mardi 19 février 2008

C'est mon histoire : Mes nuits magiques au bord du Gange...

c'est mon histoire



Nathalie a trente ans et elle vit à la Rochelle. En Novembre dernier, elle part, sac au dos, un mois en Inde, avec une copine. Et à Varanasi, elle rencontre Dimitri, un jeune diamantaire russe. Elle raconte.







Il y a des gens qui rêvent leur vie. Moi j’ai toujours voulu vivre mes rêves. J’aime voyager. Peut-être par ce que je vis à la La Rochelle, cette ville belle et rebelle comme on dit, complètement ouverte sur le monde. Là, je reviens de quatre semaines d’un voyage en Inde. J’y étais partie avec Géraldine, une amie avec qui j'avais déjà bourlingué, au Mexique, en Australie et à Hawaï. Je savais que ce voyage serait important pour moi. Je pensais que j’étais prête pour l’Inde, pour quelque chose d’ un peu mystique. Mais je ne m’attendais pas a Dimitri. Ni à vivre de telles émotions à Varanesi, cette ville mythique plus connue ici sous le nom de Benares. On vient du monde entier y chercher l'illumination. Et moi, je crois que j’y ai trouvé mon bonheur.



On a débarqué a New Delhi début novembre. On avait un mois devant nous, ce qui est plutôt court pour ce genre de voyage. Trois jours à New delhi et c’était déjà le choc. Cette foule dans les rues . Ces odeurs , merveilleuses, si prenantes. On a pris un avion pour Darjeeling. Je voulais voir les montagnes. Là, nouveau choc: les gens , si généreux, des népalais , on n’arrivait plus à les quitter. De là, on a pris le train pour Varanesi. Le trajet devait durer douze heures, mais on a eu 6 heures de retard et on est arrivées, fourbus , pas lavées , un matin , à 5 heures et demi . On avait passé la nuit à nous battre avec les cafards tout en discutant avec un moine bouddhiste, un homme extraordinaire.



Varanesi! C’est là où je voulais aller ! C’est là que les Indiens veulent mourir. Et moi je cherchais mon paradis. On cherchait un hôtel dans les réelles qui longent le Gange. On trouve finalement un endroit correct, la puja guest house, avec une terrasse superbe qui dominait le Gange. On était le six novembre, on comptait rester là deux ou trois nuits avant de repartir vers Agra pour voir le Taj Mahal, Mais on se sentait vraiment sur une autre planète, on était émerveillées et tous les voyageurs, les gens qu’on rencontrait nous disaient de rester. Le 9, il allait y avoir la fête de Diwali. On nous disait: « Diwali, il faut absolument voir ça. C’est la fête des lumières. Pour les Indiens c’est comme Noël…. » On décide donc de rester jusqu’au 10. On avait enfilé des saris , moi un bleu, Geraldine un orangé. On marchait le long du Gange,on regardait tous ces gens se baignant dans ce fleuve sacré, on assistait aux crémations, c’était fascinant. On rentre. Il était quelque chose comme minuit. De la terrasse, tout le mon de lançait des feux d’artifices et des pétards. Un garçon, très grand, trés beau , me tend des pétards pour que je les lance du toit. Comment il était ? Je ne sais pas . Je ne voyais que ses yeux bleus. Il n’était pas indien mais russe. Et charmant. Je me dis : « Mince c’est dommage qu’on parte demain! » . Je n’étais pas à la recherche de quoi que ce soit, d’une histoire , encore moins d’ aventure d’une nuit mais je sentais qu’il se passait quelque chose. Une ambiance particulière.



On va se coucher. Le matin du 10, je me réveille avec une grosse fièvre. On doit partir le soir, je décide de me reposer et je passe ma journée à dormir sur notre si belle terrasse. A 16h, je bouge. Je tiens à faire une dernière fois une balade le long du Gange. Géraldine m'accompagne. Tout a coup on nous interpelle, le garçon de la veille: Dimitri. Ses yeux! Il nous dit ; " ce soir , c’est la fête, la vraie . Il faut que vous restiez ! " Il insiste . On parle. Il nous raconte qu’il a vécu en Inde jusqu’à l’âge de 15 ans parce que sa mère est de Pondichery. Il a 29 ans, un an de moins que moi maintenant il vit à Moscou mais il vient ici quatre fois par an acheter des pierres précieuses. Il est diamantaire. On regardait le Gange, tous les deux. Moi, j’étais un peu dans le coltard, pas maquillée en plus , en jean et débardeur noir. Mais heureuse, j’avais envie que tout ça dure. Il me dit alors: « Méfie toi des voeux que tu fais en Inde, ils se réalisent toujours … »


