vendredi 18 janvier 2008

C'est mon histoire "Embrasse-moi ou je meurs !"

Marina a 30 ans. Après des mois et des mois à souffrir aux côtés de Sébastien qui ne la désirait pas, elle a rencontré Jérôme qui lui a redonné le goût d’aimer. Et l’envie d’y croire.







Je viens de passer deux ans avec un homme qui ne me désirait pas et j’ai l’impression d’avoir perdu deux ans de ma vie…. Je l’ai quitté au printemps dernier. Je n’ai pas souffert, pas pleuré. Depuis je me félicite tous les matins de ma décision. Et aujourd’hui je veux raconter mon histoire pour toutes les femmes, qui font des complexes, qui se disent qu’elles ne sont pas normales. Simplement parce que l’homme avec qui elles vivent ne les désirent pas .



Je vis a Uccle, prés de Bruxelles, en bordure de la forêt de Soignes. J’ai rencontré Sébastien en février 2004. Lors d’un rendez-vous professionnel. C’était un homme brillant, toujours trés bien habillé, le front très large , légèrement dégarni , avec des lunettes qui lui donnaient un air un peu intello. Il aimait l’ ordre . Il faisait trés attention a donner de lui une image parfaite. Je me disais : « celui-là, il ne me fera pas souffrir ! » Il avait 38 ans, 10 de plus que moi et il n’avait jamais vécu avec une femme, ça aurait dù m’alerter. Les quatre premiers mois, j’avais plein de petits cadeaux, de bouquets de fleurs. J’ai emménagé chez lui en mai . Et là, dés le début ça n’a plus été. Il ne voulait jamais faire l’amour. Il n’avait jamais envie, ce n’était jamais spontané . Le soir, il restait des heures devant son ordinateur, comme s’il attendait que je sois endormie pour venir me rejoindre dans le lit. J’avais envie de lui crier : « embrasse moi !Aime moi ! ». Mais je n’osais pas lui parler . Une fois, je me suis étonnée qu’on fasse si peu l’amour : « j’aimerais que que tu prennes plus d’ initiatives »m’a t il répondu . Mais après, quand j’essayais, il se détournait. Il avait toujours une excuse. Je me disais : « je dois avoir quelque chose qui ne fonctionne pas » . Je lui en ai reparlé. Cette fois , c’est tout juste s’il ne m’a pas traitée de nymphomane: « il te faudrait des glaçons, il faudrait te mettre au congelo…»



C’est en Octobre que j’ai découvert les films…. Un jour ,je regarde dans son ordinateur, je vois qu’il a téléchargé plusieurs films pornos. Des éjaculations au visage. Des partouzes entre transsexuels. Des choses comme ça, très glauques. J’étais horrifiée . Je me disais: mais s’ il me faisait participer au moins. S’ il me disait: j’aime regarder du porno, ça m’excite , j’aimerais partager ça avec toi. Mais non ! A ce moment-là, on faisait encore l’amour de temps en temps. Mais c’était horrible : quand il était sur moi, je pensais à son ordinateur. J’avais l’impression de tourner un film porno. Il faisait l’amour comme on le fait dans ses films X ! Sans parler . Sans communiquer. Sans aucune tendresse.



Un soir, je rentre du travail, je trouve un carton avec 3 DVD pornos . Je me dis : « ca continue, ça n’en finira jamais ». Je bois un verre de Martini blanc , puis un second .J ’avais envie de me saouler. IL rentre. On soupe. Je lui dis: « J’ai trouvé les DVD. Et je sais que tu vas sur des sites porno! » Il avait l’air tellement surpris. Il a nié. « J’ai l’impression que mon corps te dégoûte, que tu préfères ces filles sur Internet …» Il ne pouvait expliquer quoi que ce soit. Rien, ensuite, n’a changé !



Il ne pensait pas que je le quitterai. Il se croyait irrésistible ! Dailleurs, j’ai attendu, attendu … Jusqu'à fin 2005. On est venus passser le réveillon du 31 decembre à Paris . On était au Crillon . Je révais de descendre au Crillon depuis qu’un jour, avec mes parents, j’avais 16 ans , j’étais passée devant cet hôtel de rêve et je m’étais promis qu’un jour, j’y viendrai avec mon amoureux. On était donc dans cette chambre sublime, face a la place de la Concorde avec l’obélisque devant nous. Et monsieur ne voulait toujours pas faire l’amour… Un cauchemar! Le lendemain, le 2 janvier, devant la Tour Eiffel, j’ai éclaté et je l’ai planté là. Je l’ai retrouvé trois heures après à la gare du Nord . On est monté dans le Thalis, je lui ai dit:«je ne veux pas t’entendre pendant tout le trajet! ». Pour moi , tout était fini, même s’il m’ a encore fallu quatre mois pour le quitter. Un matin, au printemps, je lui ai dit: « Je m’ en vais ». Il tombait de haut. Il répétait : « mais qu’est-ce que j’ai fait de mal ? » Tout d’un coup il était trés calin, mais c’etait trop tard.



