samedi 9 février 2008

C'est mon histoire :« Je le regardais chanter, il m’hypnotisait…»

Marina a 30 ans . Elle est mariée avec deux enfants; elle a une petite vie tranquille. Mais les concerts l'électrisent. Un soir, elle flashe sur une rock-star.






Moi j’aime les bad boys. Pas bien rasés, avec des tatouages. Exactement le contraire de Laurent, mon mari !

J’ai deux enfants, deux filles de 5 et 2 ans et Laurent et moi ,on est ensemble depuis sept ans . Il est cadre dans une banque.Trés classique, très bcbg, mais adorable. Lui, il n’aime pas aller à des concerts . Il adore s’occuper des enfants et il me laisse faire ce que je veux. Je sors d’ un an de congé parental qui a suivi un an de congé maternité . J’ai perdu mes vingt kilos . J’avais besoin d’air , de fun. Je me suis mise a sortir de plus en plus. Plusieurs fois par semaine. J’ai vu Cali dix fois. Je crève de ne pas voir Miossec, mon préféré, plus souvent.

Je ne vais pas à un concert juste pour rentrer avec un type. Simplement si ça se présente , maintenant je prends.

J’aime la musique, l’émotion que certains musicos dégagent. C’est ça que je recherche: l’émotion. Laurent est bien mais carré , pas vraiment dans l’émotion. Dans le noir des salles, moi je me trouve plus belle. Du coup, c’est un peu un engrenage , une drogue… Un soir, comme ça, j’ai découvert sur My space, une musique,qui m’a littéralement scotchée. Une voix . Des textes. Comme si ça parlait de moi ! J’ai envoyé un message sur la page du groupe pour les féliciter, leur dire que j’accrochais vraiment. Et quelques jours après je me suis retrouvée dans une petit salle , au studio de l'Ermitage, à Menilmontant, où ce groupe passait

J’essayais de repérer les membres du groupe, J’aperçois un garçon, pas très grand, avec une drôle de bonnet et un tatouage sur le poignet. Je plante mes yeux sur lui, je n’arrête plus de le regarder. Il monte sur scène . Il se met à chanter et c’est bizarre parce qu’il est juste trop beau, trop touchant. Il a les yeux fermés mais je sens qu’il me regarde . En plus, les paroles, c’est si fort : j’ai l’impression que tous ses mots sont pour moi.


Je ne voyais que lui, comme s’il était seul sur scène. Je me sentais happée par lui. Je regardais ses doigts sur le manche de sa guitare, hypnotisée. A la fin du concert, je me dis : "Je vais le voir. Je lui dis qu'il me plait". J’arrive. Je me présente. « Bonjour Marina….me répond il , Ah oui on s’est un peu parlé sur my space. C’est cool que tu sois passée! » Avec lui, à coté, une fille, genre la fan absolue. Il me présente « Mon ex » précise-t-il. Je ne savais plus quoi dire. Je suis repartie vers le bar boire une bière et puis je suis rentrée. J’arrive chez moi, j’avais tellement bu . Les enfants dormaient depuis longtemps. Laurent aussi. Mais il fallait encore que je lui envoie un message sur son My space . Et devant mon écran, je me suis lâchée. Je lui ai écrit que je ne pouvais pas me coucher sans lui dire un mot par ce que j'avais eu toute la soirée envie de l'embrasser… ».
Le lendemain, il m’a répondu qu’ il etait touché. Et il a ajouté: « Je suis très timide. ». Ca m’a étonnée parce qu’il serrait ma main de tout le monde dans la salle. Je lui ai laissé un autre petit mot, un: "je t'embrasse". Je lui ai dit qu'il ne risquait pas grand chose avec moi, que je ne cherchais pas l'âme soeur, que je voulais juste du rêve. Pour moi, il etait un joli rêve.



En réalité , je me demande si je n’ai pas été trop entreprenante avec lui . Si je ne lui ai pas fait peur. Un soir, je lui ai écrit: "je t'embrasse où tu veux". Le lendemain, il m’a avoué qu’il aimait qu’on lui embrasse les seins, mais qu’aucune fille n'y pensait jamais. Je lui ai promis que quand on se verrait , moi j'y penserai !!! Il passait quelques semaines apré s à la Flèche d'or. J’ai attendu cette date des jours et des nuits. J’arrive à Paris . Juste avant le concert, je vais chez Virgin à Barbès où Amélie Nothomb signait son dernier livre. J et moi , on avait parlé d’elle. Je voulais qu’elle me fasse une dédicace pour lui. Je me disais : il sait que j'aime Amélie Nothomb, s'il ne me reconnait pas. Avec le livre, il saura qui je suis.



