais plus moi non plus :je me trouvais revêche, désagréable. Il avait raison, il fallait qu’on trouve une solution. Si on continuait dans cette routine, dans le manque de désir , la frustration permanente, notre couple était foutu. C’est ce matin-là qu’on a vraiment commencé à réfléchir à la meilleure façon de le préserver.
Dans notre vie, en fait, ça se passait super bien tant qu’on n’habitait pas ensemble . Au début… Ca avait duré un an et demi, entre 1999 et 200O. Et puis j’étais tombée enceinte de Barthélémy . Il y avait eu notre installation avenue René Coty, dans le 14 ème. La naissance. Après, l’envie de faire l’amour avait complètement disparu. Il y avait eu les années crèche, puis l’entrée en maternelle, on ne cherchait plus du tout à se séduire, comme s’il n’y avait plus de désir. Je me disais : « je suis en train de le perdre » Il ne s’intéressait plus qu’ à Barth, ils formaient une sorte de clan tous les deux. Je rentrais le soir, ils étaient ensemble devant la télé , avachis dans le canapé. J’aurais aimé que Lucas me voit, qu’il me serve un verre. Mais non ! Je me vivais comme une exclue chez moi. Du coup, je lui parlais mal: « tu n’as rien d’autre à foutre que de regarder la télé ? » Et lui, pas mieux: « la télé c’est mon instrument de travail. tu ne peux pas comprendre ça ?»
Lucas et moi, on a des goûts, des rythmes diamétralement opposés. Lui, c’est un lent, un artiste, un procrastinateur. Moi je suis organisée, hyperactive , assez psycho-rigide. Il crée des sites Internet, il travaillait à la maison. Dans son bureau toujours en désordre , il y avait cinq ordinateurs. Il ne prévoyait jamais rien . Par exemple, je partais en déplacement , je revenais il n’y avait plus rien dans le frigo , plus de yaourts , plus d e pain en tranches . Moi j’aime que le frigo soit plein, ça me rassure. Je lui faisais remarquer qu’il n’avait pas fait les courses , il me répondait :« tu m’emmerdes avec tes reproches. » J’étais dans l’énervement permanent. Un jour il a dit : « j’en ai marre, je me casse. » Il a pris un de ses ordinateurs portables et il est parti 8 jours chez un copain réalisateur à la télé .
C’était l’an dernier , Barthélémy était encore a la maternelle. Pendant ces 8 jours , je n’ai jamais été aussi bien. Je me sentais soulagée. Je me regardais dans la glace , je me trouvais plus jolie . Je sortais au restaurant avec Marianne, ma meilleure amie , elle me disait : « mais quitte-le ». Moi : « non, Lucas, c’est mon homme !» N’empêche sans lui, j’étais plus cool. Il est revenu , son fils lui manquait trop. Il était un peu penaud, et moi, quand même bien contente.
Quand on est énervé par quelqu’un, il ne faut pas croire que ça va s’arranger. Ca ne s’arrange jamais . J’ai beaucoup réfléchi à tout ce qui nous énerve, je crois que je pourrais écrire une thèse: L’énervement dans le couple ; l’énervement des enfants ; l’énervement en famille… Donc l’énervement a continué. Et trois mois après bien sûr , il est reparti. Cette fois complètement . Il a loué un appartement tout prés de l’école de Barthélémy. Rue d’Alésia . Un studio. On était en mai 2006, il venait de toucher les dividendes d’un gros contrat, plus une avance sur le suivant. Au bout d’un mois, il me manquait tellement, j’avais envie qu’ il me touche, j’avais envie de retrouver son corps,de le sentir, qu’il me prenne, à sa manière : si lente, si douce, qu’il me fasse partir, comme si on dansait la samba.
On a décidé de partir ensemble en vacances,. L’été ,tout va toujours bien entre nous, je ne sais pas pourquoi, l’absence de stress, la chaleur…. On est allés à Hossegor et ça s’est génialement passé. A la rentrée, on a eu une grande discussion. Barthélémy ne posait aucun problème. Il entrait au CP, tout allait bien . Non, c’était nous le problème , comment rester ensemble tout en étant séparés? Pas question de se quitter, on continuait. Mais pas question non plus que rien ne change. On a décidé de ne plus dormir ensemble qu’ une semaine sur deux.
