Olivia , 38 ans, n’avait jamais vécu avec un homme jusqu’à ce qu’elle rencontre Melvil, 35 ans, qui lui aussi avait toujours été célibataire. Ca fait presque un an qu’ils vivent ensemble. Pour eux, c’est une révolution.
Je ne croyais pas au couple. Je pensais que la vie à deux, ce n’était pas pour moi. Quand je voyais une copine s’installer avec un garçon et me raconter son bonheur avec son prince charmant, je rigolais doucement, je me foutais d’elle. Je me disais , qu’elle ne savait tout simplement pas ce qu’était la vie, la liberté…. Je ne voulais pas de ça pour moi. J’aimais « coucher avec », mais pas « dormir avec ». Melvil était comme moi, atteint de la même sorte de maladie: il n’avait jamais de sa vie supporté de finir une nuit dans le lit d’une femme. C’est pour ça qu’ on s’est bien entendus : dés qu’ on s’est rencontrés, on a parlé de ça. C’était dans une boîte parisienne vers quatre heures du matin la nuit du 13 juillet, l’an dernier . Je suis peintre, je sortais de trois mois de travail ininterrompu. Je fêtais le vernisssage de mon expo. Il avait 35 ans, Moi , 38 . C’était un fêtard invétéré. Il me racontait qu’ il était en boîte tous les soirs, qu’ il prenait de la coke. Le couple, il avait fait une croix dessus depuis une histoire avec une fille très jeune… On a dansé, on a continué à parler ensuite chez moi . Et puis il est resté. L’amour nous est tombé dessus comme ça, d’un coup.
Je voulais être libre pour peindre. Ce que je fais depuis que j’ai 14 ou 15 ans . Je travaille beaucoup et j’ai pas mal de succés. J’ai un petit garçon,aussi, Rodrigo, qui a 6ans et demi . Je n’ai jamais habité avec son père qui est anglais et qui travaille à la City, il fait de l’argent, Rodrigo ne le voit qu’aux vacances scolaires. Ca va faire un an maintenant que Melvil vit avec nous. Et c’est peut être la plus grosse surprise : Rodrigo et lui s’adorent ! Melvil me soutenait qu’il ne supportait pas les enfants, que sa propre enfance avait été une horreur et je craignais le pire. Alors aujourd’hui , je les vois s’entendre si bien, ça m’émeut , je trouve ça génial .
En fait, je ne savais pas avant que ça pouvait être si bon d ’être aussi a l’aise, aussi nature avec un homme ! Ca s’est fait du jour au lendemain et ça a été une révolution dans ma vie . On riait des mêmes choses au même moment. Par moments on riait tellement, on disait tellement de bêtises que j’avais l’impression que j’étais lui et qu’ il était moi . Il me disait : »tu es la première femme que je suis capable d’aimer » Moi, je lui répondais : « Fais de moi ce que tu veux ! » Vivre à deux, on apprenait. C’était un peu comme si on était vierges. On s’apercevait qu’avant on en avait tellement bavé de la solitude , on croyait qu’on était bien mais en fait, c’était affreux. Il était là, chez moi, je le touchais tout le temps comme pour vérifier qu’il était bien là , je l’embrassais, je me collais à lui . Quand je prenais mon bain, il me rejoignait dans la baignoire, il me savonnait, il me caressait. Je buvais dans son verre, je me servais de sa brosse a dents. J’avais eu toute une période où je ne voulais plus faire l’amour avec personne . Je pensais que j’ étais frigide. Moi, je suis d’origine italienne, par nature très démonstrative mais c’est comme si avant lui j’avais fait l’escargot. Il m’a sorti de ma coquille. Melvil, c’ est le contraire de moi ,il est réservé. Avant lui, je cherchais toujours quelqu’un qui me ressemble, et c’était une erreur. Melvil , ce sont ses différences , ses failles, ses empêchements qui me font l’ aimer . Je crois aussi que ce sont mes défauts, mes névroses qui lui plaisent. On est différents, donc possiblement complémentaires !
Ce que j’aime le plus avec lui , c’est le soir: entendre sa clef tourner dans ma serrure… Il arrive sur le palier. Il ouvre la porte. Il entre chez moi. Et c’est merveilleux parce qu’à chaque fois j’ ai tellement de plaisir. En juillet, ça fera un an de cohabitation. On va aller fêter ça à Venise ! Forcément, il y a eu des moments durs, des choses difficiles à gérer . Lui il n’ est pas famille , il n’a plus que sa mère qui vit à New York et qu’il n’a pas vue depuis douze ans. Moi c’est le contraire: j’ai toujours une fête de famille en vue, le mariage d’une cousine, le succés au bac d ‘un neveu . Je vois mes parents trois fois par semaine, ça l’énerve, il dit qu’il les aime bien mais qu’il n’en peut plus ! Vivre à deux, c’est souvent lourd. Lui, il m’ énerve parce qu’il passe des heures devant la télé. Il dit que ça le détend , que je dois comprendre.. Mais le voir avec cette télécommande à la main dont il joue comme les Grecs de leur chapelet ! Il est journaliste économique et plutôt du matin. Dés sept heures, j’entends la radio qui hurle. Il passe de pièce en pièce son petit poste à la main. Il ne veut rien louper , ni la revue de presse de Grossiord sur Europe 1 a 7h 45, ni l’interview d’ Apathie sur RTL cinq minutes après! Moi j’émerge lentement, péniblement. Je vais dans la cuisine . Je me fais une théière brûlante. Je fume ma première cigarette. Je tousse. IL passe derrière moi avec sa radio alors je vais me réfugier au salon, mais là , la télé est allumée sur Blomberg -tv. Tout ce bruit, ces chiffres qui me rendent folle !
Sans compter qu’ il est extrêmement maniaque. C’est un fou de chaussures , il en a déjà acheté quatre paires depuis que je connais. Chaque soir il prend cinq minutes pour toutes bien les aligner. Il les range ses chaussures au centimètre prés, il ne supporte pas un talon qui dépasse. Et pas question que j’y touche ! C’est comme sa mousse à raser…L’autre jour, il n ‘ y en avait plus, justement j’ allais faire des courses. Le lendemain matin, hurlement. J’arrive dans la salle de bains. Il me tend la bombe: « qu’est ce que c’est que ça ?»Moi : « De la mousse à raser » « Mais tu ne sais pas que je n’utilise que du gel ? Et pas cette marque là , en plus ! Ne refais JAMAIS ça ! » Là, j’ai senti chez lui une colère fondamentale. J’avais osé m’occuper de sa mousse ! J’avais touché à son intimité , quasiment mis en péril sa virilité.
Bon, daccord, je ne suis pas facile non plus. Quand je peins, je ne supporte pas qu’ on me dérange et ça peut durer douze, quinze, dix-huit heures de suite. Rodrigo en sait quelque chose: je l’oublie complètement ou si je le sens trop dans mes pattes, je l’envoie bouler. Moi, on ne peut pas dire que j’ai la fibre maternelle. Et je vois comment Rodrigo s’est épanoui depuis que Melvil est avec nous. Avant mon fils venait me voir pendant que je travaillais : « maman, j’ai faim » Moi : « oui attends j’arrive » . Deux heures après, il revenait :« t’as pas fini? » Le soir , il ne voulait jamais se coucher , il dormait dans mon lit, ce n’était pas bon. Depuis cet hiver, c’est Melvil qui le couche. Et Rodrigo lui obéit . Il le respecte. Le matin c’est lui encore qui l’amène a l’école, à moto. Il lui a acheté un casque. « En regardant vivre ton fils , me dit- il, je comprends plein de choses sur moi, sur ce que j’ ai vécu. Moi aussi, j’ ai toujours été trop seul … »
« Tu est un peu trop enfant gâtée, me dit Melvil , capricieuse… » Et on s’engueule. Je pensais jusque là que je n'aimais pas être remuée, engueulée, bousculée. Mais finalement je dois aimer ça. Je vois qu’on arrive à en sortir aussi ! Et même plus forts ! L’autre jour, on se réconciliait comme ça , après une bonne engeulade, il m’a dit: « c'est dur avec toi mais quand même ça vaut le coup. Ne pas avoir d’histoire d’amour, c’est plus tranquille mais moins intéressant…» Et c’ est vrai : vivre à deux, c’est se sentir vivant !
Maintenant je n’imagine plus vivre sans lui. En réalité, tous les deux, on est des résilients de l’ amour. Nous c’est plus fort, plus fort que tout . Justement parce que ça a été plus difficile que pour d’autres. C’est solide, il y a cette certitude, oui! On n’en revient pas de ce qui nous arrive : « c’est incroyable comme je suis amoureux de toi! » me dit-il. Je lui souris. Je suis heureuse. « Non, non, tu ne comprends pas, continue-t-il, c’est la première fois….Vraiment amoureux… »
ELLE/ 16 juin 2008/ propos receuillis par Antoine Silber
mercredi 18 juin 2008
C'est mon histoire: « Ca s'est passé sur la plage, le dernier jour… »
Le dernier jour de ses vacances à la Réunion, à Saint Gilles, sur la plage de l’hermitage, Sabine croise le regard de Frédéric. Surprise: il est de nouveau là, le soir, à l’aéroport. Et ils montent ensemble dans l’ avion.….
J’étais arrivée sur la plage d e l’ Hermitage à 9 heure du matin . C’était mon dernier jour et je voulais en profiter. En face il y avait la barrière de corail. Derrière, la montagne. Le soleil commençait à chauffer, je nageais au milieu des poissons multicolores , je me disais que j’allais me retrouver dés le lendemain à Biarritz, dans mon salon de coiffure et cette perspective ne m’ amusait pas follement. Je suis sortie de l’eau, mon masque sur le nez , j’ai marché jusqu’à ma serviette, je me suis allongée à côté de mon amie Emilie. J’ai enlevé mon masque. Et là , je l’ai vu.
Il avait trente ans a peu prés. Comme moi. Il était installé juste derrière et me regardait d’un regard si fort, si perçant. C’en était presque intimidant. Je lui trouvais un charme fou. Pendant quinze jours aucun homme ne m’avait attirée et puis voilà….Je me disais : « pas de chance , juste quand je m’en vais, je rencontre quelqu'un ! » C’était l’heure du déjeuner, il s’est levé, il a secoué sa serviette toujours en me regardant. Il est parti, je le regardais s’éloigner dans les filaos . J’avais envie de lui courir après mais je ne pouvais pas, je me sentais paralysée. Il a complètement disparu , Emilie m’a dit pour me consoler : "ne t’en fais pas, vous allez sûrement vous retrouver ce soir à l'aéroport!"
Je n’y croyais pas, j’étais même sûre que je ne le reverrai plus jamais! Plus la journée s’avançait, plus je m’en voulais d’avoir été aussi timide, de ne pas lui avoir un geste, d e ne pas m’être levée pour lui parler. Le soir, je suis partie vers 18 heures 30. Je suis arrivée à l’aéroport de Saint-Denis deux bonnes heures avant le départ. J’entre dans le hall , la première personne que je vois, c’est lui. Je vais vers le comptoir d’ enregistrement, il me voit mais il ne réagit pas. J’entends un de ses amis dire: "ce n'est pas la fille de la plage?" Il y avait deux vols pour Paris à peu prés en même temps. L’un qui allait à Orly, l’autre à Charles de Gaulle. Je le vois disparaître….
L’aéroport de Saint Denis est assez petit et il n’était plus nulle part. Je me dis: « Tant pis pour lui, je ne vais pas me rendre folle pour un mec que je connaissais même pas le matin même! »Je décide d’aller boire un verre à l’étage, au bar. Je manque même rater l’avion, je n’ avais pas prévu qu’ils me retiendraient autant aux passage de sécurité. Donc, je me dépêche, je speede. J’arrive dans la salle d’embarquement et là, je le vois, je le retrouve . Prêt à embarquer . Il me voit lui aussi et soudain, il a un grand sourire, mais grand! Vous savez, ce sourire qui dit tout!
Je suis montée dans l’avion juste derrière lui. Je m’ installe. Il me regarde . Il souriait toujours, ses fossettes lui remontaient jusqu’aux yeux qui pétillaient. Il s’installe. Et puis il se relève , il vient me voir et il me dit : « ce n'est quand même pas un hasard si on se retrouve dans le même avion ! ". Je rougis . On discute. « Je m’appelle Frédéric… » me dit-il . Il était de Nîmes , je lui dis que je vis à Biarritz . Il doit retourner à sa place, il me dit : « Je pose mes affaires et je viens te retrouver…. » J’envoie un texto a Emilie : « Tu ne devineras jamais, je suis à côté de lui…. » L’hôtesse de l’air s’étonne: « mais vous vous connaissez ? » Je lui raconte toute l’histoire ,qu’ on a échangé des regards toute la matinée sur la plage , qu’on s’était perdus et qu’on vient de se retrouver. Elle me dit : « mais c’est génial…. Je vais voir si je peux vous mettre ensemble à l’arrière, après le décollage. Vous pourrez parler tranquilles… » .
Au début on était assez timides. « Est ce que t’as quelqu’un dans ta vie ? » « Non » « Moi non plus ». On était à l’arrière d e l’appareil, juste devant l’issue de secours. On mangeait des gâteaux que l’hôtesse nous apportait régulièrement .Il me racontait sa vie. Il était divorcé depuis deux ans, un divorce douloureux. Depuis , il n’avait plus eu d’histoire d’amour. Il était gentil. Il avait l’air tellement doux . Et si intelligent. Le s lumières se sont éteintes au moment où il me disait que je lui plaisais. On s’est embrassés . C’était bon, c’était sucré. Autour de nous tout le monde dormait… Il avait eu peur, me disait il de ne plus me voir après la plage. Il avait pensé que je venais d’arriver sur l'île , lui il était là depuis une semaine , il s’installait tous les jours au même endroit, sur cette plage , il se demandait pourquoi on ne s’était pas vus avant …. On passé une partie de la nuit à parler et à nous embrasser avant de regagner nos fauteuils tard, très tard, presque au matin .
On était le 27 novembre dernier . C’était un lundi matin. Depuis, tout a changé dans ma vie ….A l’aéroport, à la sortie, il m’a présenté ses deux frères qui étaient là avec lui et on est allés boire un café tous les quatre. Il m’a demandé : « Est ce que ça te tenterait qu’on se revoit, qu’ on continue ? » Et je lui ai répondu : « bien sûr ! » « Mais, tu sais, j’ai trois enfants ,je voulais te le dire, je veux tout de dire, je veux jouer franc jeu … » Moi: « c’est bien , ça ne me dérange pas … » « Bon , a-t-il fait : « Alors, je vais venir te voir à Biarritz ! » Il avait sa correspondance tout de suite, moi je devais attendre une heure pour Biarritz . A peine arrivée chez moi , vers 13 heures , j’ avais déjà un texto. Et le soir, il m’ a appelée : « j’arrive vendredi , si ça ne te dérange pas ! » J’étais tellement heureuse! C’est ce soir là, le vendredi , qu’ on on a fait l’amour la première fois. Il est arrivé à une heure du matin. On s’est aimés tout le week end et il n’ est reparti que le lundi matin à 4 heures.
Je n’avais plus eu de vraie grande histoire d’amour depuis mes 25 ans , je ne cherchais même plus . Et ça y était , j’avais trouvé! Il n’arrêtait pas de me dire que j’étais belle et que c’était merveilleux de m’avoir rencontrée.Et c’est vrai depuis que j’ai rencontré Fred, je me sens belle et la vie est redevenue merveilleuse ! C’est la Réunion qui nous réunis ! Ca fait 6 mois maintenant. On s’est fiancés . On est amoureux comme on ne l’a jamais été ni l’un ni l’autre. Et notre plus grand désir maintenant est de vivre ensemble . Je vais aller le rejoindre à Nîmes le premier juillet. Un moment, il s’est demandé s’il ne pourrait pas venir vivre et travailler à Biarritz. Lui, il est dans les voitures , Il a cherché un travail du côté de chez moi , mais à Biarritz , il n’y a rien . Là-bas, il n’y a pas de travail, c’est la qualité de la vie , c’est la planche de surf à l’arrière de la voiture, un point c’est tout! Alors c’est moi qui vais aller le rejoindre .
Je viens de donner ma démission du salon Jacques Dessange dans lequel je travaille. Le plus dur , ça va être de quitter mes amies de Biarritz : Pascaline, Nathalie , Geneviève, Coco, Cathy, toutes mes copines de la Gym. Fred a trois enfants , deux garçons de 13 et 11 ans . Et une fille de 16 ans . Il me les a présentés, en février. Ca s’est très bien passé . Et je vais tout faire pour que ça continue à bien se passer. Je suis originaire de la vallée d’Aspe, dans le Béarn, j’ ai amené Fred chez moi, dans ma vallée que ‘j ai quittée a 19 ans. Je lui ai présenté mes parents. Mon père est charpentier, ma mère fait des ménages. Je redoutais ça parce que je ne les vois pas souvent , mais mon père était content: il a vu qu’avec Fred , c’était du sérieux. On va s’installer tous les deux dans son appartement de Nîmes, route d’Avignon. J’aime bien, on entend les oiseaux le matin ! Après, on trouvera une maison ou quelque chose de plus grand. Maintenant je me demande si je ne vais pas en profiter pour changer de métier. Peut-être ouvrir un commerce, faire quelque chose avec lui. Nous sommes très complices, très complémentaire . Ce serait encore plus merveilleux si on arrivait à travailler ensemble.
ELLE/ Juin 2008/ Propos receuillis par Antoine SILBER
J’étais arrivée sur la plage d e l’ Hermitage à 9 heure du matin . C’était mon dernier jour et je voulais en profiter. En face il y avait la barrière de corail. Derrière, la montagne. Le soleil commençait à chauffer, je nageais au milieu des poissons multicolores , je me disais que j’allais me retrouver dés le lendemain à Biarritz, dans mon salon de coiffure et cette perspective ne m’ amusait pas follement. Je suis sortie de l’eau, mon masque sur le nez , j’ai marché jusqu’à ma serviette, je me suis allongée à côté de mon amie Emilie. J’ai enlevé mon masque. Et là , je l’ai vu.
Il avait trente ans a peu prés. Comme moi. Il était installé juste derrière et me regardait d’un regard si fort, si perçant. C’en était presque intimidant. Je lui trouvais un charme fou. Pendant quinze jours aucun homme ne m’avait attirée et puis voilà….Je me disais : « pas de chance , juste quand je m’en vais, je rencontre quelqu'un ! » C’était l’heure du déjeuner, il s’est levé, il a secoué sa serviette toujours en me regardant. Il est parti, je le regardais s’éloigner dans les filaos . J’avais envie de lui courir après mais je ne pouvais pas, je me sentais paralysée. Il a complètement disparu , Emilie m’a dit pour me consoler : "ne t’en fais pas, vous allez sûrement vous retrouver ce soir à l'aéroport!"
Je n’y croyais pas, j’étais même sûre que je ne le reverrai plus jamais! Plus la journée s’avançait, plus je m’en voulais d’avoir été aussi timide, de ne pas lui avoir un geste, d e ne pas m’être levée pour lui parler. Le soir, je suis partie vers 18 heures 30. Je suis arrivée à l’aéroport de Saint-Denis deux bonnes heures avant le départ. J’entre dans le hall , la première personne que je vois, c’est lui. Je vais vers le comptoir d’ enregistrement, il me voit mais il ne réagit pas. J’entends un de ses amis dire: "ce n'est pas la fille de la plage?" Il y avait deux vols pour Paris à peu prés en même temps. L’un qui allait à Orly, l’autre à Charles de Gaulle. Je le vois disparaître….
L’aéroport de Saint Denis est assez petit et il n’était plus nulle part. Je me dis: « Tant pis pour lui, je ne vais pas me rendre folle pour un mec que je connaissais même pas le matin même! »Je décide d’aller boire un verre à l’étage, au bar. Je manque même rater l’avion, je n’ avais pas prévu qu’ils me retiendraient autant aux passage de sécurité. Donc, je me dépêche, je speede. J’arrive dans la salle d’embarquement et là, je le vois, je le retrouve . Prêt à embarquer . Il me voit lui aussi et soudain, il a un grand sourire, mais grand! Vous savez, ce sourire qui dit tout!
Je suis montée dans l’avion juste derrière lui. Je m’ installe. Il me regarde . Il souriait toujours, ses fossettes lui remontaient jusqu’aux yeux qui pétillaient. Il s’installe. Et puis il se relève , il vient me voir et il me dit : « ce n'est quand même pas un hasard si on se retrouve dans le même avion ! ". Je rougis . On discute. « Je m’appelle Frédéric… » me dit-il . Il était de Nîmes , je lui dis que je vis à Biarritz . Il doit retourner à sa place, il me dit : « Je pose mes affaires et je viens te retrouver…. » J’envoie un texto a Emilie : « Tu ne devineras jamais, je suis à côté de lui…. » L’hôtesse de l’air s’étonne: « mais vous vous connaissez ? » Je lui raconte toute l’histoire ,qu’ on a échangé des regards toute la matinée sur la plage , qu’on s’était perdus et qu’on vient de se retrouver. Elle me dit : « mais c’est génial…. Je vais voir si je peux vous mettre ensemble à l’arrière, après le décollage. Vous pourrez parler tranquilles… » .
Au début on était assez timides. « Est ce que t’as quelqu’un dans ta vie ? » « Non » « Moi non plus ». On était à l’arrière d e l’appareil, juste devant l’issue de secours. On mangeait des gâteaux que l’hôtesse nous apportait régulièrement .Il me racontait sa vie. Il était divorcé depuis deux ans, un divorce douloureux. Depuis , il n’avait plus eu d’histoire d’amour. Il était gentil. Il avait l’air tellement doux . Et si intelligent. Le s lumières se sont éteintes au moment où il me disait que je lui plaisais. On s’est embrassés . C’était bon, c’était sucré. Autour de nous tout le monde dormait… Il avait eu peur, me disait il de ne plus me voir après la plage. Il avait pensé que je venais d’arriver sur l'île , lui il était là depuis une semaine , il s’installait tous les jours au même endroit, sur cette plage , il se demandait pourquoi on ne s’était pas vus avant …. On passé une partie de la nuit à parler et à nous embrasser avant de regagner nos fauteuils tard, très tard, presque au matin .
On était le 27 novembre dernier . C’était un lundi matin. Depuis, tout a changé dans ma vie ….A l’aéroport, à la sortie, il m’a présenté ses deux frères qui étaient là avec lui et on est allés boire un café tous les quatre. Il m’a demandé : « Est ce que ça te tenterait qu’on se revoit, qu’ on continue ? » Et je lui ai répondu : « bien sûr ! » « Mais, tu sais, j’ai trois enfants ,je voulais te le dire, je veux tout de dire, je veux jouer franc jeu … » Moi: « c’est bien , ça ne me dérange pas … » « Bon , a-t-il fait : « Alors, je vais venir te voir à Biarritz ! » Il avait sa correspondance tout de suite, moi je devais attendre une heure pour Biarritz . A peine arrivée chez moi , vers 13 heures , j’ avais déjà un texto. Et le soir, il m’ a appelée : « j’arrive vendredi , si ça ne te dérange pas ! » J’étais tellement heureuse! C’est ce soir là, le vendredi , qu’ on on a fait l’amour la première fois. Il est arrivé à une heure du matin. On s’est aimés tout le week end et il n’ est reparti que le lundi matin à 4 heures.
Je n’avais plus eu de vraie grande histoire d’amour depuis mes 25 ans , je ne cherchais même plus . Et ça y était , j’avais trouvé! Il n’arrêtait pas de me dire que j’étais belle et que c’était merveilleux de m’avoir rencontrée.Et c’est vrai depuis que j’ai rencontré Fred, je me sens belle et la vie est redevenue merveilleuse ! C’est la Réunion qui nous réunis ! Ca fait 6 mois maintenant. On s’est fiancés . On est amoureux comme on ne l’a jamais été ni l’un ni l’autre. Et notre plus grand désir maintenant est de vivre ensemble . Je vais aller le rejoindre à Nîmes le premier juillet. Un moment, il s’est demandé s’il ne pourrait pas venir vivre et travailler à Biarritz. Lui, il est dans les voitures , Il a cherché un travail du côté de chez moi , mais à Biarritz , il n’y a rien . Là-bas, il n’y a pas de travail, c’est la qualité de la vie , c’est la planche de surf à l’arrière de la voiture, un point c’est tout! Alors c’est moi qui vais aller le rejoindre .