Notre train pour Agra quittait Varanesi à 6 heures du soir. Je vous passe les détails mais on décide de ne pas le prendre. Geraldine va se coucher et je reste avec Dimitri sur la terrasse .Et puis on va dans sa chambre, une super belle chambre avec un balcon sur le Gange. Les étoiles et la lune se reflètent dans l’eau. C’était féérique. Moi je pense qu’ il n’y a pas de hasard, que des rendez vous. Je DEVAIS le rencontrer, et il fallait que je vienne là pour ça! Il sortait d’une longue histoire, assez douloureuse et moi j’étais seule depuis un an. J’avais vécu cinq ans avec un garçon, mais c’était bien fini. Avec Dimitri, ce qui me plaisait, ce qui me plait, c’est qu’il y a beaucoup de respect. On s’est longtemps regardés dans les yeux avant de s’embrasser. Tout était simple, aussi. A deux heures du matin, on est descendus ensemble chercher des préservatifs, on en a trouvé dans une petite échoppe. On marchait dans la nuit de Varanesi, je me disais: « mais qu’est-ce que tu es en train de vivre? ». Je me sentais emmenée, attirée vers lui par une force irrésistible, comme envoûtée. Il caressait doucement mes lèvres , c’était si puissant et en même temps si délicat.



Se mettre nu devant lui ne ‘m a posé aucun problème , on était très naturels, très vrais tous les deux . Et après, ça a été merveilleux. Fusionnel, il n’ y a pas d’autre mot….Je me suis réveillée le lendemain matin dans ses bras , vers dix heures. De la musique indienne arrivait par la fenêtre, il me serrait contre lui, j’éprouvais un incroyable sentiment de plénitude.
Je suis allée voir Géraldine, et on a pris ensemble le petit-déjeuner. Je lui ai tout raconté, elle était super contente pour moi. Puis je suis remontée dans la chambre et on a refait l’amour. On était le 11 novembre! On est partis déjeuner en ville et prendre les billets à la gare mais les trains étaient complets jusqu’au 14. Lui même repartait ce jour là pour Moscou. C’était incroyable, ce délai que le destin nous accordait, comme s’il était écrit qu’on devait passer encore un peu plus de temps ensemble.



On parlait tout le temps .Et quand on ne parlait pas, on faisait l’amour. Le lendemain, il m’a emmenée voir un sadhu, une sorte de saint qui m’a expliqué que dans une vie antérieure ,j’étais morte à 32 ans mais que dans celle ci je dépasserai les 9O. Et il a précisé : « tu vivras à l’étranger. Tu feras des enfants dans un autre pays que le tien. » Quel pays ? Il ne le disait pas .



On n’est jamais allés a Agra , Géraldine et moi. Après Varanesi, on s’est retrouvées directement au Rahjastan. Avant de reprendre l’avion pour la France. Est-ce que je vais le revoir? Je me pose la question depuis deux mois, maintenant. On s’est dit et répété qu’on allait garder le contact. Quand on s’est quittés, le 14, à la gare, il m’embrassait et il me disait qu’il était sûr qu’on se reverrait. « Ce n’est pas possible autrement ! » Je ne sais pas pourquoi,mais j’y crois.




En rentrant de voyage, moi j’ai toujours du mal à redescendre sur terre, à me réadapter, mais là, ça a été terrible. Dans ma tête, j’étais encore au bord du Gange, avec Dimitri. Depuis huit ans, je vends des vêtements de sports, j’ai super bien vécu, très bien gagné ma vie. Mais je sens que c’est fini. Je ne veux plus présenter de collections dans des shows rooms, dans de grands hôtels. Je n’ai plus envie de faire du chiffre, être dans l’hyper- matérialisme. Ces dernières années,pendant ces voyages, j’ai rencontré tellement de gens vrais, je me suis découverte. Je veux trouver un travail dans une ONG ou quelque chose en rapport avec le voyage. De toutes façons, je sais que je vais repartir…. Dimitri est à Moscou. On s’est appelés plusieurs fois depuis notre retour. Et encore la semaine dernière, un soir, vers minuit. Je veux aller maintenant dans le sud de l’Inde. Il m’a dit que si j’y allais, il me rejoindrait là-bas.

ELLE. 18 février 2008. (propos receuillis par Antoine Silber)

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