On a mis plusieurs semaines à mettre au point notre nouvelle vie. Ce serait lui qui viendrait dormir chez moi plutôt que l’inverse. Il serait une semaine chez moi, l’autre semaine dans son studio. Barthélémy serait avec moi en semaine et avec son père tous les week-ends. Moi , je travaille beaucoup , j’aime être seule le week-end , au calme. Je me fais un ciné le samedi. Ou deux a la file, ça j’adore.
On a donc inventé les semaines « avec » et les semaines « sans » . Les semaines « avec » , il est là et c’est génial . On est tous les trois comme avant. Sauf qu’ au bout de cinq, six jours , juste avant qu’on commence à s’énerver, il s’en va , il retourne dans son studio. Et puis les semaines « sans » où on est séparés et où Barthélemy va dormir chez lui le mardi soir. Parce que ces semaines là ,son père lui manque un peu .
On n’est pas dogmatiques: de temps en temps, moi aussi, je m’autorise une nuit chez lui. Je trouve ça exitant, exotique. C’est une liberté. L’autre jour, il m’ a invitée a dîner. Bart’ était chez sa grand ‘mère . Au dessert, ça devenait de plus en plus tendre, j’ai décidé de rester avec lui. Le lendemain, j’ai raconté à Barth que j’ avais dormi chez son père. « Il m’a dit de te faire plein de bisous ! » «Pourquoi il reste pas dormir à la maison papa?» «Ce n’est pas sa semaine et tu vois bien que quand il reste, on s’engueule tout le temps.» « oui, c’est vrai je n’aime pas quand vous vous attrapez!»
Notre grande victoire a été d’arriver à retrouver une vraie harmonie sexuelle .Mais ça a mis du temps…. Un soir, c’était en octobre dernier, il ne venait pas encore une semaine sur deux , il était passé voir Barth. J’avais fait la cuisine, un clafoutis aux prunes , il adore le clafoutis. Je lui ai dit de rester. Il était mignon, il était minuit. « Ca te fait plaisir, t’es sûre ? « « Oui » On n’avait pas fait l’amour depuis les vacances, il s’abandonnait, c’était si bon. J’ai passé la nuit à lui donner de l’ amour. C’est à ce moment- là qu’ on s’est vraiment retrouvés. La semaine d’après, il rapportait ses affaires de toilette et quelques chemises « Je vais être en garde alternée ! » a-t-il dit . C’est lui qui a trouvé la formule.
Ca fait sept mois maintenant et je crois qu’on ne pourrait plus revenir en arrière. Quand on me demande : « alors ta vie , c’est comment ? » Je réponds: « Le rêve. Comme au début. Mieux qu’au début, même…. » On est contents d’avoir réussi à surmonter cette crise , et c’est comme si notre couple s’en trouvait consolidé . Vivre séparément tout en restant ensemble, ça veut dire toujours faire attention à l’autre, ne jamais se perdre de vue, sans cesse se re-séduire , se re-conquérir. S’aimer encore plus, quoi ! Vivre seule, ça ne veut pas dire non plus fréquenter quelqu’un d’autre, moi, je n’ai pas envie d’un autre homme, je ne suis attachée qu’à lui, je n’en veux qu’ à son corps. Et lui n’a personne d’autre non plus , j’en suis a peu prés sûre ….
Tous les deux, on a retrouvé l’enthousiasme d’ être ensemble, la complicité. Le désir. Maintenant on se manque. Quand on ne se voit pas deux jours, il m’envoie des textos, des petits mots. Même quand on n’a rien à se dire , juste pour garder un contact. Un petit contact. Il a beaucoup d’attention, comme ça, de loin. C’est ce que j’aime.
ELLE. 2007. Propos recueillis par Antoine Silber
C’était un matin. On était dans la cuisine, on venait de s’engueuler. Il a reposé son bol de café, il m’a regardée et m’a dit: « Tu sais Pauline, j’ai bien réfléchi. Décidément que je n’aime pas l’homme que je suis devenu. » Là, il s’est arrêté , il a baissé la tête avant d’ ajouter: « Toi tu es quelqu’un de trop bien. Et moi, moi….Il ne faudrait pas qu’on se gâte, on mérite quand même mieux que ça tous les deux ! » C’est vrai , je ne le supportais plus , je ne me supportais plus moi non plus :je me trouvais revêche, désagréable. Il avait raison, il fallait qu’on trouve une solution. Si on continuait dans cette routine, dans le manque de désir , la frustration permanente, notre couple était foutu. C’est ce matin-là qu’on a vraiment commencé à réfléchir à la meilleure façon de le préserver.