Il chantait et j’étais au premier rang . IL a quitté la scène , j'ai bu 2 bières pour me remettre avant d'aller le voir. Surprise c’est lui qui est venu vers moi. Je lui ai donné le livre, il ne s’attendait pas à ça . « Je suis sous haute surveillance » m’ a t il glissé a l’oreille en me montrant son « ex ». Ca a pris une heure pour qu’il se débarasse d’elle et qu’il me rejoigne enfin.



Il n’était pas en voiture, je l’ai raccompagné.
Je conduisais et il ne se passait rien. Alors a un feu rouge, j’y suis allée. Je ‘lai embrassée et c'était tendre et doux. On arrive chez lui, on n’était pas collés , il ne me tenait pas par la main. Rien . On monte. La lumière. ! J’avais peur qu’il me trouve moche ! Il ne bougeait pas . « Ca ne t’’embète pas si je me roule un joint ? » Il me demande aussi si je prefère qu’on écoute Bjork ou Tricky, de la musique électro. Je dis « Bjork » J’aurais peut-être du choisir l’autre, Bjork, c’était un peu flippant.



Il fumait .Il me caressait les cheveux. Il y avait un canapé-lit, on le déplie. Moi je ne me deshabillais pas . On se caressait mais je ne me sentais pas capable de me retrouver toute nue avec lui. Je lui ai fait une fellation, c’était bon ,j’ai adoré ça. Je me rappellerai ce moment toute ma vie . En partant il m'a prêté un dvd, comme pour me dire qu’ on allait se revoir . Il était cinq heures du matin . Il m’ a demandé de lui envoyer un texto quand je serais arrivée . Il s’inquiétait pour moi. Il était gentil .




Je ne cherchais pas une histoire d’amour, pas un truc régulier. Mais lui, c’est un romantique ! Après il m’a dit: « ce n’est pas trop mon genre de rentrer avec une fille, juste pour baiser. Ca me destabilise ! » Je n’ai plus eu de nouvelles , sauf une fois, un texto où il me disait: "salut Marina... sorry, pour mes silences et mes absences, mais je suis un peu occupé. Je n'oublie rien de ce petit moment de douceur passé ensemble... J'espère que tu vas bien. bisou." Je lui ai répondu en lui proposant de m’accompagner dans une salle que j’aime bien à Ris-orangis pour un concert du groupe « Girls in hawai ». Et il est venu ! Là aussi, après le concert, je ‘lai raccompagné et ça a fini comme la première fois , par une fellation. Il ne faisait rien. Il ne disait rien . Il attendait . Je lui ai demandé s'il me trouvait moche, puisqu"il n'avait pas l'air de me désirer. Il m’ a répondu : « non, pas du tout. Simplement je ne sais pas parler, juste chanter … » Après, le lendemain, il m’a envoyé un texto : « c’était d’enfer » Un peu comme si les filles d’habitude ne lui faisaient pas çà. Ou pas aussi bien.



Il n’ y a plus eu d’autres rencontres , même si on s’envoie encore régulièrement des petits mots . J’ai encore découché un soir pour passer la nuit , mais avec un autre musicien, un batteur et c’est comme si, là aussi, je me mettais en danger volontairement.



Vous connaissez cette chanson de Miossec , « La fidélité » ? Elle dit: « Et je sors/ Et je drague comme on crève/Avec tellement de choses à regretter/ Comme ta langue sur mes lèvres/ » Je l’écoute. Je pense à J et toutes les émotions reviennent. Je ne suis pas sûre que je resterai avec Laurent jusqu’à 60 ans. Et c’est pareil pour le boulot : il faut savoir changer, évoluer . J’étais assistante de direction mais depuis la dernière rentrée, j’ai commencé à suivre des cours de gestion. Pour avoir mieux . Je n’ai jamais autant travaillé . Peut être que je vais me planter mais je préfère cent fois échouer que de ne rien essayer.



Moi je ne veux pas être condamnée a vivre ma petite vie sans essayer autre chose. Sans prendre de risques. Là, j’ai encore pris un gros risque , un risque énorme: je me suis coupée les cheveux. J’ai un visage aigu. Je m’étais toujours dit : « les cheveux courts , ça ne peut pas m’aller, ça me durcit encore plus …. » Et j’ai osé. Tout de suite après j’étais sure que je m’étais plantée mais maintenant je suis hyper contente. Je me regarde dans la glace.Je m’aime bien avec mes cheveux courts , et plats dessus. Je ne regrette rien .

ELLE.4 février 2008. Propos receuillis par Antoine Silber

Aucun commentaire: