vendredi 18 janvier 2008

C’est mon histoire "ma parenthèse enchantée en Californie"

Parfaite « deperate housewife », comme elle se qualifie elle-même, Edwige, 37 ans, est mariée à un chirurgien, et mère de deux enfants. Elle s’est offerte , en février dernier, une escapade amoureuse d’une semaine à Los Angelès. Et elle ne regrette rien.










Jamais je n’avais trompé mon mari! Jamais je n’avais même eu l’idée de le tromper ! Sur le chapitre de la fidélité, j’étais du genre psycho-rigide. Et le pire c’est qu’aujourd’hui je ne regrette rien . Je suis mariée avec Jean –Hervé depuis 1999. Nous avons deux enfants, deux garçons, nés à deux ans d’intervalle, en 2000 et 2002. Il est chirurgien. Et moi femme de chirurgien…. En fait, je suis la parfaite bourgeoise de province, une « desperate housewife» dans toute sa splendeur : une belle maison, de beaux enfants en bonne santé. Ca fait des années que je ne travaille plus , depuis que me suis arrétée pour élever mes garçons. Jean-Hervé ,lui, est reconnu dans son métier. Trés connu même à Nice où nous vivons . Il part le matin a 7 heures, revient a 9 heures du soir . Pendant ce temps , je m’active, je n’ai pas cinq minutes à moi. Prisonnière de cette vie de femme au foyer dans laquelle je me suis enfermée .


Moi, je suis « la femme de…»Je pourrais vous écrire des livres entiers sur cette misère, cette frustration…. Quand je me retrouve dans une soirée, qu’ on me demande : « et vous qu’est ce que vous faites ? » Je réponds : « Rien, je ne fais rien… » Et je ris, heureusement, j’ai un peu d’humour. « Mais c’est le plus beau métier du monde, ça ». Tu parles ! Le premier Juillet 2006 , on était donc avec mon mari, comme ça dans une soirée chez des amis qui ont une sublime maison à Tourtour dans le Haut-Var . Une soirée blanche ! Tout le monde en blanc ! Tous au bord d’une grande piscine entourée d’oliviers, avec dans le fond un écran plasma qui retransmettait le match France –Brésil. La coupe du Monde de foot en direct! 21 heures : Jean-Hervé et ses copains étaient comme des fous. Nous, les femmes,on les regardait en souriant. Au bout de 90 minutes, score : 1-0 pour la France. Le Brésil est éliminé . C’est exactement à cet instant-là que mon histoire avec Marco a commencé. Ou plutôt recommencé. Tout d’un coup ,au milieu des cris de joie, j’ai revu son visage , imaginé sa déception. Dans ma chambre , après, je lui ai envoyé un e-mail . Comme un message de condoléances.


Marco , je l’avais connu en 1991, sur un campus californien, j’avais 21 ans. Il en avait 26, il venait de Recife . Nous étions tous les deux dans le même programme d’étudiants étrangers pour apprendre la langue de l’oncle Sam. Le premier jour de cours, un coup de foudre , comme probablement on n’en vit qu’ une fois dans sa vie . Mais au bout , une vraie déception: Nous étions dans la voiture qu’il avait louée, sur le point de concrétiser, soudain il s’arrête, il me regarde dans les yeux : « il faut que je te dise …Je ne peux pas faire ça , je regrette … » Il était déjà avec une fille et il était clair dans son esprit qu’elle avait priorité. Pour moi , ça a été un moment trés violent. On est toujours restés en contact ensuite mais de manière un peu conventionnelle. En 1999, pour mon mariage , je lui avais envoyé un faire part . « Je suis trés heureux pour toi… » m’avait-il repondu .




Donc,je lui envoie ce mail. Et d’un seul coup , tout repart . Il me répond tout de suite , il me dit que son pays vit une tragédie, mais qu’il est heureux que je reprenne contact. Le lendemain, nouveau mail. Je lui raconte un peu ma vie et j’ai de nouveau 20 ans….. L’été passe . En juillet c’est la canicule . Horrible, pesante. En aoùt, on loue une maison au bord du Lac de Côme , il pleut tout le temps, je n’arrête pas de m’engeuler avec Jean-Hervé. Septembre: les enfants rentrent à l’école, je me sens libérée. Je lui envoie un nouveau mail : « Et si on se retrouvait là où on s’est connus ? A L. A ! ». Il me répond : « Daccord . Quand tu veux ! »