Dans notre vie, en fait, ça se passait super bien tant qu’on n’habitait pas ensemble . Au début… Ca avait duré un an et demi, entre 1999 et 200O. Et puis j’étais tombée enceinte de Barthélémy . Il y avait eu notre installation avenue René Coty, dans le 14 ème. La naissance. Après, l’envie de faire l’amour avait complètement disparu. Il y avait eu les années crèche, puis l’entrée en maternelle, on ne cherchait plus du tout à se séduire, comme s’il n’y avait plus de désir. Je me disais : « je suis en train de le perdre » Il ne s’intéressait plus qu’ à Barth, ils formaient une sorte de clan tous les deux. Je rentrais le soir, ils étaient ensemble devant la télé , avachis dans le canapé. J’aurais aimé que Lucas me voit, qu’il me serve un verre. Mais non ! Je me vivais comme une exclue chez moi. Du coup, je lui parlais mal: « tu n’as rien d’autre à foutre que de regarder la télé ? » Et lui, pas mieux: « la télé c’est mon instrument de travail. tu ne peux pas comprendre ça ?»
Lucas et moi, on a des goûts, des rythmes diamétralement opposés. Lui, c’est un lent, un artiste, un procrastinateur. Moi je suis organisée, hyperactive , assez psycho-rigide. Il crée des sites Internet, il travaillait à la maison. Dans son bureau toujours en désordre , il y avait cinq ordinateurs. Il ne prévoyait jamais rien . Par exemple, je partais en déplacement , je revenais il n’y avait plus rien dans le frigo , plus de yaourts , plus d e pain en tranches . Moi j’aime que le frigo soit plein, ça me rassure. Je lui faisais remarquer qu’il n’avait pas fait les courses , il me répondait :« tu m’emmerdes avec tes reproches. » J’étais dans l’énervement permanent. Un jour il a dit : « j’en ai marre, je me casse. » Il a pris un de ses ordinateurs portables et il est parti 8 jours chez un copain réalisateur à la télé .
C’était l’an dernier , Barthélémy était encore a la maternelle. Pendant ces 8 jours , je n’ai jamais été aussi bien. Je me sentais soulagée. Je me regardais dans la glace , je me trouvais plus jolie . Je sortais au restaurant avec Marianne, ma meilleure amie , elle me disait : « mais quitte-le ». Moi : « non, Lucas, c’est mon homme !» N’empêche sans lui, j’étais plus cool. Il est revenu , son fils lui manquait trop. Il était un peu penaud, et moi, quand même bien contente.
Quand on est énervé par quelqu’un, il ne faut pas croire que ça va s’arranger. Ca ne s’arrange jamais . J’ai beaucoup réfléchi à tout ce qui nous énerve, je crois que je pourrais écrire une thèse: L’énervement dans le couple ; l’énervement des enfants ; l’énervement en famille… Donc l’énervement a continué. Et trois mois après bien sûr , il est reparti. Cette fois complètement . Il a loué un appartement tout prés de l’école de Barthélémy. Rue d’Alésia . Un studio. On était en mai 2006, il venait de toucher les dividendes d’un gros contrat, plus une avance sur le suivant. Au bout d’un mois, il me manquait tellement, j’avais envie qu’ il me touche, j’avais envie de retrouver son corps,de le sentir, qu’il me prenne, à sa manière : si lente, si douce, qu’il me fasse partir, comme si on dansait la samba.
On a décidé de partir ensemble en vacances,. L’été ,tout va toujours bien entre nous, je ne sais pas pourquoi, l’absence de stress, la chaleur…. On est allés à Hossegor et ça s’est génialement passé. A la rentrée, on a eu une grande discussion. Barthélémy ne posait aucun problème. Il entrait au CP, tout allait bien . Non, c’était nous le problème , comment rester ensemble tout en étant séparés? Pas question de se quitter, on continuait. Mais pas question non plus que rien ne change. On a décidé de ne plus dormir ensemble qu’ une semaine sur deux.