Je voulais des cocotiers. Aller loin.. Changer de vie. Tout oublier En même temps que j’emménageais dans un nouvel appartement, j’ai réservé pour une semaine de vacances à la Réunion. A Saint Gilles, sur la côté ouest de l’Ile, au bord d’une somptueuse plage. Il fallait que je rencontre un homme. Je me disais: « Si je ne fais pas l’amour, je vais mourir! ». Je suis arrivée à la Réunion le 3 juillet 2006. Le premier soir, j’étais sur la terrasse de l’hôtel , je ne voyais que des couples, j’étais mal, j’avais envie de partir. Et puis j’ai aperçu quatre garçons, des français, bronzés, l’air terriblement vivants. J’en regardais un surtout. Il avait les yeux bleus , il était trés blond. Il me regardait lui aussi . Il n’y avait plus que lui et moi. Vous savez , c’était comme si le temps s’arrétait, que plus rien ne comptait …. Je suis allée me coucher très tôt mais le lendemain j’ai quitté mon bungalow à huit heures. Je voulais faire des photos, profiter de la lumière. J’ai marché le long de l’océan , je suis arrivée à une crique , il était là, assis sur un petit ponton , prés d’un vieux hangar a bateaux.



Il s’appelait Jérôme . Il avit 23 ans . il était militaire, originaire de Bordeaux . Le soir on a dînés ensemble et pas mal bu . On est retournés se promener vers la crique, vers le hangar à bateaux. Il y avait de la brume, les vagues étaient plus fortes, on a encore parlé et puis il m’a embrassée . On s’est deshabillés, il m’a pris la main. J’étais nue, j’étais a coté d e lui . On a couru ensemble et on s’est jetés a l’eau. On riait, c’était bon. Dix minutes après, on faisait l’amour comme des fous dans mon bungalow .



Il était très musclé.Très baraqué. Je passais ma main sur ses tatouages. Je caressais son corps qui était un vrai corps d’homme, un corps qui débordait de désir . Et c’était comme si la vie revenait en moi … Il me disait que j’étais belle. Il me disait qu’il avait envie de moi, que j’ avais un corps exactement fait pour le sien.



Le lendemain, on s’est réveillé ensemble et on est retournés se baigner dans notre petite crique . Après on s’est assis sur notre ponton , on a parlé longtemps . Puis on est revenus vers l’hôtel , on a déjeuné et l’aprés midi , on a refait l’amour. On a encore refait l’amour le soir. Et ça a été comme ça toute la semaine.




Le samedi, on s’est dit au revoir très sobrement. On ne s’est rien promis, ça valait mieux. A l’aéroport, pour la première fois de ma vie, j’avais l’impression d’être libre. Je me sentais rajeunie, plus belle. Arrivée à Bruxelles, j’ai décidé de lui envoyer une boite de chocolats. Et je lui ai écrit une longue lettre. Je lui disais merci. Je lui disais que tout ce qui s’était passé , nos bains de minuit, nos conversations assis sur le ponton, ces nuits de rêve avec lui, tous ces moments si chauds, si tendres, avaient eu pour moi le goùt du paradis. On n’avait pas eu le temps de vivre des choses moches, pas eu le temps de se faire du mal. Et c’était bien… Je lui disais aussi que notre rencontre m’avait permis d’oublier Sébastien, qu’ en restant avec lui , je m’étais fait trop de mal, qu’au contraire , lui, Jérome me redonnait le goût d’aimer, l’envie d’y croire. Et je le remerciais encore.



Aujourd’hui, c’est vrai, j’y crois de nouveau. Je me dis qu’ un jour, peut-être pas si lointain, je rencontrerai un homme qui peut être resemblera a Jérome et que j’aimerai et que je desirerai . Et celui-là m’emmenera de à l’Hotel de Crillon à Paris. Et me fera définitivement oublier Sébastien. Parce que lui me desirera et saura m’aimer.


ELLE. 2006. Propos receullis par Antoine Silber

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