Je viens de donner ma démission du salon Jacques Dessange dans lequel je travaille. Le plus dur , ça va être de quitter mes amies de Biarritz : Pascaline, Nathalie , Geneviève, Coco, Cathy, toutes mes copines de la Gym. Fred a trois enfants , deux garçons de 13 et 11 ans . Et une fille de 16 ans . Il me les a présentés, en février. Ca s’est très bien passé . Et je vais tout faire pour que ça continue à bien se passer. Je suis originaire de la vallée d’Aspe, dans le Béarn, j’ ai amené Fred chez moi, dans ma vallée que ‘j ai quittée a 19 ans. Je lui ai présenté mes parents. Mon père est charpentier, ma mère fait des ménages. Je redoutais ça parce que je ne les vois pas souvent , mais mon père était content: il a vu qu’avec Fred , c’était du sérieux. On va s’installer tous les deux dans son appartement de Nîmes, route d’Avignon. J’aime bien, on entend les oiseaux le matin ! Après, on trouvera une maison ou quelque chose de plus grand. Maintenant je me demande si je ne vais pas en profiter pour changer de métier. Peut-être ouvrir un commerce, faire quelque chose avec lui. Nous sommes très complices, très complémentaire . Ce serait encore plus merveilleux si on arrivait à travailler ensemble.
ELLE/ Juin 2008/ Propos receuillis par Antoine SILBER
dimanche 18 mai 2008
C'est mon histoire « J’ai attendu d'avoir 18 ans pour coucher avec lui … »
Elle avait 15 ans et lui 31, mais elle a attendu trois ans avant d’accepter de faire l’amour avec lui. Aujourd’hui Rénatta a 20 ans. Sa belle histoire est finie mais elle n’a aucun regret. Elle nous raconte sa première fois.
J’avais 15 ans et demi la première fois que j’ai vu J. Je venais d’entrer en troisième, c’était un samedi midi. En septembre 2004, à la bibliothèque de ma ville. Il était assis derrière un bureau . Il avait le front très dégarni et une barbe de trois jours mais j’ai tout de suite flashé sur ses yeux, d’un vert que je n’avais jamais vu chez personne. Je le regardais, il m’a regardée à son tour et tout le chemin, ensuite, en rentrant chez moi, je pensais à lui. Le samedi d’après, Il était de nouveau là, mais debout, cette fois, au premier étage de la bibliothèque. Ca m’a fait un choc, parce qu’ il était plus petit que je pensais. Moi je mesure I mètre 70, lui a quelques centimètres de moins. Je lui ai demandé un livre sur la peinture. J’ai pris n’importe quel prétexte pour lui parler et on est resté une heure à discuter. Du sculpteur Botero, je me souviens. Je suis venue ensuite tous les samedis pendant toute l’ année scolaire puis tout le début de l’année d’après . On parlait et il ne se passait rien . Jusqu’à ce qu’ un jour, il me demande: « ça te dirait qu’on se voit en dehors ? » Et je lui ai répondu: « oui »
Le problème , c’est qu’il était marié ou tout comme et qu’ il était beaucoup plus âgé que moi…. Il avait 31 ans, au début, plus du double de mon âge. Et S. la femme avec qui il vivait venait d’avoir un bébé, une fille : Lily. On a commencé à se voir dehors, le jeudi. C’était un peu notre jour porte bonheur , le seul où il pouvait se libérer et où moi je finissais assez tôt. Le premier jeudi, ça a été en décembre , juste avant Noël, le 22. On est allés au cinéma voir « Et si c’était vrai…», le film tiré du bouquin de Marc Lévy. Il m’a pris la main dés que la lumière s’est éteinte et on n’a rien vu du film parce qu’ on s’embrassait tout le temps. Ca faisait quand même des mois que j’attendais ça, alors sentir sa peau, le contact de sa peau, l’odeur de sa peau ! Le goût de sa salive aussi. Boire sa salive !
Il me disait qu’ il ne se passait plus rien entre lui et S. ,cette femme avec qui il vivait. Il restait avec elle juste pour sa fille, Lily qu‘il l’adorait. Je savais qu’il disait vrai . Je comprenais . Je voyais bien que c’était compliqué pour lui. Quand je parlais de ça à mes copines, elles me répondaient: « Arrête, tu rêves, ça ne fonctionnera jamais ! » Pendant un an, un an et demi , elles n’ont pas cru que j’avais une histoire sérieuse avec lui.Mais moi je savais qu’il m’aimait , je le sentais. En mai de l’année d’après, son contrat de bibliothécaire s’est fini et on a commencé à se voir,trois ou quatre fois par semaine. On se retrouvait dans sa voiture, on s’embrassait. Il voulait qu’on aille plus loin mais j’hésitais encore. Il vivait quand même avec une autre et puis je n’avais jamais fait l’amour, j'avais peur.
En fait, il a été assez délicat. C’est un homme bien. Je lui demandais: « ça ne te dérange pas que je ne veuille pas faire l’ amour ? ». Il me répondait : « ne t’en fais pas on prendra le temps qu’il faudra ! » En France , les filles couchent pour la première fois en moyenne à 17 ans et 6 mois, d’après les statistiques. Quand j’ai eu mes dix-huit ans, je commençais à en avoir tellement envie, je me disais que peut-être je ne rencontrerai plus jamais un homme aussi gentil comme lui, c’est devenu évident.
J’ avais 18 ans et deux mois . Ca s’est passé chez moi. Le 8 juin 2006, un jeudi.
Je stressais tellement que je lui ai dit que j'allais peut être changer d'avis au dernier moment. Mais non. On était dans la pénombre . Il m'a allongée sur le lit. Il m'a déshabillée très lentement puis s’est déshabillé, très lentement également . Il m'a pénétrée doucement, j’ai eu horriblement mal mais j’étais heureuse. Il m'embrassait dans le cou tout en me demandant si ça allait et ça allait très bien, ça ne pouvait pas aller mieux. C’est ce jour -là que je lui ai dit « je t’aime » pour la première fois.
Juste après, on est allés manger un Mac Do. Je souriais tout le temps, j’étais si bien. Je lui ai demandé pourquoi il ne m’avait pas répondu quand je lui avais dit: « je t’aime » et il m’a répondu: « si je te dis que je t’aime, c’est un engagement et tu sais bien que je ne peux pas…. » Le lendemain, j’ai eu droit à un gros bouquet de roses rouges. Il y avait joint un mot . Il avait écrit : « je suis désolé de ne rien pouvoir t’offrir d’autre que ça … »
Il ne travaillait plus , donc il était très libre . On se voyait souvent et je voulais vivre ces moments exceptionnels avec lui sans penser à rien d’autre. J’étais très heureuse. Je trouvais tout merveilleux. Pour lui c’était plus difficile et quand je me montrais trop pressante, il me disait : » ne t’accroches pas trop à moi, je ne suis pas un homme fait pour toi» Et il baissait la tête, l’air triste , alors je le prenais dans mes bras …
Chaque fois qu’ on se quittait ça me faisait mal . Je ne savais pas quand j’allais le revoir et puis vivre cette histoire clandestinement , ce n’était pas facile . J’étais encore au lycée , personne ne savait , je mentais tout le temps à mes parents. Ma mère n’ arrêtait pas de me poser la question: « et alors tu l’ as fait ? »Et je ne lui répondais pas. Jusqu’à ce que je lui dise oui. Mais sans préciser avec qui. En mentant, encore! Aujourd’hui, elle croit que ça s’est passé avec un garçon de mon âge, un
En juin 2007 , j’ai eu mon bac et on s’est moins vus parce qu’il y a eu les vacances. Mais je ne pensais qu’à lui. Je suis entrée à la fac de lettres et en janvier dernier, ça a commencé à se gâter. S., la femme avec qui il vit, lui a posé un ultimatum. Elle voulait un deuxième enfant et elle lui a fait une sorte de chantage: « c’est ça ou tu t’en vas et dans ce cas , tu ne verras plus ta fille ! » Il était tellement malheureux quand il me racontait ça. Il me parlait de sa fille Lily, quand elle a fait ses premiers pas, quand elle a dit ses premiers mots, quand elle a eu la varicelle, il ne me parlait plus que d’elle. En même temps, il me disait qu’il m’aimait. Mais moi, je ne pouvais pas accepter qu‘ il fasse un enfant avec une autre alors qu’on était ensemble. Il y a une limite,. Du coup, je lui ai posé un contre- ultimatum : « Si tu fais ça, si tu acceptes, je te quitte. »
Le lendemain il m’a envoyé ce mail : « Quand je t'ai laissée hier , j’étais triste, et tu étais triste aussi. J'ai reçu un message de toi dans lequel tu t'excuses et alors là, c'est la meilleure! Tu n'as absolument rien à te reprocher, tu es parfaite. C'est moi qui suis pris au piège : soit je perds ma fille, soit la femme que j'aime, c'est à dire: Toi….. » . Je le voyais continuer à construire sa vie avec cette S. , et pour moi ce n’était plus possible Il ne voulait ou ne pouvait pas rompre. Il disait qu’il m’aimait mais en fait c’était fini, il fallait que je le quitte . Si je restais avec lui, il avait raison, j’allais rater ma vie.
On a fait ça le plus proprement, le plus respectueusement possible . On s’est revus une dernière fois le 22 février. Il ne me demandait plus de revenir sur ma décision. Il comprenait. Mais il avait l’air malheureux ! Le lendemain, le 23, j’ai reçu un nouveau bouquet de roses rouges. C’était au moins le dixième . Ca a été le dernier.
Aujourd’hui , je ne veux plus me rappeler que les bons moments avec lui . Quand, par exemple, je recevais des roses à la maison et que mon père faisait la gueule parce que je voulais pas lui dire qui en était l’expéditeur. Pour l’ instant je ne ‘lai pas remplacé. Je n’ai personne mais je sais que ça ne durera pas: j’ai en vue en garçon de la fac, un type bien lui aussi, et qui a 21 ans. J. m’a ouvert à la vie , grâce à lui, je sais que je peux maintenant aller avec un garçon de mon âge. Le mois dernier, le jour de mes vingt ans, j’ai reçu une lettre de lui et ça m’a fait très plaisir. Il me souhaitait simplement un très bon anniversaire. Comme un vrai ami.
ELLE/ 19 mai 2008/ Propos receuillis par Antoine SILBER
J’avais 15 ans et demi la première fois que j’ai vu J. Je venais d’entrer en troisième, c’était un samedi midi. En septembre 2004, à la bibliothèque de ma ville. Il était assis derrière un bureau . Il avait le front très dégarni et une barbe de trois jours mais j’ai tout de suite flashé sur ses yeux, d’un vert que je n’avais jamais vu chez personne. Je le regardais, il m’a regardée à son tour et tout le chemin, ensuite, en rentrant chez moi, je pensais à lui. Le samedi d’après, Il était de nouveau là, mais debout, cette fois, au premier étage de la bibliothèque. Ca m’a fait un choc, parce qu’ il était plus petit que je pensais. Moi je mesure I mètre 70, lui a quelques centimètres de moins. Je lui ai demandé un livre sur la peinture. J’ai pris n’importe quel prétexte pour lui parler et on est resté une heure à discuter. Du sculpteur Botero, je me souviens. Je suis venue ensuite tous les samedis pendant toute l’ année scolaire puis tout le début de l’année d’après . On parlait et il ne se passait rien . Jusqu’à ce qu’ un jour, il me demande: « ça te dirait qu’on se voit en dehors ? » Et je lui ai répondu: « oui »
Le problème , c’est qu’il était marié ou tout comme et qu’ il était beaucoup plus âgé que moi…. Il avait 31 ans, au début, plus du double de mon âge. Et S. la femme avec qui il vivait venait d’avoir un bébé, une fille : Lily. On a commencé à se voir dehors, le jeudi. C’était un peu notre jour porte bonheur , le seul où il pouvait se libérer et où moi je finissais assez tôt. Le premier jeudi, ça a été en décembre , juste avant Noël, le 22. On est allés au cinéma voir « Et si c’était vrai…», le film tiré du bouquin de Marc Lévy. Il m’a pris la main dés que la lumière s’est éteinte et on n’a rien vu du film parce qu’ on s’embrassait tout le temps. Ca faisait quand même des mois que j’attendais ça, alors sentir sa peau, le contact de sa peau, l’odeur de sa peau ! Le goût de sa salive aussi. Boire sa salive !
Il me disait qu’ il ne se passait plus rien entre lui et S. ,cette femme avec qui il vivait. Il restait avec elle juste pour sa fille, Lily qu‘il l’adorait. Je savais qu’il disait vrai . Je comprenais . Je voyais bien que c’était compliqué pour lui. Quand je parlais de ça à mes copines, elles me répondaient: « Arrête, tu rêves, ça ne fonctionnera jamais ! » Pendant un an, un an et demi , elles n’ont pas cru que j’avais une histoire sérieuse avec lui.Mais moi je savais qu’il m’aimait , je le sentais. En mai de l’année d’après, son contrat de bibliothécaire s’est fini et on a commencé à se voir,trois ou quatre fois par semaine. On se retrouvait dans sa voiture, on s’embrassait. Il voulait qu’on aille plus loin mais j’hésitais encore. Il vivait quand même avec une autre et puis je n’avais jamais fait l’amour, j'avais peur.
En fait, il a été assez délicat. C’est un homme bien. Je lui demandais: « ça ne te dérange pas que je ne veuille pas faire l’ amour ? ». Il me répondait : « ne t’en fais pas on prendra le temps qu’il faudra ! » En France , les filles couchent pour la première fois en moyenne à 17 ans et 6 mois, d’après les statistiques. Quand j’ai eu mes dix-huit ans, je commençais à en avoir tellement envie, je me disais que peut-être je ne rencontrerai plus jamais un homme aussi gentil comme lui, c’est devenu évident.
J’ avais 18 ans et deux mois . Ca s’est passé chez moi. Le 8 juin 2006, un jeudi.
Je stressais tellement que je lui ai dit que j'allais peut être changer d'avis au dernier moment. Mais non. On était dans la pénombre . Il m'a allongée sur le lit. Il m'a déshabillée très lentement puis s’est déshabillé, très lentement également . Il m'a pénétrée doucement, j’ai eu horriblement mal mais j’étais heureuse. Il m'embrassait dans le cou tout en me demandant si ça allait et ça allait très bien, ça ne pouvait pas aller mieux. C’est ce jour -là que je lui ai dit « je t’aime » pour la première fois.
Juste après, on est allés manger un Mac Do. Je souriais tout le temps, j’étais si bien. Je lui ai demandé pourquoi il ne m’avait pas répondu quand je lui avais dit: « je t’aime » et il m’a répondu: « si je te dis que je t’aime, c’est un engagement et tu sais bien que je ne peux pas…. » Le lendemain, j’ai eu droit à un gros bouquet de roses rouges. Il y avait joint un mot . Il avait écrit : « je suis désolé de ne rien pouvoir t’offrir d’autre que ça … »
Il ne travaillait plus , donc il était très libre . On se voyait souvent et je voulais vivre ces moments exceptionnels avec lui sans penser à rien d’autre. J’étais très heureuse. Je trouvais tout merveilleux. Pour lui c’était plus difficile et quand je me montrais trop pressante, il me disait : » ne t’accroches pas trop à moi, je ne suis pas un homme fait pour toi» Et il baissait la tête, l’air triste , alors je le prenais dans mes bras …
Chaque fois qu’ on se quittait ça me faisait mal . Je ne savais pas quand j’allais le revoir et puis vivre cette histoire clandestinement , ce n’était pas facile . J’étais encore au lycée , personne ne savait , je mentais tout le temps à mes parents. Ma mère n’ arrêtait pas de me poser la question: « et alors tu l’ as fait ? »Et je ne lui répondais pas. Jusqu’à ce que je lui dise oui. Mais sans préciser avec qui. En mentant, encore! Aujourd’hui, elle croit que ça s’est passé avec un garçon de mon âge, un
En juin 2007 , j’ai eu mon bac et on s’est moins vus parce qu’il y a eu les vacances. Mais je ne pensais qu’à lui. Je suis entrée à la fac de lettres et en janvier dernier, ça a commencé à se gâter. S., la femme avec qui il vit, lui a posé un ultimatum. Elle voulait un deuxième enfant et elle lui a fait une sorte de chantage: « c’est ça ou tu t’en vas et dans ce cas , tu ne verras plus ta fille ! » Il était tellement malheureux quand il me racontait ça. Il me parlait de sa fille Lily, quand elle a fait ses premiers pas, quand elle a dit ses premiers mots, quand elle a eu la varicelle, il ne me parlait plus que d’elle. En même temps, il me disait qu’il m’aimait. Mais moi, je ne pouvais pas accepter qu‘ il fasse un enfant avec une autre alors qu’on était ensemble. Il y a une limite,. Du coup, je lui ai posé un contre- ultimatum : « Si tu fais ça, si tu acceptes, je te quitte. »
Le lendemain il m’a envoyé ce mail : « Quand je t'ai laissée hier , j’étais triste, et tu étais triste aussi. J'ai reçu un message de toi dans lequel tu t'excuses et alors là, c'est la meilleure! Tu n'as absolument rien à te reprocher, tu es parfaite. C'est moi qui suis pris au piège : soit je perds ma fille, soit la femme que j'aime, c'est à dire: Toi….. » . Je le voyais continuer à construire sa vie avec cette S. , et pour moi ce n’était plus possible Il ne voulait ou ne pouvait pas rompre. Il disait qu’il m’aimait mais en fait c’était fini, il fallait que je le quitte . Si je restais avec lui, il avait raison, j’allais rater ma vie.
On a fait ça le plus proprement, le plus respectueusement possible . On s’est revus une dernière fois le 22 février. Il ne me demandait plus de revenir sur ma décision. Il comprenait. Mais il avait l’air malheureux ! Le lendemain, le 23, j’ai reçu un nouveau bouquet de roses rouges. C’était au moins le dixième . Ca a été le dernier.
Aujourd’hui , je ne veux plus me rappeler que les bons moments avec lui . Quand, par exemple, je recevais des roses à la maison et que mon père faisait la gueule parce que je voulais pas lui dire qui en était l’expéditeur. Pour l’ instant je ne ‘lai pas remplacé. Je n’ai personne mais je sais que ça ne durera pas: j’ai en vue en garçon de la fac, un type bien lui aussi, et qui a 21 ans. J. m’a ouvert à la vie , grâce à lui, je sais que je peux maintenant aller avec un garçon de mon âge. Le mois dernier, le jour de mes vingt ans, j’ai reçu une lettre de lui et ça m’a fait très plaisir. Il me souhaitait simplement un très bon anniversaire. Comme un vrai ami.
ELLE/ 19 mai 2008/ Propos receuillis par Antoine SILBER
lundi 5 mai 2008
C’est mon histoire: « J’ai passé quatre ans dans un palace… »
Candice était, depuis 2004, attachée de direction dans un hotel de luxe prés des Champs-Elysées. A 36 ans, elle vient d’en démissionner. Elle raconte la magie du lieu et ...L'envers du décor .
J’ai travaillé pendant quatre ans dans un palace parisien dont je ne tairai le nom mais qui est situé tout prés des Champs Elysées. J’étais aux petits soins pour les clients, connus ou non, dont je veillais à satisfaire les moindres petits désirs et caprices. Pourtant j’ai tout envoyé promener, il y a quatre mois, fin décembre 2007. Sans aucun regret. C’ est l’ un des hôtels les plus luxueux du monde, un lieu raffiné et magique où tout est parfait et j ’aimais y travailler mais je n’en pouvais plus. Je devais être à disposition 24 heures sur 24. Je n’avais plus de vie. Je crois que je serais tombée malade si j’avais continué.
C’est mon grand père qui m’a donné envie de travailler dans l’hôtellerie de luxe. Quand j’étais petite, il m’emmenait passer des vacances dans un grand hôtel a Vevey, en Suisse, un palace a l’ancienne que j’adorais. Il était suisse. Moi, j’ai été élevée en Alsace. A 18 ans, je suis allée faire l’école hôtelière à Lausanne et j’ai ensuite travaillé une dizaine d’années dans différents hôtels parisiens. En janvier 2004, j’ai été recrutée dans ce palace comme attachée de direction. J’étais heureuse et fière d’avoir réussi à arriver jusque là , au top. Je concrétisais un rêve. 245 chambres, la moins chère à 850 euros la nuit; la plus belle, la suite royale à ….10.000 euros! On était 600 employés et cadres et pourtant, on avait constamment l’impression d’être en sous-effectif.. La pression est énorme . Parce qu’avec un tel niveau de prix, évidemment, tout doit être parfait.
J’étais la seule femme attachée de direction. On travaillait par équipes , par « shifts » de 10 heures qui se tranformaient en général en 12, 13 ou 15 heures. Je devais tout le temps être élégante, parfaitement coiffée et maquillée. Et rester souriante, quoi qu’il arrive. Je devais être plus que compétente: exceptionnelle….. Le crédo à ce niveau là, c’est : « Waouh me if you can !» (éblouis-moi si tu le peux !)
Dans mon contrat, il n’était pas écrit que je devais prendre la responsabilité de l’hôtel la nuit , mais on ne m’a pas donné le choix. J’étais l’interface entre la direction générale de l’hôtel et les employés, et la nuit tout passait par moi. Je travaillais cinq nuits par semaine. Ou alors 3 nuits et ensuite deux journées. En plus, je faisais souvent des « double shifts»: j’arrivais a 22 heures 30, j’étais censée terminer le matin à 8heures et demi mais si mon collègue se faisait porter pâle, je continuais toute la journée….A côté de ça j’étais payée de manière ridicule. Bien sûr il y avait les « tips », les pourboires (environ 700 euros par mois) mais mon salaire d’attachée de direction avec 13 ans d’expérience n’ était que de 3000 euros brut. Soit par mois, à peu prés 2200 euros nets!
Une femme, la nuit, ce n’est pas évident…D’autant que j’ai toujours fait plus jeune que mon age. S’il y avait un problème au bar, un client éméché ou qui faisait du scandale, on m’appellait et parfois, il fallait de la poigne! Je devais aussi gérer les problèmes de bruit dans les étages. Des clients du Quatar ou de Dubaï réservaient d’un coup 20 ou 30 chambres; si au milieu vous avez un client américain qui demande un peu de silence, qu’est ce que vous faites? Sans compter les problèmes de « NL », les « night ladies, »les prostituées. La politique de l’ hôtel est d’ enregistrer tout le monde, pour des questions de sécurité. Or beaucoup de ces night ladies sont des immigrées irrégulières qui n’ont pas de papiers d’identité. Impossible de les laisser monter. Et comment expliquer ça à un client qui paye dix mille euros sa suite et qui attend une fille?
J’ai aussi été responsable de l’acceuil des célébrités , des stars. J’en ai rencontré quelques unes plutôt difficiles, comme Madonna, toujours un peu lointaine et légèrement méprisante. Ou Mariah Carey, jamais satisfaite. Très exigente. Elle demandait un tapis de course devant sa télé, un miroir spécial pour le maquillage avec une chaise haute, plusieurs humidificateurs dispersés dans la suite (pour sa voix). Que ses fenêtres soient toujours opaques ,aussi . Elle est un peu parano, elle. Le pire dans la catégorie clients difficiles: l’acteur Russel Crowe, extrêmement capricieux et colérique.Une fois il a balancé un téléphone sur un concierge!
Cela dit, contrairement a ce que tout le monde pense, en général les stars sont plutôt plus agréables que les clients ordinaires. J’ai plusieurs fois acceuilli Céline Dion et je l’ai trouvée merveilleuse. Elle vous embrasse . Elle vous fait parler. Elle vous demande de disposer des lys ou du mimosas dans son salon. Travailler avec elle a été un bonheur! Autre personnalité vraiment adorable: Bill Clinton. C’est quelqu’un qui a beaucoup d’attentions. Il sert la main à tout le personnel. Lui il veut des cigares cubains dans sa suite et il ne boit que du diet coke « on ice » IL est encore venu l’an dernier. Un mois après, j’avais une lettre de remerciement signée de sa main. « Dear Candice, Thanks so much. I was very impressed with the professionalism and expertise of your staff, and I'm grateful for your efforts…» Ca m’a fait très plaisir ! Et puis certains clients sont très généreux. On m’a offert des bijoux, des chocolats, un vase de baccarat. On peut vous aussi glisser 10O euros dans une enveloppe comme s’il s’agissait de 5 euros !
Pendant toutes ces années, j’ai travaillé comme une bête. J’ai beaucoup aimé ça, mais j’en ai payé le prix. J’étais de plus en plus déconnectée de la réalité. Un tourbillon vertigineux m’aspirait vers toujours plus de travail, toujours plus d’heures, toujours plus de stress. Je jonglais avec mes horaires délirants, je donnais tout à l’hôtel. Résultat: ma vie personnelle a tourné au désastre. Je me suis séparée de mon ami! Il était dans l’hôtellerie lui aussi mais ailleurs et de jour . Souvent, moi, je travaillais 60, 65 heures par semaine et du coup je passais mes jours de repos à dormir. Ce n’était plus possible, nous deux . En plus, j’avais des vertiges, des maux de têtes répétés. Je suis allée voir un médecin . Il m’a fait peur. Je me disais: A 35 ans, je n’ai pas de mari, pas d’enfants, et je suis en train de me ruiner la santé. C’est nul. J’ai pris une grande décision: changer de job, opérer une vraie reconversion de carrière.