On a mis plusieurs semaines à mettre au point notre nouvelle vie. Ce serait lui qui viendrait dormir chez moi plutôt que l’inverse. Il serait une semaine chez moi, l’autre semaine dans son studio. Barthélémy serait avec moi en semaine et avec son père tous les week-ends. Moi , je travaille beaucoup , j’aime être seule le week-end , au calme. Je me fais un ciné le samedi. Ou deux a la file, ça j’adore.
On a donc inventé les semaines « avec » et les semaines « sans » . Les semaines « avec » , il est là et c’est génial . On est tous les trois comme avant. Sauf qu’ au bout de cinq, six jours , juste avant qu’on commence à s’énerver, il s’en va , il retourne dans son studio. Et puis les semaines « sans » où on est séparés et où Barthélemy va dormir chez lui le mardi soir. Parce que ces semaines là ,son père lui manque un peu .
On n’est pas dogmatiques: de temps en temps, moi aussi, je m’autorise une nuit chez lui. Je trouve ça exitant, exotique. C’est une liberté. L’autre jour, il m’ a invitée a dîner. Bart’ était chez sa grand ‘mère . Au dessert, ça devenait de plus en plus tendre, j’ai décidé de rester avec lui. Le lendemain, j’ai raconté à Barth que j’ avais dormi chez son père. « Il m’a dit de te faire plein de bisous ! » «Pourquoi il reste pas dormir à la maison papa?» «Ce n’est pas sa semaine et tu vois bien que quand il reste, on s’engueule tout le temps.» « oui, c’est vrai je n’aime pas quand vous vous attrapez!»
Notre grande victoire a été d’arriver à retrouver une vraie harmonie sexuelle .Mais ça a mis du temps…. Un soir, c’était en octobre dernier, il ne venait pas encore une semaine sur deux , il était passé voir Barth. J’avais fait la cuisine, un clafoutis aux prunes , il adore le clafoutis. Je lui ai dit de rester. Il était mignon, il était minuit. « Ca te fait plaisir, t’es sûre ? « « Oui » On n’avait pas fait l’amour depuis les vacances, il s’abandonnait, c’était si bon. J’ai passé la nuit à lui donner de l’ amour. C’est à ce moment- là qu’ on s’est vraiment retrouvés. La semaine d’après, il rapportait ses affaires de toilette et quelques chemises « Je vais être en garde alternée ! » a-t-il dit . C’est lui qui a trouvé la formule.
Ca fait sept mois maintenant et je crois qu’on ne pourrait plus revenir en arrière. Quand on me demande : « alors ta vie , c’est comment ? » Je réponds: « Le rêve. Comme au début. Mieux qu’au début, même…. » On est contents d’avoir réussi à surmonter cette crise , et c’est comme si notre couple s’en trouvait consolidé . Vivre séparément tout en restant ensemble, ça veut dire toujours faire attention à l’autre, ne jamais se perdre de vue, sans cesse se re-séduire , se re-conquérir. S’aimer encore plus, quoi ! Vivre seule, ça ne veut pas dire non plus fréquenter quelqu’un d’autre, moi, je n’ai pas envie d’un autre homme, je ne suis attachée qu’à lui, je n’en veux qu’ à son corps. Et lui n’a personne d’autre non plus , j’en suis a peu prés sûre ….
Tous les deux, on a retrouvé l’enthousiasme d’ être ensemble, la complicité. Le désir. Maintenant on se manque. Quand on ne se voit pas deux jours, il m’envoie des textos, des petits mots. Même quand on n’a rien à se dire , juste pour garder un contact. Un petit contact. Il a beaucoup d’attention, comme ça, de loin. C’est ce que j’aime.
ELLE. 2007. Propos recueillis par Antoine Silber
C'est mon histoire : je me suis mariée avec un sans papiers...
Amoureuse de Santiago , un bel argentin , Sandra , 32 ans, l’avait épousé pour qu’il ait un titre de séjour et qu’il puisse rester en France. Aujourd’hui elle se demande s’il l’a aimée ou tout simplement manipulée.