Je riais toute seule devant mon écran d’ordinateur. Le besoin de le voir , l’envie qu’il me prenne dans ses bras, qu’il m’embrasse , qu’il me touche….Il me fallait un alibi. J’ai inventé une veille copine. Mes enfants ? J’allais les caser a mes parents. Marco est marié aussi, il dirige une société de transport, il pouvait voyager facilement, mais il avait peur, il fallait que je le rassure. Les préparatifs ont duré 6 mois. A partir de janvier on s’ envoyait quatre ou cinq mails parjour, souvent chauds-brulants. Les dernières semaines ,je me souviens, c’était l’angoisse. L’ impression de préparer ma première boom! Comme si je jouais ma vie ! Et si Jean Hervé s’apercevait de quelque chose ? Et si Marco changeait d’avis au dernier moment? Et est-ce que j’allais encore lui plaire ? C’était si important: nous allions enfin peut être réussir ce que nous avions raté 15 ans plus tôt dans sa voiture….



Une semaine pile ! C’était la règle du jeu. Et c’était rassurant. Quoiqu’il arrive, je rentrerais à la maison à la fin de ces petites vacances. Je ne mettrais rien en péril ! 24 février 2007, aéroport de L.A : mon avion atterrit une heure avant le sien . Un timing parfait. J’imaginais des retrouvailles comme au cinéma: je saute dans ses bras et on s’embrasse à n’en plus finir. Mais non, il était retenu par le bureau de l’immigration. Je l’ai attendu des heures dans la chambre d’hotel, du coup je me suis endormie. Et puis soudain , enfin, la porte s’ouvre. C’était lui : 1m95. 90 kg. Une allure d’acteur de cinéma. Ouf. Il n’avait pas changé. On était un peu génés . On part au restaurant. On n’avait pas faim, on prend une salade pour deux. On rentre . On passe chacun sous la douche . Là, on s’embrasse . Et ça démarre.



Ca a duré six jours . Tous pareils , tous merveilleux . Et cinq nuits, cinq nuits de conte de fées. On vivait notre phantasme et ça nous apaisait. Le matin, j’allais courir sur la plage. Aprés on allait se promener tous les deux main dans la main,on faisait les boutiques de Rodeo Drive. Pas de rôle à tenir, pas de voisins pour nous voir. La liberté ! J’étais si loin de Jean-Hervé et si proche de Marco. L’inverse de ma vie de Nice. . On se parlait bien , on se parlait de nos enfants , jamais de nos conjoints. Ou alors ne parlait pas et c’était encore bien . J’avais imaginé de la passion, mais non, entre nous c’était mieux que de la passion .C’etait du désir . Et de la complicité. De l’attention de tous les instants. Du bonheur . Oui c’est ça . Aux cotés de Jean Herve , j’avais peu à peu perdu la flamme , renoncé. Là , je me retrouvais. Je n’étais plus « la femme de … » J’étais moi. J’étais heureuse. Le dernier soir, j’ai commandé une bouteille de Champagne français et on est allés la boire sur la plage , sous la lune . En suite on s’est dit au revoir, comme si on allait se retrouver le lendemain .



Jean-Hervé ne s’est douté de rien , il ne sait pas. Personne ne sait….. Je vous raconte ça, c’est un plaisir, ça me fait du bien. A L.A , j’ai vécu un rève. Là, je prolonge mon rêve. Je me dis que j’ai eu cent fois raison de faire ça , qu’il y a des moments dans la vie où il faut aller au bout, se donner les moyens de vivre ses phantasmes. Marco et moi, c’était écrit ! Il fallait que je vive ça ! Je n’éprouve strictement aucun sentiment de culpabilité . J’avais envie et besoin de me faire plaisir, je me suis fait plaisir. Et j’ai donné du plaisir à Marco, sans rien retirer à mon mari. Je n’ai fait de mal à personne .


Avec Marco , nous continuons à nous envoyer des mails . Et chacun est un petit bonheur dans ma vie. Il me manque. Si demain, il m’écrit « rendez vous à Tokyo ! », je pars . Nous nous retrouverons, j’en suis sûre , même si je ne sais ni le jour, ni l’année, ni où . Peut être encore à L.A….. Pas question de vivre ensemble en tous cas , de tout quitter . Je ne laisserai jamais mes enfants et je ne les enlèverai jamais non plus à leur père . Notre escapade californienne n’ était qu’une escapade. Une semaine à part dans nos vies. Juste un rêve. Une parenthèse enchantée .

ELLE. 2007. Propos receuillis par Antoine Silber

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