Je voulais évoluer vers les RP. J’ai demandé un congé de formation et je me suis lancée dans un MBA en Communication, Médias et Evénementiel. 7 mois d’études pendant lesquels j’ai « quitté » provisoirement l’hôtel. J’ai décroché mon diplôme avec mention. Je suis retournée à l’hôtel avec l’idée de rester dans le groupe et de demander mon transfert au siège mondial, dans le service communication. Mais ma direction ne m’a pas soutenue. Au contraire, j’ai été transférée vers un poste moins rémunéré, avec des responsabilités moindres. Une sorte de disgrâce destinée à me punir. J’ai alors décidé de démissionner.
Voilà. Je voulais vous donner une idée de ce qui se passe dans les coulisses d’un palace parisien. Depuis décembre, je respire, je revis. Je voyage .Je vois plus ma famille, ma mère. Je vais au cinéma, je vois cinq films par jour. Je visite Paris en velib’. Je vais voir toutes les expos. J’ai aussi recommencé sérieusement à chercher un travail et j’ai pas mal de propositions. Mon ancien directeur général me regardait de haut: « Candice, me disait-il, vous n’allez tout de même pas prétendre changer de métier … ». Je lui répondais : « Si, et même sans piston…. Vous verrez ! » C’est ce que je suis en train de faire: quand vous lirez cet article, j’aurais probablement retrouvé un nouveau job , non plus dans l’hôtellerie mais toujours dans l’univers du Luxe. J’ai adoré mon métier mais je l’ai quitté et je ne regrette rien. Je tourne une nouvelle page de ma vie.
ELLE/ 5 mai 2008/ Propos receuillis par Antoine Silber
J’ai travaillé pendant quatre ans dans un palace parisien dont je ne tairai le nom mais qui est situé tout prés des Champs Elysées. J’étais aux petits soins pour les clients, connus ou non, dont je veillais à satisfaire les moindres petits désirs et caprices. Pourtant j’ai tout envoyé promener, il y a quatre mois, fin décembre 2007. Sans aucun regret. C’ est l’ un des hôtels les plus luxueux du monde, un lieu raffiné et magique où tout est parfait et j ’aimais y travailler mais je n’en pouvais plus. Je devais être à disposition 24 heures sur 24. Je n’avais plus de vie. Je crois que je serais tombée malade si j’avais continué.
C’est mon grand père qui m’a donné envie de travailler dans l’hôtellerie de luxe. Quand j’étais petite, il m’emmenait passer des vacances dans un grand hôtel a Vevey, en Suisse, un palace a l’ancienne que j’adorais. Il était suisse. Moi, j’ai été élevée en Alsace. A 18 ans, je suis allée faire l’école hôtelière à Lausanne et j’ai ensuite travaillé une dizaine d’années dans différents hôtels parisiens. En janvier 2004, j’ai été recrutée dans ce palace comme attachée de direction. J’étais heureuse et fière d’avoir réussi à arriver jusque là , au top. Je concrétisais un rêve. 245 chambres, la moins chère à 850 euros la nuit; la plus belle, la suite royale à ….10.000 euros! On était 600 employés et cadres et pourtant, on avait constamment l’impression d’être en sous-effectif.. La pression est énorme . Parce qu’avec un tel niveau de prix, évidemment, tout doit être parfait.
J’étais la seule femme attachée de direction. On travaillait par équipes , par « shifts » de 10 heures qui se tranformaient en général en 12, 13 ou 15 heures. Je devais tout le temps être élégante, parfaitement coiffée et maquillée. Et rester souriante, quoi qu’il arrive. Je devais être plus que compétente: exceptionnelle….. Le crédo à ce niveau là, c’est : « Waouh me if you can !» (éblouis-moi si tu le peux !)
Dans mon contrat, il n’était pas écrit que je devais prendre la responsabilité de l’hôtel la nuit , mais on ne m’a pas donné le choix. J’étais l’interface entre la direction générale de l’hôtel et les employés, et la nuit tout passait par moi. Je travaillais cinq nuits par semaine. Ou alors 3 nuits et ensuite deux journées. En plus, je faisais souvent des « double shifts»: j’arrivais a 22 heures 30, j’étais censée terminer le matin à 8heures et demi mais si mon collègue se faisait porter pâle, je continuais toute la journée….A côté de ça j’étais payée de manière ridicule. Bien sûr il y avait les « tips », les pourboires (environ 700 euros par mois) mais mon salaire d’attachée de direction avec 13 ans d’expérience n’ était que de 3000 euros brut. Soit par mois, à peu prés 2200 euros nets!
Une femme, la nuit, ce n’est pas évident…D’autant que j’ai toujours fait plus jeune que mon age. S’il y avait un problème au bar, un client éméché ou qui faisait du scandale, on m’appellait et parfois, il fallait de la poigne! Je devais aussi gérer les problèmes de bruit dans les étages. Des clients du Quatar ou de Dubaï réservaient d’un coup 20 ou 30 chambres; si au milieu vous avez un client américain qui demande un peu de silence, qu’est ce que vous faites? Sans compter les problèmes de « NL », les « night ladies, »les prostituées. La politique de l’ hôtel est d’ enregistrer tout le monde, pour des questions de sécurité. Or beaucoup de ces night ladies sont des immigrées irrégulières qui n’ont pas de papiers d’identité. Impossible de les laisser monter. Et comment expliquer ça à un client qui paye dix mille euros sa suite et qui attend une fille?
J’ai aussi été responsable de l’acceuil des célébrités , des stars. J’en ai rencontré quelques unes plutôt difficiles, comme Madonna, toujours un peu lointaine et légèrement méprisante. Ou Mariah Carey, jamais satisfaite. Très exigente. Elle demandait un tapis de course devant sa télé, un miroir spécial pour le maquillage avec une chaise haute, plusieurs humidificateurs dispersés dans la suite (pour sa voix). Que ses fenêtres soient toujours opaques ,aussi . Elle est un peu parano, elle. Le pire dans la catégorie clients difficiles: l’acteur Russel Crowe, extrêmement capricieux et colérique.Une fois il a balancé un téléphone sur un concierge!
Cela dit, contrairement a ce que tout le monde pense, en général les stars sont plutôt plus agréables que les clients ordinaires. J’ai plusieurs fois acceuilli Céline Dion et je l’ai trouvée merveilleuse. Elle vous embrasse . Elle vous fait parler. Elle vous demande de disposer des lys ou du mimosas dans son salon. Travailler avec elle a été un bonheur! Autre personnalité vraiment adorable: Bill Clinton. C’est quelqu’un qui a beaucoup d’attentions. Il sert la main à tout le personnel. Lui il veut des cigares cubains dans sa suite et il ne boit que du diet coke « on ice » IL est encore venu l’an dernier. Un mois après, j’avais une lettre de remerciement signée de sa main. « Dear Candice, Thanks so much. I was very impressed with the professionalism and expertise of your staff, and I'm grateful for your efforts…» Ca m’a fait très plaisir ! Et puis certains clients sont très généreux. On m’a offert des bijoux, des chocolats, un vase de baccarat. On peut vous aussi glisser 10O euros dans une enveloppe comme s’il s’agissait de 5 euros !
Pendant toutes ces années, j’ai travaillé comme une bête. J’ai beaucoup aimé ça, mais j’en ai payé le prix. J’étais de plus en plus déconnectée de la réalité. Un tourbillon vertigineux m’aspirait vers toujours plus de travail, toujours plus d’heures, toujours plus de stress. Je jonglais avec mes horaires délirants, je donnais tout à l’hôtel. Résultat: ma vie personnelle a tourné au désastre. Je me suis séparée de mon ami! Il était dans l’hôtellerie lui aussi mais ailleurs et de jour . Souvent, moi, je travaillais 60, 65 heures par semaine et du coup je passais mes jours de repos à dormir. Ce n’était plus possible, nous deux . En plus, j’avais des vertiges, des maux de têtes répétés. Je suis allée voir un médecin . Il m’a fait peur. Je me disais: A 35 ans, je n’ai pas de mari, pas d’enfants, et je suis en train de me ruiner la santé. C’est nul. J’ai pris une grande décision: changer de job, opérer une vraie reconversion de carrière.
Je voulais évoluer vers les RP. J’ai demandé un congé de formation et je me suis lancée dans un MBA en Communication, Médias et Evénementiel. 7 mois d’études pendant lesquels j’ai « quitté » provisoirement l’hôtel. J’ai décroché mon diplôme avec mention. Je suis retournée à l’hôtel avec l’idée de rester dans le groupe et de demander mon transfert au siège mondial, dans le service communication. Mais ma direction ne m’a pas soutenue. Au contraire, j’ai été transférée vers un poste moins rémunéré, avec des responsabilités moindres. Une sorte de disgrâce destinée à me punir. J’ai alors décidé de démissionner.
Voilà. Je voulais vous donner une idée de ce qui se passe dans les coulisses d’un palace parisien. Depuis décembre, je respire, je revis. Je voyage .Je vois plus ma famille, ma mère. Je vais au cinéma, je vois cinq films par jour. Je visite Paris en velib’. Je vais voir toutes les expos. J’ai aussi recommencé sérieusement à chercher un travail et j’ai pas mal de propositions. Mon ancien directeur général me regardait de haut: « Candice, me disait-il, vous n’allez tout de même pas prétendre changer de métier … ». Je lui répondais : « Si, et même sans piston…. Vous verrez ! » C’est ce que je suis en train de faire: quand vous lirez cet article, j’aurais probablement retrouvé un nouveau job , non plus dans l’hôtellerie mais toujours dans l’univers du Luxe. J’ai adoré mon métier mais je l’ai quitté et je ne regrette rien. Je tourne une nouvelle page de ma vie.
ELLE/ 5 mai 2008/ Propos receuillis par Antoine Silber
C’est mon histoire: « Ce secret si lourd que ma mère me cache… »
Elle n’a pas connu son père. Sa mère n’a jamais voulu lui dire qui il était et elle n’ose toujours pas le lui demander directement. VéroniqUe, 49 ans, lance par l’intermédiaire de ELLE, un appel désespéré à sa mère pour qu’elle lui dise, enfin, la vérité sur sa naissance.
Je n’ai jamais connu mon père biologique. Ma mère ne m’a jamais dit qui il était ni ce qui s’était vraiment passé …. Un mystère, un secret de famille dont je suis la première victime. Je suis avocate dans une petite ville de province. Je vais avoir 50 ans et je ne peux toujours pas lui poser les questions qui me hantent depuis que je suis toute petite: qui est mon père? Pourquoi n’ai-je jamais pu le voir? Pourquoi un tel black out? Je ne sais rien ou presque.
Je devais avoir 6-7 ans quand je me suis aperçue que je ne portais pas le même nom que mes parents. Un soir, à table, j’ai timidement demandé des explications. Après un silence gêné, ma mère a regardé mon père, enfin celui que j’appelais « papa » et que je croyais jusque-là être mon père et elle lui a dit : « explique-lui, toi ». « Parce que maman a divorcé ! » m’a t il simplement répondu. Ca a été comme un coup de massue. Je me sentais coupable, honteuse, sans comprendre pourquoi.
Nous sommes ensuite restées des années sans en reparler. J’y pensais souvent, bien sûr. Je mourrais d’envie d’en savoir plus, mais je n’osais pas demander. Ils avaient été mariés trois ans. Probablement l’ avait t-il trompée et en guise de représailles, lui avait - elle fait une sorte de chantage: j’acceptes que tu partes, mais tu ne revois plus jamais ta fille! C’est cela je pense qu’elle n’a jamais pu m’ avouer. Et comme elle n’est pas le genre de femme à douter de la justesse d’une de ses décisions, à admettre qu’elle s’est trompée, surtout cinquante aprés….
Ma mère est ce qu’on appelle une femme de caractère, Avec elle, tout le monde file doux! Elle était professeur de lycée. Elle est à la retraite maintenant mais elle est encore très active. Elle n’est pas plus douée que moi pour le dialogue. Elle a 73 ans, moi je vais avoir 50 ans mais j’ai toujours peur de ses réactions et en face d’elle je suis encore comme une petite fille. Toute ma vie , je me suis dite : « je ne peux pas lui en parler . Est ce que j’ai le droit de raviver cette douleur? » Mais aujourd’hui, je n’ en peux plus, je me dis: oui j’ai le droit. Parce qu’ elle vieillit et même si elle est en très bonne santé, elle pourrait disparaître. Alors je veux qu’elle me raconte, qu’ elle me dise tout de son histoire d’amour avec mon père biologique, de ma naissance et de leur rupture. De leur bonheur puis de leur malheur.
A l’école, j’étais une bonne élève. La petite fille modèle. Je me conformais en fait à l’image qu’elle voulait de moi. Elle répétait : « ah si j’avais pu faire mon droit …. » Et moi, plus tard, j’ai fait mon droit et je suis devenue avocate ! Au collège , puis ensuite au lycée, elle s’était arrangée pour que je sois inscrite non pas sous mon vrai nom mais sous le sien. Je vivais sous cette double identité. J’avais le nom de mes parents pour la vie courante et une autre nom pour les papiers officiels. Le jour de l’oral du bac, je me souviens, je me suis levée à l’appel de mon nom, de mon vrai nom. Mes copines se sont étonnées . « Mais ce n’est pas toi ! » Elles ne savaient pas, bien sûr…
Je suis allée faire mes études dans la grande ville d’a côté. J’habitais seule. Pour la première fois de ma vie , je me sentais libre. J’ai commencé à me dire qu’il fallait que je retrouve mon père. Mais j’hésitais, j’attendais que lui me recherche, qu’il me trouve. Après, je devais avoir 22, 23 ans, je venais de me faire larguer par mon petit copain. Un week-end , je me suis confiée à ma mère . Elle a eu cette reflexion : « au moins tu n’es pas enceinte,toi… »
Je me suis mariée à 25 ans. Je suisdevenue avocate . Un soir , je fouille dans ses affaires, je tombe sur une alliance, avec leurs deux prénoms gravés : Josette et Georges. Un autre jour, chez mes grands parents, je découvre des photos. Lui , le visage découpé, avec moi , bébé, sur ses épaules . Une autre où il est avec ma mère mais le visage coupé là aussi, comme si on avait voulu le supprimer, faire disparaître toute trace de lui. Quand j’ai rencontré celui qui allait devenir mon mari et qui l’est encore aujourd’hui, ma mère a critiqué mon choix. Il était plus jeune que moi et il n’avait pas de travail. Elle me faisait la morale . «Tu ne vas pas épouser ce type là, quand même…» « Et pourquoi pas ?» J’étais en larmes. «Moi,j’aurais bien aimé qu’on me dise la même chose quand j’ai épousé ton père ….»
On s’est fâchées, je suis partie. J’ai eu mon fils trois ans après, mes parents n’ont pas voulu le voir, ça a duré un an. Et puis j’ai eu ma fille et les choses se sont un peu normalisées. Je réussissais bien . J'ai ouvert mon propre cabinet. Mais plus le temps passait, plus je me posais de questions, surtout celles-ci: pourquoi mon père m’avait-il abandonnée? Pourquoi n’avait-il jamais cherché à me revoir?
D’après mon acte de naissance , il avait 7 ans de plus que ma mère, je me disais: il va mourir et je ne le connaîtrai pas…. J’avais un minitel (Internet n’existait pas encore !) j’ai commencé à le chercher, méthodiquement. Dans le département où je suis née, une seule personne avait le même nom et le même prénom que lui. J’ai noté son numéro téléphone et je ‘lai gardé précieusement pendant des années, sans me décider à l’appeler. Je l’avais sur moi , dans mon portefeuille. Je n’en faisais rien. Et puis un jour, j’ai téléphoné. C’était il y a dix ans, je venais d’avais quarante ans
J’imaginais le scénario idéal: il allait décrocher, il dirait « allo » et moi je ferais: « bonjour… » Mais c’est une femme qui m’a répondu, j’étais déçue. J’ai demandé à lui parler, à lui. Je sentais une réticence et même un peu d’agressivité : « qu’est-ce que vous lui voulez ? » Je répondais évasivement, j’ai dit que j’avais le même nom que lui, puis je lui ai donné ma date de naissance, et elle m’a enfin dit qu’elle était sa femme,qu’elle savait qui j’étais, qu’il lui avait parlé de moi … J’ai insisté pour lui parler et là elle m’a dit que son mari était « parti » deux ans plus tôt, qu’elle ne se sentait pas bien, qu’elle allait faire un malaise, et elle a brutalement raccroché.
J’étais sonnée.
N’importe qui aurait compris qu’il était mort, mais pas moi. Je me raccrochais à l’espoir imbécile qu’il l’ avait peut-être quittée, tout simplement. De toutes façons, je ne pouvais pas en rester là: cette femme avait fait un malaise en m’entendant, j’en étais responsable, il fallait que j’en sache plus.
J’ai rappelé le lendemain et cette fois je suis tombée sur sa fille, ma demi –sœur, donc. Elle était un peu plus aimable . Elle m’a confirmé que son père était mort deux ans plus tôt, d’un cancer du poumon , que toute sa vie , il avait été mécanicien, qu’elle était au courant elle aussi de mon existence mais qu’il ne parlait jamais de moi…. Je lui ai demandé de m’envoyer une photo, si elle pouvait, ce qu’ elle a fait quelques semaines après. Mais sur ce cliché, on ne le voit que de profil, avec des lunettes noires et il porte la barbe. Impossible de découvrir une quelconque ressemblance! Je n’ai plus jamais eu de contact avec elle,ni avec sa mère et je suis restée depuis avec mes questions et cet éternel sentiment de vide et d’incompréhension. Quelles que soient les raisons de la séparation d’avec ma mère, pourquoi n’avait -t-il jamais cherché à me revoir, moi, sa fille? Pourquoi m’avait-il lui aussi rayée de sa vie?
Je suis une lente, moi et c’est la première fois que j’ose raconter mon histoire. Je n’en parlais jusqu’ici qu’avec mon mari et mes enfants. Ma mère lit ELLE toutes les semaines et si par hasard elle n’a pas ce numéro, je m’arrangerai pour le lui mettre sous les yeux . Maintenant que mon père est mort elle reste la seule dépositaire de la vérité et je me dis que grâce à cet article nous aurons peut-être toutes les deux la conversation que j’attends depuis si longtemps. Je le souhaite en tous cas. Pour moi mais aussi pour elle, pour qu’elle puisse, se libérer , elle aussi , de ce secret trop lourd à porter.
ELLE/ 21 avril 2008/ Propos receuillis par Antoine Silber
Je n’ai jamais connu mon père biologique. Ma mère ne m’a jamais dit qui il était ni ce qui s’était vraiment passé …. Un mystère, un secret de famille dont je suis la première victime. Je suis avocate dans une petite ville de province. Je vais avoir 50 ans et je ne peux toujours pas lui poser les questions qui me hantent depuis que je suis toute petite: qui est mon père? Pourquoi n’ai-je jamais pu le voir? Pourquoi un tel black out? Je ne sais rien ou presque.
Je devais avoir 6-7 ans quand je me suis aperçue que je ne portais pas le même nom que mes parents. Un soir, à table, j’ai timidement demandé des explications. Après un silence gêné, ma mère a regardé mon père, enfin celui que j’appelais « papa » et que je croyais jusque-là être mon père et elle lui a dit : « explique-lui, toi ». « Parce que maman a divorcé ! » m’a t il simplement répondu. Ca a été comme un coup de massue. Je me sentais coupable, honteuse, sans comprendre pourquoi.
Nous sommes ensuite restées des années sans en reparler. J’y pensais souvent, bien sûr. Je mourrais d’envie d’en savoir plus, mais je n’osais pas demander. Ils avaient été mariés trois ans. Probablement l’ avait t-il trompée et en guise de représailles, lui avait - elle fait une sorte de chantage: j’acceptes que tu partes, mais tu ne revois plus jamais ta fille! C’est cela je pense qu’elle n’a jamais pu m’ avouer. Et comme elle n’est pas le genre de femme à douter de la justesse d’une de ses décisions, à admettre qu’elle s’est trompée, surtout cinquante aprés….
Ma mère est ce qu’on appelle une femme de caractère, Avec elle, tout le monde file doux! Elle était professeur de lycée. Elle est à la retraite maintenant mais elle est encore très active. Elle n’est pas plus douée que moi pour le dialogue. Elle a 73 ans, moi je vais avoir 50 ans mais j’ai toujours peur de ses réactions et en face d’elle je suis encore comme une petite fille. Toute ma vie , je me suis dite : « je ne peux pas lui en parler . Est ce que j’ai le droit de raviver cette douleur? » Mais aujourd’hui, je n’ en peux plus, je me dis: oui j’ai le droit. Parce qu’ elle vieillit et même si elle est en très bonne santé, elle pourrait disparaître. Alors je veux qu’elle me raconte, qu’ elle me dise tout de son histoire d’amour avec mon père biologique, de ma naissance et de leur rupture. De leur bonheur puis de leur malheur.
A l’école, j’étais une bonne élève. La petite fille modèle. Je me conformais en fait à l’image qu’elle voulait de moi. Elle répétait : « ah si j’avais pu faire mon droit …. » Et moi, plus tard, j’ai fait mon droit et je suis devenue avocate ! Au collège , puis ensuite au lycée, elle s’était arrangée pour que je sois inscrite non pas sous mon vrai nom mais sous le sien. Je vivais sous cette double identité. J’avais le nom de mes parents pour la vie courante et une autre nom pour les papiers officiels. Le jour de l’oral du bac, je me souviens, je me suis levée à l’appel de mon nom, de mon vrai nom. Mes copines se sont étonnées . « Mais ce n’est pas toi ! » Elles ne savaient pas, bien sûr…
Je suis allée faire mes études dans la grande ville d’a côté. J’habitais seule. Pour la première fois de ma vie , je me sentais libre. J’ai commencé à me dire qu’il fallait que je retrouve mon père. Mais j’hésitais, j’attendais que lui me recherche, qu’il me trouve. Après, je devais avoir 22, 23 ans, je venais de me faire larguer par mon petit copain. Un week-end , je me suis confiée à ma mère . Elle a eu cette reflexion : « au moins tu n’es pas enceinte,toi… »
Je me suis mariée à 25 ans. Je suisdevenue avocate . Un soir , je fouille dans ses affaires, je tombe sur une alliance, avec leurs deux prénoms gravés : Josette et Georges. Un autre jour, chez mes grands parents, je découvre des photos. Lui , le visage découpé, avec moi , bébé, sur ses épaules . Une autre où il est avec ma mère mais le visage coupé là aussi, comme si on avait voulu le supprimer, faire disparaître toute trace de lui. Quand j’ai rencontré celui qui allait devenir mon mari et qui l’est encore aujourd’hui, ma mère a critiqué mon choix. Il était plus jeune que moi et il n’avait pas de travail. Elle me faisait la morale . «Tu ne vas pas épouser ce type là, quand même…» « Et pourquoi pas ?» J’étais en larmes. «Moi,j’aurais bien aimé qu’on me dise la même chose quand j’ai épousé ton père ….»
On s’est fâchées, je suis partie. J’ai eu mon fils trois ans après, mes parents n’ont pas voulu le voir, ça a duré un an. Et puis j’ai eu ma fille et les choses se sont un peu normalisées. Je réussissais bien . J'ai ouvert mon propre cabinet. Mais plus le temps passait, plus je me posais de questions, surtout celles-ci: pourquoi mon père m’avait-il abandonnée? Pourquoi n’avait-il jamais cherché à me revoir?
D’après mon acte de naissance , il avait 7 ans de plus que ma mère, je me disais: il va mourir et je ne le connaîtrai pas…. J’avais un minitel (Internet n’existait pas encore !) j’ai commencé à le chercher, méthodiquement. Dans le département où je suis née, une seule personne avait le même nom et le même prénom que lui. J’ai noté son numéro téléphone et je ‘lai gardé précieusement pendant des années, sans me décider à l’appeler. Je l’avais sur moi , dans mon portefeuille. Je n’en faisais rien. Et puis un jour, j’ai téléphoné. C’était il y a dix ans, je venais d’avais quarante ans
J’imaginais le scénario idéal: il allait décrocher, il dirait « allo » et moi je ferais: « bonjour… » Mais c’est une femme qui m’a répondu, j’étais déçue. J’ai demandé à lui parler, à lui. Je sentais une réticence et même un peu d’agressivité : « qu’est-ce que vous lui voulez ? » Je répondais évasivement, j’ai dit que j’avais le même nom que lui, puis je lui ai donné ma date de naissance, et elle m’a enfin dit qu’elle était sa femme,qu’elle savait qui j’étais, qu’il lui avait parlé de moi … J’ai insisté pour lui parler et là elle m’a dit que son mari était « parti » deux ans plus tôt, qu’elle ne se sentait pas bien, qu’elle allait faire un malaise, et elle a brutalement raccroché.