J’ai rencontré Santiago il y a trois ans, dans des circonstances assez incongrues. Chez une amie, qui l'avait rencontré sur Meetic. Elle l'avait invité à dîner et je devais passer chez elle prendre des pots de peinture. Elle m'a aussi invitée à dîner (c'était une très bonne amie , presque une soeur). Entre eux ce n’était pas ça, je le sentais bien . A un moment, elle va a la cuisine, il me saute dessus, il m’embrasse. « J’en révais depuis que vous êtes arrivée»me dit-il « Bon . Alors on s ’en va. Tu vas m’aider a porter mes pots de peinture…». Il mesurait un mètre 92 , moi je ne fais pas plus d’ un mêtre 60. Il avait trente-cinq ans, moi trente. Je sortais d'une histoire avec un homme beaucoup plus âgé que moi et qui avait du sang kaki dans les veines, un militaire comme mon père. Je venais d’emménager dans un nouvel appart’. Entre nous, ça a été un vrai flash.
Sa peau caramel. Son odeur, je trouvais qu’il sentait le miel . Sa voix. Son accent de dingue. Tout me plaisait en lui . Lorsque je l'ai rencontré, il était en France depuis sept ans, il était venu avec une bourse pour finir sa thèse de psycho. Moi je suis comédienne mais avant j'avais fait un DESS de psychologie clinique, ça nous rapprochait. Nous sommes tombés amoureux ensemble mais nous n'avons jamais vécu ensemble. A ma demande : l’idée du couple m’a toujours fait flipper. On se voyait presque tous les jours et c’était merveilleux . Il me faisait des cadeaux. C’est lui qui m’a abonnée à ELLE par exemple, il savait que j’aimais. A mon anniversaire, il m’a offert trente petits cadeaux planqués dans tout l’appartement et reliés a un fil. Il fallait que je les cherche. Le dernier était dans sa poche : un simple morceau de papier sur lequel il avait écrit: « c’est moi». C’était génial, comment n’aurais-je pas pu tomber amoureuse d’un type comme lui ? C’était un intello pur sucre , un homme brillant intellectuellement mais pas très mur affectivement, comme s’il n’avait aps grandi . Un vrai artiste (avec tout le tourment qui va avec). Cela dit, dés le départ, je le savais incapable de s’engager. Il en parlait. Il était honnète, dans un sens . Le premier livre qu’il m’a offert, c’est « le syndrome de Peter Pan ». Il me l’a tendu. Il m’a dit : « tiens, voilà le mode d’emploi ! ».
En fait, il n’avait déjà plus le statut d’ étudiant. Il s’était faché avec son directeur de thése et se retrouvait donc sans permis de séjour . Il passait ses journées à faire des photos ou dans les bibliothèques à lire les grands auteurs français. Il adorait Paris qui était pour lui une ville mythique. Et pas question qu’il retourne en Argentine malgré son interdiction de travailler. Alors il faisait des remplacements de gardiennage, la nuit, il était payé au noir. Il gagnait peu et moi j’assurais. Je faisais l’infirmière aussi. Il était dépressif, il prenait du prozac. Un jour la question de ses papiers s’est posée. On était en septembre, en vacances à l’ile de Ré, ça faisait six mois qu’on se connaissait. Il me dit: « mon visa a expiré en juillet, j’ai un problème. Pour que je puisse rester, il faudrait qu’on se marie … » Chose inconcevable pour moi,trop engageante, trop importante. Mes parents étaient mariés depuis 40 ans, ça m’impresionnait trop. Il avait déjà été marié , lui .Avec une fille venue d’ Argentine mais qu’il avait rencontrée ici. Une étudiante qu’il avait quittée au bout de trois mois….
Nous nous sommes pourtant mariés, en février 2005, il y a deux ans. Malgré la désapprobation de mes amies, qui me disaient « Tu es en train de te faire pigeonner ! » Je l’aimais. Je me disais: si je ne vais pas au bout de mon histoire avec lui , je m’en voudrais toute ma vie! J’avais cassé ma tirelire, acheté un pull à paillettes et des talons chez Sonya Rikiel . Lui portait son costume croisé. Je me répétais « je suis sa femme ! » Je trouvais ça romantique . Ca me plaisait.
On n’avait pas d’alliance. On ne vivait pas ensemble mais je me disais: et voilà je suis partie pour faire ma vie avec cet homme là ! Les choses se sont alors gâtés assez vite. Je le voyais moins. Il mettait de la distance. Et puis trois mois après il a eu une aventure qui a duré six mois avant que je m'en aperçoive. C’était comme si ça l’angoissait de rester avec moi. Il FALLAIT qu ’il s’en aille, comme il était parti la première fois qu’il avait été marié. Il ne répondait pas à mes mails, je croyais qu’il était mort. Il est revenu puis ila disparu de nouveau puis revenu . Je lui ai demandé: « mais pourquoi tu me fais ça Santiago ? » « On ne se comprend pas, ça ne va pas bien…. » « Tu me fais vivre un enfer, Santiago Quand tu pars , dis moi au moins où tu vas … ». On n’arrivait plus à se parler mais on faisait encore l’amour, ça c’était aussi fort. Le mariage donne droit à un étranger un titre de séjour pour dix ans mais seulement si ça dure au moins quatre ans. Avant, il faut renouveler ce tître chaque année. En juin, au bout d’un an, il a fallu aller à la préfecture pour le premier renouvellement. Je l’ai attendu, il n’est pas venu. J’’y suis allée seule. J’ai déclaré que nous vivions toujours ensemble. Il n’est rvenu qu’au bout de huit jours . C’est à ce moment-là qu’ il m’a avoué qu’il avait rencontré quelqu’un. Ca a été un effondrement total. Comme s’ il me plantait un couteau dans le dos . Et pourtant ce jour là on a encore fait l’amour. Comme des dingues. Mais le lendemain matin, je lui ai dit : « Maintenant tu choisis. Parce que moi je ne partage pas avec l’autre. »
Je pensais qu’il allait revenir, que j’allais réussir a corriger le tir. Il ne pouvait pas ne plus m’aimer puisque je l’ aimais tellement ! Je pleurais tous les jours. Je ne dormais plus .J’ai recommencé une thérapie. Ma psy m’a dit : « Quand on pleure tous les jours, ce n’est pas de l’amour, Sandra » Combien de fois elle m’a répété ça : « Ce n’est pas de l’amour,Sandra… » Quand je le voyais, je lui disais que je l'aimais encore, que je l'attendais. Il me disait que notre histoire était finie , qu’il ne m’aimait plus. Alors je le menaçais d’entamer une procédure de divorce , ce qui aurait pour conséquence de le renvoyer en Argentine.
J’ai beaucoup hésité. Il ne méritait pas que je continue de l’aimer. Je me demandais surtout jusqu'à quel point lui m’avait utilisée, s’il ne s’etait pas servie de moi, s’il ne m’avait pas manipulée? Mais je ne suis pas quelqu’ un dans la vengeance et j’ai renoncé finalement à demander le divorce . Mes amies me traitent d’idiote. Elles me conseillent de tout faire pour me libérer de son emprise. Moi, je ne crois pas que ce soit la bonne solution. Pour lui évidemment, mais aussi pour moi. Oui, c'est presque un acte militant, comme si je m'engageais avec les réfugiés de Cachan. Il m’a démolie, c’est vrai mais j’aurais du mal à garder du respect pour moi, à me regarder dans la glace , si en commençant la procédure de divorce, je permettais qu’on le renvoie dans son pays. Nous nous sommes vus il y a deux mois. Je le lui ai dit. Je lui ai dit pourquoi. Il m’a embrassée . Il remerciée . « je ne le fais pas pour toi mais pour moi…» Je le regardais déjà différemment, comme si je commencais a être guérie de lui. J’avais tellement pleuré , il m’en avait tellement fait baver, je sentais qu ‘on était là dans la vraie rupture. En partant, il m’a dit: « si tu as besoin de quelquechose, tu m’appelles …» J’avais envie de lui répondre: « c’est ça, casse-toi, tu m’as fait asez de mal comme ça …»
Je suis soulagée de la fin de cette histoire, contente de la décision que j’ai prise, mais aussi en souffrance d’avoir perdue cet homme avec qui j'avais révé passer ma vie. Je l’ai encore revu la semaine dernière. Je lui ai donné les dernières affaires qu’il avait laissées chez moi : des teeshirts, une paire de chaussures. Ses chaussons, encore tout imprégnés de son odeur. Le matin du jour ou il est venu, je suis allée chez le coiffeur et je me suis fait décolorée en blonde. Le lendemain, j’ai arrété de fumer. Comme ça . D’un seul coup. J’en avais assez de ce poison qui me détruisait, lentement mais sûrement.
ELLE . 2007. Propos receuillis par Antoine Silber.