J’étais sonnée.
N’importe qui aurait compris qu’il était mort, mais pas moi. Je me raccrochais à l’espoir imbécile qu’il l’ avait peut-être quittée, tout simplement. De toutes façons, je ne pouvais pas en rester là: cette femme avait fait un malaise en m’entendant, j’en étais responsable, il fallait que j’en sache plus.
J’ai rappelé le lendemain et cette fois je suis tombée sur sa fille, ma demi –sœur, donc. Elle était un peu plus aimable . Elle m’a confirmé que son père était mort deux ans plus tôt, d’un cancer du poumon , que toute sa vie , il avait été mécanicien, qu’elle était au courant elle aussi de mon existence mais qu’il ne parlait jamais de moi…. Je lui ai demandé de m’envoyer une photo, si elle pouvait, ce qu’ elle a fait quelques semaines après. Mais sur ce cliché, on ne le voit que de profil, avec des lunettes noires et il porte la barbe. Impossible de découvrir une quelconque ressemblance! Je n’ai plus jamais eu de contact avec elle,ni avec sa mère et je suis restée depuis avec mes questions et cet éternel sentiment de vide et d’incompréhension. Quelles que soient les raisons de la séparation d’avec ma mère, pourquoi n’avait -t-il jamais cherché à me revoir, moi, sa fille? Pourquoi m’avait-il lui aussi rayée de sa vie?
Je suis une lente, moi et c’est la première fois que j’ose raconter mon histoire. Je n’en parlais jusqu’ici qu’avec mon mari et mes enfants. Ma mère lit ELLE toutes les semaines et si par hasard elle n’a pas ce numéro, je m’arrangerai pour le lui mettre sous les yeux . Maintenant que mon père est mort elle reste la seule dépositaire de la vérité et je me dis que grâce à cet article nous aurons peut-être toutes les deux la conversation que j’attends depuis si longtemps. Je le souhaite en tous cas. Pour moi mais aussi pour elle, pour qu’elle puisse, se libérer , elle aussi , de ce secret trop lourd à porter.
ELLE/ 21 avril 2008/ Propos receuillis par Antoine Silber
dimanche 6 avril 2008
C’est mon histoire: « Entre nous, le problème, c’était l’argent ! »
Isabelle a 30 ans. Depuis trois ans, Thomas , l’homme qu’elle aime , vivait à ses crochets et ce n’était facile ni pour elle ni pour lui. Un déséquilibre qui a failli avoir raison de leur amour.
Avec lui, tout a commencé dans une randonnée à rollers. Le Rollers, il n’y a pas de meilleure agence matrimoniale ! C’était un dimanche. On était au moins cinq cent et je ne voyais que lui. Il était un ami de mon frère, je l’avais déjà rencontré avant, mais là tout d’un coup, ça été une révélation. Il était très séduisant . Il avait une vie sociale remplie. Avec lui, j’étais heureuse, j’avais l’impression de sortir d’une longue période d’ hybernation. C’était il y a exactement trois ans, en avril 2005 . L'année de mes 27 ans. Je me séparais de H. , mon compagnon de neuf ans. Une séparation douloureuse. On avait essayé de sauver les meubles en achetant un appartement. On avait signé en janvier et on devait y entrer en juin. Mais cet appartement , on n’a même pas eu le temps de l’habiter: en avril, on s’est séparés . « c’est toi qui a choisi de me quitter , m’a t il dit , alors pour la maison , tu te débrouilles . » J’ai revendu aussitôt. Je suis retournée chez mon père . C’est à ce moment-là que j’ai rencontré Thomas.
Mon père a aujourd’hui 69 ans Il est toujours très gai,trés optimiste et je l’ adore. Thomas s’est tout de suite entendu avec lui, c’était important pour moi… Ma mère est décédée , en 1989, quand j’avais 10 ans et je me suis toujours occupée de mon père ainsi que de mon frère qui a quatre ans de moins que moi . Je me suis toujours occupée des autres, moi. Avec Thomas, je retrouvais les sorties, les amis., j’avais l’impression qu’enfin je vivais. Mais le problème , c’était l’argent. Il n’avait pas de vrai travail : il allait de petits boulots à mi temps en petits boulots en CDD …. Il voulait être photographe , c’était une passion et il désirait en faire son métier mais il n’y arrivait pas , alors il vivait joyeusement à crédit et à découvert sans se soucier du lendemain.
Je l’ai aidé tout de suite . C'était facile : je travaille et en plus j'avais quelques économies. Je n’en parlais pas ailleurs . J’avais peur qu’on se moque de moi qu’on me prenne pour une cruche parce qu’ il vivait vraiment à mes crochets . Il ne me demandait rien , lui . C’était moi, j’insistais toujours pour payer. J'adorais . « Combien ça fait ? « Et on n’en parlait plus ! Je me sentais riche . Je venais de vendre l’appartement, je vivais chez mon père , je pouvais. Ses factures Internet , celles de son portable, pour moi ce n’était rien . Mais cela plaçait quand même notre relation sur des bases assez malsaines.Un soir il y a eu une fuite d’eau dans son appartement , .Le plombier est arrivé . Ca coûtait 200 euros . Il fallait payer tout de suite J’ai sorti mon carnet de chèques .Si je ne ‘lavais pas fait , le plombier repartait sans faire le boulot. Il vivait comme ça , complètement à crédit . Il se faisait d’abord plaisir, après il regardait les factures et moi j’étais là…..
Au bout de quelques mois j’ai commencé à me demander s'il ne profitait pas de la situation. Je lui reprochais de ne pas travailler et puis je vivais mal, et avec retard, ma séparation d’avec H. Je ne pouvais pas repasser devant la maison que je venais de revendre sans avoir envie de vomir . H. allait mal lui aussi et je me sentais coupable. J'ai fait une vraie dépression . Je ne faisais que pleurer et dormir . J’ai été arrêtée trois mois.
Ma dépression a failli nous séparer: il m'a trompée. Je l’ai découvert en voyant des messages qu’’une fille lui adressait sur son adresse e-mail. Il n’y avait aucun doute. Je l’ai interrogé: « je sais que tu m’as trompé. » Il niait. Je lui en voulais de ne pas me dire la vérité, mais c’était comme pour l’argent, il préfèrait repousser les problèmes, quitte à mentir ou à fuir la discussion. En même temps, il était là, avec moi alors que j’allais mal , il est resté tout le temps et je lui en étais reconnaissante. Je me disais : « il faut que je ‘l accepte avec ses défauts . Il me fait du bien et il est là , c’est le principal » Ont suivi alors presque deux ans de relation chaotique et d'amour fou. Les dernières années avec H. m’avaient minée. Avec Thomas, c’était une vie riche , animée . Et j’avais du temps a rattraper ! J’étais chez lui la moitié des nuits , les autres je dormais chez mon père . J’ai acheté un autre appartement. J’ai emménagée, seule, mais deux mois après, je n’en pouvais plus, j’ avais envie de lui tout le temps, je lui ai dit : « viens ».
On a défini ensemble la participation financière de chacun. La moitié des factures communes pour lui . Et une petite participation aux frais quotidiens. C’ était déjà un net progrés. Il a fait un effort. Il a repris le travail d’amubulancier qu’il avait exercé un moment . Mais il y avait des mois où il n’arrivait pas à me donner: il gagnait peu et l’argent avait l’air de lui filer entre les doigts. Il dépensait énormément pour sa passion : la photo. Il avait toujours besoin de plus d’appareils, de focales différentes, de logiciels pour son ordinateur. Et j’étais encore souvent appelée à la rescousse avec ma carte bancaire car la sienne ne passait jamais... Je devais assurer, je n'avais pas le choix ! Parfois on criait, on se déchirait parce que je doutais de sa sincérité, parce que j'avais peur qu'il me trompe à nouveau, parce que c'était fatiguant pour moi d'être si responsable , de toujours donner et aussi par ce que je me demandais quand tout cela allait s'arranger. Par moments je me sentais trop raisonnable, ce n’est pas rigolo d’avoir ce rôle-là et lui il en avait assez aussi d’être dans cette situation instable. On parlait beaucoup, c’est ce qui nous sauvait : on se comprenait. On se comprend.Thomas, c'est quelqu’un de bien, je n’en ai jamais douté. N’empêche, nous avons eu de la chance de nous en sortir.
Aujourd’hui, je me repasse tout le film dans la tête. Je vois bien que nous étions trop fragiles tous les deux quand nous nous sommes rencontrés. Il y avait mes failles – je suis trop maternelle !- et les siennes: il ne savait pas ce qu’ il voulait faire de sa vie. Moi, je rêvais d’avoir un enfant, alors que maintenant je me dis que pour ça j’ai le temps. … Oui, c’est vrai , tout a changé depuis trois ans. Je lui ai pardonné son écart. Et lui a su m’accepter comme je suis. On est plus libres l’un par rapport à l’ autre...Il est vrai que, professionnellement, il s’est peut être enfin stabilisé. Il a signé en décembre un gros contrat pour un job de longue durée comme photographe. Il va faire une série de reportages à l’étranger. Maintenant je me dis que c’est lui qui avait raison : ça valait la peine de faire des efforts. Il a pris des risques et ça a payé.
Il est parti pour son premier déplacement au Sénégal. Ca a été très dur: il me manquait. Le deuxième fois, en Pologne, je me sentais déjà mieux et maintenant je m’aperçois que ces séparations ont des avantages: je ne suis plus aussi dépendante de lui. Je ressens plus qu’il m’aime. D’ ailleurs il m’appelle tout le temps. Il s’inquiète pour moi. Et moi je n’ai plus peur qu ‘il me trompe…. La semaine prochaine il doit partir pour la Bulgarie. Ensuite il y aura le Nigeria, le Brésil, l’Amérique latine. A moi d’organiser ma vie pendant ces périodes sans lui !
Il gagne bien sa vie désormais et il est fier de ce qu’il fait. Il parle même d’avoir un bébé…..Avant nos amis savaient que je l’aidais,ce n’était pas forcément facile à vivre pour lui . Là, il a retrouvé un statut plus honorable. En plus, il m’ est reconnaissant d’avoir tenu. Il me dit: « Si tu n’ avais pas été là pour les appareils photo, je n’y serais jamais arrivé…»
Je sais qu'il verra ce témoignage car cette rubrique, est toujours la première qu'il lit quand il me vole mon ELLE. Je voudrais lui dire combien je l'aime et comme je suis fière de lui. Quand je l'ai connu, il se cherchait, il fuyait ses responsabilités. Aujourd’hui il me le dit: il a confiance. Son avenir, il le voit avec moi.
ELLE/ 7 avril 2008/ propos receuillis par Antoine SILBER
Avec lui, tout a commencé dans une randonnée à rollers. Le Rollers, il n’y a pas de meilleure agence matrimoniale ! C’était un dimanche. On était au moins cinq cent et je ne voyais que lui. Il était un ami de mon frère, je l’avais déjà rencontré avant, mais là tout d’un coup, ça été une révélation. Il était très séduisant . Il avait une vie sociale remplie. Avec lui, j’étais heureuse, j’avais l’impression de sortir d’une longue période d’ hybernation. C’était il y a exactement trois ans, en avril 2005 . L'année de mes 27 ans. Je me séparais de H. , mon compagnon de neuf ans. Une séparation douloureuse. On avait essayé de sauver les meubles en achetant un appartement. On avait signé en janvier et on devait y entrer en juin. Mais cet appartement , on n’a même pas eu le temps de l’habiter: en avril, on s’est séparés . « c’est toi qui a choisi de me quitter , m’a t il dit , alors pour la maison , tu te débrouilles . » J’ai revendu aussitôt. Je suis retournée chez mon père . C’est à ce moment-là que j’ai rencontré Thomas.
Mon père a aujourd’hui 69 ans Il est toujours très gai,trés optimiste et je l’ adore. Thomas s’est tout de suite entendu avec lui, c’était important pour moi… Ma mère est décédée , en 1989, quand j’avais 10 ans et je me suis toujours occupée de mon père ainsi que de mon frère qui a quatre ans de moins que moi . Je me suis toujours occupée des autres, moi. Avec Thomas, je retrouvais les sorties, les amis., j’avais l’impression qu’enfin je vivais. Mais le problème , c’était l’argent. Il n’avait pas de vrai travail : il allait de petits boulots à mi temps en petits boulots en CDD …. Il voulait être photographe , c’était une passion et il désirait en faire son métier mais il n’y arrivait pas , alors il vivait joyeusement à crédit et à découvert sans se soucier du lendemain.
Je l’ai aidé tout de suite . C'était facile : je travaille et en plus j'avais quelques économies. Je n’en parlais pas ailleurs . J’avais peur qu’on se moque de moi qu’on me prenne pour une cruche parce qu’ il vivait vraiment à mes crochets . Il ne me demandait rien , lui . C’était moi, j’insistais toujours pour payer. J'adorais . « Combien ça fait ? « Et on n’en parlait plus ! Je me sentais riche . Je venais de vendre l’appartement, je vivais chez mon père , je pouvais. Ses factures Internet , celles de son portable, pour moi ce n’était rien . Mais cela plaçait quand même notre relation sur des bases assez malsaines.Un soir il y a eu une fuite d’eau dans son appartement , .Le plombier est arrivé . Ca coûtait 200 euros . Il fallait payer tout de suite J’ai sorti mon carnet de chèques .Si je ne ‘lavais pas fait , le plombier repartait sans faire le boulot. Il vivait comme ça , complètement à crédit . Il se faisait d’abord plaisir, après il regardait les factures et moi j’étais là…..
Au bout de quelques mois j’ai commencé à me demander s'il ne profitait pas de la situation. Je lui reprochais de ne pas travailler et puis je vivais mal, et avec retard, ma séparation d’avec H. Je ne pouvais pas repasser devant la maison que je venais de revendre sans avoir envie de vomir . H. allait mal lui aussi et je me sentais coupable. J'ai fait une vraie dépression . Je ne faisais que pleurer et dormir . J’ai été arrêtée trois mois.
Ma dépression a failli nous séparer: il m'a trompée. Je l’ai découvert en voyant des messages qu’’une fille lui adressait sur son adresse e-mail. Il n’y avait aucun doute. Je l’ai interrogé: « je sais que tu m’as trompé. » Il niait. Je lui en voulais de ne pas me dire la vérité, mais c’était comme pour l’argent, il préfèrait repousser les problèmes, quitte à mentir ou à fuir la discussion. En même temps, il était là, avec moi alors que j’allais mal , il est resté tout le temps et je lui en étais reconnaissante. Je me disais : « il faut que je ‘l accepte avec ses défauts . Il me fait du bien et il est là , c’est le principal » Ont suivi alors presque deux ans de relation chaotique et d'amour fou. Les dernières années avec H. m’avaient minée. Avec Thomas, c’était une vie riche , animée . Et j’avais du temps a rattraper ! J’étais chez lui la moitié des nuits , les autres je dormais chez mon père . J’ai acheté un autre appartement. J’ai emménagée, seule, mais deux mois après, je n’en pouvais plus, j’ avais envie de lui tout le temps, je lui ai dit : « viens ».
On a défini ensemble la participation financière de chacun. La moitié des factures communes pour lui . Et une petite participation aux frais quotidiens. C’ était déjà un net progrés. Il a fait un effort. Il a repris le travail d’amubulancier qu’il avait exercé un moment . Mais il y avait des mois où il n’arrivait pas à me donner: il gagnait peu et l’argent avait l’air de lui filer entre les doigts. Il dépensait énormément pour sa passion : la photo. Il avait toujours besoin de plus d’appareils, de focales différentes, de logiciels pour son ordinateur. Et j’étais encore souvent appelée à la rescousse avec ma carte bancaire car la sienne ne passait jamais... Je devais assurer, je n'avais pas le choix ! Parfois on criait, on se déchirait parce que je doutais de sa sincérité, parce que j'avais peur qu'il me trompe à nouveau, parce que c'était fatiguant pour moi d'être si responsable , de toujours donner et aussi par ce que je me demandais quand tout cela allait s'arranger. Par moments je me sentais trop raisonnable, ce n’est pas rigolo d’avoir ce rôle-là et lui il en avait assez aussi d’être dans cette situation instable. On parlait beaucoup, c’est ce qui nous sauvait : on se comprenait. On se comprend.Thomas, c'est quelqu’un de bien, je n’en ai jamais douté. N’empêche, nous avons eu de la chance de nous en sortir.
Aujourd’hui, je me repasse tout le film dans la tête. Je vois bien que nous étions trop fragiles tous les deux quand nous nous sommes rencontrés. Il y avait mes failles – je suis trop maternelle !- et les siennes: il ne savait pas ce qu’ il voulait faire de sa vie. Moi, je rêvais d’avoir un enfant, alors que maintenant je me dis que pour ça j’ai le temps. … Oui, c’est vrai , tout a changé depuis trois ans. Je lui ai pardonné son écart. Et lui a su m’accepter comme je suis. On est plus libres l’un par rapport à l’ autre...Il est vrai que, professionnellement, il s’est peut être enfin stabilisé. Il a signé en décembre un gros contrat pour un job de longue durée comme photographe. Il va faire une série de reportages à l’étranger. Maintenant je me dis que c’est lui qui avait raison : ça valait la peine de faire des efforts. Il a pris des risques et ça a payé.
Il est parti pour son premier déplacement au Sénégal. Ca a été très dur: il me manquait. Le deuxième fois, en Pologne, je me sentais déjà mieux et maintenant je m’aperçois que ces séparations ont des avantages: je ne suis plus aussi dépendante de lui. Je ressens plus qu’il m’aime. D’ ailleurs il m’appelle tout le temps. Il s’inquiète pour moi. Et moi je n’ai plus peur qu ‘il me trompe…. La semaine prochaine il doit partir pour la Bulgarie. Ensuite il y aura le Nigeria, le Brésil, l’Amérique latine. A moi d’organiser ma vie pendant ces périodes sans lui !
Il gagne bien sa vie désormais et il est fier de ce qu’il fait. Il parle même d’avoir un bébé…..Avant nos amis savaient que je l’aidais,ce n’était pas forcément facile à vivre pour lui . Là, il a retrouvé un statut plus honorable. En plus, il m’ est reconnaissant d’avoir tenu. Il me dit: « Si tu n’ avais pas été là pour les appareils photo, je n’y serais jamais arrivé…»
Je sais qu'il verra ce témoignage car cette rubrique, est toujours la première qu'il lit quand il me vole mon ELLE. Je voudrais lui dire combien je l'aime et comme je suis fière de lui. Quand je l'ai connu, il se cherchait, il fuyait ses responsabilités. Aujourd’hui il me le dit: il a confiance. Son avenir, il le voit avec moi.
ELLE/ 7 avril 2008/ propos receuillis par Antoine SILBER
samedi 22 mars 2008
C’est mon histoire :" je suis allée jusqu'à Shanghaï pour le retrouver..."
Amandine et Théo ne sont jamais synchrones. Ils se sont connus il y a trois ans à Edimbourg et depuis ils se courent après. De Lyon à Londres et de Montréal à Shanghaï. Elle raconte.
J’ai 25 ans . J’ai toujours essayé de mêler études, travail et voyages.Et Théo aussi. C’est ce qui nous rapproche mais c’est aussi ce qui nous éloigne. A 18 ans, je travaillais a Londres comme serveuse dans un resto de la City. J’y suis restée huit mois, avant d’ intégrer un IUT en techniques de commercialisation, à Lyon. Puis j’ai passé un an à Montréal, un échange pour valider mon DUT. En Octobre 2004, je suis partie faire ma licence à Edimbourg. Et c’est là que je l’ai rencontré.
Il était de Paris, moi je suis de Lyon. Etudiant lui aussi, mais avec déjà un doctorat. On a accrochés tout de suite . Ce qui me frappait, c’est qu’il parlait tellement bien anglais. Il était beau et il avait l’air de le savoir. Grand. Brun, bon chic bon genre, mais cool vous voyez. Il me draguait mais à sa manière, proprement, poliment. Il était charmant, on passait des journée délicieuses. Il est tombé amoureux tout de suite,mais moi j’étais plus distante,je le voyais plus comme mon meilleur ami. A l’époque, aussi, j’avais un copain, depuis trois ans , depuis l’IUT. Je n’étais pas complètement disponible.
Il me disait que j’étais importante pour lui,mais moi, j’avais du mal à me livrer. Je n’y allais pas…. Il est revenu à Paris et je suis restée à Edimbourg, mais je le revoyais souvent, je rentrais en France toutes les trois semaines à peu prés. En juin 2005, je repars définitivement d’Edimbourg. Je le vois à Paris . Il me dit: « Cet été il faut que tu réfléchisses à nous deux ». Pendant l’été , il va à l’Ile de Ré rejoindre sa famille. Moi en Italie. Son frère après m’a dit qu’il ne parlait que de moi . A la fin de l’été , il me rappelle : « Est ce que tu as réfléchi? ». J’avais quitté mon copain mais je n’étais pas plus décidé qu’avant. J’allais déménager en Septembre pour intégrer une école de commerce à Tours. Il me dit qu’il va venir me voir. Ca me faisait peur, je lui dis non. Il insistait. Je refusais . Je ‘n y arrivais toujours pas , je ne sais pas pourquoi . Et du coup on ne s’est plus revus .Jusqu’à Noël 2005 où il est venu me voir à Lyon et ‘ma invité dans un bouchon, dans le vieux Lyon .Je me souviens de cette époque- là, je commençais à me lâcher. Je me disais qu’avec lui cela pourrait être vraiment bien . Et puis 2OO6 est arrivé….Moi j’étais à Tours , lui à Paris. Et en février, soudain, il m’envoie un mail: « Je pars pour la Chine ! »
Il s’est retrouvé à Shanghaï et j’ai tout de suite compris qu’il allait me manquer affreusement. Il avait fallu qu’il s’en aille au bout du monde pour que je m’en aperçoive! Je regrettais son départ. Je regrettais surtout qu’on se soit ratés comme ça . Il travaillait dans une grande boîte française.Et j’avais envie d’être avec lui. On s’envoyait des mails. En avril, je lui écris : « j’ai des vacances, j’arrive, je reste 10 jours ». Il me répond: « viens ». Il me répond tout de suite ,très content, enthousiaste. Et puis il y a tout une série de quiproquos. Je lui avais dit que j’arrivais un lundi mais je m étais trompée , à cause du décalage horaire , je n’arrivais que le mardi. J’ai eu un changement à Francfort, le voyage a été interminable. Il m’a attendu 24 heures . Il s’ est inquiété. Quand je suis arrivée , il était énervé . Ca commençait mal!
Je ne comprenais pas pourquoi il était si froid alors que huit jours plus tôt, dans ses mails, il était tellement amoureux, si impatient de me voir. Je ne l’ai compris qu’ après : entre le moment où il m’a dit : « viens « et mon arrivée, il avait rencontré une fille, une chinoise. Kim. Pour moi, c’était un peu la douche froide. Il me l’a avoué: « j’ai une copine » « Qui c’est? Comment elle s’appelle ?» « Une étudiante ». J’étais mal à l’aise. Je me sentais perdue dans un pays inconnu avec mon Théo qui n’était plus mon Théo. Je débarquais dans la vie qu’ il s’était créée et je n’allais pas mais pas du tout dans le décor. Il n’était plus aussi pressant, amoureux qu’ à Edimbourg. Il me fuyait, même . Il travaillait tout le temps ou alors il était avec cette Kim. En plus, il pleuvait. La fin du voyage a été sinistre. A l’aéroport, quand on s’est dit au revoir, je me sentais tellement triste. C’était encore raté! J’ai ruminé ça tout le voyage et à l’ arrivée à Paris, j’étais décidée à tout arrêter.
Pendant un an, je n’ai plus voulu le voir . J’essayais de vivre ma vie sans lui, de l’oublier. En mars 2007, il m’ envoie un mail. Il me dit qu’il aimerait avoir des nouvelles, que je compte pour lui. Je lui réponds que je m’apprête à partir au Canada et il me renvoie un mail pour me dire que je lui manque. Je décide de ne pas lui répondre, on commençait quand même a se faire un peu beaucoup de mal. Je suis donc retournée cinq mois à Montréal. Je n’ avais personne, je ne le remplaçais pas. Je crois que je n’aurais pas pu aller avec un autre garçon. Je suis revenue à Paris fin août. Lui est revenu de Chine en novembre , c’était l’an dernier, en 2007 . Il m’a alors envoyé un mail auquel je n’ai pas répondu, je ne me sentais pas encore prête vraiment à avoir des relations apaisées avec lui.
Un soir, en décembre,j’étais à Lyon, chez mes parents, le téléphone sonne. C’était lui . Il était à Paris. Je revenais le lendemain. Il propose qu’on se voit . Et je cède. Je lui donne rendez-vous place de l’Opéra . C’était un mercredi . On était si contents de se retrouver. On s’est parlés deux heures , on s’est tout dit . On est allés ensemble acheter des cadeaux de Noël . Le soir, il m’a emmenée dîner chez son père et je suis restée dormir. On se retrouvait, c’était si intense. Depuis le début on passait son temps à se courir après sans jamais arriver à se rattraper et là , soudain, on n’avait plus cette impression de décalage, on était synchrones. Amoureux en même temps . Enfin ensemble. On pouvait vivre notre histoire à fond.
Il devait aller passer le nouvel an chez sa mère qui, elle aussi, vit à Lyon. Il voulait me la présenter. J’ai hésité et puis je me suis retrouvée avec toute sa famille, sa maman et ses deux frères. J’avais une impression étrange, comme si je faisais déjà partie de sa famille. J’étais si heureuse et puis soudain il a dit qu’ il allait repartir pour Shanghaï, parce que pour lui, l’avenir était là-bas, et moi ça m’a glacée. Je me suis demandée tout d’un coup ce que j’allais devenir s’il repartait. Je ne voulais pas. La première fois, là-bas, ça avait été une telle souffrance
Deux mois après, juste avant son départ, il m’a dit : « Je crois que pour nous, ce n’est pas encore le bon moment. » Il m’a embrassée et puis il a ajouté: « tu sais, je tiens à toi….» Qu’est-ce que je pouvais lui répondre? Il sait qu’il est spécial pour moi. Il sait que je peux tout lui pardonner. Il sait que j’aime beaucoup voyager , mais de là à le suivre partout, non ! En fait, il y a deux Théo. Le Théo d’Edimbourg , tellement charmant et amoureux , celui qui me dit que je lui manque,le Théo que ‘j aime. Et il y a le Théo de Shanghai, si lointain, si froid. Celui que je n’aime pas. Je réponds en ce moment à des annonces pour aller travailler comme chef de produit en marketing aux Etats-Unis ou ailleurs à l’étranger. Mais si un poste se libère à Shanghaï, qu’est-ce que je dois faire? Est ce que je dois y aller? Dans quel pays est- ce je vais habiter l’an prochain? Je ne sais pas. Je ne sais plus .
A 26 ans, il ne veut pas s’engager. En tous cas pas avant d’avoir réussi professionnellement. Et je crois que c’est un peu la même chose pour moi. Au fond ,je ne peux rien lui reprocher. Il est clair. Est-ce que nous, c’est une histoire sans fin ? Mais si on ne peut pas se quitter, est-ce que ça ne veut pas dire que c’est fort, plus fort qu’avec tous les autres, plus fort que tout ? Moi je crois qu’ un jour, ce sera « le bon moment ». Oui ,sûrement, j’ y crois. Mais quand? Dans six mois? Dans dix ans?
ELLE. 24 mars 2008. Propos receuillis par Antoine SILBER
J’ai 25 ans . J’ai toujours essayé de mêler études, travail et voyages.Et Théo aussi. C’est ce qui nous rapproche mais c’est aussi ce qui nous éloigne. A 18 ans, je travaillais a Londres comme serveuse dans un resto de la City. J’y suis restée huit mois, avant d’ intégrer un IUT en techniques de commercialisation, à Lyon. Puis j’ai passé un an à Montréal, un échange pour valider mon DUT. En Octobre 2004, je suis partie faire ma licence à Edimbourg. Et c’est là que je l’ai rencontré.
Il était de Paris, moi je suis de Lyon. Etudiant lui aussi, mais avec déjà un doctorat. On a accrochés tout de suite . Ce qui me frappait, c’est qu’il parlait tellement bien anglais. Il était beau et il avait l’air de le savoir. Grand. Brun, bon chic bon genre, mais cool vous voyez. Il me draguait mais à sa manière, proprement, poliment. Il était charmant, on passait des journée délicieuses. Il est tombé amoureux tout de suite,mais moi j’étais plus distante,je le voyais plus comme mon meilleur ami. A l’époque, aussi, j’avais un copain, depuis trois ans , depuis l’IUT. Je n’étais pas complètement disponible.
Il me disait que j’étais importante pour lui,mais moi, j’avais du mal à me livrer. Je n’y allais pas…. Il est revenu à Paris et je suis restée à Edimbourg, mais je le revoyais souvent, je rentrais en France toutes les trois semaines à peu prés. En juin 2005, je repars définitivement d’Edimbourg. Je le vois à Paris . Il me dit: « Cet été il faut que tu réfléchisses à nous deux ». Pendant l’été , il va à l’Ile de Ré rejoindre sa famille. Moi en Italie. Son frère après m’a dit qu’il ne parlait que de moi . A la fin de l’été , il me rappelle : « Est ce que tu as réfléchi? ». J’avais quitté mon copain mais je n’étais pas plus décidé qu’avant. J’allais déménager en Septembre pour intégrer une école de commerce à Tours. Il me dit qu’il va venir me voir. Ca me faisait peur, je lui dis non. Il insistait. Je refusais . Je ‘n y arrivais toujours pas , je ne sais pas pourquoi . Et du coup on ne s’est plus revus .Jusqu’à Noël 2005 où il est venu me voir à Lyon et ‘ma invité dans un bouchon, dans le vieux Lyon .Je me souviens de cette époque- là, je commençais à me lâcher. Je me disais qu’avec lui cela pourrait être vraiment bien . Et puis 2OO6 est arrivé….Moi j’étais à Tours , lui à Paris. Et en février, soudain, il m’envoie un mail: « Je pars pour la Chine ! »
Il s’est retrouvé à Shanghaï et j’ai tout de suite compris qu’il allait me manquer affreusement. Il avait fallu qu’il s’en aille au bout du monde pour que je m’en aperçoive! Je regrettais son départ. Je regrettais surtout qu’on se soit ratés comme ça . Il travaillait dans une grande boîte française.Et j’avais envie d’être avec lui. On s’envoyait des mails. En avril, je lui écris : « j’ai des vacances, j’arrive, je reste 10 jours ». Il me répond: « viens ». Il me répond tout de suite ,très content, enthousiaste. Et puis il y a tout une série de quiproquos. Je lui avais dit que j’arrivais un lundi mais je m étais trompée , à cause du décalage horaire , je n’arrivais que le mardi. J’ai eu un changement à Francfort, le voyage a été interminable. Il m’a attendu 24 heures . Il s’ est inquiété. Quand je suis arrivée , il était énervé . Ca commençait mal!
Je ne comprenais pas pourquoi il était si froid alors que huit jours plus tôt, dans ses mails, il était tellement amoureux, si impatient de me voir. Je ne l’ai compris qu’ après : entre le moment où il m’a dit : « viens « et mon arrivée, il avait rencontré une fille, une chinoise. Kim. Pour moi, c’était un peu la douche froide. Il me l’a avoué: « j’ai une copine » « Qui c’est? Comment elle s’appelle ?» « Une étudiante ». J’étais mal à l’aise. Je me sentais perdue dans un pays inconnu avec mon Théo qui n’était plus mon Théo. Je débarquais dans la vie qu’ il s’était créée et je n’allais pas mais pas du tout dans le décor. Il n’était plus aussi pressant, amoureux qu’ à Edimbourg. Il me fuyait, même . Il travaillait tout le temps ou alors il était avec cette Kim. En plus, il pleuvait. La fin du voyage a été sinistre. A l’aéroport, quand on s’est dit au revoir, je me sentais tellement triste. C’était encore raté! J’ai ruminé ça tout le voyage et à l’ arrivée à Paris, j’étais décidée à tout arrêter.
Pendant un an, je n’ai plus voulu le voir . J’essayais de vivre ma vie sans lui, de l’oublier. En mars 2007, il m’ envoie un mail. Il me dit qu’il aimerait avoir des nouvelles, que je compte pour lui. Je lui réponds que je m’apprête à partir au Canada et il me renvoie un mail pour me dire que je lui manque. Je décide de ne pas lui répondre, on commençait quand même a se faire un peu beaucoup de mal. Je suis donc retournée cinq mois à Montréal. Je n’ avais personne, je ne le remplaçais pas. Je crois que je n’aurais pas pu aller avec un autre garçon. Je suis revenue à Paris fin août. Lui est revenu de Chine en novembre , c’était l’an dernier, en 2007 . Il m’a alors envoyé un mail auquel je n’ai pas répondu, je ne me sentais pas encore prête vraiment à avoir des relations apaisées avec lui.
Un soir, en décembre,j’étais à Lyon, chez mes parents, le téléphone sonne. C’était lui . Il était à Paris. Je revenais le lendemain. Il propose qu’on se voit . Et je cède. Je lui donne rendez-vous place de l’Opéra . C’était un mercredi . On était si contents de se retrouver. On s’est parlés deux heures , on s’est tout dit . On est allés ensemble acheter des cadeaux de Noël . Le soir, il m’a emmenée dîner chez son père et je suis restée dormir. On se retrouvait, c’était si intense. Depuis le début on passait son temps à se courir après sans jamais arriver à se rattraper et là , soudain, on n’avait plus cette impression de décalage, on était synchrones. Amoureux en même temps . Enfin ensemble. On pouvait vivre notre histoire à fond.
Il devait aller passer le nouvel an chez sa mère qui, elle aussi, vit à Lyon. Il voulait me la présenter. J’ai hésité et puis je me suis retrouvée avec toute sa famille, sa maman et ses deux frères. J’avais une impression étrange, comme si je faisais déjà partie de sa famille. J’étais si heureuse et puis soudain il a dit qu’ il allait repartir pour Shanghaï, parce que pour lui, l’avenir était là-bas, et moi ça m’a glacée. Je me suis demandée tout d’un coup ce que j’allais devenir s’il repartait. Je ne voulais pas. La première fois, là-bas, ça avait été une telle souffrance
Deux mois après, juste avant son départ, il m’a dit : « Je crois que pour nous, ce n’est pas encore le bon moment. » Il m’a embrassée et puis il a ajouté: « tu sais, je tiens à toi….» Qu’est-ce que je pouvais lui répondre? Il sait qu’il est spécial pour moi. Il sait que je peux tout lui pardonner. Il sait que j’aime beaucoup voyager , mais de là à le suivre partout, non ! En fait, il y a deux Théo. Le Théo d’Edimbourg , tellement charmant et amoureux , celui qui me dit que je lui manque,le Théo que ‘j aime. Et il y a le Théo de Shanghai, si lointain, si froid. Celui que je n’aime pas. Je réponds en ce moment à des annonces pour aller travailler comme chef de produit en marketing aux Etats-Unis ou ailleurs à l’étranger. Mais si un poste se libère à Shanghaï, qu’est-ce que je dois faire? Est ce que je dois y aller? Dans quel pays est- ce je vais habiter l’an prochain? Je ne sais pas. Je ne sais plus .
A 26 ans, il ne veut pas s’engager. En tous cas pas avant d’avoir réussi professionnellement. Et je crois que c’est un peu la même chose pour moi. Au fond ,je ne peux rien lui reprocher. Il est clair. Est-ce que nous, c’est une histoire sans fin ? Mais si on ne peut pas se quitter, est-ce que ça ne veut pas dire que c’est fort, plus fort qu’avec tous les autres, plus fort que tout ? Moi je crois qu’ un jour, ce sera « le bon moment ». Oui ,sûrement, j’ y crois. Mais quand? Dans six mois? Dans dix ans?
ELLE. 24 mars 2008. Propos receuillis par Antoine SILBER
dimanche 16 mars 2008
C’EST MON HISTOIRE « Six ans dans le même bureau que ma rivale! »
Ils étaient ensemble dans la vie, et travaillaient dans la même société . Un jour Olivier a quitté Raphaëlle pour Christelle, une collègue plus jeune. Et le calvaire a commencé. Raphaëlle a aujourd’hui 33 ans. Elle raconte.
Elle était ma collègue de bureau et ma rivale. Elle m’avait pris l’homme que j’aimais! Pendant six ans, on est restées toutes les deux à travailler dans le même bureau, l’une en face de l’autre, sans se parler. Je voyais Olivier venir la chercher pour déjeuner. Le vendredi, je sortais du bureau , je la voyais monter dans sa voiture, il avait les skis sur le toit et sa fille derrière. Il l’emmenait dans une station de ski, exactement comme moi, il m’emmenait avant. J'étais tellement malheureuse! Je ne pouvais pas partir . J’avais peur de ne plus avoir de boulot. Mais tout de même ….Aujourd'hui je me demande comment j’ai pu rester si longtemps sans réagir. Un peu comme si j’avais eu besoin de me punir .
La première fois que j’ai parlé à Olivier, c’était en 1997. Devant la machine à café. Il n’était pas très grand, il avait des yeux malicieux, c’était ce genre de garçon dont on dit: « il a du charme! ». On parlait moto; moi, je suis une fana. J’avais 23 ans, c’était il y a dix ans. Il avait sept ans de plus que moi, il était marié et avait une fille . Moi j’avais un petit ami à Périgueux mais je ne le voyais que le week-end. Un sportif. Il avait toujours des matchs et la veille des matchs, pas question de calin, « ça coupe les jambes » disait-il. Olivier était différent, plus à l’écoute. Il avait une moto 650 free wind bleue. Il m’emmenait faire des ballades. Après plusieurs mois à refuser ses avances, j'ai craqué.
Au début, personne ne savait qu’ on était ensemble . Il était inspecteur commercial et moi télé-conseillère. On se retrouvait en réunion le lundi. Il partait toute la semaine effectuer ses tournées et je le retrouvais le vendredi soir à Bordeaux, où traditionnellement il y a un grand rendez-vous de motards. Il voulait quitter sa femme mais à cause de sa fille, ça me gênait. Mes parents ont divorcé quand j’avais 16 ans, mon père est parti pour « une autre femme. Du coup avec Olivier , je revivais ce traumatisme, j’étais « cette autre femme »,c’était insupportable. Seulement voilà, sa femme a eu des soupçons, elle l’a fait suivre un soir, en voiture et trois jours après, un matin, il m’a retrouvé a la machine à café et m’a dit : «On a parlé avec ma femme. C’est décidé. Je m’en vais. Je loue un appartement. A partir de maintenant, toi et moi, on vit ensemble».
Il a trouvé un appartement à 500 mètres de chez moi mais jusqu’au divorce, nous restions clandestins. Il m’a présenté sa fille, adorable ; le divorce a été prononcé et trois mois après, je me suis enfin installée chez lui. Il était très amoureux. Il pouvait m’appeler dix fois dans la matinée. Mais dés qu’on a été complètement ensemble, ça n’a plus été , je le trouvais possessif, directif. Sa fille venait dormir chez lui un week-end tous les quinze jours et il fallait que je ‘m’éloigne pour qu’ elle ne sache pas qu’on vivait ensemble . J’ai passé le permis moto. Il a acheté une nouvelle machine, plus grosse et m’ a revendu son ancienne moto. On partait dans de grandes ballades à Nice, à Saint-Tropez. Ca c’était bien…Et là-dessus, Christelle est arrivée dans notre vie.
C’était en 2000. Elle était originaire du Lot-et-Garonne et sortait d’un IUT. Une très jolie brune. Plus jeune que moi de six ans. Tout le monde disait : « elle est super mignonne ». Je l’ai prise sous mon aile. Je lui ai expliqué le travail. Et je lui ai présenté Olivier….Pendant toute la fin de l’ année 2000, je sentais qu’ entre lui et moi, ça allait de plus en plus mal mais je n’imaginais pas ce qui se passait dans mon dos. Pour le réveillon du nouvel an, il est resté a Bordeaux et je suis montée faire la fête chez mon frère à Paris. Ca n’allait plus du tout entre nous et quelques jours après, en janvier, je lui ai dit que je voulais faire un break. Ce n’était pas une vraie séparation, je me demandais juste: est-ce que je dois continuer avec lui? Est ce que je suis heureuse?
Christelle me faisait ses confidences. Elle me racontait qu’elle avait une liaison: «je suis très amoureuse, c’est quelqu’un du bureau On s’est vus tout le week-end….» Moi, je croyais qu’elle me parlait d’un certain Pierre, un autre collègue. Pourquoi ne me disait-elle pas qu’il s’agissait de lui ? C’était assez pervers! Et puis un matin, elle est arrivée et elle m’a dit: « J’ai quelque chose à te dire» On se retrouve sur le parking. Là: «Alors voilà, la personne dont je te parlais , c’est lui, c’est Olivier …» Elle me raconte qu’il lui fait battre le cœur, qu’ elle couche avec lui. Elle me donne plein de détails. Et là-dessus, elle se met à pleurer. Moi bêtement,je la prends dans mes bras et je la console.
Je suis rentrée chez moi, effondrée. J’ai appelé mon père, oui, bizarrement: lui en premier, avant ma mère. J’ai vu Olivier le lendemain, je venais prendre les affaires que j’avais laissées chez lui. Je lui ai dit : «Tu aurais quand même pu me l’annoncer toi même. Tu as été lâche!» « Tu n’avais qu’à ne pas partir, me répond-il. C’est toi qui m’a quitté quand même. » C’était une discussion affreuse. Il était complètement de mauvaise foi puisque d’une part je ne l’avais pas vraiment quitté; d’autre part, sa liaison avec Christelle avait débuté derrière mon dos, alors qu’on était encore ensemble.
Avec Christelle, on ne se parlait plus. Elle était assise en face de moi toute la journée et je ne supportais plus cette situation. Bêtement j’ai essayé de le reconquérir e. Et j’y suis arrivée. Un jour, je lui ai dit que j’avais fait une grossière erreur , que je l’aimais toujours. Ca a marché : pendant trois, quatre mois, il a navigué entre nous deux. C’était très dur pour elle. Elle fumait clope sur clope. Je la voyais arriver le matin, des cernes sous les yeux. Elle lui envoyait des mails pour le supplier de revenir vers elle. Je ne sais pas, en fait, ce qu’ elle lui disait mais il a fini par céder. Il n’était pas net …. Alors j’ai rompu une deuxième fois. Et cette fois, vraiment. Il avait choisi. Il l’avait choisie, elle. J’avais perdu.
En Septembre 2001, il a été nommé responsable d’ un service et il a arrêté ses tournées d’inspection. Du coup je le voyais passer tous les jours. Christelle s’est installée chez lui. Moi, il m’évitait. Il ne me disait même plus bonjour. Comme pour me signifier: « tu vois, tout ce que tu as perdu…» Il était arrogant. En tous cas j’interprétais son attitude comme ça. C’était d’autant plus horrible qu’il avait fait en sorte que tout le monde au bureau pense que j’étais la méchante de l’histoire, que c’est moi qui l’avait quitté. Il ne voulait pas passer pour celui qui trompe, pour le salaud.
En 2002, ils ont acheté un appartement ensemble. A partir de ce moment-là, je me suis dit: je ne peux plus rester à regarder ça, c’est trop dur. Il faut que je démissionne. Mais je n’y arrivais pas. Et ça a duré des années avant que je parvienne à me décider. J’ai vécu d’autres histoires d’amour pendant tout ce temps mais tout de même , je m’ en veux d’avoir été si passive. En 2005, elle est tombée enceinte. Ils ont eu un fils . Olivier e amenait le gamin au bureau . Et il fallait que je fasse bonne figure! En 2007, il y a eu une réorganisation des services, Christelle a été affectée dans un autre batiment. Olivier ,lui, allait être nommé responsable de mon service . C’est lui qui allait décider de mes éventuelles augmentations, de mes horaires, de mes vacances. Ce n’était plus possible. Je me suis dit : « cette fois,je m’en vais. »
Je suis partie de la société le 30 septembre dernier . Et j’ai retrouvé un boulot très vite , beaucoup mieux que le précedent d’ ailleurs Tout va mieux maintenant. Je respire . Mais il a fallu que je fasse un vrai travail de deuil. Je peux le dire, même si c’est un peu vulgaire: j’en ai chié! C’est comme si j’avais voulu rester, me complaire dans ce malheur. Cette histoire a failli me détruire, mais aujourd’hui, elle est bien finie. J’ai 33 ans. J’ai l’impression de renaître.
ELLE/ 10 mars 2008/ propos recceullis par Antoine Silber
Elle était ma collègue de bureau et ma rivale. Elle m’avait pris l’homme que j’aimais! Pendant six ans, on est restées toutes les deux à travailler dans le même bureau, l’une en face de l’autre, sans se parler. Je voyais Olivier venir la chercher pour déjeuner. Le vendredi, je sortais du bureau , je la voyais monter dans sa voiture, il avait les skis sur le toit et sa fille derrière. Il l’emmenait dans une station de ski, exactement comme moi, il m’emmenait avant. J'étais tellement malheureuse! Je ne pouvais pas partir . J’avais peur de ne plus avoir de boulot. Mais tout de même ….Aujourd'hui je me demande comment j’ai pu rester si longtemps sans réagir. Un peu comme si j’avais eu besoin de me punir .
La première fois que j’ai parlé à Olivier, c’était en 1997. Devant la machine à café. Il n’était pas très grand, il avait des yeux malicieux, c’était ce genre de garçon dont on dit: « il a du charme! ». On parlait moto; moi, je suis une fana. J’avais 23 ans, c’était il y a dix ans. Il avait sept ans de plus que moi, il était marié et avait une fille . Moi j’avais un petit ami à Périgueux mais je ne le voyais que le week-end. Un sportif. Il avait toujours des matchs et la veille des matchs, pas question de calin, « ça coupe les jambes » disait-il. Olivier était différent, plus à l’écoute. Il avait une moto 650 free wind bleue. Il m’emmenait faire des ballades. Après plusieurs mois à refuser ses avances, j'ai craqué.
Au début, personne ne savait qu’ on était ensemble . Il était inspecteur commercial et moi télé-conseillère. On se retrouvait en réunion le lundi. Il partait toute la semaine effectuer ses tournées et je le retrouvais le vendredi soir à Bordeaux, où traditionnellement il y a un grand rendez-vous de motards. Il voulait quitter sa femme mais à cause de sa fille, ça me gênait. Mes parents ont divorcé quand j’avais 16 ans, mon père est parti pour « une autre femme. Du coup avec Olivier , je revivais ce traumatisme, j’étais « cette autre femme »,c’était insupportable. Seulement voilà, sa femme a eu des soupçons, elle l’a fait suivre un soir, en voiture et trois jours après, un matin, il m’a retrouvé a la machine à café et m’a dit : «On a parlé avec ma femme. C’est décidé. Je m’en vais. Je loue un appartement. A partir de maintenant, toi et moi, on vit ensemble».
Il a trouvé un appartement à 500 mètres de chez moi mais jusqu’au divorce, nous restions clandestins. Il m’a présenté sa fille, adorable ; le divorce a été prononcé et trois mois après, je me suis enfin installée chez lui. Il était très amoureux. Il pouvait m’appeler dix fois dans la matinée. Mais dés qu’on a été complètement ensemble, ça n’a plus été , je le trouvais possessif, directif. Sa fille venait dormir chez lui un week-end tous les quinze jours et il fallait que je ‘m’éloigne pour qu’ elle ne sache pas qu’on vivait ensemble . J’ai passé le permis moto. Il a acheté une nouvelle machine, plus grosse et m’ a revendu son ancienne moto. On partait dans de grandes ballades à Nice, à Saint-Tropez. Ca c’était bien…Et là-dessus, Christelle est arrivée dans notre vie.
C’était en 2000. Elle était originaire du Lot-et-Garonne et sortait d’un IUT. Une très jolie brune. Plus jeune que moi de six ans. Tout le monde disait : « elle est super mignonne ». Je l’ai prise sous mon aile. Je lui ai expliqué le travail. Et je lui ai présenté Olivier….Pendant toute la fin de l’ année 2000, je sentais qu’ entre lui et moi, ça allait de plus en plus mal mais je n’imaginais pas ce qui se passait dans mon dos. Pour le réveillon du nouvel an, il est resté a Bordeaux et je suis montée faire la fête chez mon frère à Paris. Ca n’allait plus du tout entre nous et quelques jours après, en janvier, je lui ai dit que je voulais faire un break. Ce n’était pas une vraie séparation, je me demandais juste: est-ce que je dois continuer avec lui? Est ce que je suis heureuse?
Christelle me faisait ses confidences. Elle me racontait qu’elle avait une liaison: «je suis très amoureuse, c’est quelqu’un du bureau On s’est vus tout le week-end….» Moi, je croyais qu’elle me parlait d’un certain Pierre, un autre collègue. Pourquoi ne me disait-elle pas qu’il s’agissait de lui ? C’était assez pervers! Et puis un matin, elle est arrivée et elle m’a dit: « J’ai quelque chose à te dire» On se retrouve sur le parking. Là: «Alors voilà, la personne dont je te parlais , c’est lui, c’est Olivier …» Elle me raconte qu’il lui fait battre le cœur, qu’ elle couche avec lui. Elle me donne plein de détails. Et là-dessus, elle se met à pleurer. Moi bêtement,je la prends dans mes bras et je la console.