J’ai rencontré Santiago il y a trois ans, dans des circonstances assez incongrues. Chez une amie, qui l'avait rencontré sur Meetic. Elle l'avait invité à dîner et je devais passer chez elle prendre des pots de peinture. Elle m'a aussi invitée à dîner (c'était une très bonne amie , presque une soeur). Entre eux ce n’était pas ça, je le sentais bien . A un moment, elle va a la cuisine, il me saute dessus, il m’embrasse. « J’en révais depuis que vous êtes arrivée»me dit-il « Bon . Alors on s ’en va. Tu vas m’aider a porter mes pots de peinture…». Il mesurait un mètre 92 , moi je ne fais pas plus d’ un mêtre 60. Il avait trente-cinq ans, moi trente. Je sortais d'une histoire avec un homme beaucoup plus âgé que moi et qui avait du sang kaki dans les veines, un militaire comme mon père. Je venais d’emménager dans un nouvel appart’. Entre nous, ça a été un vrai flash.
Sa peau caramel. Son odeur, je trouvais qu’il sentait le miel . Sa voix. Son accent de dingue. Tout me plaisait en lui . Lorsque je l'ai rencontré, il était en France depuis sept ans, il était venu avec une bourse pour finir sa thèse de psycho. Moi je suis comédienne mais avant j'avais fait un DESS de psychologie clinique, ça nous rapprochait. Nous sommes tombés amoureux ensemble mais nous n'avons jamais vécu ensemble. A ma demande : l’idée du couple m’a toujours fait flipper. On se voyait presque tous les jours et c’était merveilleux . Il me faisait des cadeaux. C’est lui qui m’a abonnée à ELLE par exemple, il savait que j’aimais. A mon anniversaire, il m’a offert trente petits cadeaux planqués dans tout l’appartement et reliés a un fil. Il fallait que je les cherche. Le dernier était dans sa poche : un simple morceau de papier sur lequel il avait écrit: « c’est moi». C’était génial, comment n’aurais-je pas pu tomber amoureuse d’un type comme lui ? C’était un intello pur sucre , un homme brillant intellectuellement mais pas très mur affectivement, comme s’il n’avait aps grandi . Un vrai artiste (avec tout le tourment qui va avec). Cela dit, dés le départ, je le savais incapable de s’engager. Il en parlait. Il était honnète, dans un sens . Le premier livre qu’il m’a offert, c’est « le syndrome de Peter Pan ». Il me l’a tendu. Il m’a dit : « tiens, voilà le mode d’emploi ! ».
En fait, il n’avait déjà plus le statut d’ étudiant. Il s’était faché avec son directeur de thése et se retrouvait donc sans permis de séjour . Il passait ses journées à faire des photos ou dans les bibliothèques à lire les grands auteurs français. Il adorait Paris qui était pour lui une ville mythique. Et pas question qu’il retourne en Argentine malgré son interdiction de travailler. Alors il faisait des remplacements de gardiennage, la nuit, il était payé au noir. Il gagnait peu et moi j’assurais. Je faisais l’infirmière aussi. Il était dépressif, il prenait du prozac. Un jour la question de ses papiers s’est posée. On était en septembre, en vacances à l’ile de Ré, ça faisait six mois qu’on se connaissait. Il me dit: « mon visa a expiré en juillet, j’ai un problème. Pour que je puisse rester, il faudrait qu’on se marie … » Chose inconcevable pour moi,trop engageante, trop importante. Mes parents étaient mariés depuis 40 ans, ça m’impresionnait trop. Il avait déjà été marié , lui .Avec une fille venue d’ Argentine mais qu’il avait rencontrée ici. Une étudiante qu’il avait quittée au bout de trois mois….
Nous nous sommes pourtant mariés, en février 2005, il y a deux ans. Malgré la désapprobation de mes amies, qui me disaient « Tu es en train de te faire pigeonner ! » Je l’aimais. Je me disais: si je ne vais pas au bout de mon histoire avec lui , je m’en voudrais toute ma vie! J’avais cassé ma tirelire, acheté un pull à paillettes et des talons chez Sonya Rikiel . Lui portait son costume croisé. Je me répétais « je suis sa femme ! » Je trouvais ça romantique . Ca me plaisait.