Je suis rentrée chez moi, effondrée. J’ai appelé mon père, oui, bizarrement: lui en premier, avant ma mère. J’ai vu Olivier le lendemain, je venais prendre les affaires que j’avais laissées chez lui. Je lui ai dit : «Tu aurais quand même pu me l’annoncer toi même. Tu as été lâche!» « Tu n’avais qu’à ne pas partir, me répond-il. C’est toi qui m’a quitté quand même. » C’était une discussion affreuse. Il était complètement de mauvaise foi puisque d’une part je ne l’avais pas vraiment quitté; d’autre part, sa liaison avec Christelle avait débuté derrière mon dos, alors qu’on était encore ensemble.
Avec Christelle, on ne se parlait plus. Elle était assise en face de moi toute la journée et je ne supportais plus cette situation. Bêtement j’ai essayé de le reconquérir e. Et j’y suis arrivée. Un jour, je lui ai dit que j’avais fait une grossière erreur , que je l’aimais toujours. Ca a marché : pendant trois, quatre mois, il a navigué entre nous deux. C’était très dur pour elle. Elle fumait clope sur clope. Je la voyais arriver le matin, des cernes sous les yeux. Elle lui envoyait des mails pour le supplier de revenir vers elle. Je ne sais pas, en fait, ce qu’ elle lui disait mais il a fini par céder. Il n’était pas net …. Alors j’ai rompu une deuxième fois. Et cette fois, vraiment. Il avait choisi. Il l’avait choisie, elle. J’avais perdu.
En Septembre 2001, il a été nommé responsable d’ un service et il a arrêté ses tournées d’inspection. Du coup je le voyais passer tous les jours. Christelle s’est installée chez lui. Moi, il m’évitait. Il ne me disait même plus bonjour. Comme pour me signifier: « tu vois, tout ce que tu as perdu…» Il était arrogant. En tous cas j’interprétais son attitude comme ça. C’était d’autant plus horrible qu’il avait fait en sorte que tout le monde au bureau pense que j’étais la méchante de l’histoire, que c’est moi qui l’avait quitté. Il ne voulait pas passer pour celui qui trompe, pour le salaud.
En 2002, ils ont acheté un appartement ensemble. A partir de ce moment-là, je me suis dit: je ne peux plus rester à regarder ça, c’est trop dur. Il faut que je démissionne. Mais je n’y arrivais pas. Et ça a duré des années avant que je parvienne à me décider. J’ai vécu d’autres histoires d’amour pendant tout ce temps mais tout de même , je m’ en veux d’avoir été si passive. En 2005, elle est tombée enceinte. Ils ont eu un fils . Olivier e amenait le gamin au bureau . Et il fallait que je fasse bonne figure! En 2007, il y a eu une réorganisation des services, Christelle a été affectée dans un autre batiment. Olivier ,lui, allait être nommé responsable de mon service . C’est lui qui allait décider de mes éventuelles augmentations, de mes horaires, de mes vacances. Ce n’était plus possible. Je me suis dit : « cette fois,je m’en vais. »
Je suis partie de la société le 30 septembre dernier . Et j’ai retrouvé un boulot très vite , beaucoup mieux que le précedent d’ ailleurs Tout va mieux maintenant. Je respire . Mais il a fallu que je fasse un vrai travail de deuil. Je peux le dire, même si c’est un peu vulgaire: j’en ai chié! C’est comme si j’avais voulu rester, me complaire dans ce malheur. Cette histoire a failli me détruire, mais aujourd’hui, elle est bien finie. J’ai 33 ans. J’ai l’impression de renaître.
ELLE/ 10 mars 2008/ propos recceullis par Antoine Silber
dimanche 2 mars 2008
c'est mon histoire "j'aime trop mes parents, c'est ça le problème ..."
A trente ans, Julie téléphone à ses parents deux fois par jour et, dés qu'elle a un chagrin d'amour retourne squatter chez sa mère. Elle raconte.
J’ai toujours été première en tout, première partout… Je voulais être parfaite. Faire ce qu’on attendait de moi. Quand je dis « on », je parle de mes parents, je n’ai qu’eux dans ma vie. Jusqu’au bac tout me paraissait aller bien. J’ai fait hypokhagne et puis j’ai présenté HEC et l'ESSEC . Et c’est là que tout s’est déréglé. J’ai raté et ça a été terrible. Je suis partie faire une ecole de commerce de province, pour moi, c’était la honte. J’avais 21 ans,j’ai commencé une psychothérapie. Je suis arrivée chez le psy, je lui ai dis: «je viens vous voir parce que je je voudrais savoir pourquoi j’ai un tel sentiment d‘échec» Il m’a répondu: «avant de vous demander pourquoi, racontez- moi comment….» « Pardon?» « Comment se passe votre vie…»
Je lui ai tout balancé, que j’étais fille unique, que j’avais toujours l’impression de ne pas faire assez bien, que mes parents m’avaient élevé avec l’idée que je devais être mieux que les autres. Ca a duré trois, quatre cinq séances comme ça. Je n’avais pas l’ impression d’avancer. Je le trouvais fermé, buté, ce psy. Il ne me donnait aucune piste. On est arrivé à la sixième séance. Je lui disais que dés que j’ouvre la bouche, mes parents avaient sur le visage cet air béat qui me laissait penser que j’étais un génie. Là le psy m’a arrêté: «Attendez , parlez- moi de votre mère…». J’avais choisi un psy- homme, parce que j’étais sûre que j’avais un problème avec mon père. Je me suis dit: « Il veut me brancher sur ma mère. NON. Je ne continuerai pas cette psy parce que je ne veux pas démolir ma mère…Sans elle, je meurs! »
A ce moment-là, j’étais avec un homme pas du tout fait pour moi. Ca, c’est ma spécialité! Il y en a un comme ça qui passe à portée, un qui va me rendre malheureuse à tous les coups , hop, c’est sûr, je le chope. Déjà lui, il était marié. En plus, il avait dix ans de plus que moi. J’ai réussi à le quitter mais j’ai eu du mal… C’était il y a 9 ans. Aujourd’hui j’ai 30 ans, j’ai eu beaucoup d’aventures depuis, mais le constat reste à peu prés le même. ….L’homme avec qui je suis en ce moment est plus âgé que moi, lui aussi. Mais de 7 ans, seulement et une chance il n’est pas marié. Je ne devrais pas me plaindre: avec Pierre, il s’appelle Pierre, c’est plutôt confortable. Le soir quand je rentre, il a fait à dîner. Je travaille dans une société de production télé, au moins douze heures par jour. J’aime mon boulot. Je réussis très bien . Lui il ne fait rien. Enfin, il fait de la video, c’est une sorte d’artiste. Alors il me fait la cuisine . Il est fou de moi. Il me dit que je suis la plus belle.
A première vue c’est l’homme ’idéal mais voilà, je ne suis pas amoureuse. Pas du tout . Pas plus de lui que de tous ceux qui l’ont précédé. « Amoureuse », je ne sais même pas ce que ce mot veut dire ! Du coup, j’ai des histoires à côté, mais ça ne débouche jamais sur rien non plus , ça le rend malheureux et moi ça me mine. Après, à chaque fois, je vais me réfugier chez mes parents. Dans leur maison de l’île d e Ré. Ou carrément chez eux à Paris. Je peux dîner trois fois par semaine avec eux. Parfois, je reste même coucher. J’ai toujours ma chambre !
J’aime trop mes parents, c’est ça le problème! Ca fait des années que je me dis ça, que je ne pourrais tomber amoureuse que si je décolle de chez eux . Je les appelle tous les jours! Ma mère, souvent deux fois par jour. En fait, je me sens encore très fille ,pas du tout femme comme elle. Elle est très féminine, ma mère ,toujours élégante . Elle me dit: «mais arrête de mettre des baskets et des sweet à capuche…» Ou : « Un jour ,il faut bien passer aux escarpins…» Elle a raison, elle a toujours raison: ça fait dix ans que je suis en en gazelle, en new balance, en Stan Smith !
Elle est chef d’entreprise. Et tellement géniale, ça fait presque peur. N’empêche, elle est toujours là pour moi. Dés que j’ai un problème, un texto ou un mail et elle me répond: « tu vas faire ci, tu vas faire ça » Ce n’est pas qu’ elle soit douce, ce n’est pas la maman câline, enveloppante. Elle,c’est plutôt: « allez , secoue-toi, tu ne vas pas te laisser abattre…» Mais même quand elle m’engueule, ça me réconforte. Ce que j’ aimerais, c’est continuer éternellement à me plaindre, à faire la fille, la petite fille à sa maman. Mes parents m’ont toujours adoré. Moi, j’aimerais rester leur fille toute la vie. Pour l’éternité….
Depuis quelque temps, je me demande si je ne vais pas quitter Pierre. Lui ne le sait pas encore mais eux, je le leur ai dit. Ils sont inquiets, d’ailleurs , ils l’aiment bien, Pierre. Il ne comprennent pas ma décision. Du coup, ils me bassinent avec ça chaque fois que je les vois. C’est le problème avec les parents soixante-huitards, ils veulent dialoguer et au nom du dialogue, ils vous communiquent leurs angoisses. « Tu es sûre de ce que tu fais, me dit mon père, Pierre c’est quand même un gentil garçon…» Ma mère elle, c’est carrément: «Mais alors, tu ne vas jamais arriver à te fixer? » Maintenant je suis moins réactive mais un jour elle m’avait dit ça, ou un truc comme ça et j’avais explosé: « J’en ai marre de ton jugement permanent. Tu crois m’aider et tu me casses »J’avais claqué la porte et j’étais partie . J’étais restée fâchée quatre mois.
A ce moment-là, j’en étais à ma deuxième psy. C’était une femme, je progressais. Avec elle ça n’avait pas duré longtemps, non plus . Je 'n avais pas pu aller à une séance .Ni à la suivante . Empêchée par le boulot . Elle m'a quand même fait payer les deux rendez vous . "Vous n'aviez qu'à vous débrouiller..."Je n'ai pas aimé son ton . Lorsque je 'lai revue, pendant tout l'entretien je me disais : " non seulement elle m'escroque, mais elle m'engueule, je vais la quitter . " En disant cela je me suis soudain rendu compte de ce qu'était le transfert: ce n'était pas elle que je voulais quitter, c’était ma mère.
Longtemps ,j’attendais que mes parents me lâchent . Je ne comprenais pas que c’était à moi d’arriver à être plus autonome . J’étais sûre qu’ils ne pouvaient pas se passer de moi. J’ai commencé a le comprendre avec ma nouvelle psy. La troisième. Elle s’appelle Anne. C’est probablement la personne la plus brillante que j’ai jamais rencontrée. Maintenant avec elle, je suis allongée, c’est mieux. Et je la vois deux fois par semaine . Hier pendant la séance, elle me disait:« N’oubliez pas : Dieu dit à Abraham: quitte ton père et ta mère… Ce sont les fondamentaux. » Elle me citait la bible, je n’en revenais pas. J’avais l’ impression d’être à la messe. « Abraham, le premier des prophètes , notre père a tous ….» continuait-elle. Je suis sortie . J’étais contente. Je me sentais enfin sur la bonne voie .
Cela fait quelque temps,maintenant, que j’ai décidé d’ inverser les priorités, de conduire ma vie selon mon désir et plus en suivant celui de mes parents, ou ce que je crois être celui de mes parents. Le problème pour moi n’est plus d’être une bonne fille, la fille parfaite, ce qu’il faut c’est que j’arrive à être heureuse. J’ai compris ça le jour de mes trente ans, en décembre dernier, il n’y a pas longtemps. Mes parents m’avaient organisé mon anniversaire chez eux. Il y avait là ma tante, la mère de Pierre, ma grand mère et d’autres . Je regardais toutes ces femmes . J’étais chez mes parents et je me sentais d’un seul coup comme une invitée, c’était la première fois que j’avais cette impression.
Marta ,une de mes meilleures amies m’a alors dit:« Moi à ton age, j’étais mariée,j’ avais déjà 2 enfants ». Elle a trente-quatre ans, elle. Mais oui, j’ai pensé aussitôt , elle a raison. Ca ne va pas, ça, ça ne va plus . J’ai trente ans. Je ne suis plus une enfant . Je ne veux plus que mes parents dirigent ma vie ,qu’ils continuent de me fêter mon anniversaire comme ça . Là, c’est trop. J’arrête. Je les ai regardés tous les deux, à l’autre bout de la pièce. Ils avaient l’air bien, tranquilles. Heureux . Ils allaient sûrement pouvoir se passer de moi, maintenant.
ELLE. /3 mars 2008/ propos receullis par Antoine Silber
J’ai toujours été première en tout, première partout… Je voulais être parfaite. Faire ce qu’on attendait de moi. Quand je dis « on », je parle de mes parents, je n’ai qu’eux dans ma vie. Jusqu’au bac tout me paraissait aller bien. J’ai fait hypokhagne et puis j’ai présenté HEC et l'ESSEC . Et c’est là que tout s’est déréglé. J’ai raté et ça a été terrible. Je suis partie faire une ecole de commerce de province, pour moi, c’était la honte. J’avais 21 ans,j’ai commencé une psychothérapie. Je suis arrivée chez le psy, je lui ai dis: «je viens vous voir parce que je je voudrais savoir pourquoi j’ai un tel sentiment d‘échec» Il m’a répondu: «avant de vous demander pourquoi, racontez- moi comment….» « Pardon?» « Comment se passe votre vie…»
Je lui ai tout balancé, que j’étais fille unique, que j’avais toujours l’impression de ne pas faire assez bien, que mes parents m’avaient élevé avec l’idée que je devais être mieux que les autres. Ca a duré trois, quatre cinq séances comme ça. Je n’avais pas l’ impression d’avancer. Je le trouvais fermé, buté, ce psy. Il ne me donnait aucune piste. On est arrivé à la sixième séance. Je lui disais que dés que j’ouvre la bouche, mes parents avaient sur le visage cet air béat qui me laissait penser que j’étais un génie. Là le psy m’a arrêté: «Attendez , parlez- moi de votre mère…». J’avais choisi un psy- homme, parce que j’étais sûre que j’avais un problème avec mon père. Je me suis dit: « Il veut me brancher sur ma mère. NON. Je ne continuerai pas cette psy parce que je ne veux pas démolir ma mère…Sans elle, je meurs! »
A ce moment-là, j’étais avec un homme pas du tout fait pour moi. Ca, c’est ma spécialité! Il y en a un comme ça qui passe à portée, un qui va me rendre malheureuse à tous les coups , hop, c’est sûr, je le chope. Déjà lui, il était marié. En plus, il avait dix ans de plus que moi. J’ai réussi à le quitter mais j’ai eu du mal… C’était il y a 9 ans. Aujourd’hui j’ai 30 ans, j’ai eu beaucoup d’aventures depuis, mais le constat reste à peu prés le même. ….L’homme avec qui je suis en ce moment est plus âgé que moi, lui aussi. Mais de 7 ans, seulement et une chance il n’est pas marié. Je ne devrais pas me plaindre: avec Pierre, il s’appelle Pierre, c’est plutôt confortable. Le soir quand je rentre, il a fait à dîner. Je travaille dans une société de production télé, au moins douze heures par jour. J’aime mon boulot. Je réussis très bien . Lui il ne fait rien. Enfin, il fait de la video, c’est une sorte d’artiste. Alors il me fait la cuisine . Il est fou de moi. Il me dit que je suis la plus belle.
A première vue c’est l’homme ’idéal mais voilà, je ne suis pas amoureuse. Pas du tout . Pas plus de lui que de tous ceux qui l’ont précédé. « Amoureuse », je ne sais même pas ce que ce mot veut dire ! Du coup, j’ai des histoires à côté, mais ça ne débouche jamais sur rien non plus , ça le rend malheureux et moi ça me mine. Après, à chaque fois, je vais me réfugier chez mes parents. Dans leur maison de l’île d e Ré. Ou carrément chez eux à Paris. Je peux dîner trois fois par semaine avec eux. Parfois, je reste même coucher. J’ai toujours ma chambre !
J’aime trop mes parents, c’est ça le problème! Ca fait des années que je me dis ça, que je ne pourrais tomber amoureuse que si je décolle de chez eux . Je les appelle tous les jours! Ma mère, souvent deux fois par jour. En fait, je me sens encore très fille ,pas du tout femme comme elle. Elle est très féminine, ma mère ,toujours élégante . Elle me dit: «mais arrête de mettre des baskets et des sweet à capuche…» Ou : « Un jour ,il faut bien passer aux escarpins…» Elle a raison, elle a toujours raison: ça fait dix ans que je suis en en gazelle, en new balance, en Stan Smith !
Elle est chef d’entreprise. Et tellement géniale, ça fait presque peur. N’empêche, elle est toujours là pour moi. Dés que j’ai un problème, un texto ou un mail et elle me répond: « tu vas faire ci, tu vas faire ça » Ce n’est pas qu’ elle soit douce, ce n’est pas la maman câline, enveloppante. Elle,c’est plutôt: « allez , secoue-toi, tu ne vas pas te laisser abattre…» Mais même quand elle m’engueule, ça me réconforte. Ce que j’ aimerais, c’est continuer éternellement à me plaindre, à faire la fille, la petite fille à sa maman. Mes parents m’ont toujours adoré. Moi, j’aimerais rester leur fille toute la vie. Pour l’éternité….
Depuis quelque temps, je me demande si je ne vais pas quitter Pierre. Lui ne le sait pas encore mais eux, je le leur ai dit. Ils sont inquiets, d’ailleurs , ils l’aiment bien, Pierre. Il ne comprennent pas ma décision. Du coup, ils me bassinent avec ça chaque fois que je les vois. C’est le problème avec les parents soixante-huitards, ils veulent dialoguer et au nom du dialogue, ils vous communiquent leurs angoisses. « Tu es sûre de ce que tu fais, me dit mon père, Pierre c’est quand même un gentil garçon…» Ma mère elle, c’est carrément: «Mais alors, tu ne vas jamais arriver à te fixer? » Maintenant je suis moins réactive mais un jour elle m’avait dit ça, ou un truc comme ça et j’avais explosé: « J’en ai marre de ton jugement permanent. Tu crois m’aider et tu me casses »J’avais claqué la porte et j’étais partie . J’étais restée fâchée quatre mois.
A ce moment-là, j’en étais à ma deuxième psy. C’était une femme, je progressais. Avec elle ça n’avait pas duré longtemps, non plus . Je 'n avais pas pu aller à une séance .Ni à la suivante . Empêchée par le boulot . Elle m'a quand même fait payer les deux rendez vous . "Vous n'aviez qu'à vous débrouiller..."Je n'ai pas aimé son ton . Lorsque je 'lai revue, pendant tout l'entretien je me disais : " non seulement elle m'escroque, mais elle m'engueule, je vais la quitter . " En disant cela je me suis soudain rendu compte de ce qu'était le transfert: ce n'était pas elle que je voulais quitter, c’était ma mère.
Longtemps ,j’attendais que mes parents me lâchent . Je ne comprenais pas que c’était à moi d’arriver à être plus autonome . J’étais sûre qu’ils ne pouvaient pas se passer de moi. J’ai commencé a le comprendre avec ma nouvelle psy. La troisième. Elle s’appelle Anne. C’est probablement la personne la plus brillante que j’ai jamais rencontrée. Maintenant avec elle, je suis allongée, c’est mieux. Et je la vois deux fois par semaine . Hier pendant la séance, elle me disait:« N’oubliez pas : Dieu dit à Abraham: quitte ton père et ta mère… Ce sont les fondamentaux. » Elle me citait la bible, je n’en revenais pas. J’avais l’ impression d’être à la messe. « Abraham, le premier des prophètes , notre père a tous ….» continuait-elle. Je suis sortie . J’étais contente. Je me sentais enfin sur la bonne voie .
Cela fait quelque temps,maintenant, que j’ai décidé d’ inverser les priorités, de conduire ma vie selon mon désir et plus en suivant celui de mes parents, ou ce que je crois être celui de mes parents. Le problème pour moi n’est plus d’être une bonne fille, la fille parfaite, ce qu’il faut c’est que j’arrive à être heureuse. J’ai compris ça le jour de mes trente ans, en décembre dernier, il n’y a pas longtemps. Mes parents m’avaient organisé mon anniversaire chez eux. Il y avait là ma tante, la mère de Pierre, ma grand mère et d’autres . Je regardais toutes ces femmes . J’étais chez mes parents et je me sentais d’un seul coup comme une invitée, c’était la première fois que j’avais cette impression.
Marta ,une de mes meilleures amies m’a alors dit:« Moi à ton age, j’étais mariée,j’ avais déjà 2 enfants ». Elle a trente-quatre ans, elle. Mais oui, j’ai pensé aussitôt , elle a raison. Ca ne va pas, ça, ça ne va plus . J’ai trente ans. Je ne suis plus une enfant . Je ne veux plus que mes parents dirigent ma vie ,qu’ils continuent de me fêter mon anniversaire comme ça . Là, c’est trop. J’arrête. Je les ai regardés tous les deux, à l’autre bout de la pièce. Ils avaient l’air bien, tranquilles. Heureux . Ils allaient sûrement pouvoir se passer de moi, maintenant.
ELLE. /3 mars 2008/ propos receullis par Antoine Silber
mardi 19 février 2008
C'est mon histoire : Mes nuits magiques au bord du Gange...
c'est mon histoire
Nathalie a trente ans et elle vit à la Rochelle. En Novembre dernier, elle part, sac au dos, un mois en Inde, avec une copine. Et à Varanasi, elle rencontre Dimitri, un jeune diamantaire russe. Elle raconte.
Il y a des gens qui rêvent leur vie. Moi j’ai toujours voulu vivre mes rêves. J’aime voyager. Peut-être par ce que je vis à la La Rochelle, cette ville belle et rebelle comme on dit, complètement ouverte sur le monde. Là, je reviens de quatre semaines d’un voyage en Inde. J’y étais partie avec Géraldine, une amie avec qui j'avais déjà bourlingué, au Mexique, en Australie et à Hawaï. Je savais que ce voyage serait important pour moi. Je pensais que j’étais prête pour l’Inde, pour quelque chose d’ un peu mystique. Mais je ne m’attendais pas a Dimitri. Ni à vivre de telles émotions à Varanesi, cette ville mythique plus connue ici sous le nom de Benares. On vient du monde entier y chercher l'illumination. Et moi, je crois que j’y ai trouvé mon bonheur.
On a débarqué a New Delhi début novembre. On avait un mois devant nous, ce qui est plutôt court pour ce genre de voyage. Trois jours à New delhi et c’était déjà le choc. Cette foule dans les rues . Ces odeurs , merveilleuses, si prenantes. On a pris un avion pour Darjeeling. Je voulais voir les montagnes. Là, nouveau choc: les gens , si généreux, des népalais , on n’arrivait plus à les quitter. De là, on a pris le train pour Varanesi. Le trajet devait durer douze heures, mais on a eu 6 heures de retard et on est arrivées, fourbus , pas lavées , un matin , à 5 heures et demi . On avait passé la nuit à nous battre avec les cafards tout en discutant avec un moine bouddhiste, un homme extraordinaire.
Varanesi! C’est là où je voulais aller ! C’est là que les Indiens veulent mourir. Et moi je cherchais mon paradis. On cherchait un hôtel dans les réelles qui longent le Gange. On trouve finalement un endroit correct, la puja guest house, avec une terrasse superbe qui dominait le Gange. On était le six novembre, on comptait rester là deux ou trois nuits avant de repartir vers Agra pour voir le Taj Mahal, Mais on se sentait vraiment sur une autre planète, on était émerveillées et tous les voyageurs, les gens qu’on rencontrait nous disaient de rester. Le 9, il allait y avoir la fête de Diwali. On nous disait: « Diwali, il faut absolument voir ça. C’est la fête des lumières. Pour les Indiens c’est comme Noël…. » On décide donc de rester jusqu’au 10. On avait enfilé des saris , moi un bleu, Geraldine un orangé. On marchait le long du Gange,on regardait tous ces gens se baignant dans ce fleuve sacré, on assistait aux crémations, c’était fascinant. On rentre. Il était quelque chose comme minuit. De la terrasse, tout le mon de lançait des feux d’artifices et des pétards. Un garçon, très grand, trés beau , me tend des pétards pour que je les lance du toit. Comment il était ? Je ne sais pas . Je ne voyais que ses yeux bleus. Il n’était pas indien mais russe. Et charmant. Je me dis : « Mince c’est dommage qu’on parte demain! » . Je n’étais pas à la recherche de quoi que ce soit, d’une histoire , encore moins d’ aventure d’une nuit mais je sentais qu’il se passait quelque chose. Une ambiance particulière.
On va se coucher. Le matin du 10, je me réveille avec une grosse fièvre. On doit partir le soir, je décide de me reposer et je passe ma journée à dormir sur notre si belle terrasse. A 16h, je bouge. Je tiens à faire une dernière fois une balade le long du Gange. Géraldine m'accompagne. Tout a coup on nous interpelle, le garçon de la veille: Dimitri. Ses yeux! Il nous dit ; " ce soir , c’est la fête, la vraie . Il faut que vous restiez ! " Il insiste . On parle. Il nous raconte qu’il a vécu en Inde jusqu’à l’âge de 15 ans parce que sa mère est de Pondichery. Il a 29 ans, un an de moins que moi maintenant il vit à Moscou mais il vient ici quatre fois par an acheter des pierres précieuses. Il est diamantaire. On regardait le Gange, tous les deux. Moi, j’étais un peu dans le coltard, pas maquillée en plus , en jean et débardeur noir. Mais heureuse, j’avais envie que tout ça dure. Il me dit alors: « Méfie toi des voeux que tu fais en Inde, ils se réalisent toujours … »
Notre train pour Agra quittait Varanesi à 6 heures du soir. Je vous passe les détails mais on décide de ne pas le prendre. Geraldine va se coucher et je reste avec Dimitri sur la terrasse .Et puis on va dans sa chambre, une super belle chambre avec un balcon sur le Gange. Les étoiles et la lune se reflètent dans l’eau. C’était féérique. Moi je pense qu’ il n’y a pas de hasard, que des rendez vous. Je DEVAIS le rencontrer, et il fallait que je vienne là pour ça! Il sortait d’une longue histoire, assez douloureuse et moi j’étais seule depuis un an. J’avais vécu cinq ans avec un garçon, mais c’était bien fini. Avec Dimitri, ce qui me plaisait, ce qui me plait, c’est qu’il y a beaucoup de respect. On s’est longtemps regardés dans les yeux avant de s’embrasser. Tout était simple, aussi. A deux heures du matin, on est descendus ensemble chercher des préservatifs, on en a trouvé dans une petite échoppe. On marchait dans la nuit de Varanesi, je me disais: « mais qu’est-ce que tu es en train de vivre? ». Je me sentais emmenée, attirée vers lui par une force irrésistible, comme envoûtée. Il caressait doucement mes lèvres , c’était si puissant et en même temps si délicat.
Se mettre nu devant lui ne ‘m a posé aucun problème , on était très naturels, très vrais tous les deux . Et après, ça a été merveilleux. Fusionnel, il n’ y a pas d’autre mot….Je me suis réveillée le lendemain matin dans ses bras , vers dix heures. De la musique indienne arrivait par la fenêtre, il me serrait contre lui, j’éprouvais un incroyable sentiment de plénitude.
Je suis allée voir Géraldine, et on a pris ensemble le petit-déjeuner. Je lui ai tout raconté, elle était super contente pour moi. Puis je suis remontée dans la chambre et on a refait l’amour. On était le 11 novembre! On est partis déjeuner en ville et prendre les billets à la gare mais les trains étaient complets jusqu’au 14. Lui même repartait ce jour là pour Moscou. C’était incroyable, ce délai que le destin nous accordait, comme s’il était écrit qu’on devait passer encore un peu plus de temps ensemble.
On parlait tout le temps .Et quand on ne parlait pas, on faisait l’amour. Le lendemain, il m’a emmenée voir un sadhu, une sorte de saint qui m’a expliqué que dans une vie antérieure ,j’étais morte à 32 ans mais que dans celle ci je dépasserai les 9O. Et il a précisé : « tu vivras à l’étranger. Tu feras des enfants dans un autre pays que le tien. » Quel pays ? Il ne le disait pas .
On n’est jamais allés a Agra , Géraldine et moi. Après Varanesi, on s’est retrouvées directement au Rahjastan. Avant de reprendre l’avion pour la France. Est-ce que je vais le revoir? Je me pose la question depuis deux mois, maintenant. On s’est dit et répété qu’on allait garder le contact. Quand on s’est quittés, le 14, à la gare, il m’embrassait et il me disait qu’il était sûr qu’on se reverrait. « Ce n’est pas possible autrement ! » Je ne sais pas pourquoi,mais j’y crois.
En rentrant de voyage, moi j’ai toujours du mal à redescendre sur terre, à me réadapter, mais là, ça a été terrible. Dans ma tête, j’étais encore au bord du Gange, avec Dimitri. Depuis huit ans, je vends des vêtements de sports, j’ai super bien vécu, très bien gagné ma vie. Mais je sens que c’est fini. Je ne veux plus présenter de collections dans des shows rooms, dans de grands hôtels. Je n’ai plus envie de faire du chiffre, être dans l’hyper- matérialisme. Ces dernières années,pendant ces voyages, j’ai rencontré tellement de gens vrais, je me suis découverte. Je veux trouver un travail dans une ONG ou quelque chose en rapport avec le voyage. De toutes façons, je sais que je vais repartir…. Dimitri est à Moscou. On s’est appelés plusieurs fois depuis notre retour. Et encore la semaine dernière, un soir, vers minuit. Je veux aller maintenant dans le sud de l’Inde. Il m’a dit que si j’y allais, il me rejoindrait là-bas.
ELLE. 18 février 2008. (propos receuillis par Antoine Silber)
Nathalie a trente ans et elle vit à la Rochelle. En Novembre dernier, elle part, sac au dos, un mois en Inde, avec une copine. Et à Varanasi, elle rencontre Dimitri, un jeune diamantaire russe. Elle raconte.
Il y a des gens qui rêvent leur vie. Moi j’ai toujours voulu vivre mes rêves. J’aime voyager. Peut-être par ce que je vis à la La Rochelle, cette ville belle et rebelle comme on dit, complètement ouverte sur le monde. Là, je reviens de quatre semaines d’un voyage en Inde. J’y étais partie avec Géraldine, une amie avec qui j'avais déjà bourlingué, au Mexique, en Australie et à Hawaï. Je savais que ce voyage serait important pour moi. Je pensais que j’étais prête pour l’Inde, pour quelque chose d’ un peu mystique. Mais je ne m’attendais pas a Dimitri. Ni à vivre de telles émotions à Varanesi, cette ville mythique plus connue ici sous le nom de Benares. On vient du monde entier y chercher l'illumination. Et moi, je crois que j’y ai trouvé mon bonheur.
On a débarqué a New Delhi début novembre. On avait un mois devant nous, ce qui est plutôt court pour ce genre de voyage. Trois jours à New delhi et c’était déjà le choc. Cette foule dans les rues . Ces odeurs , merveilleuses, si prenantes. On a pris un avion pour Darjeeling. Je voulais voir les montagnes. Là, nouveau choc: les gens , si généreux, des népalais , on n’arrivait plus à les quitter. De là, on a pris le train pour Varanesi. Le trajet devait durer douze heures, mais on a eu 6 heures de retard et on est arrivées, fourbus , pas lavées , un matin , à 5 heures et demi . On avait passé la nuit à nous battre avec les cafards tout en discutant avec un moine bouddhiste, un homme extraordinaire.
Varanesi! C’est là où je voulais aller ! C’est là que les Indiens veulent mourir. Et moi je cherchais mon paradis. On cherchait un hôtel dans les réelles qui longent le Gange. On trouve finalement un endroit correct, la puja guest house, avec une terrasse superbe qui dominait le Gange. On était le six novembre, on comptait rester là deux ou trois nuits avant de repartir vers Agra pour voir le Taj Mahal, Mais on se sentait vraiment sur une autre planète, on était émerveillées et tous les voyageurs, les gens qu’on rencontrait nous disaient de rester. Le 9, il allait y avoir la fête de Diwali. On nous disait: « Diwali, il faut absolument voir ça. C’est la fête des lumières. Pour les Indiens c’est comme Noël…. » On décide donc de rester jusqu’au 10. On avait enfilé des saris , moi un bleu, Geraldine un orangé. On marchait le long du Gange,on regardait tous ces gens se baignant dans ce fleuve sacré, on assistait aux crémations, c’était fascinant. On rentre. Il était quelque chose comme minuit. De la terrasse, tout le mon de lançait des feux d’artifices et des pétards. Un garçon, très grand, trés beau , me tend des pétards pour que je les lance du toit. Comment il était ? Je ne sais pas . Je ne voyais que ses yeux bleus. Il n’était pas indien mais russe. Et charmant. Je me dis : « Mince c’est dommage qu’on parte demain! » . Je n’étais pas à la recherche de quoi que ce soit, d’une histoire , encore moins d’ aventure d’une nuit mais je sentais qu’il se passait quelque chose. Une ambiance particulière.
On va se coucher. Le matin du 10, je me réveille avec une grosse fièvre. On doit partir le soir, je décide de me reposer et je passe ma journée à dormir sur notre si belle terrasse. A 16h, je bouge. Je tiens à faire une dernière fois une balade le long du Gange. Géraldine m'accompagne. Tout a coup on nous interpelle, le garçon de la veille: Dimitri. Ses yeux! Il nous dit ; " ce soir , c’est la fête, la vraie . Il faut que vous restiez ! " Il insiste . On parle. Il nous raconte qu’il a vécu en Inde jusqu’à l’âge de 15 ans parce que sa mère est de Pondichery. Il a 29 ans, un an de moins que moi maintenant il vit à Moscou mais il vient ici quatre fois par an acheter des pierres précieuses. Il est diamantaire. On regardait le Gange, tous les deux. Moi, j’étais un peu dans le coltard, pas maquillée en plus , en jean et débardeur noir. Mais heureuse, j’avais envie que tout ça dure. Il me dit alors: « Méfie toi des voeux que tu fais en Inde, ils se réalisent toujours … »
Notre train pour Agra quittait Varanesi à 6 heures du soir. Je vous passe les détails mais on décide de ne pas le prendre. Geraldine va se coucher et je reste avec Dimitri sur la terrasse .Et puis on va dans sa chambre, une super belle chambre avec un balcon sur le Gange. Les étoiles et la lune se reflètent dans l’eau. C’était féérique. Moi je pense qu’ il n’y a pas de hasard, que des rendez vous. Je DEVAIS le rencontrer, et il fallait que je vienne là pour ça! Il sortait d’une longue histoire, assez douloureuse et moi j’étais seule depuis un an. J’avais vécu cinq ans avec un garçon, mais c’était bien fini. Avec Dimitri, ce qui me plaisait, ce qui me plait, c’est qu’il y a beaucoup de respect. On s’est longtemps regardés dans les yeux avant de s’embrasser. Tout était simple, aussi. A deux heures du matin, on est descendus ensemble chercher des préservatifs, on en a trouvé dans une petite échoppe. On marchait dans la nuit de Varanesi, je me disais: « mais qu’est-ce que tu es en train de vivre? ». Je me sentais emmenée, attirée vers lui par une force irrésistible, comme envoûtée. Il caressait doucement mes lèvres , c’était si puissant et en même temps si délicat.
Se mettre nu devant lui ne ‘m a posé aucun problème , on était très naturels, très vrais tous les deux . Et après, ça a été merveilleux. Fusionnel, il n’ y a pas d’autre mot….Je me suis réveillée le lendemain matin dans ses bras , vers dix heures. De la musique indienne arrivait par la fenêtre, il me serrait contre lui, j’éprouvais un incroyable sentiment de plénitude.
Je suis allée voir Géraldine, et on a pris ensemble le petit-déjeuner. Je lui ai tout raconté, elle était super contente pour moi. Puis je suis remontée dans la chambre et on a refait l’amour. On était le 11 novembre! On est partis déjeuner en ville et prendre les billets à la gare mais les trains étaient complets jusqu’au 14. Lui même repartait ce jour là pour Moscou. C’était incroyable, ce délai que le destin nous accordait, comme s’il était écrit qu’on devait passer encore un peu plus de temps ensemble.
On parlait tout le temps .Et quand on ne parlait pas, on faisait l’amour. Le lendemain, il m’a emmenée voir un sadhu, une sorte de saint qui m’a expliqué que dans une vie antérieure ,j’étais morte à 32 ans mais que dans celle ci je dépasserai les 9O. Et il a précisé : « tu vivras à l’étranger. Tu feras des enfants dans un autre pays que le tien. » Quel pays ? Il ne le disait pas .
On n’est jamais allés a Agra , Géraldine et moi. Après Varanesi, on s’est retrouvées directement au Rahjastan. Avant de reprendre l’avion pour la France. Est-ce que je vais le revoir? Je me pose la question depuis deux mois, maintenant. On s’est dit et répété qu’on allait garder le contact. Quand on s’est quittés, le 14, à la gare, il m’embrassait et il me disait qu’il était sûr qu’on se reverrait. « Ce n’est pas possible autrement ! » Je ne sais pas pourquoi,mais j’y crois.
En rentrant de voyage, moi j’ai toujours du mal à redescendre sur terre, à me réadapter, mais là, ça a été terrible. Dans ma tête, j’étais encore au bord du Gange, avec Dimitri. Depuis huit ans, je vends des vêtements de sports, j’ai super bien vécu, très bien gagné ma vie. Mais je sens que c’est fini. Je ne veux plus présenter de collections dans des shows rooms, dans de grands hôtels. Je n’ai plus envie de faire du chiffre, être dans l’hyper- matérialisme. Ces dernières années,pendant ces voyages, j’ai rencontré tellement de gens vrais, je me suis découverte. Je veux trouver un travail dans une ONG ou quelque chose en rapport avec le voyage. De toutes façons, je sais que je vais repartir…. Dimitri est à Moscou. On s’est appelés plusieurs fois depuis notre retour. Et encore la semaine dernière, un soir, vers minuit. Je veux aller maintenant dans le sud de l’Inde. Il m’a dit que si j’y allais, il me rejoindrait là-bas.
ELLE. 18 février 2008. (propos receuillis par Antoine Silber)
samedi 9 février 2008
C'est mon histoire :« Je le regardais chanter, il m’hypnotisait…»
Marina a 30 ans . Elle est mariée avec deux enfants; elle a une petite vie tranquille. Mais les concerts l'électrisent. Un soir, elle flashe sur une rock-star.
Moi j’aime les bad boys. Pas bien rasés, avec des tatouages. Exactement le contraire de Laurent, mon mari !
J’ai deux enfants, deux filles de 5 et 2 ans et Laurent et moi ,on est ensemble depuis sept ans . Il est cadre dans une banque.Trés classique, très bcbg, mais adorable. Lui, il n’aime pas aller à des concerts . Il adore s’occuper des enfants et il me laisse faire ce que je veux. Je sors d’ un an de congé parental qui a suivi un an de congé maternité . J’ai perdu mes vingt kilos . J’avais besoin d’air , de fun. Je me suis mise a sortir de plus en plus. Plusieurs fois par semaine. J’ai vu Cali dix fois. Je crève de ne pas voir Miossec, mon préféré, plus souvent.
Je ne vais pas à un concert juste pour rentrer avec un type. Simplement si ça se présente , maintenant je prends.
J’aime la musique, l’émotion que certains musicos dégagent. C’est ça que je recherche: l’émotion. Laurent est bien mais carré , pas vraiment dans l’émotion. Dans le noir des salles, moi je me trouve plus belle. Du coup, c’est un peu un engrenage , une drogue… Un soir, comme ça, j’ai découvert sur My space, une musique,qui m’a littéralement scotchée. Une voix . Des textes. Comme si ça parlait de moi ! J’ai envoyé un message sur la page du groupe pour les féliciter, leur dire que j’accrochais vraiment. Et quelques jours après je me suis retrouvée dans une petit salle , au studio de l'Ermitage, à Menilmontant, où ce groupe passait
J’essayais de repérer les membres du groupe, J’aperçois un garçon, pas très grand, avec une drôle de bonnet et un tatouage sur le poignet. Je plante mes yeux sur lui, je n’arrête plus de le regarder. Il monte sur scène . Il se met à chanter et c’est bizarre parce qu’il est juste trop beau, trop touchant. Il a les yeux fermés mais je sens qu’il me regarde . En plus, les paroles, c’est si fort : j’ai l’impression que tous ses mots sont pour moi.
Je ne voyais que lui, comme s’il était seul sur scène. Je me sentais happée par lui. Je regardais ses doigts sur le manche de sa guitare, hypnotisée. A la fin du concert, je me dis : "Je vais le voir. Je lui dis qu'il me plait". J’arrive. Je me présente. « Bonjour Marina….me répond il , Ah oui on s’est un peu parlé sur my space. C’est cool que tu sois passée! » Avec lui, à coté, une fille, genre la fan absolue. Il me présente « Mon ex » précise-t-il. Je ne savais plus quoi dire. Je suis repartie vers le bar boire une bière et puis je suis rentrée. J’arrive chez moi, j’avais tellement bu . Les enfants dormaient depuis longtemps. Laurent aussi. Mais il fallait encore que je lui envoie un message sur son My space . Et devant mon écran, je me suis lâchée. Je lui ai écrit que je ne pouvais pas me coucher sans lui dire un mot par ce que j'avais eu toute la soirée envie de l'embrasser… ».
Le lendemain, il m’a répondu qu’ il etait touché. Et il a ajouté: « Je suis très timide. ». Ca m’a étonnée parce qu’il serrait ma main de tout le monde dans la salle. Je lui ai laissé un autre petit mot, un: "je t'embrasse". Je lui ai dit qu'il ne risquait pas grand chose avec moi, que je ne cherchais pas l'âme soeur, que je voulais juste du rêve. Pour moi, il etait un joli rêve.
En réalité , je me demande si je n’ai pas été trop entreprenante avec lui . Si je ne lui ai pas fait peur. Un soir, je lui ai écrit: "je t'embrasse où tu veux". Le lendemain, il m’a avoué qu’il aimait qu’on lui embrasse les seins, mais qu’aucune fille n'y pensait jamais. Je lui ai promis que quand on se verrait , moi j'y penserai !!! Il passait quelques semaines apré s à la Flèche d'or. J’ai attendu cette date des jours et des nuits. J’arrive à Paris . Juste avant le concert, je vais chez Virgin à Barbès où Amélie Nothomb signait son dernier livre. J et moi , on avait parlé d’elle. Je voulais qu’elle me fasse une dédicace pour lui. Je me disais : il sait que j'aime Amélie Nothomb, s'il ne me reconnait pas. Avec le livre, il saura qui je suis.
Il chantait et j’étais au premier rang . IL a quitté la scène , j'ai bu 2 bières pour me remettre avant d'aller le voir. Surprise c’est lui qui est venu vers moi. Je lui ai donné le livre, il ne s’attendait pas à ça . « Je suis sous haute surveillance » m’ a t il glissé a l’oreille en me montrant son « ex ». Ca a pris une heure pour qu’il se débarasse d’elle et qu’il me rejoigne enfin.
Il n’était pas en voiture, je l’ai raccompagné.
Je conduisais et il ne se passait rien. Alors a un feu rouge, j’y suis allée. Je ‘lai embrassée et c'était tendre et doux. On arrive chez lui, on n’était pas collés , il ne me tenait pas par la main. Rien . On monte. La lumière. ! J’avais peur qu’il me trouve moche ! Il ne bougeait pas . « Ca ne t’’embète pas si je me roule un joint ? » Il me demande aussi si je prefère qu’on écoute Bjork ou Tricky, de la musique électro. Je dis « Bjork » J’aurais peut-être du choisir l’autre, Bjork, c’était un peu flippant.
Il fumait .Il me caressait les cheveux. Il y avait un canapé-lit, on le déplie. Moi je ne me deshabillais pas . On se caressait mais je ne me sentais pas capable de me retrouver toute nue avec lui. Je lui ai fait une fellation, c’était bon ,j’ai adoré ça. Je me rappellerai ce moment toute ma vie . En partant il m'a prêté un dvd, comme pour me dire qu’ on allait se revoir . Il était cinq heures du matin . Il m’ a demandé de lui envoyer un texto quand je serais arrivée . Il s’inquiétait pour moi. Il était gentil .
Je ne cherchais pas une histoire d’amour, pas un truc régulier. Mais lui, c’est un romantique ! Après il m’a dit: « ce n’est pas trop mon genre de rentrer avec une fille, juste pour baiser. Ca me destabilise ! » Je n’ai plus eu de nouvelles , sauf une fois, un texto où il me disait: "salut Marina... sorry, pour mes silences et mes absences, mais je suis un peu occupé. Je n'oublie rien de ce petit moment de douceur passé ensemble... J'espère que tu vas bien. bisou." Je lui ai répondu en lui proposant de m’accompagner dans une salle que j’aime bien à Ris-orangis pour un concert du groupe « Girls in hawai ». Et il est venu ! Là aussi, après le concert, je ‘lai raccompagné et ça a fini comme la première fois , par une fellation. Il ne faisait rien. Il ne disait rien . Il attendait . Je lui ai demandé s'il me trouvait moche, puisqu"il n'avait pas l'air de me désirer. Il m’ a répondu : « non, pas du tout. Simplement je ne sais pas parler, juste chanter … » Après, le lendemain, il m’a envoyé un texto : « c’était d’enfer » Un peu comme si les filles d’habitude ne lui faisaient pas çà. Ou pas aussi bien.
Il n’ y a plus eu d’autres rencontres , même si on s’envoie encore régulièrement des petits mots . J’ai encore découché un soir pour passer la nuit , mais avec un autre musicien, un batteur et c’est comme si, là aussi, je me mettais en danger volontairement.
Vous connaissez cette chanson de Miossec , « La fidélité » ? Elle dit: « Et je sors/ Et je drague comme on crève/Avec tellement de choses à regretter/ Comme ta langue sur mes lèvres/ » Je l’écoute. Je pense à J et toutes les émotions reviennent. Je ne suis pas sûre que je resterai avec Laurent jusqu’à 60 ans. Et c’est pareil pour le boulot : il faut savoir changer, évoluer . J’étais assistante de direction mais depuis la dernière rentrée, j’ai commencé à suivre des cours de gestion. Pour avoir mieux . Je n’ai jamais autant travaillé . Peut être que je vais me planter mais je préfère cent fois échouer que de ne rien essayer.
Moi je ne veux pas être condamnée a vivre ma petite vie sans essayer autre chose. Sans prendre de risques. Là, j’ai encore pris un gros risque , un risque énorme: je me suis coupée les cheveux. J’ai un visage aigu. Je m’étais toujours dit : « les cheveux courts , ça ne peut pas m’aller, ça me durcit encore plus …. » Et j’ai osé. Tout de suite après j’étais sure que je m’étais plantée mais maintenant je suis hyper contente. Je me regarde dans la glace.Je m’aime bien avec mes cheveux courts , et plats dessus. Je ne regrette rien .
ELLE.4 février 2008. Propos receuillis par Antoine Silber
Moi j’aime les bad boys. Pas bien rasés, avec des tatouages. Exactement le contraire de Laurent, mon mari !
J’ai deux enfants, deux filles de 5 et 2 ans et Laurent et moi ,on est ensemble depuis sept ans . Il est cadre dans une banque.Trés classique, très bcbg, mais adorable. Lui, il n’aime pas aller à des concerts . Il adore s’occuper des enfants et il me laisse faire ce que je veux. Je sors d’ un an de congé parental qui a suivi un an de congé maternité . J’ai perdu mes vingt kilos . J’avais besoin d’air , de fun. Je me suis mise a sortir de plus en plus. Plusieurs fois par semaine. J’ai vu Cali dix fois. Je crève de ne pas voir Miossec, mon préféré, plus souvent.
Je ne vais pas à un concert juste pour rentrer avec un type. Simplement si ça se présente , maintenant je prends.
J’aime la musique, l’émotion que certains musicos dégagent. C’est ça que je recherche: l’émotion. Laurent est bien mais carré , pas vraiment dans l’émotion. Dans le noir des salles, moi je me trouve plus belle. Du coup, c’est un peu un engrenage , une drogue… Un soir, comme ça, j’ai découvert sur My space, une musique,qui m’a littéralement scotchée. Une voix . Des textes. Comme si ça parlait de moi ! J’ai envoyé un message sur la page du groupe pour les féliciter, leur dire que j’accrochais vraiment. Et quelques jours après je me suis retrouvée dans une petit salle , au studio de l'Ermitage, à Menilmontant, où ce groupe passait
J’essayais de repérer les membres du groupe, J’aperçois un garçon, pas très grand, avec une drôle de bonnet et un tatouage sur le poignet. Je plante mes yeux sur lui, je n’arrête plus de le regarder. Il monte sur scène . Il se met à chanter et c’est bizarre parce qu’il est juste trop beau, trop touchant. Il a les yeux fermés mais je sens qu’il me regarde . En plus, les paroles, c’est si fort : j’ai l’impression que tous ses mots sont pour moi.