On n’avait pas d’alliance. On ne vivait pas ensemble mais je me disais: et voilà je suis partie pour faire ma vie avec cet homme là ! Les choses se sont alors gâtés assez vite. Je le voyais moins. Il mettait de la distance. Et puis trois mois après il a eu une aventure qui a duré six mois avant que je m'en aperçoive. C’était comme si ça l’angoissait de rester avec moi. Il FALLAIT qu ’il s’en aille, comme il était parti la première fois qu’il avait été marié. Il ne répondait pas à mes mails, je croyais qu’il était mort. Il est revenu puis ila disparu de nouveau puis revenu . Je lui ai demandé: « mais pourquoi tu me fais ça Santiago ? » « On ne se comprend pas, ça ne va pas bien…. » « Tu me fais vivre un enfer, Santiago Quand tu pars , dis moi au moins où tu vas … ». On n’arrivait plus à se parler mais on faisait encore l’amour, ça c’était aussi fort. Le mariage donne droit à un étranger un titre de séjour pour dix ans mais seulement si ça dure au moins quatre ans. Avant, il faut renouveler ce tître chaque année. En juin, au bout d’un an, il a fallu aller à la préfecture pour le premier renouvellement. Je l’ai attendu, il n’est pas venu. J’’y suis allée seule. J’ai déclaré que nous vivions toujours ensemble. Il n’est rvenu qu’au bout de huit jours . C’est à ce moment-là qu’ il m’a avoué qu’il avait rencontré quelqu’un. Ca a été un effondrement total. Comme s’ il me plantait un couteau dans le dos . Et pourtant ce jour là on a encore fait l’amour. Comme des dingues. Mais le lendemain matin, je lui ai dit : « Maintenant tu choisis. Parce que moi je ne partage pas avec l’autre. »
Je pensais qu’il allait revenir, que j’allais réussir a corriger le tir. Il ne pouvait pas ne plus m’aimer puisque je l’ aimais tellement ! Je pleurais tous les jours. Je ne dormais plus .J’ai recommencé une thérapie. Ma psy m’a dit : « Quand on pleure tous les jours, ce n’est pas de l’amour, Sandra » Combien de fois elle m’a répété ça : « Ce n’est pas de l’amour,Sandra… » Quand je le voyais, je lui disais que je l'aimais encore, que je l'attendais. Il me disait que notre histoire était finie , qu’il ne m’aimait plus. Alors je le menaçais d’entamer une procédure de divorce , ce qui aurait pour conséquence de le renvoyer en Argentine.
J’ai beaucoup hésité. Il ne méritait pas que je continue de l’aimer. Je me demandais surtout jusqu'à quel point lui m’avait utilisée, s’il ne s’etait pas servie de moi, s’il ne m’avait pas manipulée? Mais je ne suis pas quelqu’ un dans la vengeance et j’ai renoncé finalement à demander le divorce . Mes amies me traitent d’idiote. Elles me conseillent de tout faire pour me libérer de son emprise. Moi, je ne crois pas que ce soit la bonne solution. Pour lui évidemment, mais aussi pour moi. Oui, c'est presque un acte militant, comme si je m'engageais avec les réfugiés de Cachan. Il m’a démolie, c’est vrai mais j’aurais du mal à garder du respect pour moi, à me regarder dans la glace , si en commençant la procédure de divorce, je permettais qu’on le renvoie dans son pays. Nous nous sommes vus il y a deux mois. Je le lui ai dit. Je lui ai dit pourquoi. Il m’a embrassée . Il remerciée . « je ne le fais pas pour toi mais pour moi…» Je le regardais déjà différemment, comme si je commencais a être guérie de lui. J’avais tellement pleuré , il m’en avait tellement fait baver, je sentais qu ‘on était là dans la vraie rupture. En partant, il m’a dit: « si tu as besoin de quelquechose, tu m’appelles …» J’avais envie de lui répondre: « c’est ça, casse-toi, tu m’as fait asez de mal comme ça …»
Je suis soulagée de la fin de cette histoire, contente de la décision que j’ai prise, mais aussi en souffrance d’avoir perdue cet homme avec qui j'avais révé passer ma vie. Je l’ai encore revu la semaine dernière. Je lui ai donné les dernières affaires qu’il avait laissées chez moi : des teeshirts, une paire de chaussures. Ses chaussons, encore tout imprégnés de son odeur. Le matin du jour ou il est venu, je suis allée chez le coiffeur et je me suis fait décolorée en blonde. Le lendemain, j’ai arrété de fumer. Comme ça . D’un seul coup. J’en avais assez de ce poison qui me détruisait, lentement mais sûrement.
ELLE . 2007. Propos receuillis par Antoine Silber.
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