Je ne voyais que lui, comme s’il était seul sur scène. Je me sentais happée par lui. Je regardais ses doigts sur le manche de sa guitare, hypnotisée. A la fin du concert, je me dis : "Je vais le voir. Je lui dis qu'il me plait". J’arrive. Je me présente. « Bonjour Marina….me répond il , Ah oui on s’est un peu parlé sur my space. C’est cool que tu sois passée! » Avec lui, à coté, une fille, genre la fan absolue. Il me présente « Mon ex » précise-t-il. Je ne savais plus quoi dire. Je suis repartie vers le bar boire une bière et puis je suis rentrée. J’arrive chez moi, j’avais tellement bu . Les enfants dormaient depuis longtemps. Laurent aussi. Mais il fallait encore que je lui envoie un message sur son My space . Et devant mon écran, je me suis lâchée. Je lui ai écrit que je ne pouvais pas me coucher sans lui dire un mot par ce que j'avais eu toute la soirée envie de l'embrasser… ».
Le lendemain, il m’a répondu qu’ il etait touché. Et il a ajouté: « Je suis très timide. ». Ca m’a étonnée parce qu’il serrait ma main de tout le monde dans la salle. Je lui ai laissé un autre petit mot, un: "je t'embrasse". Je lui ai dit qu'il ne risquait pas grand chose avec moi, que je ne cherchais pas l'âme soeur, que je voulais juste du rêve. Pour moi, il etait un joli rêve.
En réalité , je me demande si je n’ai pas été trop entreprenante avec lui . Si je ne lui ai pas fait peur. Un soir, je lui ai écrit: "je t'embrasse où tu veux". Le lendemain, il m’a avoué qu’il aimait qu’on lui embrasse les seins, mais qu’aucune fille n'y pensait jamais. Je lui ai promis que quand on se verrait , moi j'y penserai !!! Il passait quelques semaines apré s à la Flèche d'or. J’ai attendu cette date des jours et des nuits. J’arrive à Paris . Juste avant le concert, je vais chez Virgin à Barbès où Amélie Nothomb signait son dernier livre. J et moi , on avait parlé d’elle. Je voulais qu’elle me fasse une dédicace pour lui. Je me disais : il sait que j'aime Amélie Nothomb, s'il ne me reconnait pas. Avec le livre, il saura qui je suis.
Il chantait et j’étais au premier rang . IL a quitté la scène , j'ai bu 2 bières pour me remettre avant d'aller le voir. Surprise c’est lui qui est venu vers moi. Je lui ai donné le livre, il ne s’attendait pas à ça . « Je suis sous haute surveillance » m’ a t il glissé a l’oreille en me montrant son « ex ». Ca a pris une heure pour qu’il se débarasse d’elle et qu’il me rejoigne enfin.
Il n’était pas en voiture, je l’ai raccompagné.
Je conduisais et il ne se passait rien. Alors a un feu rouge, j’y suis allée. Je ‘lai embrassée et c'était tendre et doux. On arrive chez lui, on n’était pas collés , il ne me tenait pas par la main. Rien . On monte. La lumière. ! J’avais peur qu’il me trouve moche ! Il ne bougeait pas . « Ca ne t’’embète pas si je me roule un joint ? » Il me demande aussi si je prefère qu’on écoute Bjork ou Tricky, de la musique électro. Je dis « Bjork » J’aurais peut-être du choisir l’autre, Bjork, c’était un peu flippant.
Il fumait .Il me caressait les cheveux. Il y avait un canapé-lit, on le déplie. Moi je ne me deshabillais pas . On se caressait mais je ne me sentais pas capable de me retrouver toute nue avec lui. Je lui ai fait une fellation, c’était bon ,j’ai adoré ça. Je me rappellerai ce moment toute ma vie . En partant il m'a prêté un dvd, comme pour me dire qu’ on allait se revoir . Il était cinq heures du matin . Il m’ a demandé de lui envoyer un texto quand je serais arrivée . Il s’inquiétait pour moi. Il était gentil .
Je ne cherchais pas une histoire d’amour, pas un truc régulier. Mais lui, c’est un romantique ! Après il m’a dit: « ce n’est pas trop mon genre de rentrer avec une fille, juste pour baiser. Ca me destabilise ! » Je n’ai plus eu de nouvelles , sauf une fois, un texto où il me disait: "salut Marina... sorry, pour mes silences et mes absences, mais je suis un peu occupé. Je n'oublie rien de ce petit moment de douceur passé ensemble... J'espère que tu vas bien. bisou." Je lui ai répondu en lui proposant de m’accompagner dans une salle que j’aime bien à Ris-orangis pour un concert du groupe « Girls in hawai ». Et il est venu ! Là aussi, après le concert, je ‘lai raccompagné et ça a fini comme la première fois , par une fellation. Il ne faisait rien. Il ne disait rien . Il attendait . Je lui ai demandé s'il me trouvait moche, puisqu"il n'avait pas l'air de me désirer. Il m’ a répondu : « non, pas du tout. Simplement je ne sais pas parler, juste chanter … » Après, le lendemain, il m’a envoyé un texto : « c’était d’enfer » Un peu comme si les filles d’habitude ne lui faisaient pas çà. Ou pas aussi bien.
Il n’ y a plus eu d’autres rencontres , même si on s’envoie encore régulièrement des petits mots . J’ai encore découché un soir pour passer la nuit , mais avec un autre musicien, un batteur et c’est comme si, là aussi, je me mettais en danger volontairement.
Vous connaissez cette chanson de Miossec , « La fidélité » ? Elle dit: « Et je sors/ Et je drague comme on crève/Avec tellement de choses à regretter/ Comme ta langue sur mes lèvres/ » Je l’écoute. Je pense à J et toutes les émotions reviennent. Je ne suis pas sûre que je resterai avec Laurent jusqu’à 60 ans. Et c’est pareil pour le boulot : il faut savoir changer, évoluer . J’étais assistante de direction mais depuis la dernière rentrée, j’ai commencé à suivre des cours de gestion. Pour avoir mieux . Je n’ai jamais autant travaillé . Peut être que je vais me planter mais je préfère cent fois échouer que de ne rien essayer.
Moi je ne veux pas être condamnée a vivre ma petite vie sans essayer autre chose. Sans prendre de risques. Là, j’ai encore pris un gros risque , un risque énorme: je me suis coupée les cheveux. J’ai un visage aigu. Je m’étais toujours dit : « les cheveux courts , ça ne peut pas m’aller, ça me durcit encore plus …. » Et j’ai osé. Tout de suite après j’étais sure que je m’étais plantée mais maintenant je suis hyper contente. Je me regarde dans la glace.Je m’aime bien avec mes cheveux courts , et plats dessus. Je ne regrette rien .
ELLE.4 février 2008. Propos receuillis par Antoine Silber
C'est mon histoire :« J’ai 24 ans et demi, les yeux verts … »
C’est mon histoire
T/
Dans sa vie, il y a Rémi. Entre eux, la relation est tendre, sexuelle et….à éclipses. Clémence, 24 ans « et demi», comme elle le précise, nous donne, avec humour, sa version de « Sex and the city »
J'ai 24 ans et demis, les yeux verts et un grand sourire. Je suis brune après être passée du rouge au noir (ma période gothique qui ne m'a jamais vraiment quittée), et puis au blond…J’aime les bijoux, les magazines, je suis une fille un peu clichée
parfois…J'aime fumer.J’aime conduire mais j’ai peur d’ aller sur l'autoroute. J’ai peur des escaliers aussi, je tombe tout le temps. Je chante mal, mais j'organise bien les karaokés. J’aime rire, je ris très fort.J’aimerais bien avoir une voix grave, rauque mais je me coltine une voix de petit pinson enjoué.
Je suis étudiante en Lettres.
J’aime Baudelaire, Verlaine et Rimbaud. Tchekhov, Pennac, Brink et Labro. Et les sœurs Brontë. Je traîne mes études depuis 6 ans. Je fais des remplacements comme prof. J’ai un bon feeling avec les ados de 14 ans, mais je sais que je ne ferai pas ça toute ma vie.
Je m’habille BCBG, on dit que je suis classe. Il y a toujours une touche de couleur dans ce que je porte. Un sac violet, une écharpe rose.J'ai été grosse mais je ne le suis plus. Ma mère trouve que je devrais être plus mince encore mais moi je me trouve pas mal. Je m'aime bien.
Je suis trop spontanée, c’est ce que disent mes copines. Entre nous, on philosophe, on se fait des petites réflexions sur la vie, les mecs:
"Il a le sexe, comment dire, spongieux, tu vois ce que je veux dire??"
"Meeeeerde-……"
Ou alors
"Non, mais tu crois qu’ il a un syndrome d’ engagement impossible ce type?"
" Ouais, y ‘a des chances ! Il a pas digéré son ex. Il est pas sain. Ca pue la galère."
"Si j'y vais, tu me soutiendras?"
"J'ai déjà prévu des paquets de clopes."
"Ok merci"
Nos histoires, on les dramatise, on en rigole:
"Tu crois qu’il m'aiiiime?"
" Nan"
"Ouais, t as raison. Moi non plus…"
A un moment, j’allais énormément en boite. Je dansais sur les tables totalement saoule, en hurlant "la vie est belle!!!" C’était le temps où elle n’était pas belle, où j’allais mal. Maintenant je vais bien. Oui,je suis contente de dire que je vais bien. Même si je n’ai pas vu Rémi depuis un
mois….
Comment décrire Rémi? 28 ans.Avocat. Très diplômé. Très prometteur. Brun, les yeux noirs. Très beau. Il a un grain de beauté sur son menton carré. Un gros nez, j'adore les gros nez (chez les hommes), c’est oedipien, ça! Je trouve Depardieu sexy, c’est un peu exagéré mais l'idée est là. Revenons à Rémi… Il a une voix grave, très masculine. Il parle lentement, il dit "Bonjour" d’une façon suave, je fonds. Après il me dit que je suis magnifique, sublime, je n’ai plus de mot… Il danse la salsa comme personne. C’est un latin, il est sensuel, séducteur,manipulateur, parfois odieux.Très manipulateur !
Il y a cinq ans, je sortais avec Peter, j'avais 20 ans. Peter? C’est un « garçon », par opposition à « homme ». Pas très mûr. Gentil, très gentil, mais beaucoup de problèmes. On faisait partie d’une bande dans laquelle il y avait Rémi ,lequel avait une copine qui s’appelait Julia. A cette époque,je n’allais pas bien. Je suis partie enseigner un an à Glasgow. Je buvais énormément: 5, 6 gin tonic dans une soirée. J’étais une vraie loque. J'ai rompu avec Peter. J’ai rompu avec mes parents, aussi. Avec ma mère,on ne se parlait plus, on ne se comprenait plus. Ca me fait mal quand je pense à quel point j’ai fait souffrir mes parents à ce moment-là ! Un soir, j'étais tellement mal, j’avais le couteau sur mon poignet. J'ai eu un moment de lucidité, heureusement,je suis allée aux urgences psychiatriques. Ils m'ont repêchée.
J'ai fait le tri de mes amis. J’ai repris l'université. J'ai arrêté ma psychothérapie. Je ne sortais plus, en tous cas plus en boîte et puis un soir, en mai 2006, on me traîne quand même dans une boite d’ étudiants.A une soirée « jupes ». Jupes, pour les garçons aussi ! Je faisais la queue devant les toilettes avec une copine, on pouffait en regardant ces grands gaillards en jupes roses à pois.J'entend une voix masculine qui dit "Vraiment n'importe quoi!" en riant.Je me retourne et là: Rémi ! D’un seul coup,tout me revient ,tout ce passé, Peter, Rémi, la bande.Et cette soirée du Nouvel an 2004 où on était allé avec Peter passer 3 jours à Val d’Isère chez des amis et où Rémi était là,aussi, avec Julia.Il y avait eu alors quelque chose entre Rémi et moi ,pas grand chose, presque rien, mais quand même. Il était trois heures du matin, j’allais me coucher, tout le monde dormait, je tombe sur lui dans le couloir. Moi, dans un pyjama ridicule en pilou avec des nounours.Lui, trés joyeux. Il me saisit par la taille, plante ses yeux dans les miens et me murmure à l’oreille:« t’es tellement sexy !». Il me fait un bisou trés tendre, très prés de la bouche. Depuis, cette scène me hantait… Alors là, dans cette boîte,tout d’un coup, je le retrouve devant la porte des toilettes, je le regarde et la seule chose que je trouve à dire, c’est: "t'es toujours avec Julia?" Et lui:"non". Et il sourit. Il est libre. On est libres.Toute la soirée, ensuite,on rigole, on se frôle, on s’aperçoit qu’on a grandi.On s'embrasse. Il me dit qu’il ne veut pas de relation sérieuse. Je lui réponds:« ça me convient». Et on finit la nuit chez lui. Bien sûr.
On a bu et fumé à la lueur des bougies. Il était délicat, doux. C'était cool. C’est rare que je sois cool avec un homme quand je sais que quelques minutes après, il va me voir nue. On a recommencé à s’ embrasser (est-ce qu on avait vraiment arrêté?). Il a doucement enlevé ma robe. J'ai retiré sa chemise. Il avait un corps magnifique, vivant. Je sentais ses mains dans mes cheveux,sur mes épaules, le long de mes bras, sur mes pieds, sur mon ventre, partout. Il avait quatre mains! Il me répétait: « tu es belle ». Il prenait son temps. On a fait l'amour des heures et des heures. Il a commencé à faire jour. Je devais rentrer.
Depuis, on est ensemble . Enfin, ensemble… Il y a eu des nuits torrides. J’ai commencé à m'attacher. Il ne voulait toujours pas être en couple, mais moi si, en fait. Je ne pensais même qu’à ça: on prendrait tout à deux les bonheurs, les malheurs,les joies, les emmerdes. Parce qu’à deux c’est mieux, c’est plus facile que seul. Aimer l’autre. Etre solidaire. Faire un enfant avec lui. J'avais envie d'un enfant. J’ai envie d’un enfant. Mais pas lui, alors au bout d’un moment, je me suis éloignée , je suis sortie avec un autre garçon. Mais on s'est revus et on a refait l'amour et il y a eu d’autres nuits torrides et encore des soirées pleines de câlins, d'affection,de tendresse.
Quand on est célibataire et qu’on le vit, disons pas trop mal mais pas non plus super bien, c’est important la tendresse. J’arrive chez lui, il me prend dans ses bras,il m’embrasse,il me caresse les cheveux, j’ai l’impression qu’il a quatre mains, je suis dans un cocon chaud et agréable,ça me réchauffe.Ce n’est peut être pas de l’amour mais ça me fait du bien. Quand je le vois, il peut faire de moi ce qu’il veut. Quand je ne le vois pas je fais en sorte qu’il ne me manque pas. Il n’ est ni un ange, ni un salaud. Il est juste comme nous nous tous ( et toutes): un peu paumé dans sa
vie. Il se réfugie dans son travail et il baise à coté.Parce que oui: il baise, il n’y pas d’ autre mot. Sans sentiments mais bien. Il baise bien. Peut-être voudra-t il à un moment s‘engager davantage avec moi. Peut-être est-ce que je rencontrerai quelqu'un d'autre.Je ne sais pas. Je ne connais pas la suite de l’histoire.Je sais juste que j’ai envie de la continuer avec lui.
Rémi, c’est mon Mister Big! Vous savez le mec de Carrie Bradshaw dans « Sex and the city ». Celui qui part et qui revient. Celui qui la fait pleurer. Celui à cause de qui elle pète régulièrement un câble. Moi, je suis elle. Comme elle, je me suis blindée. Il fut un temps où j'étais si mal que j’acceptais d’avoir mal. Maintenant je vais bien et je veux me sentir vivante autrement que par la douleur.Le sexe pour le sexe, c’est notre liberté mais c’est aussi notre faiblesse.Je ne suis pas cynique.J’ai simplement developpé un sens aigu de l'auto-dérision. Ce qui ne m’empêche pas d’essayer de rester vraie.
ELLE. 2006. Propos receuillis par Antoine Silber
T/
Dans sa vie, il y a Rémi. Entre eux, la relation est tendre, sexuelle et….à éclipses. Clémence, 24 ans « et demi», comme elle le précise, nous donne, avec humour, sa version de « Sex and the city »
J'ai 24 ans et demis, les yeux verts et un grand sourire. Je suis brune après être passée du rouge au noir (ma période gothique qui ne m'a jamais vraiment quittée), et puis au blond…J’aime les bijoux, les magazines, je suis une fille un peu clichée
parfois…J'aime fumer.J’aime conduire mais j’ai peur d’ aller sur l'autoroute. J’ai peur des escaliers aussi, je tombe tout le temps. Je chante mal, mais j'organise bien les karaokés. J’aime rire, je ris très fort.J’aimerais bien avoir une voix grave, rauque mais je me coltine une voix de petit pinson enjoué.
Je suis étudiante en Lettres.
J’aime Baudelaire, Verlaine et Rimbaud. Tchekhov, Pennac, Brink et Labro. Et les sœurs Brontë. Je traîne mes études depuis 6 ans. Je fais des remplacements comme prof. J’ai un bon feeling avec les ados de 14 ans, mais je sais que je ne ferai pas ça toute ma vie.
Je m’habille BCBG, on dit que je suis classe. Il y a toujours une touche de couleur dans ce que je porte. Un sac violet, une écharpe rose.J'ai été grosse mais je ne le suis plus. Ma mère trouve que je devrais être plus mince encore mais moi je me trouve pas mal. Je m'aime bien.
Je suis trop spontanée, c’est ce que disent mes copines. Entre nous, on philosophe, on se fait des petites réflexions sur la vie, les mecs:
"Il a le sexe, comment dire, spongieux, tu vois ce que je veux dire??"
"Meeeeerde-……"
Ou alors
"Non, mais tu crois qu’ il a un syndrome d’ engagement impossible ce type?"
" Ouais, y ‘a des chances ! Il a pas digéré son ex. Il est pas sain. Ca pue la galère."
"Si j'y vais, tu me soutiendras?"
"J'ai déjà prévu des paquets de clopes."
"Ok merci"
Nos histoires, on les dramatise, on en rigole:
"Tu crois qu’il m'aiiiime?"
" Nan"
"Ouais, t as raison. Moi non plus…"
A un moment, j’allais énormément en boite. Je dansais sur les tables totalement saoule, en hurlant "la vie est belle!!!" C’était le temps où elle n’était pas belle, où j’allais mal. Maintenant je vais bien. Oui,je suis contente de dire que je vais bien. Même si je n’ai pas vu Rémi depuis un
mois….
Comment décrire Rémi? 28 ans.Avocat. Très diplômé. Très prometteur. Brun, les yeux noirs. Très beau. Il a un grain de beauté sur son menton carré. Un gros nez, j'adore les gros nez (chez les hommes), c’est oedipien, ça! Je trouve Depardieu sexy, c’est un peu exagéré mais l'idée est là. Revenons à Rémi… Il a une voix grave, très masculine. Il parle lentement, il dit "Bonjour" d’une façon suave, je fonds. Après il me dit que je suis magnifique, sublime, je n’ai plus de mot… Il danse la salsa comme personne. C’est un latin, il est sensuel, séducteur,manipulateur, parfois odieux.Très manipulateur !
Il y a cinq ans, je sortais avec Peter, j'avais 20 ans. Peter? C’est un « garçon », par opposition à « homme ». Pas très mûr. Gentil, très gentil, mais beaucoup de problèmes. On faisait partie d’une bande dans laquelle il y avait Rémi ,lequel avait une copine qui s’appelait Julia. A cette époque,je n’allais pas bien. Je suis partie enseigner un an à Glasgow. Je buvais énormément: 5, 6 gin tonic dans une soirée. J’étais une vraie loque. J'ai rompu avec Peter. J’ai rompu avec mes parents, aussi. Avec ma mère,on ne se parlait plus, on ne se comprenait plus. Ca me fait mal quand je pense à quel point j’ai fait souffrir mes parents à ce moment-là ! Un soir, j'étais tellement mal, j’avais le couteau sur mon poignet. J'ai eu un moment de lucidité, heureusement,je suis allée aux urgences psychiatriques. Ils m'ont repêchée.
J'ai fait le tri de mes amis. J’ai repris l'université. J'ai arrêté ma psychothérapie. Je ne sortais plus, en tous cas plus en boîte et puis un soir, en mai 2006, on me traîne quand même dans une boite d’ étudiants.A une soirée « jupes ». Jupes, pour les garçons aussi ! Je faisais la queue devant les toilettes avec une copine, on pouffait en regardant ces grands gaillards en jupes roses à pois.J'entend une voix masculine qui dit "Vraiment n'importe quoi!" en riant.Je me retourne et là: Rémi ! D’un seul coup,tout me revient ,tout ce passé, Peter, Rémi, la bande.Et cette soirée du Nouvel an 2004 où on était allé avec Peter passer 3 jours à Val d’Isère chez des amis et où Rémi était là,aussi, avec Julia.Il y avait eu alors quelque chose entre Rémi et moi ,pas grand chose, presque rien, mais quand même. Il était trois heures du matin, j’allais me coucher, tout le monde dormait, je tombe sur lui dans le couloir. Moi, dans un pyjama ridicule en pilou avec des nounours.Lui, trés joyeux. Il me saisit par la taille, plante ses yeux dans les miens et me murmure à l’oreille:« t’es tellement sexy !». Il me fait un bisou trés tendre, très prés de la bouche. Depuis, cette scène me hantait… Alors là, dans cette boîte,tout d’un coup, je le retrouve devant la porte des toilettes, je le regarde et la seule chose que je trouve à dire, c’est: "t'es toujours avec Julia?" Et lui:"non". Et il sourit. Il est libre. On est libres.Toute la soirée, ensuite,on rigole, on se frôle, on s’aperçoit qu’on a grandi.On s'embrasse. Il me dit qu’il ne veut pas de relation sérieuse. Je lui réponds:« ça me convient». Et on finit la nuit chez lui. Bien sûr.
On a bu et fumé à la lueur des bougies. Il était délicat, doux. C'était cool. C’est rare que je sois cool avec un homme quand je sais que quelques minutes après, il va me voir nue. On a recommencé à s’ embrasser (est-ce qu on avait vraiment arrêté?). Il a doucement enlevé ma robe. J'ai retiré sa chemise. Il avait un corps magnifique, vivant. Je sentais ses mains dans mes cheveux,sur mes épaules, le long de mes bras, sur mes pieds, sur mon ventre, partout. Il avait quatre mains! Il me répétait: « tu es belle ». Il prenait son temps. On a fait l'amour des heures et des heures. Il a commencé à faire jour. Je devais rentrer.
Depuis, on est ensemble . Enfin, ensemble… Il y a eu des nuits torrides. J’ai commencé à m'attacher. Il ne voulait toujours pas être en couple, mais moi si, en fait. Je ne pensais même qu’à ça: on prendrait tout à deux les bonheurs, les malheurs,les joies, les emmerdes. Parce qu’à deux c’est mieux, c’est plus facile que seul. Aimer l’autre. Etre solidaire. Faire un enfant avec lui. J'avais envie d'un enfant. J’ai envie d’un enfant. Mais pas lui, alors au bout d’un moment, je me suis éloignée , je suis sortie avec un autre garçon. Mais on s'est revus et on a refait l'amour et il y a eu d’autres nuits torrides et encore des soirées pleines de câlins, d'affection,de tendresse.
Quand on est célibataire et qu’on le vit, disons pas trop mal mais pas non plus super bien, c’est important la tendresse. J’arrive chez lui, il me prend dans ses bras,il m’embrasse,il me caresse les cheveux, j’ai l’impression qu’il a quatre mains, je suis dans un cocon chaud et agréable,ça me réchauffe.Ce n’est peut être pas de l’amour mais ça me fait du bien. Quand je le vois, il peut faire de moi ce qu’il veut. Quand je ne le vois pas je fais en sorte qu’il ne me manque pas. Il n’ est ni un ange, ni un salaud. Il est juste comme nous nous tous ( et toutes): un peu paumé dans sa
vie. Il se réfugie dans son travail et il baise à coté.Parce que oui: il baise, il n’y pas d’ autre mot. Sans sentiments mais bien. Il baise bien. Peut-être voudra-t il à un moment s‘engager davantage avec moi. Peut-être est-ce que je rencontrerai quelqu'un d'autre.Je ne sais pas. Je ne connais pas la suite de l’histoire.Je sais juste que j’ai envie de la continuer avec lui.
Rémi, c’est mon Mister Big! Vous savez le mec de Carrie Bradshaw dans « Sex and the city ». Celui qui part et qui revient. Celui qui la fait pleurer. Celui à cause de qui elle pète régulièrement un câble. Moi, je suis elle. Comme elle, je me suis blindée. Il fut un temps où j'étais si mal que j’acceptais d’avoir mal. Maintenant je vais bien et je veux me sentir vivante autrement que par la douleur.Le sexe pour le sexe, c’est notre liberté mais c’est aussi notre faiblesse.Je ne suis pas cynique.J’ai simplement developpé un sens aigu de l'auto-dérision. Ce qui ne m’empêche pas d’essayer de rester vraie.
ELLE. 2006. Propos receuillis par Antoine Silber
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